S'assurer que tout va bien [FB - Phendrana Kane]

Sortant de la taverne après avoir prévenu mon père, je réfléchissais aux potentielles réponses que je pouvais donner afin de garder une certaine cohérence dans mes propos. En effet, si tout semblait tiré par les cheveux, je voulais faire en sorte que le tout reste plausible. Après avoir passé les préliminaires, il fallait que je m’occupe de rester en équilibre sur le fil. Il fallait donc que je trouve un moyen d’écarter l’idée que l’on était des criminels. Si l’attitude que je démontrais aidait déjà légèrement, il fallait aussi que je justifie celle des autres qui était bien moins… Noble. Ces types étaient de naturels bandits, exerçant leur activité contrairement à moi qui avait reçu une éducation particulière, ce qui faisait que je me sentais à la fois exclu du groupe mais bien chez moi. Bon, il fallait dire que j’avais aussi une mentalité affectée par ces gens, étant donné que je n’hésitais même pas à vendre des connaissances pour prospérer tranquillement, sachant qu’embobiner cette lady n’était pas sans plaisir.

Bref, il me fallait l’emmener vers les personnes avec qui on était en guerre froide. Je devais aussi trouver un moyen qu’ils ne parlent pas, ou que la demoiselle ne les croient pas… Eh bien, c’était bien une mission pour moi. Quand on parle de manipuler autrui, j’avais un don pour ça. Il était juste dommage que je sois encore un adolescent, ce qui me rendait un peu moins crédible dans quelques cas, comme celui-ci. Mais bon, cela m’ouvrait aussi certaines voies que les adultes ne pouvaient pas prendre. Justement, après que la Sergente me demanda les informations sur ces bandits, sa question fut celle que j’attendais. Cette question de cohérence par rapport à mes connaissances. Comment un enfant pouvait bien savoir où se trouvait la base de criminels potentiellement dangereux, c’était bien la réponse à cela que je préparais.

« En toute franchise Milady, il n’est pas rare que le personnel d’un bar puisse avoir toutes sortes d’informations, et cela n’exclue guère les adolescents comme moi, au contraire même. Les adultes ont tendance à baisser leur garde en parlant aux enfants… Ainsi, les rumeurs qui circulent passent forcément par mes oreilles. Et vous savez, en bon aventurier, il m’a été possible de les prendre en filature. C’était dangereux, mais c’était amusant ! Toutefois, personne ici ne croit aux ragots d’un enfant, du coup il m’a été impossible de les arrêter… Vous savez, une fois que je serais en âge de me débrouiller plus facilement de ma seule personne, je voudrais rendre la justice en rejoignant la marine héhé. »

J’espérais avoir été assez convainquant dans mon rôle. Bien que je le jouais à la perfection, tout ceci avait un faible risque de se retourner contre moi. Cependant, cela devrait suffire pour m’attirer sa sympathie. Si j’avais à en croire mon paternel, ces types là aimaient bien qu’on les gratifie… M’enfin, je ne voulais pas non plus en faire trop donc je me contentais de cela.

« Hihi, c’est bien gentil de me croire mademoiselle. On va enfin pouvoir arrêter ces mécréants qui menacent de venir piller chez nous depuis un bout de temps si on refuse de leur léguer des litres et des liiiiiiitres de notre bon alcool ! »

Accentuant mon côté pur et innocent à l’aide de grands mouvements désemparés, et d’un ton faiblement enfantin, je me remis à sourire et à revenir sur sa première question.

« Oh, à propos des informations que j’ai, je ne sais pas trop si ce sera utile… Je ne le connais pas vraiment vous savez… Je n’ai pas cherché à faire ami-ami avec eux… Quand j’ai cherché à leur offrir une sucette pour calmer leurs ardeurs, ils l’ont jeté au sol, c’est horrible ! Mais bon, j’ai pu retenir qu’ils étaient une dizaine et que leur chef se vantait d’être recherché et de valoir plus d’un million de berrys… Je sais aussi qu’ils aiment bien faire des trafics de reliques rares mais je ne sais pas à qui. Ils disaient chercher des objets de valeur quand je leur aie donné un caillou plus jeune… »

Cette fois-ci, je gardais tout mon sérieux dans ma parlotte, faisant genre que je cherchais dans mes souvenirs. Puis, d’un coup, je vins m’exclamer, coupant l’ambiance à nouveau.

