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Violence S. Jefferson


☠ Messages : 24
☠ Âge du Personnage : 29 ans.
☠ Berrys (x1000) : 13828
☠ Localisation RP : Sur un bateau volé, sans doute.
☠ Fruit du Démon : Beku Beku no Mi.
☠ XP Dorikis : 1954
☠ Notoriété :
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Violence S. Jefferson

Gagne celui qui sait ce qu'il va faire s'il perd. Perd celui qui sait ce qu'il va faire s'il gagne.  Empty
MessageSujet: Gagne celui qui sait ce qu'il va faire s'il perd. Perd celui qui sait ce qu'il va faire s'il gagne.    Gagne celui qui sait ce qu'il va faire s'il perd. Perd celui qui sait ce qu'il va faire s'il gagne.  EmptyJeu 25 Jan - 11:40



Salvatore « C. » Locatelli






Dénomination : Salvatore C. Locatelli
Surnoms : Le dernier problème – Le plus noble des roturiers – L’entrepreneur de North Blue – Celui qui échappait à toute réfutation.
Âge : 30 ans.
Sexe : Masculin.
Avatar : Biba Amatori de Koutetsujou no Kabaneri.
Groupe : Civils.
Métier principal : Consultant royal en stratégie politique et militaire.
Activités annexes : Théoricien de la guerre et de la conservation du pouvoir –  Professeur.
Espèce : Humaine.
Rêve : Contrôler terres et mers sans partage, en rangeant toutes les factions sous sa puissance.
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Fruit du démon : Pas tout de suite.
Autres capacités : Codex Wallerstein – Style de combat couvrant courte, moyenne et longue distance, mêlant escrime d’estoc et tir de précision.


Questionnaire


1. Apparence physique


Taille : 185 centimètres. (Une ombre élancée, svelte, dont les fins et élégants linéaments laissent présager une force habile)
Poids : 81 kilogrammes. (Une carrure mince, certes, mais consistante, exercée par la pratique régulière des arts de guerre)
Cheveux : Abondants, longs à hauteur de poitrine et incarnadins. (Divins d’orgueil, parfois rejetés en arrière, ils tombent en cascade sur son faciès comme les feuilles d’un sol pleureur)
Yeux : En amande, légèrement bridés et d’ambre. (Scrutateurs, défendus derrière une parure de longs cils, ils sont tantôt pleins d’éclat, tantôt éteints par la rigueur)

2. Tenue vestimentaire habituelle


Il y a dans le style, une pensée qui nous est propre. Il y a dans l’habit, une interprétation qui nous dépasse. Il appartient alors aux hommes de porter des vêtements qui détrompent les avis, avec le panache qui sied à ce qu’ils sont réellement. Ainsi, on ne porte pas de tenues, on porte des messages informes qui ne veulent être dits, mais qui ont besoin d’être entendus, et ce, malgré nous.

Dès lors, que dit Salvatore ? Dit-il la même chose dans l’intimité de ses quartiers que face aux regards incisifs de l’inconnu ? Assurément que non, cela va de soi. Enfant déjà, il savait que l’apparence était un redoutable outil de distinction sociale, que c’était bien vêtu, bien coiffé et bien lavé, qu’il allait pouvoir jouer dans les cours royales… Et rien n’a changé depuis. Conscient qu’on pardonne moins un trou dans le caractère qu’une déchirure dans la liquette, il prend un soin saisissant à se parer de mises qui conviennent aux usages et à veiller, bien évidemment, à ne pas être plus beau que le maître de cérémonie.

Dans ses jours habituels, lorsqu’il franchit les grandes artères et se confronte à la plèbe, l’entrepreneur de North Blue est drapé d’une cape en laine peignée, teintée de carmin, et traversée par un liseré d’or brodé au couteau. Ce drap court est rattaché çà et là par des rubans, changeant de matières et de couleurs selon l’heure et l’endroit (azur, bleu marine, pourpre, magenta ; lin, soie, satin, tissu de sangle), et tombe sur ses épaules avec la finesse et la volupté d’une caresse. Ces différents rubans se fixent à des boutons en or, prenant la forme de petites ailes angéliques, situés à hauteur de poitrine. Fastueux s’il en est, ce que trahit toutefois un habit aussi lourd et encombrant que celui-ci, c’est finalement une profonde envie de cacher ce qu’il est, de ne pas se dévoiler plus que de raison. Et pour cause, le voir enfiler ou enlever cette cape est souvent synonyme d’entente ou de désaccord dans les discussions.

Pour continuer à décrire sa tenue vestimentaire habituelle, il faudrait inévitablement aborder le kimono traditionnel dont il est en permanence affublé. Si la cape est parlante et dévoile, malgré l’utilisation qui en est faite, quelques reflets idiosyncrasiques, cette veste est, quant à elle, tout-à-fait silencieuse. Elle ne met seulement en lumière que le simple goût de Salvatore pour les détails et en particulier, les fils d’or. D’un rouge d’andrinople, contrastant très amicalement avec le carmin de la cape, bariolée d’or, de noir et de violet, cette tunique est habituellement tenue par un ceinturon de tissu à l’avant ou par une martingale à l’arrière… Cependant, ce n’est pas dans la convenance du stratège, qui la préfère rentrée dans son cummerbund de cérémonie militaire.

Sous ces couches de tissus rouges, emmitouflant leur possesseur comme une couverture de survie protègerait un corps fragile, se cache une veste d’officier, en flanelle, la plupart du temps, d’un anthracite délavé, tendant un peu plus chaque jour vers le gris, dont les revers asymétriques se chevauchent à deux endroits, et dont le col montant est sanglé par une ceinture en croûte de cuir. Comme supposé juste avant, il arrive parfois qu’au cours de certains épisodes de sa vie, Salvatore choisisse de porter d’autres couleurs, comme du blanc cassé ou du gris souris, néanmoins, cela a une signification bien particulière. Les teintes claires sont de fait pacificatrices, elles expriment la neutralité au mieux, l’aseptisation au pire, mais elles ne peuvent en aucun cas exprimer la profondeur d’un sentiment comme le feraient merveilleusement bien les pigments primaires. De la sorte que pour être efficace, il faut cacher ses intentions, porter un habit clair appelle à la fourberie, bien avant d’appeler à la chasteté…

La profusion de détails dans sa tenue, aussi gracieux soient-ils, tend au harnachement, et entache de la sorte la majesté avec laquelle il endimanche sa roture. C’est un fait avec lequel il traite. En conséquence, il sait rapidement ôter les quelques accessoires qui encombrent son image lorsqu’une situation s’y prête. Ses gants de fauconnier, coupés comme des mitaines, laissant ainsi ses doigts à découvert, et s’étendant jusqu’à bout de ses avant-bras, sont bien les premières choses dont il se débarrasse. Ils sont avant tout des outils tactiques, servant à l’escrime, puisqu’étant fait de plusieurs couches de peaux, permettant ainsi protection des articulations et souplesse des mouvements. Leur utilité sociale laisse cependant à désirer et c’est la raison pour laquelle Sieur Locatelli ne les affectionne pas particulièrement. Il en va de même pour sa sous-jupe de combat en peau et son baudrier, dont les lanières tannées au souffre et au chrome baillent indélicatement par-dessus sa ceinture de soie, pour soutenir le fourreau dans lequel il range sa lame. Puisqu’ils sont indispensables au-dehors, ce dernier a tout intérêt à les porter, mais leur caractère militaire s’oppose bien trop à la citadinité bourgeoise dégagée par le reste du style vestimentaire de Salvatore. Bien que loin de dévoiler une dissonance entre l’être et le paraître, ces écarts de style montrent tout de même quelque chose d’assez facétieux : lui qui se veut diriger un jour toute l’étendue de ces mers, n’est pas tout-à-fait maître de sa propre apparence.

Enfin, pour clore cet exercice de description, nous le terminerons comme il incombe de le faire : par le bas. Consultant royal, proche des cours et des différents nobliaux insulaires, il s’avère qu’à de très nombreuses reprises, il se doive d’accompagner les clients qu’il conseille lors de parties de chasses en basse mer ou sur terre – qu’on se le dise, les petits rois de North Blue ont tous, étrangement, le mal de mer une fois à quelques lieues de leur royaume. Le port de cuissardes est donc perçu comme une inclinaison à accepter leurs invitations. Ces bottes hautes, protégeant la jambe comme le feraient cuissot, genouillère et grève, grimpant ainsi jusqu’à l’entre-jambe, disposent de solerets en bec de cane pour protéger le pied dans son intégralité, sans pour autant contraindre la rotation des chevilles. Le mélange des matières, cuir, fer et cotte de maille, est de très bonne facture ; la qualité du métal est digne de celle d’une lame de qualité supérieure et l’animal dont a été extrait le cuir est, selon les dires des marchands – toujours à remettre en cause, issu d’une île du Grand Linéaire. Bien que très confortables, un sous-vêtement en fibre de bambou et un pantalon accordé à ses vestes viennent souvent rentrer dans ses longues chaussures afin d’assurer son aise.

En somme, quand bien même l’assume-t-il fièrement, Salvatore Locatelli est un homme qui cherche à se flatter d’une superbe distinction pour cacher la petitesse de ses origines. Il ne souhaite pas paraître quelqu’un qu’il n’est pas, non, il souhaite simplement qu’on l’observe attentivement pour qu’on puisse se rappeler de lui distinctement… sans qu’il n’ait parfois à faire usage de la parole.


3. Motivations


Il y a en cet homme plusieurs niveaux de lecture, qui, parfois mal alignés, parfois presque inintelligibles, se chevauchent comme les calques et filtres d’une seule même image. Réunis ensemble, ils offrent la beauté d’un kaléidoscope, et transmettent la plénitude d’une œuvre achevée. Toutefois, esseulé, extrait de la logique dans laquelle il entre et du tout duquel il est une partie, un unique aspect de Salvatore ne suffirait pas à l’appréhender et conduirait, bien au contraire, à mésentendre son véritable dessein. C’est également un fait avec lequel traite ce fin stratège et avec lequel il aime à jouer. En effet, parce qu’un « pourquoi ? » amène toujours un autre « pourquoi ? », et qu’il exècre laisser les quelques excentricités de sa personnalité à la merci du jugement, ce dernier fait parade de tout un étalage de stratagèmes, de rhétoriques et de diversions, pour mener ses interlocuteurs à ne percevoir ce qu’il est qu’à travers une très petite lucarne. Ce qu’il perçoit comme une tactique sociale est en fait une proscription psychologique, qui consiste à se munir d’un immense voile en permanence et à le tirer dès que l’introspection amenée par une discussion se fait trop insistante. Il s’agit d’un mécanisme de défense tout ce qu’il y a de plus classique, alors tâchons, justement, au cours de cette balade à travers la psyché de Salvatore, d’échapper aux écueils dressés en sentinelle devant les portes de son jardin secret.

Au premier plan, lorsqu’on observe le comportement habituel de Salvatore, il y a d’emblée quelque chose de frappant qui surgit de ses agissements : son inextinguible curiosité. Un rien le passionne, et bien qu’ayant grandi, policé sa tenue et éduqué son indiscrétion, c’est là le trait d’un enfant indiscipliné qui se traduit à travers ce caractère de la personnalité du conseiller. Jamais, au grand jamais, a-t-on réussi à étancher sa soif de connaissance. Dans les bibliothèques, il dévore les livres en quelques heures à peine, au même titre que dans la nature, il est capable de passer plus d’une demi-journée à contempler un phénomène qui pique son intérêt. Toutefois, ce n'est pas grand chose comparé à l'exaltation qu'éveille en lui la guerre et ses applications. En effet, s’il y a bien un endroit sur terre et sur mer qui est capable de mobiliser son attention avec autant de teneur, c’est assurément le champ de bataille. Pour lui, la guerre est la grande affaire des hommes, elle est le lieu où se décide vie et mort, pérennité et disparition. Il voit à travers ses différents mouvements, quelque chose de poétique. Ainsi, les personnes qui ont l’honneur de côtoyer Salvatore dans le cadre de ses consultations de guerre, que ce soit contre des îles voisines ou lors de conflits internes, menés contre des pirates ou des malfrats, sont souvent hypnotisés par la flammèche enchanteresse qui danse dans l’iris de ce stratège, alors qu’il pense le combat.

Considérant de la sorte que ce qui l’anime, est avant tout un petit quelque chose de magique, à la croisée des chemins entre l’envie d’en savoir toujours plus et le besoin d’être le meilleur, les gens ne s’attardent pas à creuser un peu plus dans les motivations de Salvatore et perçoivent en lui un très bon théoricien et un stratège hors-pair. Et pourtant, ils le devraient, car il n’est pas que cela.

