CMT - Groupe 1

Bart pensait pourtant avoir dessoûlé, mais voilà qu’en l’espace de quelques minutes, il avait rencontré le Père Noël dans un monde plein à craquer de miroirs pour finalement se retrouver une fois de plus emporté sous cette sensation indescriptible et horripilante que fut celle qu’il identifiait maintenant en « sensation d’être téléporté loin trop vite ». Dans tout ça, il avait pu observer de nombreux visages, mais une chose le turlupinait. Qu’en était-il de son fils, Harbard, ou Agon Junior, quel que soit son nom. Il ne l’avait point vu et ne saurait trouver le temps de penser à autre chose. Bon, il le connaissait depuis quoi, dix minutes en tout, mais il ne saurait penser à autre chose en une telle situation.

- Qu’est-ce que c’est que cette merde… Fullnight ! brisa-t-il le silence alors que le voyage spatiotemporel ultra-désagréable semblait s’être arrêté.

Le bois craquelant, le bruit bordant des vagues, la douce brise du vent, Bart aimait trop cette sensation pour ne pas comprendre qu’il était sur un navire. Déboussolé, le marine se mit rapidement sur un premier genou, soutenu par sa canne. Jetant un œil alentour, il chercha à se rassurer ; peut-être n’avait-il pas été le seul à atterrir là. C’est là que le miroir lui apparut finalement, et que le bonhomme aux cheveux verts fit un nouveau speech.

Aussitôt debout sur ses deux jambes, le marine dégaina. Alors prêt à découper le visage de ce salopard, il se ravisa en entendant ses paroles. Jetant à nouveau un regard autour de lui, il put observer la présence de quatre autres personnes.

- Asimov…

Il n’avait pas pu tomber mieux. De toutes les personnes présentes au casino, il avait fallu qu’il se retrouve auprès d’Asimov. Les autres, il ignorait tout d’eux, à part le marine ; bien que même son nom lui échappait; ce qui n’était pas le cas de sa réputation. Rangeant sa fine lame dans son fourreau, il ramassa son bob tombé sur le plancher du pont du navire et le remit à sa place.


- C’est vraiment mon jour tiens… se murmura-t-il dans sa barbe à peine naissante, repensant à ce qui lui était arrivé encore quelques minutes plus tôt. Je suggère que nous suivions les directives de ce taré, après tout nous n’avons aucunement le choix. Ce Père Noël dont il parle a écrasé un Commodore de la Marine en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Je suis d’avis qu’on lui règle son compte, mais pour le moment, il va d’abord falloir régler son compte à cet elfe. Asimov, continua-t-il, se tournant vers ce dernier. Je déteste le dire, mais nous devrons régler nos différends plus tard. Que dirais-tu de former une équipe, pour cette fois ?

Et il détestait vraiment le dire. Mais aucun d’entre eux n’avaient le choix, et dans la situation présente, déroger aux règles instaurées par ce fichu père noël relevait simplement du non-sens. En tant que soldat de la Marine, suivre les épreuves imposées par ces fous était encore la meilleure chose à faire s’il voulait assurer d’une manière ou d’une autre la sécurité et la survie d’un maximum de personnes. Glissant une cigarette entre ses lèvres, il donna un coup de briquet à celle-ci et en recracha la fumée.

- Donc... Un elfe ?

- … Tu ne grandiras donc jamais, Balafré, répondit avec neutralité le marine.

Bartolomew ignorait l’appartenance du jeune roux et de ce qui semblait être une cornue. Cette dernière arborait un style très sombre qui forçait à imaginer qu’elle trainait dans de louches histoires. Le roux, lui qui portait une épée anormalement grosse et disproportionnée, semblait amusé par la situation. Le dernier à faire une apparition verbale fut le collègue du commandant Brams, qui se présenta en tant que « Commandant Yajuu », rappelant son nom à notre héros. Ses paroles desservirent sa réputation ; Bart ayant entendu du bien de lui.

- Oh oh ! Ce n’est pas la peine de prendre de grands airs ! Si tu n’as pas les épaules pour prendre du grade dans la marine, tu n’as qu’à rester en bas de l’échelle, tes chevilles gonflent plus vite qu’un diodon en stress. Si tu laissais le temps à tout le monde de reprendre ses esprits, peut-être n’aurais-tu pas à nous prendre de haut et flatter ton égo en te faisant passer pour le plus malin.