« Oh Milady ! Savez-vous monter à cheval ? Il nous faudra un certain temps avant d’arriver, donc ça serait plus facile avec un moyen de transport. », dis-je une fois en face de l’écurie, aux côtés d’un poney décoré comme s’il était une licorne. « C’est le mien. »

J’avais peut-être un peu forcé sur la discute, ayant tendance à m’emporter lorsque je parlais avec des demoiselles. De base, étant une aide au barman du bar, je me devais de savoir tenir une conversation, et de la relancer si besoin. Ceci dit, avec les filles, j’arrivais rarement à retenir mes ardeurs. Qui plus est, cette fois-là, je me devais être convainquant autant dans mon rôle que dans mes idées. Bref, ce côté bavard pouvait avoir son charme.

Pour en revenir au sujet, la lady ne savait pas chevaucher, ce qui était bien dommage. Il aurait été bien plus rapide d’y aller à l’aide de monture que de marcher jusqu’à la base de nos cibles, même si rien ne nous empêchait d’atteindre les lieux à la seule force de notre corps. Caressant mon beau poney licorne, je lui fis un regard attristé après l’avoir laissé dans le coin, lui soufflant « Vomis pas des arcs-en-ciel en mon absence » avant de me rediriger vers la marine.

« Eh bien, il nous faudra approximativement une demi-heure de route pour arriver jusqu’à leur base, si on a un rythme de marche assez bon. Je doute que mon fidèle destrier puisse supporter le poids de deux personnes hélas… »

Je me penchais donc un peu plus sur ce qu’elle avait dit avant cela, comme quoi j’étais paré à sortir pour débusquer des mécréants. En toute vérité, je ne savais même pas si tout cela me passionnait vraiment. Je n’avais pas eu une seule véritable expérience de chasse auparavant, et je ne savais même pas si je pouvais la compter une fois que j’en aurais terminé avec cette histoire. Non, ce n’était même pas une réelle poursuite que je faisais là… Cependant, je savais que l’action faisait battre mon cœur de la meilleure des façons. J’aimais ça, et je le savais.

« Ceci dit, pour rebondir à votre ancienne question, il est vrai que je suis friand d’aventures. Je ne peux pas vraiment dire que j’ai déjà fait ça de nombreuses fois vu que les seuls bandits que je connais sont ceux vers qui on se dirige… Mais je me suis toujours entraîné dans le but de les coincer un jour. Mentalement, j’ai toujours été prêt. »

Suite à cette réponse, je dirigeais la miss vers le chemin qui menait à notre destination, débutant donc la marche. Si l’ambiance n’était pas si mauvaise, je n’aimais pas non plus qu’un long silence perdure pour venir alourdir l’atmosphère. Ainsi, je me décidai de continuer de parler, de tout et de rien, revenant même sur le pourquoi je voulais soi-disant faire prononcer la justice sur les bons méchants.

« … Vous m’avez demandé qu’est-ce qui m’intéressait à faire vivre la justice tout à l’heure… La raison est simple. C’est uniquement parce que je le veux. Existe-il une raison pour faire le bien ? A-t-on besoin d’un sentiment autre que la satisfaction d’avoir commis une juste chose ? L’argent, la gloire et même l’honneur importent peu si d’innocentes personnes peuvent vivre en toute tranquillité. Ces gens-là, les types que les brigands visent… Ils sont souvent de bonnes personnes qui n’ont rien demandé. Je veux… Je veux les aider. »

Une nouvelle fois, j’adressais mon plus beau des sourires à la Sergente, faisant prononcer une certaine pureté sur mon visage.