Effectivement, au second plan, on lui découvre une facette un peu plus… mystérieuse que la première. Salvatore s’est réveillé un jour en se disant que le monde lui appartenait, qu’il lui revenait de droit, et qu’il se devait de le reconquérir. Est-il un Dragon céleste ? Non, il est né dans une vieille famille sans terres, sans grandes richesses et sans statut politique. Est-il un membre décideur du Gouvernement mondial ? Non, il n’a jamais franchi le cap des mers bleues et ne s’est jamais confronté aux grands de ce monde. Est-il fou ? Il ne l’est pas plus qu’un homme qui rêve de devenir Roi des pirates ou de renverser le Gouvernement. Qu’est-il donc, alors, s’il n’est rien de tout cela ? Il n’est ni plus, ni moins, que le produit de son environnement, un environnement fait d’inégalités, d’indignités et d’injustices, une société captive où les hommes les plus libres sont finalement les plus marginaux. C’est le fait d’en avoir conscience qui a fait subsister en lui un désir ardent d’autre chose. Oui, brûle au fond de lui cette envie irrépressible, de s’emparer du monde, de le tenir dans la paume de sa main et de le contempler comme le fruit d’un arbre sacré, tombé à l’automne. Et pour lui, tous les moyens sont bons pour y arriver, la fin les justifie. Il est prêt à tout sacrifier pour y parvenir, y compris sa propre humanité. Qu’on se le dise, Salvatore a, dès ses jeunes années, compris quelque chose, une chose qui modifia son comportement par la suite : la nature nous a créé avec la faculté de tout désirer, mais il n’a jamais été prouvé qu’il nous était impossible de tout obtenir. Tout un chacun a le droit de se dire que le monde lui appartient, mais rares sont ceux qui osent prendre ce droit, et le sont encore plus ceux qui ont un plan pour l’exercer.

Il serait bien difficile de ne pas lier son souhait de soumettre le monde entier et son envie de le connaître. S’il est un homme méthodique, il sait avant tout que ce ne sera pas demain la veille qu’il pourra asseoir son fessier sur le trône et devenir le seul et unique représentant du Gouvernement mondial et de la noblesse, alors il fomente, suppute et projette. Dans l’ombre, patiemment, il avance ses pions, en attendant de lier les tours et de bouger son bon fou, en attendant la gaffe. Il se construit un empire à sa manière, en se faisant des amis, parfois des ennemis, et en prenant des territoires.

Encore nombreux hélas, nous terminerons cet exercice en évoquant un dernier angle sous lequel il est possible d’interpréter la profondeur de champ de Salvatore. Ce troisième niveau de lecture ramène le stratège à cette douce époque qu’est l’enfance. Il s’amusait sans gêne, sans retenue, souvent avec son meilleur ami, Christo, et s’évertuait, en sa présence, à penser une utopie, où ils pourraient vivre et prospérer. Des petits soldats enterrés sous un amas de terre, des bateaux en bois flottant dans un flaque d’eau ou des sabres en bambou, suffisaient à l’élaboration d’une réalité idéale et sans défaut, dans laquelle ils se perdaient pendant des journées entières. L’égalité parfaite de tous devant la loi et la possibilité pour chaque homme d’être ce qu’il désire être, étaient les principaux préceptes de leur univers, qu’ils avaient nommé « Nulle part ». Ce monde n’existait que dans leurs fantasmes enfantins, mais ils s’étaient fait la promesse de le rendre réel plus tard. Cette promesse, Salvatore ne l’a jamais oublié, et chaque jour, il se la remémore. C’est une catharsis, comme une remémoration affective, qui lui permet de faire revivre Christo, l’espace d’un instant, dérobé à l’éternel. Il remuera ciel et terre pour mener à bien ce contrat passé avec l’au-delà.

En résumé, Salvatore ne s’est jamais dit qu’il avait trop de rêves, il ne s’est jamais plaint d’une situation qui lui déplaisait, et a toujours avancé la tête haute, fier, vers sa destinée. Un soleil froid qui brille, mais ne se montre pas, fait rayonner l’ombre chatoyante de chacun de ses pas.


4. Opinion sur le gouvernement mondial

En tant que théoricien politique, et possédant un regard savant sur la question, Salvatore perçoit une profonde carence dans l’analyse manichéenne et systématique qui est faite du Gouvernement mondial. Concevoir le Gouvernement mondial comme le mal absolu, comme une terrible puissance à laquelle la société toute entière est soumise, constitue une erreur fondamentale. Il en va de même pour ceux qui voient à travers cette entité fédératrice, l’expression d’une justice suprême et la manifestation d’une convention sociale ultime. Les deux camps se regardent en chien de faïence et font marcher la machine infernale, tout en servant l’intérêt de ceux qu’ils défendent ou attaquent. Ne sont ainsi aucunement entendues les quelques alternatives d’interprétation, proposées en dehors de cette logique typique et débile de bipartition, opposant « bien et mal », « tout ou rien », « pour ou contre ». Lorsqu’on parle du détenteur du monopole de la violence légitime, en d’autres termes, du Gouvernement mondial, et qu’on envisage d’autres prismes de lecture que ceux offerts par le salut public, il est de fait assez difficile d’être écouté. C'est la raison pour laquelle Salvatore s'efforce de nuancer ses propos, d'émettre des avis dont les orientations varient en fonction des personnes auxquelles il parle, et de ne jamais donner à voir le fond de sa pensée.

Néanmoins, s’il s’avère qu’au cours d’une discussion politique, Salvatore sente une certaine aise intellectuelle chez son interlocuteur, il pourrait bien se surprendre à étayer son propos avec l’aide de quelques-unes de ses théories, en dépit de la garde avec laquelle il les protège.

De la sorte, ce dernier dissocie le Gouvernement mondial de ses dirigeants actuels, de ses bureaucrates, des différentes institutions qui le compose et même, de son histoire. Pour lui, le Gouvernement mondial est une unité politique, qui survit aux peuples, aux nobles et aux roturiers, aux gouvernements et à ses différentes formes. Qu’un peuple s’auto-détermine ou qu’il soit aux ordres d’un tyran, qu’il soit le fruit d’une victoire d’un camp ou d’un autre, le Gouvernement mondial subsistera toujours, car c’est avant tout un contrat entre les hommes, la manifestation d’un ordre social opposé à la nature où règne la loi du plus fort.

Vous l’aurez sans doute compris, pour ce stratège, le Gouvernement mondial est une constante. Si beaucoup le déifie, Salvatore, lui, le réifie. Les querelles destinées à savoir qui aura le bénéfice de diriger cette « chose » font partie du jeu politique. Et aussi vrai que les hommes aiment à changer de maîtres dans l’espoir d’améliorer leur sort, les maîtres se doivent d’apprendre à ne pas être bon, au sens moral du terme, mais à être bon, au sens technique du terme, pour pouvoir espérer se maintenir.

Pour l'heure, considère-t-il que les dirigeants actuels du Gouvernement mondial soient bons ? Ça, c'est encore une autre histoire…


5. Opinion sur la piraterie


Sur ces mers, lorsqu’on parle de piraterie, la question à poser en première instance est la suivante : « Qui parle ? ». Salvatore n’est pas dupe à ce sujet, et sait pertinemment que le mot « pirate » est avant tout utilisé pour disqualifier les actes d’un groupe d’individus en particulier. Car, en effet, si par ce terme, on y entend la notion de brigandage ou de banditisme, alors il est clair que les corsaires des uns sont les pirates des autres. Hélas, certains pillent avec la force des armes, quand d’autres le font avec la force des lois. Qu’on ne s’y trompe pas, l’arme la plus puissante que les instances du pouvoir utilisent à l’encontre des « pirates », c'est bel et bien les mots. Cet instrument de combat est social et c’est assurément ce qui le rend très redoutable. Le symbolisme attribué à cette désignation est l’essence même de leur stigmatisation.

Le stratège élève au rang d’art la facilité avec laquelle les hauts-lieux ont réussi à transformer la perception générale et à créer une faction qui s’auto-marginalise, en s’érigeant en chantre de la liberté, en glorifiant ses faits d’armes et en vivant comme des parias, sans repos. Oui, la plupart des pirates sont fiers d’être des pirates, et c’est peut-être ça qui joue le plus en leur défaveur.

Pourtant, bien qu’elle soit répandue et valorisée par la société, Salvatore n’adhère pas à cette intelligence du monde social, qu’il estime binaire au possible. Les bons d'un côté, les méchants de l'autre... C'est bien plus compliqué que cela. Lui, ne fait pas de réelles distinctions entre eux et les autres personnes, si ce n’est vis-à-vis de leurs qualités propres et de ce qu'ils pourraient lui apporter. Avant d’appartenir à une faction, ils sont des hommes, avec des subjectivités convergentes et divergentes, qu’il incombe d’étudier au cas par cas.

Par conséquent, l’entrepreneur de North Blue sait rester souple... Sociable avec la majorité, proche avec les meilleurs, et ami avec les « élus ». La règle d’or est de savoir rester du bon côté de la grille.


6. Opinion sur la franc-marinerie


Auront nécessairement tort tous ceux qui croient que c’est la révolution qui emploie les franc-marins, que c’est le feu du peuple qui guide leur pas, que leur seul et unique dessein est la quête de vérité. Il y a un éclat anodin de laideur qui scintille dans la beauté de cet idéal. Quelques fois, l’envers du décor se fait jour, et les mains de ceux qui tirent les ficelles sont alors éclairées. Il n’a pas fallu longtemps à Salvatore pour y discerner les doigts manipulateurs de deux hommes : Scarface étant l’arbre cachant la forêt et le Duc, lui, la racine de tous les autres.

Les éternels frondeurs trouveront toujours quelque chose contre lequel se liguer. En ce cas, il suffit simplement aux hommes intelligents d’entretenir ce besoin d’autre chose par des promesses d’autre chose, et de ne les satisfaire qu’à moitié, chaque fois que les troupes se démoralisent. On alimente les espérances en comptant les grains.

L'évidence est que pour gérer l’opposition à l’ordre établi, il faut savoir habiller les causes et les draper d’un certain voile de vertu. En effet, pour maintenir l'engagement des militants et consolider un mouvement, rien n'est plus efficace qu'un idéal inatteignable, fait de questions auxquelles il n'y a pas de réponses. En apparence, le projet est beau et porteur d'espoir... Sauf que, pour l'instant, la conséquence immédiate de la Franc-Marinerie dans le monde n'est seulement qu'un déplacement de servitude. Et jusqu’au dénouement de cette longue marche vers le changement, cela ne sera pas grand chose de plus, malheureusement.

Pour autant, Salvatore ne tient pas ce mouvement en mésestime... A vrai dire, c'est plutôt le contraire. Quand bien même est-elle conduite par des élites activistes, il voit cette émanation révolutionnaire, comme étant, au pire, un moyen de distraire le pouvoir en place, et au mieux, la déstabilisation d’un régime par l’extérieur. En attendant de fait que la détresse soit amenée par une lutte de front avec les rangs franc-marins, le stratège s’évertue à infiltrer insidieusement le système et à le corrompre cellule par cellule. Au triomphe des pronostics, la vraie révolution sera endogène.

Cependant, si pour le conseiller royal, la Franc-Marinerie peut actuellement s'avérer être un outil, il est clair que viendra un moment où il sera temps de s'en débarrasser. Cette mouvance est l'image d'un incendie de guerre : il faut le laisser s'embraser dans les rangs ennemis tant que la base n'a pas été prise. Perturbant le peuple et les institutions qui le dirigent, déstabilisant les haut-lieux de pouvoir, il est pour l'instant une bonne chose, mais quand les rôles seront intervertis, il sera nécessaire d'éteindre l'esprit de révolte des franc-marins.

En politique, un bon gouvernement est un gouvernement de paix sociale, autrement dit, une disposition fixe des choses, où tous se satisfont de la place qu'ils occupent. Partant de cet entendement, pour diriger une société, il faut mettre ses sujets hors d'état de nuire, et même de ne serait-ce qu'y penser.

L'embrasser un jour, puis l'ignorer.


Histoire [1/2]


⸺ Prologue ⸺

Quand les odeurs de l’ivraie et du seigle sont balayées par le vent, et que l’effluve des champs parvient jusqu’au seuil des villes, c’est que le printemps est arrivé. Salvatore n’a jamais pu oublier cette certitude. Elle est l’un de ses plus chers souvenirs. Et à chaque fois que cette saison arrive, les senteurs de l’enfance amènent avec elles des relents de mélancolie.