Il n’en revenait pas; s’en prendre de la sorte à un collègue de la sorte, qui plus est du même grade que lui, n’était pas dans ses habitudes. De plus, il lui était très rare de tutoyer les personnes qu’il ne connaissait pas, et cela était souvent présage d’un mauvais courant entre eux. Son seul regret, néanmoins, avait peut-être été de dire tout ça devant Asimov, qui en prendrait certainement un malin plaisir.

- Bien. Qui je suis, ici, n’importe que peu aux yeux de la bande de tarés qui nous séquestrent ici. Tout ce qu’il y a à savoir, est que je ne compte pas rester ici les bras croisés. Des vies sont en jeu, et je ne parle pas des nôtres. Comme l’a dit… le Commandant Yajuu, nous ferions mieux de rapidement résumer nos compétences, pour ceux qui ne se connaissent pas déjà. Je suis maudit par les océans, comme vous l’aurez compris. Mon domaine est la gravité, aussi étrange cela puisse paraître. Maintenant, jeune femme, j’ai cru comprendre que vous étiez également une utilisatrice de fruit du démon. Si vous pouviez nous expliquer les compétences que cela vous octroie. Jeune homme… Si vous avez autre chose que cette… grosse épée, dans votre arsenal, c’est le moment de le partager avec tout le monde.

Terminant son petit speech, remonté non pas seulement par le Commandant Yajuu mais par la situation en elle-même, Bart fit un demi-tour sur lui-même avant de faire quelques pas pour se tourner à nouveau en direction de ses compères. La situation était catastrophique. Non seulement il n’avait aucune idée de ce qu’impliquait la nouvelle situation du Commodore Fullnight, mais il ignorait la situation des membres de son équipage, de Hana, dont il était en charge de la protection, et plus important que tout : Il ignorait ce qui était arrivé au fils dont il venait d’apprendre l’existence et dont il venait juste de rejeter la mère sans aucun scrupule. Les remords avaient faits leur chemin jusqu’en haut de son crâne, et cela n’avait rien d’agréable. Prenant une grande inspiration suivie d’une longue latte de sa cigarette, il se concentra sur la suite des événements…

Uns à uns, les camarades d’infortune firent de brefs résumés de leurs personnes et leurs compétences au combat. Quoi qu’on en dise, ce groupe malgré-lui était monstrueux de talents. En guise de résumé, le Balafré décida de faire une démonstration. Du magma se matérialisa rapidement sur son bras, qu’il projeta rapidement vers le Commandant Yajuu. L’espace d’une seconde, Bart douta de ses intentions. Alors, en un instant, il se retrouva un mètre derrière lui, sa lame proche du cou du pirate en guise d’avertissement et de précaution. Il savait pertinemment qu’il ne pourrait pas le blesser de la sorte, mais le Balafré devait être conscient qu’il pourrait trouver d’autres manières de le faire. Le poing de magma s’arrêta avant le Commandant Yajuu, qui ne sembla pas sourciller. Rengainant sa lame, Bart écouta la suite.

- Un zoan antique… répéta Bart, impressionné. Intéressant, conclut-il alors qu’une scène hilarante se dessinait devant ses yeux; Asimov semblait vouloir tenter sa chance avec la jeune demoiselle. Un duo de chasseurs de primes hein ? Bonne chance, et je le pense vraiment.

La jeune Ayaka donnait une impression menaçante. Il allait falloir garder un œil sur elle, dans les mois à venir, notamment maintenant qu’il savait qu’elle abritait en elle le pouvoir d’un zoan antique. Le chasseur de primes, lui, ne semblait représenter aucune menace pour l’ordre, bien que les chasseurs ne soient pas tout à fait du côté de la justice. Tirant une nouvelle cigarette de son paquet, il en jeta une à Asimov, l’ayant vu fouiller dans son paquet vide. Le Commandant Yajuu pouvait bien penser ce qu’il voulait de cela, partager une cigarette avec un pirate n’avait jamais été interdis. Glissant son zippo hors de sa poche intérieure et son paquet en dedans, le marine donna un coup de flamme au bout de sa clope. Le Commandant Yajuu avait fini par reprendre la parole, exposant sa soi-disant tactique qui, depuis le départ, visait à créer une cohésion d’équipe entre les différents personnages présents. Une belle façon de se rattraper, sans aucun doute. Mais qu’importe, car ce avec quoi il poursuivit fut nettement plus intéressant. Descendant de la caisse sur laquelle il était monté, il utilisa cette dernière pour dessiner un plan de stratégie. Une stratégie de la marine qui avait fait ses preuves, que Bartolomew approuva d’un simple signe de la tête, refusant de participer plus longtemps aux enfantillages et joutes verbales qui avaient eu lieu une minute plus tôt.