« Si je peux me le permettre… Vous… Avez-vous une raison précise pour être de la marine ? »

En toute franchise, sa réponse m’intéressait réellement. Ma curiosité avait pris le dessus, et comme la conversation me le permettait, je pouvais enfin lui demander. Je cherchais toujours à savoir pourquoi tel ou tel personne avait tel ou tel objectif. Il y avait toujours un déclencheur, du moins presque toujours.

Écoutant sa réponse avec attention, vint le moment où l’on se rapprocha dangereusement du primé et de son groupe. Me montrant bien plus sur mes gardes, j’ordonnais gentiment à la demoiselle de baisser d’un ton vu que l’on était à quelques pas du lieu de vie des bandits.

« Derrière cette colline se trouve deux grandes cabanes. C’est là qu’ils habitent. Je rappelle qu’ils sont à peu près dix, et que le chef est soi-disant primé. Et ce sont des méchants pas beaux menteurs. Avez-vous un plan pour que l’on se charge de ces criminels ? Je suis disposé à vous obéir pour les coincer. »

Une branche spécialisée dans le trafic ? La famille de Kyle était dans ce domaine là, mais il ne me semblait pas que d’autres s’occupaient aussi des objets aussi spécifiques. Ses parents auraient-ils commis une erreur pour qu’une sergente de la marine soit à nos trousses ? Ou bien était-il possible que ce soit vraiment ces vieux pirates que recherchait la miss ? Bien évidemment, je n’avais pas idée de tout ce qu’il se passait dans le coin. Non, à vrai dire, concernant les affaires, je n’avais que très peu d’informations importantes, même si je travaillais dans une taverne.

En tout cas, même si cela ne m’avançait pas trop sur comment elle avait réussi à nous trouver, j’avais réussi à lui soutirer quelques infos intéressantes. En l’entendant parler, je pus uniquement superposer sa situation à la mienne. Les deux comportaient des similitudes que je ne pouvais négliger, même si elles n’étaient pas réellement identiques. De cela, je ne pus répondre qu’avec une absolue franchise, une réponse instantanée qui avait perdu de son ton enfantin pour appuyer un sérieux presque troublant.

« Suis ton cœur. »

On me rabâchait sans cesse ces trois mots quand je cherchais à savoir ce que je devrais faire dans la vie, quel objectif pourrais-je me fixer, ou encore si je prenais les bonnes décisions. Suis ton cœur. En toute franchise, je ne comprenais même pas cette phrase. Si je me référais à l’explication de mon paternel, ce serait de faire ce que dicte mes premières envies. Cependant, c’était à peu près ce que je faisais depuis ma tendre enfance… Du moins, je pensais que ça l’était mais ça avait été désapprouvé par papa. Il était vrai que j’avais toujours du mal à déterminer mes envies, n’ayant d’appétit que pour la nourriture. Je n’étais pas avide d’argent, ni même de gloire… Et encore moins de justice. Je voulais juste m’amuser… Qu’est-ce que cela voulait dire ? Tss.

Secouant faiblement ma tête pour perdre ces idées de mon esprit lorsque Sergente Kane ne regardait pas, je me concentrai de nouveau sur elle. Je ne pouvais pas me permettre de sortir de mon rôle en mission. Toutefois, cette lady me fit replonger dans mes songes alors qu’elle parlait de ma volonté. Il était vrai que j’aimais bien aider les autres, autant que je pourrais bien aimer faire de mauvaises choses… Tout cela me tourmentait presque. Je détestais ne pas savoir ce que ce sentiment qui vivait en moi signifiait. Je détestais aussi ne pas me comprendre. J’étais quoi comme type au final, merde !?

Acquiesçant juste par un lent mouvement de la tête, je fis revenir le joyeux petit enfant prêt à braver les dangers. Ce drama avait assez duré, il fallait conclure cette connerie.