Le soleil scintille, et projette à travers les rideaux de son office, de longues bandes d’or diaphanes sur le bois de son bureau. Il y a, au dehors, un ciel radieux, mais la pièce dans laquelle il se tient présentement manque de lumière. Ce matin, il n’ira pas au palais. Et il restera tapi dans l’ombre pendant toute la journée, sans se coucher, et sans se lever. Les bras abandonnés au sol, assis sur le parquet et adossé contre le sommier de son lit, il tient dans sa main, un verre vide, où un peu de marc de café reste encore.

Une profonde torpeur l’a gagné au réveil et persiste à demeurer.  

Gagne celui qui sait ce qu'il va faire s'il perd. Perd celui qui sait ce qu'il va faire s'il gagne.  1517775625-salvaprolo

Chaque année, le plus souvent à l’approche de la saison printanière, arrive un jour où les songes le gagnent, et s’emparent de son esprit. Il ne peut laisser quelqu’un voir cette névrose, il se l’interdit, c’est pourquoi il évite de sortir de sa chambre, et n’allume aucune lampe pour feindre de dormir.

La seule abréaction avec laquelle il évince ces douloureux affects, est une longue introspection, un voyage à travers le temps et l’espace pendant lequel il retrace les épisodes marquants de sa vie. Fussent-elles cruelles, froides ou au contraire, terriblement chaleureuses, il se devait d’aller au-devant de ses souvenances, de s’aventurer au fond de lui-même pour réussir cette initiation annuelle.

⸺ Chapitre 1 ⸺
L’enfance, récit d’un voyage oublié

Par-delà l’horizon, à la jonction entre l’azur du ciel et le safre des mers de North Blue, se dressait une grande portion de terre, un fier roc qui pourfendait les flots de tout son flanc et qui, seul et sans partage, régnait sur le large. Loin du continent, loin de la noblesse mondiale, mais dans le courant des propos, cette île était belle, prospère et puissante. Elle demeurait, face à l’immensité du monde, et d’aucuns disaient qu’elle était millénaire, que sa genèse datait de temps immémoriaux où les hommes vivaient encore libres et égaux, et que la charpente de ces lieux était sacrée.

Saint-Iturria. Ce nom sonnait comme une vénération aux oreilles de ceux qui prêtaient attention aux symboles. Souvent pensait-on qu’il était la cause de cette profonde plénitude qui planait sur cette belle île comme le vent d’un encens éternel, soufflé par la grâce d’une divinité bienveillante. Tous pouvaient le voir : une majesté céleste avait béni ces lieux, et en témoignait notamment la nature splendide qui y avait élu domicile. Figuiers rouges, grenadiers à mousse et oliviers géants ombrageaient les clairières de leurs grandes étreintes, tandis que daims noirs et renards venaient se faufiler à travers les bosquets pour s’abriter des chasses.

Gagne celui qui sait ce qu'il va faire s'il perd. Perd celui qui sait ce qu'il va faire s'il gagne.  1519340082-saintitturia2

Ce havre de paix abritait un gigantesque royaume, tenu droit par les ordres d’un monarque et d’une cour d’aristocrates et de fonctionnaires. Les gens étaient heureux en ce qu’ils obtenaient ce qu’ils désiraient, mais ne désiraient point ce qu’ils ne pouvaient obtenir. Dans cet ordre, l’aristocratie naissait nantie, les paysans naissaient dépourvus, et parvenaient à s’extirper de cette triste logique certaines familles corporatistes qui œuvraient dans les villes. En effet, il y avait dans les villes des corps de métier qui n’appartenaient qu’à des dynasties particulières et parmi elles, les Locatelli s’honoraient, avec raison, de détenir le monopole du professorat.

C’est de l’union de Vittorio, professeur, et d’Anitana, professeure, que naquit Salvatore. Il vint au monde à l’Hôtel-Dieu, sous les auspices de la couronne ― et de son registre civil. S’il lui manquait richesse et statut politique, le cercle Locatelli n’était pas pour autant dénué d’un fort capital culturel et intellectuel, un capital qu’ils n’avaient jamais hésité à monnayer. Forts de cette puissante ressource, et d’un important héritage familial, ils étaient tous deux les propriétaires d’une bibliothèque de la capitale, une colonne de savoir dressée en périphérie de la place principale. Elle avait de scolastique ce que les propriétaires aimaient à enseigner de temps en temps, les sciences mécaniques et les sciences théoriques dégagées dans certains ouvrages. Parce qu’elles étaient autant d’une clarté limpide que d’une profondeur parfois insondable, ces instructions furent encensées par de plus en plus de travailleurs intellectuels. Et la multilatéralité du partage ne fut pas sans susciter les intérêts de l’ordre royal, qui projeta un regard indiscret, presque curieux, sur la maîtrise avec laquelle l’enseigne était gérée.


Plus les années passaient, plus nombreux étaient les haut-fonctionnaires royaux qui y accouraient, venant s’entasser dans le forum pour écouter les descriptions topographiques du grand linéaire ou les analyses sociopolitiques de l’utopie de Montblanc Norland. Ces derniers étaient parfois amusés d’y croiser un enfant qui, de son très jeune âge, s’allongeait déjà sur des livres, en les observant sans parler et sans probablement comprendre quoi que ce soit.

On ne connut guère d’autres amusements que ceux d’observer, de moins en moins moqueur, les progrès de cette petite tête rose, qui, de quadrupède à bipède, était devenue un véritable lecteur plutôt qu’un témoin, impuissant face aux lettres. Il ne fallut pas plus de trois ans d’existence pour permettre à ce bambin de fusionner avec registres et manuscrits. Ce qui logiquement faisait qu’à plusieurs âmes troublées, bon nombre d’étudiants aimaient évoquer l’inconcevabilité de ce qu’ils apercevaient : qu’un enfant, qui était hier encore un nourrisson, lise plus qu’eux… Pour eux, la seule explication rationnelle à ce fait était de dire qu’il lisait sans vraiment intercepter les concepts qui lui étaient proposés dans les ouvrages, et qu’il se contentait d’apprécier les illustrations.

⸺ Vous pensez vraiment qu’il ne comprend pas ce qu’il lit ? Ne l’oubliez pas, il est un Locatelli, tout de même. Alors, certes, il n’est pas bien né, mais il est l’enfant d'un couple de savant, peut-être a-t-il hérité de leurs méninges...
⸺ Je soutiens qu’il ne puisse pas saisir les problèmes constitutifs de l’égo transcendantal. Il est strictement impossible qu’une théorie aussi complexe puisse atteindre une conscience qui n’est pas encore formée. Il est même possible que ses méninges ne soient pas encore totalement élaborées. Vous savez ô combien j’estime Vittorio, mais je ne peux me résoudre à concevoir une telle chose.
⸺ Il ne me semble pas dépourvu de parole, alors osons expérimenter cela.

Les deux hommes étaient des magistrats aux trésors royaux, et s’étaient essayés à la philosophie des premiers siècles. Leur contenance fière les avait poussés à se défier mutuellement et à s’affronter dans un terrain qu’ils ne connaissaient pas. S’étant déjà livrés à une rude joute, ils n’attendaient qu’une seule chose : un arbitre, qui viendrait conforter leurs certitudes. Et par une lâcheté du destin, c’est sur Salvatore que leur dévolu se jeta.

⸺ Bonjour mon enfant. Nous nous croisons souvent dans ces couloirs, et nous te voyons toujours accompagné d’un livre. Tu comprends ce livre ? » dit alors le premier fonctionnaire, d’un ton mièvre, peut-être un peu hypocrite. Il se penchait vers le jeune garçon en appuyant ses paumes sur le bas de ses cuisses, s’accroupissant lentement pour se mettre à son niveau.

Quand le nez interrogateur du petit Locatelli se dégagea de sa cuirasse de papier, il piqua subitement une mine enjouée, qui étonna d’ailleurs son vis-à-vis. Il referma légèrement l’ouvrage et lui répondit en ces quelques termes :

⸺ De ce que j’en comprends... Je n’en comprendrais jamais qu’une face incomplète, car je ne comprends de ce livre que ce qui apparaît à ma conscience et qu’il peut tout-à-fait renfermer des aspects que ma conscience ne peut et ne pourra pas saisir, car ils ne lui apparaîtront pas. Et vous, comprenez-vous ce livre ?

De sa posture outrecuidante, l’homme se releva aussitôt, étourdi par l’échange qu’il venait d’avoir avec cet enfant. Son regard devenu indécis, se balança de gauche à droite, des gouttes de sueur perlèrent sur son front, alors qu’à l’intérieur de son esprit, ses certitudes commençaient petit à petit à s’effondrer. Tout en espérant trouver rapidement une réponse à ce qui venait d’être dit, il se soulageait de voir son condisciple tenu à distance de la discussion.

Gwehehehe ! Eh bien, eh bien ! Je pense que tu n’as pas compris ce livre ! tenta-t-il de se persuader, dans un dernier élan de conviction. Après tout, sauf la riposte intellectuelle, rien n'était actuellement envisageable… Et pour lui, perdre son calme face à ce garçon, monter au créneau avec une si petite chose, signifiait perdre de son honorabilité. Cela était tout-à-fait inenvisageable pour le bureaucrate. Il était face à ses contradictions. Il décida donc d’ouvrir la conversation en se fermant au dialogue. Je vais t’expliquer ce que voulait dire l’auteur, il différencie l’égo de la conscience, en ce qu’il dit que l’égo est un objet de notre conscience et qu’il n’est en aucun cas notre conscience. Le problème constitutif de l’égo transcendantal est de penser que notre égo est notre conscience. C'est pour cela que tu te trompes, petit, mais tu sais ce n'est pas grave, tu es encore jeune, hein !
⸺ Lorsque je vous dis que je ne suis guère en mesure de saisir tous les concepts de ce livre, c’est parce que d’un certain côté, c’est mon égo qui les lit. Au moment où je suis en train de feuilleter ces pages, je suis en quête de connaissance, je me dis que je dois comprendre ce livre, au lieu de me laisser porter par ce qui vient à moi...  Lorsque vous dîtes que transcender notre égo, c’est le penser comme une création de notre conscience et non comme notre conscience elle-même… Nous disons finalement la même chose, mais différemment. C’est votre égo qui vous pousse à ne pas le voir et à me corriger, sans vraiment avoir entendu ce que je vous ai dit auparavant, dit Salvatore, qui avait complètement refermé son manuscrit.
⸺ Je… Je n’ai… Je n’ai pas d’égo ! C’est… C’est totalement faux ! Aurais-tu l’extrême obligeance de me parler sur un autre ton, je te prie, jeune homme ?! Quelle sotte idée m’a prise de m’entretenir avec un chiot de ton espèce, éclata le magistrat, dans une cacophonie qui transperça le silence de la bibliothèque. Il venait de sacrifier ce qu’il lui restait encore d’adulte sur l’autel de ses complexes d'enfance. Le carcan était brisé, l’écheveau s’était dévidé, et les masques étaient enfin tombés. Piètre épilogue s’il en fut.

De nombreuses personnes s’approchèrent de l’échauffourée, venant orbiter autour du trésorier et de Salvatore, et parmi elles, Vittorio, qui s’empressa aussitôt de saisir son fils et de l’emmener dans sa chambre en s’excusant poliment auprès des différents spectateurs. Non content d’être un prodigieux enseignant, M. Locatelli était également un génie social, capable de créer la sympathie en toutes circonstances, y compris les plus délicates. Cet onguent, avec lequel il apaisait rancunes et rancœurs, n’était simplement que du tact, selon lui, et en tout homme de savoir qu’il était, il se devait évidemment d’être rompu à son usage.

Son effronté de fils, quant à lui, ne le voyait pas de cet œil-là.

