Maquereaux, espadons et gros gnons (Ft. Charlotte Elilly)

Maquereaux, espadons et gros gnons La journée d’Evie allait certainement être comme toutes les autres au sein du Cipher Pol, bien qu’elle était assignée à une bête et simple mission d’écoute et de surveillance, le genre de planque longue et chiante que l’on se coltinait lorsque l’on était un agent qui en était à ses débuts. Rien à faire, si ce n’est écouter, apprendre les habitudes alimentaires les plus écœurantes de certains civils, éventuellement, si on avait de la chance, on pouvait ramener à la raison deux pêcheurs qui se bagarraient à la sortie d’une taverne, durant les gros moments d’action. En bref, il n’y avait rien à faire une fois que son écoute était finie. Son rôle était simple, elle devait se glisser dans les conversations basses des civils du ports de Briss afin de localiser d’éventuels agents de la Franc-Marinerie présents sur l’île. Mais dans ses balbutiements de civils, il n’y avait rien de bien intéressant.

Mais surtout, ce qui énervait la maudite du corbeau, c’est que sa couverture était tout sauf glamour, elle était pour cette mission, Guisella Râtello, poissonnière sur l’étal du marché, nouvellement arrivée depuis Saint-Urea. Ce qui voulait dire qu’elle sentait le poisson, qu’elle était doublement fatiguée à la fin de la journée avec en plus une paye de misère, heureusement couverte par son Pol mais quand même, et surtout, elle devait se vêtir de guenille tout juste bonne à servir de chiffons. Donc clairement l’agent ne passait pas la meilleure de ses missions.

Pourtant, elle conservait un vague espoir qu’il se passe quelque chose d’intéressant, qu’elle puisse se bouger un peu, voire même pouvoir se battre. Même si les ordres étaient de combattre en dernier recours et sans attirer l’attention.

- Merrrci pourrr votrrre achat, et passez une agrrréable jourrrnée !!

Evie avait décidée pour incarner son personnage de lui donner un petit accent, qui consistait surtout à rouler les r en fait. Les gens étaient encore ennuyants aujourd’hui, mais l’œil aux aguets de l’adepte du Rokushiki repérerait bien vite les comportements suspects, et puis, le marché était le lieu de toute les rumeurs, alors ses oreilles étaient en alertes. Au moindre évènement suspect, elle était prête à réagir. :copyright:️ Justayne

maquereaux, espadons et gros gnonsJe ne savais pas trop ou mon voyage allait m’amener, mais en tout cas une chose était sûre, j’étais en train de me diriger droit dans le fumier. Je n’avais pas vraiment de meilleurs analogies, j’allais devoir me rendre dans un royaume noble, tout ça pour qu’avec un peu de chance, l’agent qui m’avait pris en grippe se désintéresse de moi quelque temps. Et puis, en même temps, j’avais reçu de nouvelles instructions claires et précises. Je devais me rendre au Royaume de Briss, dans le secret, où je serais alors informée de la suite de la mission par un agent sur place, quelqu’un qui saurait ce qu’il y avait à faire. C’était le principe des Francs-Marins, l’information devait mettre plusieurs strates à s’écouler, cela permettait de la diluer et donc d’empêcher que des informations trop capitales soient interceptées. Du moins la majeure partie du temps.

Alors que la toute petite embarcation qui m’avait emmenée débarquait tranquillement dans un coin un peu reculée du port, je pris le temps de m’immerger dans ce nouvel environnement, qui était quand même bien différent de celui de Karaté Island. Le marché était animé en cette fin d’après-midi, alors même que je pensais à quel point j’avais faim d’un seul coup. Quelle sotte… J’étais tellement retournée à l’idée de finir au fond de l’eau ou de me faire attraper par je ne sais qui que j’en avais oubliée de manger. J’aurais l’air fine devant l’agent qui devait me donner la mission si je gargouillais et me tenait le ventre tiens. Mais heureusement, le marché était remplie d’étals et de marchands ayant tous l’air agréable.

