Les loups sont entrés dans la ville ! Ana ! An-attaque ! [PV ANATA)

Le voyage avait été long, éprouvant, plein d’humidité et de sel, absolument pas confortable malgré quelques percées dans le ciel déversant autre chose que de la pluie. Ylon pestait contre la pluie empoissant sa fourrure quelques miles avant d’arriver sur l’île.
Le bateau emprunté sur l’île des forbans ne répondaient jamais bien, manquait de chavirer avec les grosses vagues, et roulait de façon ridicule sous la plus petite houle. Ils avaient certainement prit tous les navires plus intéressants avant de partir croisade chercher ces fameux bouchers s’occupant de bousiller leurs petites bases et de dézinguer quelques petits équipages. Ne restait que cet espèce de radeau pourvu d’une quille.

Chose satisfaisante, Ylon n’était pas le seul à râler, Brisant s’y prenait même mieux que lui. Il émanait de sa personne une sorte d’aura rendant la lumière moins claire, et les pensées joyeuses moins présente. A son contact on devait même capable de se plaindre du jour de la semaine, sans réelle raison.

Ils étaient donc tous heureux de débarquer sur une nouvelle île, et de laisser derrière eux cette horreur prête à chavirer.
Le petit trio s’était alors égayé sur l’île, loin de tout pour commencer, afin de prendre le temps de se reposer. La vie se révèle bien moins simple lorsque les bruits de la ville s’en mêlent, écharpant le silence et troublant la quiétude de mille questions telles que : pourquoi vos oreilles sont comme ça ? Pourquoi vous avez de la fourrure ? Est-ce que cette maladie est transmissible ?
En bref, Ylon ne désirait pas la compagnie des autres. Bien qu’elle lui ait manqué autrefois il aspirait seulement à un carré de terre propre au soleil, de quoi boire et manger, et une longue période de sommeil sans embruns.

L’aventure ne les mena pas bien loin de la civilisation pour autant. En haut d’une délicate colline boisées d’essences ligneuses, les trois compères avaient dégagé une aire d’environ trois mètres de diamètre de toutes ses pierres. Un petit foyer de roches agglomérées par la boue argileuse d’un ruisseau proche liait les pierres ensembles. Chandail, fidèle à ses habitudes, parlait peu mais faisait les choses bien en économisant son énergie comme son temps. Il passait le plus claire des journées à pêcher, revenant avec de quoi manger, Ylon et Brisant cherchant le petit bois aux alentours.

Au terme de cette retraite d’une poignée de jours ils avaient tous des habits propres et secs, leurs menues possessions se trouvaient bien rangées dans des poches qui ne s’appesantissaient plus de paquets d’eau, et tous ceux en disposant avaient le poil brillant.
Satisfaits, ils convinrent qu’il fallait désormais se rendre en ville pour plus de fournitures, afin de reprendre la mer au plus tôt et de retrouver leur véritable navire.

C’est ainsi que, par un bel après-midi ensoleillé, à peine ombragé par quelques moutons paresseux dérivant mollement dans les cieux, une ménagère s’en fut par la porte de derrière. Elle abandonnait son mari, un maraîcher respectable comme tout le monde en convenait depuis trois générations, avec une bête étrange et, elle en était certaine, bien trop grosse pour être normale. De plus les bêtes ne parlent pas voyez-vous, ce qui ajoutait à sa ferveur tandis qu’elle trottinait, aussi rapidement que la décence le lui permettait, à la recherche d’un membre de la Marine. Normalement les membres de la Marine sont un peu comme les pépins dans les clémentines, en cherchant bien on finit toujours par en trouver un, et quand on espère l’inverse ils composent presque intégralement le fruit.
Étant à la recherche du pépin, la donzelle n’en trouva évidemment un qu’après des recherches approfondies.

Elle approcha l’officier avec la politesse de rigueur, matinée d’un empressement tout à fait convenable quoi qu’il se trouve sur la ligne blanche avant l’hystérie, en décrivant l’horreur arpentant la ville. Apparemment il s’agissait d’une bête énorme, avec des vêtements sur elle, probablement volés à ceux qu’elle avait tués, parce que tout le monde sait que les renards, même géants, n’achètent que rarement des habits, si rarement que personne ne s’en souvient. Et puis avec tout ses crocs il avait un air méchant agressif, et il n’arrêtait pas de répéter qu’il voulait juste des légumes frais, or personne ne veut de légumes frais avec tant d’insistance, la ménagère le sait bien, et la ménagère ayant toujours raison il s’agissait certainement d’une ruse pour quelque sombre dessein.
Une main agrippant la manche de l’officière elle était bien décidée à ne pas la lâcher avant d’avoir obtenu gain de cause, tandis que de son côté Ylon composait avec un moustachu retors, lui assurant qu’il n’avait absolument pas le goût de mouton, alors que tout ce que demandait le renard c’était le prix de citrons.