⸺ Mais papa… Je n’ai rien fait d’autre que de répondre à sa question… Je ne voulais pas lui faire du mal… Il s'est froissé alors que j'essayais au contraire de lui expliquer qu'on était d'accord sur le sujet, mais qu'il s'en apercevait pas tout-à-fait. Je ne sais pas pourquoi il a réagi comme cela, et je n'ai pas su quoi lui répondre à ce moment-là... Papa, avant de me disputer, est ce que tu pourrais m'expliquer pourquoi a-t-il réagi de la sorte ? S'il-te-plaît...
⸺ Salvatore, écoute-moi attentivement et arrête de me couper. Je ne te blâme pas, mais tu dois savoir une chose pour apprendre à maîtriser ton monde. Il y a des savoirs qui ne se trouvent pas dans les livres, il y a des leçons que la vie seule est en mesure de t’enseigner. Ecoute-les et ne les dévalorise surtout pas. Tu as une conscience transcendantale, mais tu as aussi une conscience empirique. Pour avancer, utilise ce que tes expériences t’ont permis de comprendre, au même titre que ce que les livres t’ont permis de visualiser. Ce que tu viens de vivre, est un passage, celui de la jalousie. Tu verras avec le recul que ce passage n'arrive jamais vraiment à son terme et que l’initiation est éternelle. Alors, n’aies jamais honte de ce que tu es capable de penser. Seulement, veille à réguler les transferts d’informations entre toi et les autres, surtout : surveille ce que tu dis, comment tu le dis et à qui tu le dis. Et souviens-toi que si tu as deux oreilles et une seule bouche, c’est parce que tu as deux fois plus besoin d’écouter que de parler.
⸺ Oui… D’accord… Je ferai attention à ne plus heurter les gens la prochaine fois, c'est une promesse, papa, souffla-t-il. Aucuns arguments ne pouvaient contrer des mots qui venaient du cœur, encore moins quand ils provenaient de celui de son père. Salvatore acquiesça d’un hochement de tête aveugle.

***

Eux, qui n’avaient jamais été guère autre chose que des scribes, des faiseurs d’almanachs jouant avec les quelques publications à demi déchirées d’anonymes savants, furent finalement projetés sous les vives lumières du pouvoir. Avec les années, une gloire de plus en plus tonitruante se chantait en leurs louanges. Du plus bas peuple aux grandes instances décisionnelles, tous se targuaient d’être enseigné par ces abîmes de science et se revendiquaient de leur école. Le couple avait sciemment rompu avec la tradition des Locatelli en traçant des canaux d’informations hors du cercle familial, et avait jugé bon de transmettre à toute attention ce qui méritait d’être transmis. Ils estimaient que ne pas propager le savoir revenait à sacrifier l’avenir, et, nonobstant les usages, ils le partageaient en pensant à cela.

Devenu la référence intellectuelle sur cette île, considéré à juste titre comme une porte ouverte sur la connaissance, Vittorio fut démarché par le Roi en personne, descendu de son château, pour devenir le percepteur de son plus jeune enfant. La marque de l’offre se voulait courtoise, mais elle demeurait impériale, donc impérieuse… En effet, on ne savait refuser une demande de son altesse sérénissime. Et s'il était déguisé sous la forme d’une proposition, il s’agissait en réalité d’un impératif. Aussi, le chef de famille s’exécuta sans tergiverser, et dès le lendemain, emmena ses parures à la cour pour s’y installer.

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Quel choc ce fut pour Salvatore, de voir, au petit matin, son père, de dos, se diriger d’un pas lent vers les sommets de Saint-Itturia. Il courut derrière lui pendant une centaine de mètres jusqu’à finir par le rattraper, s’accrochant à sa cheville en pleurant.

⸺ Papa ! Pourquoi tu nous laisses ? Pourquoi tu es obligé d’obéir à ces ordres qui nous détruisent ? Enfuyons-nous, toi, maman et moi… Partons de cette île maudite, et restons ensemble… S’il-te-plaît, ne pars pas… Continue de m’enseigner, sanglota l’enfant, incapable de maîtriser la véhémence de son inquiétude.
⸺ Tu sais, mon enfant, je ne te laisse pas. Nous ne partirons pas de cette île, parce qu’elle fait partie de nous, elle est en nous, et nous sommes une partie de ce lieu. Nous avons notre place ici, et quand je dis « nous », je parle de toi aussi, Salvatore. Tu as sept ans maintenant, tu peux et dois apprendre tout seul. Tu es un génie, beaucoup plus que moi, et beaucoup plus que ta mère, beaucoup plus que mon père et beaucoup plus que ma mère. Je n’ai absolument aucun doute quant à ton avenir, preuve en est : je reviendrai bientôt avec une surprise pour toi.
⸺ Menteur ! Je ne suis pas dupe ! Je connais ta rhétorique ! Me donner espoir n’apaisera pas ma peine. Me dire que je suis un génie ne me permettra pas de supporter ton absence. Evoquer ce qui nous lie à Saint-Itturia occulte ce qui nous lie au monde entier. Tu m’as dit un jour que je me devais d’expérimenter le monde pour le comprendre, explorons-le, ensemble… Je ne veux pas t’attendre indéfiniment en espérant que tu reviennes et dessécher devant une fenêtre, comme une plante qu’on a arrêté d’arroser. Je m’y refuse. Ne pars pas.
⸺  Tu es bien le fils de ton père. Je suis fier de toi. À très bientôt, petite tête de mule, s’amusa Vittorio, en caressant la tignasse de son fils, tandis que ce dernier le regardait avec la fureur d’un animal enragé.

L’enfant qui quittait les jambes de son père bien-aimé, interpréta cet à bientôt comme un adieu, et retourna à son domicile, le visage rougi, les yeux gonflés, empli d’une hargne que sa mère ne sut canaliser. Il renversa sa bibliothèque et frappa dans ses murs pendant plusieurs heures, jusqu’à se résigner. C’était là, les premières émanations de sa maturité : en regardant ses mains ensanglantées, il prit conscience d’une chose… le fatalisme auquel sont soumis tous les hommes face aux dirigeants. Comment un si petit nombre d'individus pouvait contraindre les autres à obéir aussi servilement ? Chaque personne qui osait répondre « c’est comme ça » à cette question, faisait par ce « ça » l’aveu, quoiqu’inconscient, de sa servitude volontaire. Vittorio était né serf, avait vécu serf, et allait mourir serf. Et aussi vrai que mettre des coups dans la pierre n’agissait en rien sur la substance de ce fait, il fallait à cet enfant beaucoup plus qu’une simple lecture de registres pour récupérer son père : il lui fallait devenir comme ces tyrans, il lui fallait commencer à aimer ce milieu, comme Vittorio l'aimait.

Pendant l’année qui suivit, Anitana fut surprise de trouver son fils, parfois juché sur un tabouret devant la glace, à entraîner son éloquence, parfois dehors, s’exerçant à l’escrime des nobles, parfois seul, dans le noir, couvert par un silence pesant.

Un jour, elle vint le trouver dans sa chambre.

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⸺  Je t’ai préparé ton plat favori : des rigatonis gratinés dans une meule. J’espère que ça va te plaire.
⸺  Merci, maman. J’arrive,
répondit Salvatore en se levant de sa chaise et en éteignant sa lampe.

Sorti de sa chambre, il fut mordu de stupéfaction à la vue de son père... assis en bout de table, un large sourire déformant son visage.

⸺  Tu vois, Salvatore, je t’avais dit que je ne te laisserai pas, déclara Vittorio, ravi de retrouver son fils.

Salvatore ne répondit pas et s’attabla. Il ne savait que penser. Commençant à manger, il regarda sa mère, puis son père, d’un œil trahi, qui ne savait cacher, au fond, une certaine joie. C’était là une magnifique surprise que son père lui avait réservée, mais il n’avait pas eu confiance en lui, et s’en sentait finalement coupable. En même temps que naissait une compassion envers son père et ce qu’il avait dû ressentir d’abject à l’égard des propos que lui avait tenu sa progéniture, se remettait en question tout le système de pensée qu’il avait construit en son absence.

⸺  Tu es revenu, certes, mais tu n’es plus là, argua tout de même l’enfant, fidèle à lui-même.
⸺  Ecoute ce que ton père a à te dire, Salvatore, imposa alors Anitana, d’un ton ferme, pourtant calme. Elle était une mère autoritaire, mais elle était, au demeurant, une personne très avisée, qui savait quand et comment intervenir dans une discussion.
⸺  Te souviens-tu de ce qu’on s’était dit sur le pan de la colline, mon fils ? Je t’avais parlé d’une surprise.
⸺  Oui, je m’en souviens… Le visage de Salvatore s’illumina immédiatement.
⸺  Je suis en mesure de te l’offrir.
⸺  Qu’est-ce donc ? Son faciès se tordit d’excitation, et il peina à le cacher.
⸺  Le Roi m’a accordé la faveur de t’enseigner, annonça, en fin de compte, Vittorio, dont les paroles étaient devenues une céleste bénédiction. En la noble présence du prince Christo, son fils, mon élève, et à mesure de cinq leçons par semaines, tu te rendras au palais pour y suivre mes préceptes. C’est une chance inouïe qui s’offre à toi, et je te somme de la saisir. Je sais bien ce que tu penses de tout cela, et c’est tout-à-fait légitime. Les hommes naissent dans l’inégalité, l’injustice et l’indignité. Il y a un ordre, mais il est surmontable. Il n’appartient qu’à toi, mon enfant, de te hisser au plus haut de l’échelle et de leur montrer que tu as été digne de cette opportunité.

Il se leva de sa chaise d’un geste ample, comme porté par une force solennelle, fixa son père avec une détermination qui faisait vibrer son iris, puis lui tira une révérence, une main apposée sur le cœur. Point de phrases, de mots, de sons, n’étaient en mesure de qualifier le tourbillon d’émotion qui brondissait en lui, mais cela se voyait. Anitana et Vittorio se rapprochèrent entre eux pour contempler l’éclat de passion qui enivra soudain leur fils. L’accouchement silencieux d’un grand homme, venait d’avoir eu lieu.

C’est à partir de cet instant que la vie de Salvatore prit un tournant décisif. Son père venait de lui apprendre, sans expressément le dire, qu’un homme pouvait rêver de tout obtenir, que c’était même l’un de ses droits le plus fondamentaux. C’est à travers le prisme de cette vision du monde, que cet enfant s’est construit. Tout du moins, jusqu’à ce qu’un fameux jour d’automne ne vienne bouleverser ses croyances : celui de sa rencontre avec le prince Christo-Emmanuello, quatrième du nom.

Abrité derrière la robe de son père et quelque peu intimidé par les caquètements hystériques du cortège princier qui déambulait vers l'entrée principale, Salvatore distingua au loin une petite silhouette qui se dissimulait derrière la masse grouillante de conseillers. Suspendu aux avant-bras d’un colosse et porté par plusieurs valets, le prince s’approchait de son percepteur avec une pompe qui ne lui appartenait visiblement pas. Si les serviteurs, eux, transpiraient d'orgueil, pour sa part, le jeune homme ne toisa pas Salvatore comme il était convenu de le faire et le regarda, au contraire, avec une certaine amitié. Ce qui, et force lui fut de le constater, dissona quelque peu avec l’image qu’il se faisait de la royauté. Par ce geste, tout compte fait anodin, il venait de montrer qu’un fils de roi était lesté de bien moins de préjugés qu’un fils de lettré.

Lorsqu’on vint à le déposer, Christo honora ses serviteurs d’une chaleureuse accolade, puis les somma de quitter les lieux. Il se retourna vers Vittorio et son fils, et engagea la conversation sans ambages.

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⸺  Les protocoles… Vous savez ce que c’est… Désolé pour ça, je vous avoue que même moi, j’ai toujours eu du mal à m’y faire, concéda le petit prince, embarrassé par cette première impression qu’il croyait mauvaise, lui, qui n’avait même pas eu conscience de la simplicité avec laquelle il avait capté le regard de Salvatore et de l’effet que cela avait réellement produit.
⸺  Ce n’est rien, Christo. Je te présente mon fils, Salvatore. Je suis sûr que vous vous entendrez à merveille. Il est, lui aussi, passionné par les ouvrages de stratégie militaire et par les livres de philosophie. Ça vous fait déjà un point commun, si on peut dire. À partir d’aujourd’hui, vous ferez vos classes ensemble.
⸺  La tyrannie des usages, lança Salvatore, en regardant Christo, alors qu’une goutte de sueur froide dévalait sa colonne vertébrale, est peut-être la seule à laquelle un prince se soumet… Il se devait de faire bonne impression, et ce fut la première chose plus ou moins sensée qui osa vibrer dans ses cordes vocales.
⸺  Ça se tient ! C’est vrai ! rigola Christo. C’est donc toi, Salvatore. Maître Locatelli m’a énormément parlé de toi, je ne sais pas combien de livres tu as lu, mais sache que je suis vraiment admiratif... En fait, je n’ai pas le droit de m’instruire hors de ces cours. Salvatore arqua un sourcil interrogatif. Ça parait fou, je sais, mais c’est la vérité. Le plus clair de mon temps est consacré à la pratique de l’escrime, de l’équitation et de la chasse. Je suis content de rencontrer quelqu'un qui n'a pas cette vie.