- En effet, bien que ce navire soit assez imposant, je pense qu’il serait préférable que je consacre mon énergie à un rôle de soutien, pour vous comme pour le navire, ce qui revient finalement au même. Je vais prendre place.

Sans un mot de plus, il dégaina à nouveau sa lame et, s’approchant du mât faisant face à celui au miroir, le découpa horizontalement à bonne hauteur du pont.

- J’imagine qu’il n’en aura plus besoin, en conclut-il.

Le mât, qui commençait alors à se pencher pour bientôt tomber, commença doucement et lentement à se soulever dans les airs. Se déplaçant comme naturellement dans les airs, jusqu’à arriver au-dessus de la mer, alors que Bart ne montrait qu’un bras en l’air, lame bien serrée dans la main, le mât tomba finalement dans l’eau, alors que le marine laissait retomber son bras. Sautant sur le sommet du bout de mât restant, Bart se retourna dans un jeu de jambe en se tenant le bob. Le miroir était à sa hauteur, juste en face, sur l’autre mât. Entre lui et l'autre mât, le champ de bataille.

- Je suis en position.

En un instant, alors qu’il était le plus éloigné du miroir, Bartolomew se retrouva entravé. Le miroir s’était mis une nouvelle fois à bouger, laissant en sortir un immense homme-poulpe ; mais la première chose qu’avait vue Bart avait été le filet de pêche accompagné de boulets, ceux-là même qui vinrent l’entraver. Le poids des boulets vinrent arracher le marine à sa position, l’envoyant valser contre un bord du navire. Une aubaine qu’il ne soit pas tombé ne serait-ce que trente centimètres plus loin ; il serait dans l’eau. Shikomizue dégainée, il tenta de découper le filet avant de se rendre compte, l’instant d’après, de la nature du filet dans lequel il était emprisonné. Du Granit Marin, il ne s’en sortirait jamais lui-même.

- C’est… du… grani…t… marin… laissa-t-il s’échapper en vain d’entre ses lèvres.

À mesure que ses forces s’amenuisaient, sa vision se fit de plus en plus trouble, et sa voix de plus en plus inaudible. Alors qu’il hurlait silencieusement à la vue de la grosse épée qui se rapprochait de lui, Bartolomew fut surpris de remarquer qu’il ne sentit rien. Il avait envie de dire à ce gosse roux qu’il ne pourrait pas se débarrasser du filet de la sorte, mais il n’en était pas capable, et le gosse ne semblait pas connaître le granit marin. Incapable de s’en sortir par lui-même, il priait pour que le Commandant Yajuu vienne l’en défaire, sa vision trop floue pour déterminer sa position. Par miracle, une silhouette se rapprocha de lui à nouveau, alors que celle de Noah s’éloignait. Le libérant du filet d’une manière ou d’une autre, Bart étant incapable de déterminer comment il le fit, le Commandant Yajuu tenta tant bien que mal de le remettre sur ses pattes. Voyant bien qu’il lui faudrait plus de temps, il l’aida à s’adosser contre une caisse en bois.

Des hurlements inhumains se laissaient entendre, comme si un monstre s’était invité à la fête. Rapidement, le navire se mit à tanguer sous un coup violent. Retenant une chute de ses mains, Bartolomew rouvrit les yeux, découvrant le plancher de bois du pont. La tête à quelques centimètres du sol, le marine se redressa difficilement, toujours assis. Il glissa sa main dans une poche intérieure et en sortit son paquet de cigarettes. Glissant une Morris entre ses lèvres, il alluma, après plusieurs tentatives, le zippo qu’il glissa au bout de sa cigarette. Profitant de sa cigarette pour reprendre des forces, il détourna son regard sur le combat. Il y avait là un véritable dinosaure affreusement menaçant, devant lequel une poussière s’élevait. Sur la tête du dinosaure, bientôt se dessina la silhouette de Yajuu. Aidé par la caisse derrière lui, le capitaine se releva difficilement. Recouvrant ses forces peu à peu, il donna plusieurs coups de poing sur la caisse, comme s’il testait sa force, et ce jusqu’à ce que la caisse cède sous ses coups.