« Ne vous inquiétez pas pour moi, je sais très bien comment fuir ou comment me cacher derrière de jolie et forte lady ! M’enfin, concernant les lieux, je suis pas sûr de pouvoir être d’une grande utilité… J’ai suivi le groupe de méchant jusqu’ici, mais je ne me suis jamais aventuré plus loin. Je me disais que tout seul, c’était bien trop dangereux… Ceci dit, je peux vous informer quelques détails supplémentaires sur deux ou trois personnes. Le chef par exemple a une grande force brute, il a déjà pu le démontrer au village pour calmer les ardeurs de ceux qui ne se soumettaient pas à lui. Oh, et aussi, il sera facile à trouver. Il est habillé d’une étrange façon. Je crois qu’on appelle ça euh… Un slip léopard. En dehors de lui, il y a aussi un utilisateur de boomerang et… Un lèche-cul. J’ai aucune idée des compétences des autres individus, mes excuses… »

Il ne fallait pas que je sois trop précis où la demoiselle pourrait avoir des doutes. Ce que j’avais dit était juste assez. Même si d’après moi il n’y avait pas assez de contenu pour concocter un plan efficace, cela ne cramerait pas ma couverture.

« Par contre, je ne sais pas si c’est vrai, mais j’ai entendu dire que ces bandits savaient bien se cacher… Ou cacher des trucs… ? L’un des deux, je ne sais plus, il y avait le mot ‘cacher’ c’est tout ce que je me rappelle ! »

Bon, j’avais dit savoir me cacher derrière les femmes. Et aussitôt dit, aussitôt fait. Je marchais sur les pas de la lady qui semblait un peu trop coincé dans son délire de marine, après tout je n’arrivais pas à percevoir un seul signe de sourire alors que je faisais quelques blagues ici et là. C’était comme si elle me méprisait. Je savais bien qu’il n’était pas facile de supporter un enfant en étant adulte, mais de là à ne montrer quasiment aucune émotion, mon estime de soi en prenait un coup… Moi qui pensais me montrait drôle tout en gardant ce côté innocent, je ne savais plus quoi en penser maintenant.

M’enfin, là n’était pas le sujet de l’aventure. Il fallait plutôt que je me concentre sur ce qui allait suivre, sur ce que je pouvais faire. Le bon point était qu’en marchant dans l’ombre de la miss, suivant l’angle de vue je pouvais passer totalement inaperçu. Cela me permettait de réagir après coup et de surprendre par la suite. Et bien que je n’avais pas la force de cent hommes, ni l’expérience de combats réels, je savais tirer profit des leçons de mon paternel. Tout n’était pas que force brute, il fallait aussi pouvoir se servir de sa tête…

Arg, je manquai de peu de rire à la présentation de la sergente. Ce coucou m’avait totalement déstabilisé. Qui pouvait bien se présenter de la sorte de nos jours ? Même pour un marine, je doutais qu’une telle passivité pouvait se faire… Ou peut-être était-ce de la timidité ? En tout cas, ce salut n’était aucunement autoritaire, et cela ne risquait vraiment pas de les effrayer, ni même de les faire réagir. J’étais certain qu’ils restaient aussi perplexe que moi à cause de ce premier mot… Coucou… J’en revenais toujours pas. A croire qu’ils étaient potes.

Bref, il fallait que je réagisse et vite. Kane se décrédibilisait de plus en plus en cherchant à négocier avec des criminels. Il était donc temps de faire mon apparition, sortant en premier temps uniquement ma tête du dos de la demoiselle, orné d’un large sourire. Évidemment, j’étais reconnu de ces bandits qui paraissaient bien surpris cette fois. Oh, et rien que pour l’ironie, je fis aussi un coucou, du moins avec la main. Je me disais que ça pouvait être marquant…

Observant rapidement les lieux, la première chose que je remarquai était bien entendu la garde présente, mais aussi ces deux bâtiments de bois presque accolés, laissant néanmoins un passage pour les plus fins d’entre nous. Je ne savais pas si cela pouvait être d’un quelconque utilité, mais je ne pouvais pas non plus tout voir d’un coup d’œil rapide. Je savais l’essentiel, tout le groupe n’était pas présent. Ceux qui ne participaient pas à notre petit conflit n’étaient autre que le chef pervers et ses deux acolytes préférés. Ce qui voulait donc dire qu’il ne restait que du menu fretin là-dehors.