Bouleversé par ce que ces mots venaient d’expliquer, par ce que cet enfant dégageait, par ce que cet instant avait de solennel, le fils de Vittorio Locatelli fit une longue pause avant de répondre. Il réalisait petit à petit quelque chose. C’est que ce garçon, Christo, était dénué de tout égo et qu’il était d’une pureté si sincère, qu’elle résistait à son monde. Dès ses premières phrases, il avait su mettre le doigt sur ce qui les rapprochait : une existence déterminée à l’avance, qu’ils refusaient tous les deux, chacun à leur manière.

Les nobles, et à fortiori les familles royales, étaient eux-aussi victimes d’une vie qu’ils ne choisissaient pas, mais ils ne s’en rendaient pas compte. Sauf lui. Oui, Christo avait vu dans la vie de Salvatore, des libertés qui n’étaient pas siennes. C'était justement cela qui avait fait toute la différence.

Ils étaient finalement deux enfants qui, promis à quelque chose d’immense, avaient gardé enfoui en eux, cette envie d’autre chose… Et de là à se penser frères, il n’y avait plus qu’un pas.

⸺  Je… bégaya Salvatore. Je suis prêt à commencer la leçon d’aujourd’hui, Papa.

La fuite des heures s’interrompit un instant, et à partir de ce moment-là, plus rien ne fut jamais pareil. L’enfance se terminait sur ces entrefaites, car, plus que jamais, il était temps pour eux de grandir et d'apprendre à devenir des hommes.

⸺ Chapitre 2 ⸺
Une main perdue dans le vieux coffre à jouet


L’ormaie toute entière faisait chanter les feuilles dans un imperturbable frémissement. De longues vagues se dessinaient sur le champ et les blés dansaient au rythme du vent. Les ombres, maculées de grains de lumière,  parfois rassemblées, parfois repoussées, s’entrelaçaient aux pieds des arbres. Tout semblait aller et venir avec une parfaite harmonie, une coordination qui n’appartenait pas aux hommes.

Ceux qui, n’étant pas attentifs à la majesté de la nature, traversaient les cultures en vitesse, n’étaient en rien capable de percevoir la beauté de ce moment… Mais aux quelques-uns qui s’arrêtaient dans le creux de cette étendue, pour y contempler le concert des éléments, point d’art n’était en mesure de donner matière à autant d’émotions.

Christo et Salvatore s’étaient assis à quelques mètres de ce spectacle, happés par la mystique qui s’en dégageait, et comme envoûtés par une force indescriptible, qui ne les contraignait pas. Les premiers jours de printemps avaient toujours quelque chose à raconter. Et il suffisait de prêter l’oreille. Il y avait, en effet, à travers ce que leur enseignait cet émerveillement, une invitation au bonheur, au calme, à la sérénité... Finalement, ce que tous cherchaient éperdument, se trouvait juste ici, au contact de ces arbres et de cette trouée providentielle, là où personne ne venait s’attarder.

Puis, aussi naturellement qu’il s’était distendu, le cours du temps se contracta de nouveau et la torpeur du midi, cette langueur de l’instant qui, exposée au soleil, communiquait à l’âme toute la munificence du monde, s’estompait lentement. L’heure de la pause touchait à sa fin.

Se relevant en souplesse, le prince en profita pour attraper un chardon par la tige, puis, une fois debout, souffla sur ses aigrettes, les projetant à travers l’étendue du champ. Il regarda Salvatore et l’invita à se redresser d’un geste de la main, lui, qui n’était pas encore sorti de sa léthargie contemplative. Il lui attrapa le poignet et le tira.

⸺ Salvatore, penses-tu que la cour, ce monde dans lequel nous sommes menés par la force des choses… Penses-tu vraiment qu’il est fait pour nous ? Je me sens comme ce pollen : désintégré, éparpillé. En fait, pour tout t'avouer, j’ai comme l’impression d’être tiraillé entre ce que je dois être et ce que je veux être. Ma vie me conduit vers le trône, mais mon cœur m’en éloigne. Ce n'est pas ce que j'imagine du bonheur. Ce que je veux, au fond, c'est vivre dans cette société que nous nous imaginons depuis 5 ans maintenant, un monde où nul ne devrait être obligé de faire ce que les autres lui disent de faire, où les hommes seraient les maîtres de leur destinée, où, ensembles, nous pourrions lire, dessiner, discuter, et quand nous le souhaitons, s'affronter, sans qu'un tiers ne vienne ajouter une dimension sérieuse à tout cela... Ce monde, je le ferai exister, sois-en sûr, mon frère, mais je ne sais pas si ce sentier que nous arpentons est le bon...
⸺ Ce monde est fait pour nous, évidemment, Christo. Mais il nous faut simplement apprendre à le maîtriser, réfuta Salvatore, avec l’air d’être optimiste. Cette utopie, et tout ce qu’on a pensé d’elle, est un espoir en réalisation, il suffit de faire tout ce qui en notre possible pour lui donner naissance et ne jamais mettre à l’index certaines des solutions qui nous sont proposées pour y arriver. Tu vas devenir roi et je serai ton conseiller. Si ce n’est pas notre destin, en tout cas, c’est le système qui nous amène à cette place. Il faut utiliser cette opportunité pour commencer à faire de Saint-Itturia, la première île de ce nulle part que seuls nous voyons. Nous modifierons les lois, tout d’abord. Et ensuite, nous rendrons obsolètes ces castes. Cet optimisme qui le faisait parler, en se précisant, devenait de plus en plus réaliste.

Gagne celui qui sait ce qu'il va faire s'il perd. Perd celui qui sait ce qu'il va faire s'il gagne.  1520093241-christo2

Sourire aux lèvres, ils se regardaient avec belle humeur. Les deux compères s’apercevaient, finalement, de l’évidente simplicité avec laquelle l’amitié faisait surmonter tous les obstacles. Et loin de leur déplaire, ils comprirent que c’était ensemble, en se soutenant mutuellement, comme ils le faisaient depuis maintenant quelques années de franche camaraderie, qu’ils parviendraient à leurs fins.


Sinon, ton pseudo à toi, derrière l'écran ? Violence, ou l'homme qui finit jamais ses prez.
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Dernière édition par Salvatore C. Locatelli le Lun 21 Mai - 21:47, édité 12 fois
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Violence S. Jefferson


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Violence S. Jefferson

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Histoire [2/2]

⸺ Chapitre 2 ⸺
Une main perdue dans le vieux coffre à jouet [Suite]

Ils étaient, à ce jour, assignés hors des villes pour y pratiquer l’escrime et s’affronter en autonomie, sans qu’un conseiller ne vienne commenter leurs gardes ou leurs appuis. On reprochait souvent à Salvatore de manquer de fluidité dans ses gestes, et à Christo, de ne pas assez réfléchir au combat. Ces critiques, attendu qu’elles définissaient – un tant soit peu –  leur style, les opposaient diamétralement. D’un côté, elles décrivaient quelqu’un qui affrontait son adversaire en cherchant sans cesse à se remémorer les différents apprentissages qui lui avaient été dispensés à ce sujet, et qui concevait le combat comme quelque chose qui se programmait à l’avance… Et d’un autre, elles dépeignaient quelqu’un qui ne portait pas son jeu à son paroxysme, qui ne voyait pas d’intérêt à densifier son escrime, et se contentait de ses facilités au combat : point d’appel ou de feintes, pas d’esquives, de très faibles replis, et des expositions trop fréquentes, qui le conduisaient souvent à perdre des assauts sur lesquels il avait pourtant l’ascendant.


Alors qu’ils se saisissaient de leurs fleurets respectifs et se mettaient en garde, l’un face à l’autre, ils se remémoraient les différentes consignes qui leur avaient été imparties et visualisaient encore les précédentes joutes. Aujourd’hui, gagnait celui qui désarmait l’autre. Et les compteurs affichaient pour l’instant trois victoires pour Christo, contre une seule pour Salvatore.

D’un pas lent, ils avaient réduit la distance, et pouvaient désormais se tenir en joue du bout de leurs sabres. Les lames, encore dressées devant leurs mentons, se saluèrent, avant de s’abaisser en position défensive, au niveau de leurs torses. Le combat démarra à ce moment-là. Et dès le début, sans même laisser une seule seconde s’écouler, Christo s’élança sur Salvatore, tendant son épée à bout de main pour étendre son allonge. Cette attaque en fente se dirigeait vers le torse du défenseur avec une rapidité féline, comme si les mouvements du prince étaient finalement guidés par un instinct sauvage.

Le jeune stratège, chargé par son adversaire, pensa tout d’abord à se reculer afin d’amortir le coup. Cependant, il était déjà trop tard, car lancé, il était impossible de reculer aussi rapidement que Christo avançait. Qui plus est, en y réfléchissant davantage, il devenait de plus en plus évident qu’une attaque ouverte comme celle-ci cachait quelque chose d’autre. L’économie du geste ne devait pas devenir une avarice de l’effort, le prince combattant avait trop entendu cette critique pour ne pas la retenir, aussi était-il avisé d’agir en s’attendant au pire face à lui. Salvatore opta donc pour ce qui lui semblait être l’alternative la plus sécurisée : couper la trajectoire de l’ennemi, en s’enfonçant dans sa garde et en préparant d’emblée un contre.

Le geste qu’exécuta ensuite Christo confirma l’hypothèse de Salvatore, qui avait entrevu quelque chose à travers l’ombre de cette attaque. L’estocade n’était rien d’autre qu’une feinte, destinée à surprendre et à orienter une attitude particulière. La finalité de l’exercice n’était pas de frapper l’autre, mais bien de le désarmer… Les deux semblaient l’avoir bien compris. C’est pourquoi une fois son épée « au-dedans » de la garde de Salvatore, Christo fit pivoter son poignet et par la même, toute son arme, vers l’extérieur, utilisant la lame comme un crochet pour arracher l'épée de son adversaire en la ramenant vers lui. Il venait de s’arrêter dans sa course, d’un coup net, et s’apprêtait à revenir en arrière, pour entraîner son opposant avec lui, le déséquilibrer et s'emparer de son arme.

C’était sans compter sur la ruse de Salvatore, qui, s’étant déjà projeté vers l’avant pour devancer l'attaque de Christo, ne fut pas étonné de voir son camarade user de cette technique. En effet, la détresse que Christo pensait susciter avec cette petite sournoiserie, ne l’atteignit guère, et il en profita justement pour contrer son ami en anticipant sa technique et en avançant plus rapidement que lui dans la direction où il reculait. La lame de Salvatore, qui ne fût nulle part entravée, s’abaissa d’un geste vif et se libéra totalement de la garde de Christo, alors qu'il parvenait à passer derrière lui. Finalement, le jeune conseiller s’était non seulement propulsé dans le dos de son adversaire, mais il était maintenant du côté de la partie extérieure de sa garde, et pour ainsi dire, dans son angle mort. Sans même réfléchir, enfin guidé par le rythme de l’affrontement, il lui asséna plusieurs coups droits au torse et au menton. Le but de ces attaques était simple : assommer le prince, puis récupérer la lame au sol. Si elle était radicale, cette solution contraignait Salvatore à déployer une certaine vigueur dans l’exercice. Et la tâche fut d’autant plus délicate que les coups se heurtèrent aux parades de Christo qui, en l’espace d’un court instant, avait pu se réaligner face au combat.

Repris, les deux combattants se tenaient pour lors à une distance intermédiaire, croisant le fer sans vraiment chercher à rentrer dans les bulles respectives. Au cours de cet échange, ils avaient pu mesurer la teneur du duel, se situer dans le combat et en juger par rapport à l’adversaire. Il leur appartenait désormais de choisir la prochaine offensive, et d’opter pour la plus efficace, autrement dit, pour celle qui mettrait l’autre en échec.  

La mélodie monotone que chantaient les lames dans une percussion régulière, fut tout-à-coup rompue par Salvatore qui amorça, dans une accélération très brusque, une attaque en fente. Elle semblait être de tout point identique à celle qu’avait entreprise Christo au début de l’assaut. Imiter le coup du prince pour le prendre à son propre jeu, n’était pas une technique très intelligente, mais elle avait le mérite d’être culottée. L’idée derrière cela était aussi de tester la vivacité d’esprit de l’ennemi, tout en supposant qu’il soit assez irréfléchi pour exécuter le mouvement sans penser aux failles de son caractère machinal. Tandis que Salvatore recourbait la trajectoire de sa lame vers l’extérieur, autour du bras de Christo, pour s’emparer de son fleuret, ce dernier s’avança vers lui en anticipant son mouvement, exactement comme cela avait été fait quelques secondes auparavant par le jeune conseiller. Toutefois, copier le copieur fut malheureusement l’erreur qui mit Christo en échec et mat.