- Je sais… ce que j’ai à faire, s’exclama-t-il finalement en jetant sa cigarette par-dessus bord.

Ignorant les dégâts occasionnés par le violent coup du dinosaure, Bartolomew usa de ses pouvoirs pour augmenter autant qu’il le pouvait la gravité sur la zone de poussière s’élevant devant ses compagnons. Le geste restait difficile et éprouvant, le marine lui-même ignorait combien de temps il tiendrait, mais personne encore aujourd’hui n’avait réussi à bouger sous cette technique.

- J’ai intensifié la gravité dans la zone où il se trouve, il est… immobilisé ! Profitez-en tant que je peux tenir !

Tout en sueur déjà, Bartolomew serrait très fort le manche de sa lame d’une main, et le reste de sa canne de l’autre. Il lâcherait probablement s’il ne savait pas à quel point la situation avait pu se montrer critique en un instant. Là, sa détermination et sa force de vaincre semblaient les deux choses qui lui permettaient d’agir ainsi, alors même que son corps était encore affaibli par l’événement antérieur.

Techniques utilisées:

Tout semblait pourtant bien parti. Mais en une seconde, les espoirs fondés sur cette offensive improvisée furent réduits au néant. Habilement, l’homme-poulpe avait réussi à se débarrasser du cocon magmatique créé par le pirate balafré. Mais il n’y avait pas que ça qui gênait l’esprit en pleine réflexion du marine. Non seulement, il était la première personne capable de se mouvoir sous l’intense gravité dans laquelle Bart l’avait installé, mais la façon dont il avait récupéré le filet en granit-marin, à l’aide de cette étrange matière à l’aspect écœurant dont il semblait avoir le secret, mais aussi la manière qu’il avait de tenir ce filet; tout semblait n’indiquer qu’une chose, et Bart était bien placé pour le savoir…


Sans qu’on lui accorde le temps d’exprimer son idée, le Marine vit alors arriver vers lui, avec grande surprise et grand effroi, trois de ses alliés. Pas des moindres cependant, puisqu’en première ligne arrivait la jeune femme Ayaka sous sa forme animale. Au bas mot, près de deux tonnes lui arrivaient dessus, sans compter le Commandant Yajuu collé à son flan, et le pirate Asimov arrivant juste ensuite. Trop enfoui dans ses réflexions, le marine avait dû perdre le fil et était ramené à la réalité en grande vitesse. Devant réfléchir sans plus tarder à une manière d’empêcher cela d’arriver, le marine donna un coup de lame circulaire devant lui, laissant apparaître devant lui trois cercles verdâtres et quasiment invisibles qui arrêtèrent les trois compères dans leur course effrénée. Ne souhaitant pas les renvoyer vers leur ennemi commun, le marine du faire un effort incroyable pour méticuleusement déposer le plus délicatement possible ses alliés au sol. Cela n'était pas une mince affaire, ces cercles verdâtres étant d'habitude utilisés de manière moins délicate et plus... égoïste, dirons-nous.

- Cet homme-poulpe… Il… Je ne sais pas trop comment, mais je suis certain qu’il a mangé un fruit du démon, reprit-il la parole, ayant finalement l’occasion de soumettre ses idées. Il ne porte jamais le filet par autre chose que les boulets, qui sont la seule partie du filet sans granit-marin, et… Je ne sais pas ce que c’est que cette matière collante qu’il a produit, mais je pense qu’il s’agit d’un pouvoir conféré par un fruit du démon, je veux dire, les poulpes ne font pas ça. Il faut se servir de son filet contre lui !

Ignorant comment s’y prendre, Bartolomew n’ignorait cependant pas sa part dans cette affaire. Il allait tout faire pour rendre cette tâche plus facile. Concoctant en vitesse un plan tous les quatre, ils prirent néanmoins la présence du jeune chasseur en compte. Attendant l'action d'Asimov, il intensifia l'effet de la gravité sur sa lave, et par la même occasion, à condition qu'il n'esquive pas, sur le futur poulpe grillé qui se trouverait en-dessous. Concentrant tous ses efforts à cette tâche, le marine sentait son endurance lui faire défaut, mais il avait connu plus durs efforts et sortirait grandit de celui-ci. Serrant les dents entre elles, les mains autour du manche de sa lame, il observait la lave du balafré se mouvoir, déplaçant sa zone de gravité augmentée avec, en faisant bien attention de ne pas l'intensifié trop avant qu'elle n'atteigne la cible, craignant pour la résistance du plancher en bois du navire.  