M’approchant d’une marchande, j’ai commencée par lui commander ce qu’elle vendait, à savoir, du poisson.

- B...B...Bonjour, d...d...du maq...querau s’il vous plaît.

Et toujours à bégayé devant elle pour ne serait-ce que commander mon repas, il fallait espérer que les gens d’ici étaient moins regardant que les gens de Karaté Island quand il s’agissait de défaut de prononciation. Après avoir obtenus mon maquereau, je vis, droit devant moi, la personne que je cherchais, on me l’avait décrite comme celle qui arborerait un signe particulier, un cœur. Maintenant je voyais le topo, une chemise avec un immense imprimé de cœur rouge sur fond rose bonbon, jurant totalement l’un avec l’autre, même si lui semblait trouver ça à son goût.

Alors, sans hésiter, et je me suis approchée de lui, pour réaliser le plus discrètement possible une poignée de main au première vue banale, mais qui était en fait notre code de repérage. Il aurait fallu des yeux de lynx pour voir qu’il s’agissait d’autre chose qu’une poignée de main classique, ou alors vraiment, il faudrait être ne train de chercher la petite bête.

:copyright:️ DABEILLE

Maquereaux, espadons et gros gnons La journée d’Evie restait tout aussi redondante que les autres. Les gens se ressemblaient un peu tous, ils discutaient de leur journée, sans rien de palpitant à l’intérieur de celle-ci, même pas une petite histoire à se mettre sous la dent. La prochaine fois qu’elle partirait en mission, mieux valait-il qu’il y ait un peu d’action au bout du compte. Ou au moins quelque chose qui soit intéressant. A ce niveau-là, une mission d’escorte lui suffirait.

- B...B...Bonjour, d...d...du maq...querau s’il vous plaît.

C’était nouveau ça, c’était pas courant les tics de langage par ce coin, se disait l’agent. De même, il ne lui semblait pas connaître la jeune fille qui venait de lui demander son poisson. Pourtant elle était sur l’île depuis suffisamment longtemps pour pouvoir retenir la plupart des gens qui venaient au marché. Et elle, Evie était sure qu’il s’agissait de la première fois. Peut-être une touriste qui venait d’arriver. En tout cas elle était un peu étrange cette fille, mais en soi rien d’alarmant, la maudite soupçonnait même son esprit de lui faire voir du danger la où il n’y en avait pas forcément. Elle avait tellement envie d’action que tout devait paraître comme une menace potentielle.

Pourtant, ce qui suivit lui intima de tout son instinct qu’il y avait un problème. De prime abord, on aurait dit que cette fille qui venait de prendre son poisson pour manger rejoignait son ami. Sauf que la poignée de main qu’ils échangèrent, elle ne savait pas trop pourquoi mais cela lui paraissait bizarre. Était-ce possible que ce soit des agents Francs-Marins sous couverture ? Cela paraissait peu probable, au vu de l’allure toute menue et fluette de la jeune fille, et de l’allure totalement banale de son interlocuteur. Son esprit lui jouait vraiment des tours, mais son instinct ne la tromperait pas. Elle voulait vraiment en avoir le cœur nette. Elle s’attela donc à écouter précisément leur conversation

Peut-être ne suivait-elle qu’une piste imaginaire vu qu’elle n’avait rien de mieux à faire, mais quelque chose chez la jeune agente lui disait qu’il y avait un truc qui clochait. Peut-être pourrait on qualifier cela d’instinct de l’enquêteur, où encore de délire pour tenter d’échapper à son poste. Mais elle décida néanmoins, lorsqu’elle vendait ses poissons aux clients, d’amener beaucoup plus la conversation sur un terrain politique, de la façon la plus naturelle possible. Évoquer éventuellement le Gouvernement, voire le Duc et ses évènements étranges dont on entendait parler qu’en rumeurs sur l’organisation des Francs-Marins. Peut-être que si leur comportement changeait, elle aurait une réponse à ses interrogations.
:copyright:️ Justayne

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