Alors qu’il se projetait vers l’avant pour éviter la prise de Salvatore, instinctivement, le prince fut stoppé dans sa course par un violent coup de genou, qui se brisa sur son ventre avec une netteté sans pareille. Le choc fut tel que la fermeté de sa poigne s’évanouit, laissant le manche de lame bailler dans sa main, à la merci du crochet. Le poisson avait mordu à l'hameçon. Il y avait fort à parier qu'un homme aussi scolaire dans le combat ne sache pas improviser face à la fulgurance d'un coup inhabituel. Et les prévisions s'étaient avérées justes.

Christo trébucha en arrière, projeté par la puissance qu'il avait déployée pour s'enfoncer sur le genou de Salvatore. Le sabre devint dès ce moment un fardeau qu'il préféra donner à son adversaire.

Tirant l’arme vers lui, puis la contemplant dans sa paume, son ami à terre, l’héritier Locatelli fut alors traversé par un sentiment enivrant de victoire. Les acclamations d’une foule aphone retentissaient à travers les cris du vent qui battaient dans ses tympans. Il leva les mains au ciel.

⸺ Je commence à comprendre le jeu, non ? s’égaya Salvatore, en dégustant chaque respiration comme des bouffées de triomphe. J’espère que je pourrais égaliser lors de la prochaine manche, parce que franchement, Christo, je concède que jusqu’à présent, je n’ai pas tant brillé.
⸺ Oui, mais je pense que les attaques vicieuses comme celles-ci ne te feront pas briller non plus ! Je ne crois pas avoir entendu qu'autre chose que la lame était autorisée pour désarmer. Comprendre le jeu, quand on en réinvente les règles, est sans doute plus facile, sembla contester Christo, qui se relevait durement, aidé par son ami. Peut-être que pour eux, ce qui est bien, c'est ce qui marche à la fin. Peut-être que cela est la bonne attitude d'un futur conseiller royal. Je ne sais pas si je comprends l'essence du combat ou même si je divague parce que je viens de perdre, mais je trouve qu'il y a beaucoup plus d'honneur à combattre dans les règles... ajouta-il une fois debout, face à Salvatore, en se dépoussiérant.
⸺ Pourquoi se cantonner à des règles définies ? Je ne comprends toujours pas qu’on soit incapable de nous donner une réponse valable à cette question. Suivre l’enseignement des maîtres sans t’approprier ce que tu apprends, ne sert pas à grand-chose, mon prince. Alors... est-ce que les conseillers font bien de penser comme ça ? Qu’en sais-je ? Il n’empêche que factuellement, celui qui invente la règle gagne toujours, lâcha le vainqueur, avec un relâchement presque suspect. Et je me demande donc si l’honneur est vraiment de suivre une pratique au millimètre près ? Ou s’il n’est pas plutôt cette capacité à ne jamais se soumettre qu’à ses propres règles ?

Il advint qu’en expliquant ceci, Salvatore réaménagea quelque chose en Christo. Ils se regardaient tous les deux, perdus dans la complexité d’un moment de réflexion. Quelque chose sembla dès lors changer. Et alors qu’il s’en allait rendre le fleuret à son prince, le conseiller fut brusqué par l’imposante agressivité qui s’échappait de lui. En l’espace d’une fraction de seconde, ses yeux s’étaient matis et ne reflétaient plus rien. Il avait bien entendu les paroles de son ami, et allait traiter avec.

Gagne celui qui sait ce qu'il va faire s'il perd. Perd celui qui sait ce qu'il va faire s'il gagne.  1522199799-christo3

⸺ Si tu insistes... Créons et que le meilleur gagne !
Pour lui, le prochain match avait déjà commencé.

***

Et les affrontements furent d’autant plus nombreux, qu’avec le temps, ils devinrent une constante de leur quotidien. Ils s’acharnèrent à la tâche, avec une implication qui, avant de le rassurer, fit d’abord trembler le roi. En effet, ils déployaient une telle énergie à faire ce qu’on leur demandait de faire, que certains notables se prenaient à condamner la démesure de leur carriérisme et leur propension à conquérir le trône en avance. À ces fonctionnaires qui assistaient, impuissants, à l’ascension de deux étoiles dans le firmament des seigneurs, il y avait de quoi être ébloui. Lorsque les sessions d’entraînements ne se déroulaient pas à huit-clos, une immense foule venait assister aux sessions d’exercices de Christo et Salvatore, qui, se connaissant par cœur, n’agissaient plus que par goût du spectacle.

Aucun jour ne passait sans qu’ils n’aient à accomplir quelque chose : combattre, chasser, scénariser des campagnes, lire des ouvrages, maîtriser les arts de la guerre, parler en public… Tout était finalement sujet à de très longues heures d’apprentissage, car parvenir à leurs fins était, pour eux, une obsession qui ne laissait pas de temps au répit. En l’espace des cinq années qui suivirent celle de leurs entraînements au champ, ils n’eurent de cesse d’être mis l’un face à l’autre, que ce soit devant un échiquier ou une tribune, aidés d’une craie ou d’un fleuret… Sans que cela n’altère l’admiration qu’ils se portaient mutuellement.

Ils formaient un tandem providentiel, scellé par ce qu’ils pensaient être plus qu’un simple phénomène du hasard. Le prince de Saint-Itturia et l’héritier Locatelli avaient été mis sur le même chemin pour accomplir quelque chose de grand, quelque chose d’exceptionnel, et tout semblait indiquer qu’il s’agissait d’un signe du destin.

Alors qu’au sein du royaume, les rumeurs allaient bon train concernant l’imminente succession du prince, les hautes instances se réjouissaient de la parfaite géométrie avec laquelle les choses s'imbriquaient. Christo, alors âgé de 19 ans, avait d’ores et déjà commencé à appliquer les stratégies que son jeune conseiller, Salvatore, âgé de 17 ans, lui avait suggéré, au cours de nombreux affrontements avec des pirates et d’un conflit avec le royaume de Luvneel. Leurs premiers faits d’armes avaient pour ainsi dire terminé d’asseoir leur réputation.  

Les proches du roi se rendaient dans ses loges en se dandinant d’orgueil de raconter les exploits de leur protégé. Vittorio, quoique gardé d’une prudente neutralité envers ses anciens élèves, aimait tout de même se faire gloire des prouesses techniques de son fils auprès de ses amis et de sa famille. Tous le savaient pertinemment : ces deux garçons représentaient l'avenir de leur royaume.

Seulement, un violent coup de tonnerre s’abattit sur ce joli petit château de carte. Tout s’effondra d’un coup, d’un seul. Et ce qui arriva, ni le roi, ni Vittorio, encore moins Christo et Salvatore, ne furent en mesure de le prévoir.


Faire face à sa propre fin, lentement, corrompt. Aucune litote ne pouvait adoucir la fatalité du fait accompli : le roi se mourrait et devenait fou à l’idée de le comprendre. Cette sentence qui semblait depuis longtemps patienter, vint un jour le frapper de plein fouet. Incapable de respirer pendant quelques longues minutes, au point d’en pâlir, le grand monarque fit advenir la meilleure corporation médicinale, qui, à son chevet, après un long examen, lui conseilla fortement de prévenir les descendants. Il était furieux de ne pas pouvoir combattre ce qui le meurtrissait insidieusement, et encore plus, d’apprendre que cela n’allait pas s’arrêter ici.

Christo fut convoqué dans les minutes qui suivirent. L’encens de la royauté planait dans les couloirs, alors que le digne successeur franchissait le palais royal en direction du chevet, d’un pas frénétique. Il avait senti l’ampleur de la sommation qui lui était faite ; son intitulé ne pouvait être plus explicite : « Votre père meurt. Il a à vous parler. ». Salvatore était absent cette journée, il était resté en ville, dans la bibliothèque. Il semblait manquer le tournant de sa vie : le jour de la passation de pouvoir entre un roi et son prince. La tension s’intensifiait pour eux deux, mais seul Christo était pour l’instant en mesure de le savoir.

Une fois arrivé au pas de la porte, il toqua prudemment, avant de faire pivoter les battants avec une douceur mortuaire, et en allant se placer aux cotés de son père. Ils firent évacuer la pièce en quelques mouvements, avant de se retrouver seul à seul. Le roi s’émaciait à vue d’œil, et plus le prince s’approchait de lui, plus il était horrifié de le voir se vider de sa vie aussi vite. Le regard de Christo se porta sur les lèvres bredouillantes de son paternel, qui tentait en vain de lui communiquer quelques dernières consignes. Il tendit alors son oreille, et il ne lui fallut seulement que quelques phrases déconstruites pour que son regard ne change à jamais. Il se redressa aussitôt, bouche bée, se recula, et le regard bordé de larmes, décampa.

Le roi poussa son dernier souffle dans la nuit. Christo resta recroquevillé dans ses quartiers. Salvatore dormit paisiblement.

Au lendemain de cette terrifiante soirée, n’apparut malheureusement qu’une aube sinistre. Les lueurs grises du matin éclairèrent une nation endeuillée, qui se réveillait sans comprendre encore ce que cette journée avait de décisive.

Tenaillés par le devoir, contraints d’agir sans réfléchir, les fonctionnaires s’empressèrent de mettre les drapeaux en berne, de carillonner aux quatre coins du château et de dépêcher des hérauts à travers les grandes artères pour y annoncer la nouvelle. Eux pour qui la nuit avait été mouvementée, ne purent à aucun moment se reposer. Le visage blême, le regard effacé, ils bougeaient tous dans un mouvement solidaire de somnambulisme bureaucratique. Lorsque la tête mourrait, le corps, lui, continuait à vivre… Telle était la consistance du pouvoir. La chose publique ne périssait jamais, elle était soutenue par des mécanismes autonomes ancrés dans les outillages mentaux. La contribution systématique des administrateurs royaux ne soulevait aucune discussion, et ils faisaient face à ces drames sans jamais se désolidariser. La machine était paramétrée à la perfection.

Le roi, succombant, avait eu l’intelligence de comprendre qu’il fallait que rien ne soit laissé au hasard après son décès et que ses préposés n'attendaient que ses dernières directives. Tout changement en préparait nécessairement un autre, et de la sorte, il était primordial que les hautes instances se saisissent des évènements avant qu’ils ne lui échappent. Aussi, en même temps qu’allait être proclamée la tragédie d’état, devaient également être communiquées l'obligation de se rendre aux funérailles nationales aux alentours de treize heures et au couronnement du nouveau roi, Christo-Emmanuello, quatrième du nom, cent-quinzième monarque de Saint-Itturia, dans le courant des vingt-et-une heures.

Toutes bruyantes que fussent les rues, animées par les crieurs, elles extirpèrent Salvatore de ses recherches, qui, intrigué, se rendit à sa fenêtre et l'ouvrit en grand pour contempler le spectacle... Il tressaillit d’abord en apprenant la nouvelle, mais cela ne dura qu'un court instant. Ce stratège avait bien trop attendu ce moment pour ne pas se rendre compte qu'il était en train de le vivre. Dès qu'il se reprit, un sourire s’installa sur son visage et son regard, d'un seul coup, s’illumina.

Il était enfin temps. Sans plus tarder, il quitta son domicile et porta ses pas avec légèreté jusqu’aux champs de son enfance pour y cueillir un bouquet de sauge rouge.

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⸺ Je savais que tu te trouverais là. Le vent avait parlé. Salvatore s’arrêta, pensant s’être surpris à entendre des voix. Je suis content de voir que certaines choses ne changeront jamais. Cet endroit sera toujours aussi magnifique et ça, c’est une certitude. Le soleil éclairait l’étendue de toute sa superbe, et y diffusait une agréable chaleur.
⸺ Oui, concéda Salvatore, en se reprenant d’une allure solennelle. Cette campagne est sans aucun doute le lieu le plus splendide de toute notre île. Il se tourna vers son prince, qui se tenait à quelques mètres de lui. Son ton, qui ne parvenait pas à contenir une envie irrépressible d’en venir aux faits, se lâcha enfin. Christo, je te présente mes plus sincères condoléances. Pour tout t’avouer, je ne sais que dire à ce sujet. Cette douleur, je ne la connais pas, elle ne m’est familière qu’en théorie, dans les livres que j’ai pu lire à ce sujet, alors sache que je ne te salirai pas d’une oraison funèbre qui ne m’appartient pas. Toutefois, permet-moi de te dire une chose : nous l’avions prévu, il était dans l’esprit de tous que tu accèdes aux fonctions royales incessamment.
⸺ Te souviens-tu de la première fois où nous avons parlé de Nulle part ? demanda Christo, distrait.
⸺ Comment pourrais-je l’oublier ? Quand je ferme les yeux parfois, je revois cette phalène qui nous a frôlé, et ses brumes phosphorescentes qui ont rendu cet instant si magique. Je pensais, à ce moment-là, conclure un pacte avec l’éternel. Je croyais qu’on était capable de rompre les dimensions. Nulle part… était une féérie. Alors, nous avons grandi maintenant, difficile de se le cacher, mais je n’ai pas oublié notre promesse : ce monde, nous le ferons naître, quoiqu’il en coûte.