Mon sourire s’intensifia, tandis que je vins à prendre la parole, histoire de faire quelque chose pour remonter l’estime de la marine. Je voyais bien qu’elle essayait avec mal de garder une image noble des soi-disant forces du bien, mais cela ne résolvait rien.

« Depuis quand la marine est-elle aussi passive ? Elle ne cherche pas à négocier avec des criminels. Elle les juge, non ? », dis-je tout bonnement en dégainant mon sabre d’entraînement.

Certes, je ne m’étais jamais vraiment battu auparavant. Certes, je n’avais jamais vaincu mon père quand je m’entraînais avec lui. Toutefois, mon paternel était un monstre. Mon style de combat était loin d’être au point, mais je savais manier un sabre correctement. C’était suffisant. Ces petites frappes, je pouvais sûrement m’en occuper ou au moins tenir face à l’un d’entre eux, même avec cette épée en bois.

Avant que les mécréants ne me questionnent, je fonçais dans le tas, au point même qu’il était presque possible d’entendre Leroy Jenkins sonoriser mon action. Suite à ma première attaque descendante, malencontreusement bloqué par l’un des types, je vins m’exclamer par amusement.

« Héros Chapeau, je viens régler votre putain de compte ! »

Forçant alors sur mon coup, je propulsais un peu plus loin ma cible qui vint tituber légèrement avant de se reprendre.

« Huh ! Faites ce que vous avez à faire. »

Si cette phrase était surtout adressée à l’officière de la marine, elle pouvait être interprété par tout le monde. Ces quelques mots venaient d’envenimer la situation, rendant l’affront inévitable, tandis que j’en souriais de plaisir.

Le fait que j’avais repoussé le pauvre type avec ma force seule me confirmait que c’était bel et bien des petites frappes, et que je pouvais très m’en charger. Ce genre de faibles étaient parfaits pour que je puisse expérimenter ma technique de combat en situation réelle. Père m’assurait toujours que mes mouvements étaient bons, mais étant donné que je ne gagnais jamais, je n’en étais pas totalement convaincu. Quoi qu’il en soit, je pouvais me battre comme je le voulais ici.

Alors que je balayai du regard les alentours, je remarquai l’étrange attitude des deux autres gus qui m’entouraient. Ces derniers avaient l’air d’avoir perdu l’esprit, ou plutôt… Leurs mouvements ne correspondaient pas à leur caractère, ni même à tout bon jugement. Je veux dire, okay il était possible d’avoir un grief avec son camarade, mais de là à le trancher vif sans dire un mot… C’était un peu trop gros. Sans doute était-ce dû aux capacités de la miss derrière… Je ne savais pas ce qu’elle avait fait, mais ça avait eu un sacré effet. Mon paternel m’avait dit que certaines personnes possédaient des capacités surnaturelles en mangeant un fruit, cela devait être son cas.

En tout cas, c’était bon de savoir que l’on pouvait compter sur elle. Elle n’était peut-être pas si coincée finalement… Avec cela, je pouvais me concentrer sur un seul ennemi tandis que Sergente Kane s’occupait des autres avec ses propres pouvoirs. Et sans oublier notre nouvel ami qui venait tout juste de nous débarrasser d’un gêneur. Bref, il restait donc un peu moins d’une dizaine d’ennemis. Vu que ces bandits n’étaient pas très bons, cela risquait d’aller assez vite. Je ne disais pas pouvoir les battre, mais vu la force de la lady, cela ne serait sûrement pas un problème pour elle.

Bon, pour moi non plus d’ailleurs. Vu qu’elle ne regardait pas en ma direction, ou du moins qu’elle était occupée dans son coin, je pouvais démontrer tout mon talent sans qu’elle ne suspecte quoi que ce soit. C’était assez chiant de devoir cacher sa véritable nature, et il en valait de même pour sa vraie force. Il était vrai que je n’étais qu’un gamin ayant eu un peu d’entraînement. Toutefois, j’étais ce gamin ayant eu de l’entraînement.