Techniques utilisées:

Une fois encore, le plan auquel s’étaient tenus les différents membres de ce groupe d’infortune, avait lamentablement échoué. Pire encore, il semblait se retourner contre eux. En l’espace d’un instant, l’homme-poulpe avait attrapé le jeune Noah par les cheveux et l’avait jeté sur la trajectoire d’Ayaka, mais également du poing de magma que le pirate balafré avait envoyé. Que pouvait bien faire Bartolomew ? Le Commandant Yajuu s’était montré inefficace.

- Cette plaisanterie a assez durée, annonça le Commandant Brams en soulevant légèrement la visière de son bob.

Se propulsant vers Noah, le marine au bob accentua la gravité qu’il exerçait sur le poing de magma, avec si peu de retenue qu’il s’effondra immanquablement sur le plancher du navire. Ceci fait, il s’empressa de faire face à Ayaka et, créant ces mêmes cercles verdâtres qui avaient été capables de la repousser sous sa forme animale, s'évertua à la repousser de toutes ses forces. Mais la fatigue s’emparait de lui, et même s’il parvint à arrêter la course effrénée de la zoan, ce ne fut pas sans peine. La puissance d’Ayaka était telle qu’elle défiait sa gravité, le faisant reculer, ses pieds plantés dans le plancher du pont. Un clignement d’œil plus tard, et ce navire se transforma en véritable enfer. La salve de magma qu’Asimov avait envoyé dans le ciel retombait finalement sur le navire, créant immédiatement une toute autre atmosphère. Le bruit des éclats sur le pont du navire, les flammes se propageant à toute vitesse, et très rapidement, ce trou béant séparant le navire en deux. Levant la tête, Bartolomew constata avec stupeur qu’un poing de magma se dirigeait sur lui et Ayaka.


- Ayaka ! hurla-t-il d’une voix de désespoir. En haut !

À peine sa phrase terminée, Bartolomew se jeta en arrière d’un bond. L’impact lui ne se fit pas attendre. S’il était resté immobile, il ne serait à l’heure actuelle plus qu’un tas de cendres, anéanti en l’espace d’une seconde. La respiration haletante, la fatigue pesant sur ses épaules, Bartolomew essuya la sueur accumulée sur son front d’un revers de la manche. L’atmosphère était tout de suite très différente, la chaleur, omniprésente, pesante. Le champ de bataille improvisé semblait de moins en moins sûr. Le combat ne devait pas s’éterniser plus longtemps.

- Qu’est-ce qu… réagit Bart avec dégoût à la vue que lui offrait son opposant.

L’homme-poulpe, prouvant ainsi à Bart qu’il avait vu juste, enfonça une planche de bois dans sa bouche pour en ressortir un filet fait de cette même matière qu’il s’empressa de jeter sur notre marine. Sans une once d’hésitation, le regard à nouveau déterminé, ce dernier explosa le filet s’approchant de lui d’un coup de lame. Mais un détail lui avait échappé, celui des clous rouillés, qui vinrent pour deux d’entre eux se loger dans son épaule droite et sa cuisse gauche. Grimaçant de douleur, il les arracha sans broncher.

- Je vais attaquer avec vous, cette fois… balbutia-t-il avant de retirer son long haori noir qu’il jeta à la mer à travers ce trou béant.

Serrant sa main fermement autour du manche de sa lame, il pointa du bout de celle-ci l’homme-poulpe qui leur donnait tant de mal, avant de penser à la plus simple des manières de se débarrasser de lui. Calculant bien son coup, il s’assura d’abord qu’aucun de ses alliés ne se trouvait dans son champ d’action. Puis alors, d’un coup sec et déterminé dans l’air, il projeta la gravité avec force sur les côtés, repoussant avec rigueur l’homme-poulpe au-dessus de la mer.

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Offensive sur offensive, rien ne semblait jamais mener à quelque chose de concret, rien ne semblait fonctionner face à ce monstre. Créant un énième de ses filets, l’homme-poulpe se sauva les miches de la noyade avec simplicité et se donna même de l’élan pour contre-attaquer. La situation sur le navire était de plus en plus critique, l’endroit ne serait bientôt plus praticable, et pour des utilisateurs de fruits du démon, cela signifiait la mort. Impuissant, Bartolomew observa ses camarades d’infortune se faire écraser uns à uns en l’espace d’à peine une seconde. Le plus surprenant fut de voir l’homme-poulpe frapper le Balafré de plein fouet, comme s’il ignorait son intangibilité, l’envoyant sans effort là où il reposerait à jamais si personne ne venait à son secours.