L’héritier royal fut transi par ces mots. Ils sonnèrent comme le glas. Il aurait donné cher pour retarder ce moment, mais il était enfin arrivé. Il était trop tard pour faire marche arrière, désormais.

⸺ Je… commença à bredouiller le prince, qui, de plus en plus livide, de moins en moins souriant, n'arrivait plus à jouer la comédie. Je… Je dois… Je suis désolé… Les iris de Christo se troublèrent soudainement. Submergé par l’émotion, il était en train de fondre en larmes. Je suis désolé, mon frère. Il regarda Salvatore, en explosant, espérant que par la grâce divine, il n’ait pas à prononcer le reste de sa phrase. Six mots à dire, seulement six et au bout de ses lèvres, se tenait le dénouement de l’histoire. Tu vas devoir continuer sans moi...
⸺ Pardon ? Ah… reprit le conseiller, arquant un sourire naïf. Oui, bien sûr, ne t’en fais pas. Ramasser quelques fleurs ne demande pas de plans de campagne, et je suis sûr que tu as beaucoup à faire aujourd’hui. Je te rejoindrai aux funérailles. Malgré tous ses efforts pour le devenir, il n’était pas dupe. Il avait beau tourner le dos à la réalité, cette dernière l’entourait de toute part.
⸺ Salvatore, pourquoi ne le devines-tu pas ? demandait le prince, comme une imploration. Je t’en supplie. Ne… Ne m’inflige pas ça. Je ne veux pas.  Christo était finalement en train de se rendre compte que faire face à sa propre fin, lentement, corrompt.
⸺ Je ne comprends pas, répondit Salvatore, les yeux fixés sur un homme qui, brûlé de l’intérieur, se tordait de chagrin. Il ne pouvait pas faire semblant de ne pas l’avoir entendu, pas deux fois de suite.

Les carillons retentissaient au loin, les arbres dansaient avec la brise, quelques oiseaux roucoulaient, mais comme souvent dans ce champ, les bruits s’étaient feutrés et le temps s’était arrêté. L’éternelle vérité fut accueillie avec la cérémonie des éléments.  

Christo inspira un grand coup.  

⸺ Tu vas devoir continuer sans moi… pour toujours. Je suis malade, Christo. C’est héréditaire. Chaque mot qui sortait de sa bouche, était une lame de rasoir qui avait traversé sa gorge. Je ne sais pas comment te le dire...
⸺ Attend. Je ne te suis pas, là, gronda-t-il. Jamais une pareille fureur ne l’avait traversé, mais il avait besoin d’en savoir plus, alors il parvint à contenir l’éclat de sa rage encore quelques minutes, au moins pendant le temps des explications. Il n’osait cependant pas lever les yeux, de peur de voir ses rêves s’effondrer. Parle.
⸺ Quand le roi Angelo-Gabriello, mon père, a quitté ce monde, il a pris le soin de m’avertir d’une chose : c’est que nous étions finis, que notre lignée allait s’éteindre et que Saint-Itturia n’allait plus jamais être la même. La nuit dernière, je n’ai pas dormi, j’étais terrifié, non pas parce que j’allais mourir et que notre île allait perdre une dynastie royale, mais parce que j’allais devoir te le dire. Mes cheveux blancs sont une malédiction, avait-on dit dans un registre de doctrines médicales. Les médecins qui étaient au chevet de mon père, avaient l’air de le savoir eux aussi et ils me l’ont très bien détaillé. La cathèdre est une maladie dégénérative, dont le principal symptôme est une canitie subite et très précoce. Lorsqu'elle s'active, l'espérance de vie des malades se réduit de génération en génération. La plupart des experts du château sont d’avis pour dire que je serai le dernier à survivre après la puberté, donc à être capable de perpétuer la transmission du sang royal… Il ne me reste qu'un mois à vivre et je crois que...
⸺ Assez ! hurla Salvatore, en le coupant précipitamment. Tu parles de ça, comme si… comme si c’était quelque chose de normal ! Ivre de peur et de colère, sa bouche crachait un poison diabolique, tandis que son cœur, meurtri, se noircissait soudainement. Tu sais ce que t’es ? T’es un monstre ! T’as qu’à crever !

La sauge tombait au sol, et le jeune conseiller, dévasté, était déjà loin. Il s’était enfui. Christo, complètement cloué sur place par le coup de poignard qu’il venait de recevoir, ramassa les fleurs et les regarda, l’œil encore humide.

⸺ Je n'avais pas fini...

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Salvatore, qui avait couru jusqu’à son domicile, décéléra petit à petit, et adopta une démarche un peu moins abrupte. Ses pas étaient hésitants et hasardeux. Essayer d’échapper à son destin, de se cacher de la réalité, était un effort considérable pour quelqu’un comme lui, qui avait pourtant choisi très tôt de ne jamais se mentir à lui-même. Sa vue se troublait. Une fatigue oppressante le gagnait. Son esprit s’embrouillait…

Était-ce vraiment le temps des révélations ? À vrai dire, s’il y avait des moments pour le silence, et des moments pour la parole, il n’existait pas de bon moment pour tout se dire. Le conseiller venait de se séparer de son prince sans écouter ce qu’il avait à lui avouer, et il allait le regretter toute sa vie. Le plus dur pour lui était qu’il commençait à peine à le comprendre.

Une fois arrivé à proximité de la bibliothèque, il essuya ses joues, souillées par le chagrin. Il devait paraître propre sur lui avant de franchir le seuil de sa demeure. Ainsi, pour ne pas avoir à affronter les questions suspicieuses de ses parents, il fila aussitôt dans sa chambre, sans passer par les pièces communes, et s’y enferma à double tours pour ne plus jamais en ressortir.

La journée passa. Les cérémonies se firent. Les heures ne s’inclinèrent pas face à la déprime du conseiller, et défilèrent avec une cruelle lenteur. Il attendait la nuit avec impatience, tout en méditant sur ses paroles.

Les regrets lui prouvaient qu’il n’était pas dans le bon chemin. Se répéter la scène sans arrêt et prendre les bonnes décisions au conditionnel, constituaient là les stigmates d’un mauvais agissement. Cette solitude profonde dans laquelle il s’était plongé de gré, fleurait finalement un parfum amer. Il voulait se souvenir des bons moments passés avec Christo, mais ces mots qu’il lui avait dits, lui en empêchaient.

Il se promit, dans la pâleur de la nuit, de revenir s’excuser au petit matin.

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Les livres aidaient à comprendre le monde, certes, mais seule l’expérience permettait de se comprendre soi-même. Et si Salvatore en savait assez sur les hommes et leur nature, il n’avait pas eu la maturité suffisante pour se rendre compte que rien n’arrivait par hasard et qu’il y avait une haute alchimie qui ordonnait les causes et les conséquences de toutes choses. Son comportement n’avait pas été digne de la personne qu’il était. Il le savait désormais.

Aussi, convaincu par la médiocrité de son attitude et bien déterminé à se racheter, il se leva de bonne heure et s’habilla en vitesse pour se rendre au palais. Dehors, il fut surpris de s’apercevoir que les premières lueurs du jour étaient grisâtres, et que l’air s’était empli d’une lourdeur inhabituelle. Le ciel était bas. Ce détail l’étonna quelque peu, mais il ne stoppa en rien son allure.

Il était temps pour lui d’être un homme et d’assumer ses responsabilités. Il fallait combattre le malheur, en regardant droit devant soi, comme ils l’avaient toujours fait. Et ce n’était pas cette configuration du destin qui allait les en empêcher.

La cité dormait encore, et seuls les maraîchers qui installaient leurs étals, peuplaient déjà les rues. Salvatore arriva au château, après avoir monté les marches à toutes vitesses, et se dirigea vers l’entrée en saluant les gardes.

Ces derniers lui barrèrent toutefois la route de leurs lances entrecroisées. Jamais, au grand jamais, l’accès du palais lui avait été refusé, et jusqu’à présent, il avait toujours reçu les révérences des soldats et des musiciens royaux.

Que se passait-il ? Est-ce que Christo, le nouveau roi, l’avait déjà oublié ? Est-ce qu’il avait justement ordonné, par rancune, qu’on lui interdise le palais ? Etait-ce là que s’arrêtait définitivement leur amitié ?

Il était impossible pour Salvatore de s’en tenir à ça. Ces soldats ne faisaient qu’obéir à des ordres, ils ne pouvaient pas prendre des décisions par eux-mêmes. De père en fils, leur était inculquée l’allégeance. Assuré de cela, il opta pour l’argument d’autorité.

⸺ Je suis ici pour voir le nouveau roi, Christo-Emmanuello. Je suis son conseiller officiel, Salvatore Locatelli. J’ai œuvré pour le salut de Saint-Itturia à de très nombreuses reprises, et ai sauvé les remparts de plusieurs assauts ennemis, notamment lors de la guerre des six baies contre le royaume de Luvneel. L’ancien roi, Angelo-Gabriello, m’a, à ce titre, décoré de la médaille royale. Regardez, fit-il en exhibant son insigne en or. Je possède une distinction que vous, soldats des beaux quartiers, n’aurez jamais. Par la fonction que j’exerce, je suis votre supérieur hiérarchique et je vous somme de me laisser franchir ces portes.
⸺ Tu ne l’exerces plus, retentit une voix qui semblait sortir de l’ombre. D’habitude, le bas-relief de la façade du palais abritait l’entrée des rayons du soleil, mais aujourd’hui, les nuages régnaient dans le ciel. Ce matin était obscur. Non, tu ne l’exerces plus, mon enfant. À vrai dire, tu ne l’as techniquement jamais exercé, puisque Christo ne t’a pas ordonné hier soir au moment de son sacre. Tu n’étais pas là pour le constater apparemment. Alors que ce rabat-joie se découvrait timidement, Salvatore reconnut les traits d’un homme qu’il connaissait. Son gros nez boutonneux, son embonpoint et son attitude vindicative venaient à le trahir, comme à l’accoutumée. C’est fini pour toi, Salvatore ! Le roi ne veut pas de toi ! Il t’a vite oublié ! Moi, je m’en doutais, hein ! Gwehehehe ! Ce rire était toujours aussi insupportable. Allez, tu ferais mieux de partir, si tu veux mon avis. De toute façon, les ordres sont les ordres, et ils ne te laisseront jamais passer. Si tu essayes de faire quoi que ce soit, tu finiras pendu ! Bon vent.
⸺ Je vois… Je trouve ça dommage qu’ils vous aient confié la tâche de m’inventer cette excuse, répondit l’héritier Locatelli, qui, face à ce fonctionnaire revanchard, ne s’était jamais vraiment senti en danger. En supposant que le roi ait vraiment pris cette décision, et que vous n’essayez pas de me déstabiliser avec l'une de vos déductions hasardeuses, comment pourrais-je en être vraiment sûr ? Je le connais mieux que tout le monde, et pour tout vous dire, ce n’est clairement pas dans ses habitudes de mépriser ses sujets. Même si, en surface, il paraissait ne pas croire à cette hypothèse, un léger doute l’effleurait pourtant.
⸺ Oh, eh bien, figure-toi qu’il m’a justement confié une lettre qu’il a écrite au cas où tu reviendrais. Tiens, lis-la.

Le trésorier lui confia une enveloppe cachetée. Le sceau de cire qui y était apposé, marquait la solennité de cette missive. En effet, ces lettres closes servaient à transmettre les ordres du roi de manière confidentielle et Salvatore le savait pertinemment. Aussi, son attitude décontractée se rigidifia en voyant ce bout de papier lui être confié, et il s’empressa de le déchiffrer.

Et en lisant les invectives qui y étaient manuscrites, son visage se lissa de nouveau. Les détails de la calligraphie laissaient malheureusement à désirer. Il tendit la lettre devant lui, du bout des doigts, comme s’il s’agissait d’un torchon sale.