- Asi… ! s’écria-t-il en tendant la main vers un Asimov en pleine chute, comme s’il y pouvait quelque chose de sa position. Je vois, le Haki… constata-t-il finalement en laissant tomber son regard sur le poing noirci de l’homme-poulpe.

Mais alors que ce dernier s’apprêtait à infliger son châtiment aux survivants, à savoir le jeune roux et notre marine, une voix vint le stopper net, glaçant par la même occasion le sang du marine. Il donna l’ordre à son Elfe d’arrêter le combat, avant de s’adresser finalement aux victimes de son terrible jeu. Sans l’once d’une hésitation, il transforma tour à tour ses victimes, mais alors que Bart pensait son tour arrivé… Rien ne se passa. Aucun contact avec le Père Noël, aucune transformation en jouet. Pendant une fraction de seconde, il pensait que tout était fini. Pendant une fraction de seconde, il s’était surpris à fermer les yeux, et imaginer une dernière fois le visage de son fils. Mais rien. C’en était presque frustrant, d’avoir embrassé la mort, mais que rien ne soit finalement arrivé. La voix de Klaus reprit.

- Vous voulez me couvrir de cadeau ? Rendez-donc leurs corps à ces gens et sauvez ce pau… tenta-t-il de répliquer, en vain, alors que déjà Klaus disparaissait, laissant le miroir actif derrière lui. Et puis merde…

Glissant une énième cigarette entre ses lèvres, la première bouffée eut un goût amer. Levant la tête au ciel, alors qu’à côté ses alliés n’étaient plus que des jouets, le marine sembla se demander ce qu’il valait mieux faire. Entouré par les flammes sur un navire qui ne tiendrait pas plus longtemps, Bartolomew prit néanmoins le temps de s’approcher du bord du navire où était tombé le pirate balafré. Retirant son « chapeau vert » de sa main droite et le serrant contre sa poitrine, il baissa la tête, tirant sur sa cigarette avant de la mettre dans son bob, puis finalement de jeter les deux à la mer.

- Une dernière cigarette pour un malheureux… Je suis navré, j’aurai aimé pouvoir faire quelque chose pour te sauver… Je pense quand même pouvoir faire quelque chose pour le reste des victimes de ce type qui se fait passer pour le Père Noël. Farewell, Balafré.

Se détournant de la mer, l’ancien enfant pirate semblait drôlement nostalgique. Comme si le pirate balafré lui rappelait sa jeunesse. Tournant son regard vers les jouets, dont il ne se rappelait déjà plus qui était qui, il se dirigea vers le miroir.

- Je m’occupe de la suite, conclut-il avant de pénétrer le miroir.

Aussitôt, la lumière d’un lustre vint lui agresser les yeux, probablement à cause de la disparition de son bob. Il était entré là dans une pièce des plus luxueuses. Après tout, il se doutait déjà qu’il fallait d’importants moyens pour organiser tout ce que ce Klaus avait préparé. Au milieu de la pièce, une longue table pleine de mets, de boissons et ce qui ressemblait à des trousses de soins. S’empressant d’en ouvrir une, il tomba immédiatement sur ce qu’il cherchait. Appliquant de l’onguent sur ses deux petites blessures, mettant tout de suite fin aux saignements, le marine s’intéressa finalement à toute cette belle nourriture qui n’était là que pour lui.

- Il faut reconnaître, Klaus, que vous savez aguicher un cuisinier… remarqua-t-il alors qu’il goûtait déjà à un toast au saumon de South Blue. Hm… Ce saumon… continua-il alors que d’une main il approchait la chaise derrière lui pour s’asseoir.

Enchaînant toasts sur toasts, assiettes de viandes sur assiettes de viandes, il ne remarqua que trop tard toute cette chaleur dans sa poitrine, puis cette chaleur coulant sur ses joues, jusqu’à ce qu’une larme lui tombe sur le dos de la main. Il ne mangeait pas seulement pour lui, mais pour toutes les victimes de ce jeu de malheur qui ne mangeraient plus jamais. Pour Asimov, qui lui rappelait les récits que son père lui faisait sur la jeunesse du Capitaine Guyderoy… Il devait reprendre autant de force qu’il pouvait, et arriver au bout de ce jeu, pour tous ceux qui avaient perdus.