⸺ Ce n’est pas son écriture… déclara le conseiller déchu, d’un ton assuré. Vous êtes en train de comploter contre la couronne. Et vous allez le payer très cher.

Le faciès du bureaucrate changea de forme : d’assuré, il devint alors blême d’effroi, puis bleu de stupeur, pour finir rouge de colère. En voyant cela, Salvatore jubila.

⸺ Ga… GARDES ! Saisissez-vous de lui ! Ne le laissez pas s’enfuir !


Alors que les deux soldats s’élançaient vers lui, lance au poing, et prêts à en découdre, Salvatore se recula d’un pas et, en l’espace d’un très court instant, revisualisa les combats qu’il avait mené contre son ami. L’animalité de Christo transparut dans les gestes de Salvatore qui se précipita sur l’un des deux hommes en agrippant la partie avant de sa lance d’une main et la partie moyenne de l’autre. Il s’avança derrière le garde, en soulevant le bâton, puis en le retournant contre son utilisateur.

Ce soldat, qui avait passé sa vie à garder une porte, se retrouvait au sol, et une lame caressait sa glotte, tandis que son compagnon d’arme se tenait à distance, déstabilisé par le geste que venait d’exécuter le conseiller royal.  

Salvatore lâcha l’arme à quelques mètres de sa victime. De nombreux gardes étaient en train d’accourir aux portes du palais et formant un bruyant troupeau de pieds, cela s’entendait de toute part. Il déguerpit aussitôt.

La ville était réveillée. La traverser sans encombre fut ainsi beaucoup plus compliqué qu’à l’aller. Il prit de nombreux détours, espérant semer ses poursuivants, et se rendit à toute vitesse dans ses quartiers.

Saint-Itturia n’était plus. Elle semblait être en train de tomber aux mains des fonctionnaires, qui, sentant l’odeur des cadavres royaux, étaient finalement devenus des charognards du pouvoir. Ces gentils chiens de garde s'apprêtaient à dévorer leurs propres maîtres. Il devait partir, au moins quelques mois, et peut-être pour toujours.

Il gagna sa chambre, et y rassembla dans la panique tout ce qui lui semblait être important : des livres, des berrys, quelques habits, de la nourriture et de l’eau. Cependant, au moment de quitter les lieux, il tomba nez à nez avec son père.

⸺ C’est terrible, Salvatore… s’écria Vittorio, en attrapant les épaules de son fils. Je viens de me faire jeter du château ! Les fonctionnaires ont menacé de venir brûler notre bibliothèque. C’est… C’est un coup d’état des bureaucrates. La dynastie des rois s’éteint et ils ont saisi l’opportunité qui se présentait à eux…
⸺ Je sais, père, répondit Salvatore, en regardant au loin, le regard totalement changé. Je me suis fait jeter aussi. Ils sont à notre poursuite et ils arriveront bientôt. C’est pour ça que je m’en vais. Je quitte Saint-Itturia, père. Mais je reviendrai, je te le promets, et je les exterminerai tous, uns à uns. Je reprendrai cette île.
⸺ QUOI ? Mais… Tu ne peux pas nous laisser maintenant ! Tu ne peux pas quitter cette île ! Où iras-tu ? Tu as tout ici ! Tu préfères tout laisser tomber, et fuir, comme un lâche ?! C’est comme cela que je t’ai éduqué ?!
⸺ Je n’ai pas le temps. Je dois y aller, fit le jeune homme, en se dégageant violemment de l’étreinte de son père.
⸺ Réponds-moi, Salvatore ! Tu n’as pas le droit de me laisser comme ça ! Je t'interdis ! Tu me dois l'obéissance !

Alors qu’il était à présent sorti de la maison, Salvatore se retourna vers Vittorio. Dans ses prunelles, brillait la lumière de l’aventure, et la soif de la vengeance.

⸺ C’est toi qui est un lâche, père. Tu es comme moi, tu as su très tôt ce que tu désirais obtenir de la vie, et c’est sûrement pour cela que tu y as renoncé. À trop lire le monde, tu as oublié qu’il existait réellement. À trop enseigner, tu as oublié d’apprendre. Et tu n’as pas compris que le monde nous appartenait.  Tu as toujours préféré te complaire dans tes jolis ouvrages, et te contenter d’observer le monde, comme un moine retranché. Tu n’as jamais osé mettre les pieds dehors, car tu as peur de l’immensité.
⸺ C’est… C’est faux, Salvatore, et tu le sais très bien, reprit Vittorio, vexé par cette vérité qui lui avait transpercé le cœur. Tu dis ça pour te rassurer. Tu n’es pas sans savoir que le monde ne nous appartient pas… Il faut…
⸺ Oh si, le monde m’appartient, père, trancha Salvatore, de sa langue acérée. Si tu n’en es pas capable, alors je vivrai tes rêves à ta place. Et j’accomplirai ce que personne jusqu’à présent, n’a jamais accompli : je conquerrai les mers, j’assemblerai toutes ces factions et je ferai de ce monde, le nulle part dont nous avons tant rêvé avec Christo. Il n’était plus l’héritier Locatelli, il était devenu bien plus que cela.
⸺ Et que… Que comptes-tu faire dans l’immédiat ? se questionna le vieux professeur, qui ne se sentait plus en mesure de le contredire.
⸺ Actuellement, nous ne pouvons pas lutter contre les fonctionnaires. C’est pourquoi je pars pour Luvneel. Je compte bien vendre mes services au roi, je pense qu’il connait Christo, aussi il sera enchanté de se voir son stratège s’offrir à son commandement. Quand je remettrai les pieds à Saint-Itturia, ce sera avec une armée sous mes ordres et je sauverai l’honneur de Christo. En attendant, veille sur maman, protège la bibliothèque du mieux que tu peux, et essaye de pas mourir.

Sur ces entrefaites, Salvatore s’en alla trouver un marin, lui confia une bourse et prit la mer. Il contemplait au loin ses racines s’éloigner. Il commençait à pleuvoir. C'était la première fois de sa vie qu'il voyait le ciel pleurer.

En montant sur le pont de cette caravelle, il comprenait que plus rien n’allait être pareil désormais.

La vie est une longue promesse.

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Violence S. Jefferson


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Violence S. Jefferson

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MessageSujet: Re: Gagne celui qui sait ce qu'il va faire s'il perd. Perd celui qui sait ce qu'il va faire s'il gagne.    Gagne celui qui sait ce qu'il va faire s'il perd. Perd celui qui sait ce qu'il va faire s'il gagne.  EmptyLun 21 Mai - 22:01


Aussi fou que cela puisse paraître, j'ai fini ma présentation. Eh oui. Après six mois de travail intensif et de siestes répétées, je clos cette longue, très longue, histoire. Je suis toute chose, je dois l'avouer. Ne plus me voir en rose vous fera sans doute bizarre, au début, mais vous allez vous y faire, je vous le promets.

Je tenais à remercier tous ceux qui croyaient en moi, et aussi tous les trashtalkers qui m'ont boycott, car ils m'ont donné la force.

Oh, et je tenais à préciser quelque chose, bien évidemment. Cette présentation, peut-être trop ambitieuse, a dû être écourtée, aussi, si le background est acté, l'histoire de Salvatore n'est pas finie, et il y a encore de nombreuses années avant la période présente. À la fin de la présentation, on comprend assez facilement la direction que va prendre mon personnage, toutefois, l'exécution de ses objectifs reste encore floue et c'est là que c'est le plus intéressant. J'ai déjà dans ma tête ce qu'il se passe entre le moment où ma présentation se termine et où je débute le RP, mais je m'amuserai à développer inRP dans des flashbacks les trous qui me paraissent importants à combler.

Je vous souhaite une très bonne lecture. Et au plaisir.
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Josh Leone
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MessageSujet: Re: Gagne celui qui sait ce qu'il va faire s'il perd. Perd celui qui sait ce qu'il va faire s'il gagne.    Gagne celui qui sait ce qu'il va faire s'il perd. Perd celui qui sait ce qu'il va faire s'il gagne.  EmptyMar 22 Mai - 11:27




Validation


Salut Salva ! Une présentation à suspens, dont la légende raconte qu'elle aurait duré plus de mille ans, peut-être même qu'elle daterait du siècle oublié et serait la clé de la traduction des ponéglyphes. On s'y penche un peu, pour voir ?

Qualité : 500/500


Il y a en cet homme plusieurs niveaux de lecture, qui, parfois mal alignés, parfois presque inintelligibles, se chevauchent comme les calques et filtres d’une seule même image → Petite erreur de ponctuation, ici. Il aurait été plus correct de faire « il y a en cet homme plusieurs niveaux de lecture qui, parfois mal alignés, […] se chevauchent...

le lieu où se décide vie et mort, pérennité et disparition → où se décident vie et mort, pérennité et disparition. Du pluriel dans le sujet, donc du pluriel dans le verbe

Il voit à travers ses différents mouvements, quelque chose de poétique → Il voit, à travers ses différents mouvements, quelque chose de poétique

des différentes institutions qui le compose → composent

n’aies jamais honte de ce que tu es capable de penser → n'aie jamais honte, puisqu'il s'agit ici d'un impératif et pas d'un subjonctif

Aucuns arguments ne pouvaient contrer des mots → Aucun argument ne pouvait. Aucun est une des rares exceptions de la langue française à rester constamment au singulier, sauf rares cas

Vittorio fut démarché par le Roi en personne, descendu de son château, pour devenir le percepteur de son plus jeune enfant → je t'avoue que ça m'a fait sourire ici. Le percepteur est celui qui perçoit les impôts. Le précepteur donne des cours:P

je t’avais dit que je ne te laisserai pas → laisserais pas, il s'agit ici d'un futur dans le passé, donc d'un conditionnel.

Quelques petites coquilles, oui, mais... Avec l'étendue de la présentation, c'est presque anecdotique, surtout compte tenu du style et du vocabulaire très recherchés et fournis. Ta plume est excellente ! Continue comme ça ! (Essaye quand même d'écrire plus vite, si tu peux Rolling Eyes )

Cohérence : 500/500


Rien à dire. Du début à la fin, tout est crédible, et le choix des musiques nous immerge totalement dans l'histoire dans laquelle on se plaît et se surprend à réclamer la suite.

Longueur : 200/250


Une histoire longue, longue, parfois presque trop longue mais qui est finalement assez complète. Malheureusement, tu perds des points, non seulement pour tes descriptions parfois un peu trop importantes en longueur mais, aussi, pour l'absence totale de mention de ton style de combat et de l'obtention de ton arme particulière. C'est dommage, parce que ça aurait pu donner encore plus de profondeur à ton personnage d'indiquer que ce discours que tu as tenu envers Christo pour le pousser à s'émanciper des règles préétablies, tu l'as appliqué et sublimé avec un style de combat totalement inattendu. Je t'avoue que je l'attendais avec impatience et ai été un peu déçu que tu ne l'aies pas un peu mentionné.

Originalité : 450/500


Une histoire très très bien travaillée, ce qui me déchire presque le cœur de t'enlever des points pour l'humour One Piecien si anecdotique tant je l'ai appréciée. La noblesse, la vraie, l'enseignement complet et humaniste sont crédibles et, pour une fois, bien joués, contrairement à ce que beaucoup d'autres personnes ont pu faire pour justifier un personnage intellectuellement supérieur. Ici, on y croit, et de toute façon on pouvait s'y attendre dès cette fameuse tirade d'un Salva précoce dans la bibliothèque.
J'ai aussi beaucoup apprécié que tu prennes le parti d'en faire un savant, dans un monde où la guerre est omniprésente et où les stratégies s'effacent devant des hommes capables de détruire une île avec un coup de fruit du démon. Il n'empêche que si le gouvernement mondial a su dominer le monde, c'est nécessairement par des coups stratégiques et ça, c'est cool d'en avoir sur le forum.

Subjectivité : 250/250


C'était génial, parfois un peu longuet, notamment dans les motivations, mais c'était vraaaaiment fun. Mention spéciale à ce petit passage, qui me fait vraiment penser à l'épilogue de Gargantua et à la mention du monastère utopique « Les gens étaient heureux en ce qu’ils obtenaient ce qu’ils désiraient, mais ne désiraient point ce qu’ils ne pouvaient obtenir », même si la signification est différente de ce à quoi on pouvait s'attendre.
J'ai hâte d'en savoir plus, en tout cas, et hâte aussi de voir comment ce cher Salva va présenter ses talents dans le monde de JR héhé

Note finale : 1900 Dorikis

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