En m’approchant de ma cible, je vins à faire un large pas, formant un mouvement de cercle, avant d’effectuer une ample attaque circulaire, me servant de la vitesse pour appliquer le principe d’inertie et ajouter du poids dans le coup. Ainsi, en frappant son poignet, je pus faire lâcher l’arme que tenait l’individu envers qui je m’étais acharné plus tôt. Sans attendre davantage, je fis à nouveau un assaut, usant d’un fauchage afin de le mettre à terre, puis frappant son visage avec mon sabre de toutes mes forces pour le faire perdre conscience. Pendant que je m’occupais de lui, la miss en avait éliminé deux tandis que le type contrôlé un autre, donnant trois points à la demoiselle. Tss. Moi aussi j’aurais pu le faire !

Il ne restait qu’une demi-douzaine de ces mécréants. Je pouvais encore me rattraper et revenir au score. Du moins, si ces cons ne me criblaient pas de balles… Je n’avais pas prévu de me battre contre des tireurs moi ! Je n’étais habitué qu’à affronter des bretteurs, et je n’avais pas les réflexes nécessaires pour esquiver une balle moi, aussi bon que je pouvais être. Oh, good job milady ! T’es vraiment impressionnante toi, j’envie tes supers pouvoirs. Faut vraiment pas se la mettre à dos, heureusement que je n’avais pas laissé les tordus du bar se battre contre elle. J’avais vu juste en la jouant fine comme je le faisais. M’enfin, Kane venait de descendre deux criminels de son flingue, en étant dans les airs en volant ! Un peu violent pour une super-héros mais cela m’avait sauvé. Grâce à son soutien aérien, il fut facile de terminer le travail, ne laissant que ce méchant qui nous avait aidé tout le long. Je ne savais pas ce qu’il avait, mais je me disais qu’il était mieux de le faire dormir lui aussi, l’assommant avec un gros coup placé sur le dessus de la tête.

« Slip léopard doit savoir qu’on est à ses trousses vu qu’ils étaient bien préparés quand même ces sal-… Types. Peut-être est-il déjà parti, mais mieux vaut vérifier les cabanes. »

Si en entrant dans chacune des deux bâtisses en bois, rien de particulier ne sautait aux yeux, il était simple de remarquer qu’en effet, le chef de la bande ne se promenait plus dans les alentours. Ceci dit, cela me paraissait un peu gros. Certes, il était fort à cache-cache, mais il n’était pas du genre à fuir et abandonner sa maison. Oubliant presque mon rôle d’enfant, je vins à réfléchir comme si un réel problème s’affichait devant moi.

« Il doit exister un passage secret ou quelque chose… Peut-être une trappe… ? »

Cherchant de nouveau à l’intérieur des cabanes, rien ne me sauta aux yeux. Je doutais qu’un système mécanique complexe était installé dans ces constructions, mais j’étais persuadé qu’il y avait une cave, ou quelque chose qui cacherait les trésors volés de ces brigands. On cachait toujours les objets de valeur quelque part près de chez soi quand on était un bandit de bas étage… Mmh… M’agitant encore une fois à pas de course, je sortis observer l’extérieur pour voir si je n’avais pas manqué quelque chose.

« Haha, j’ai trouvé. »

Ce passage entre les cabanes semblaient trop étroits au premier abord, mais ce n’était qu’une illusion d’optique. Avec le placement particulier des abris, il était possible de passer facilement du côté arrière tout en laissant croire par le devant qu’il serait difficile de pénétrer ce petit couloir. Contournant donc les édifices en bois, il était possible de remarquer l’effort de dissimuler une trappe à l’intérieur de ce passage. C’était presque trop ingénieux pour eux d’avoir placé de la verdure à cet endroit.

« Monsieur Slip est sans doute là-dedans avec les objets, ou l’or s’il a déjà tout vendu. »

Arf, sans doute m’étais-je trop pris au jeu dans le conflit… J’avais démontré toutes mes capacités et la miss l’avait remarqué. Fort heureusement, elle n’avait pas compris que tout cela n’était qu’un plan que j’avais concocté. Bon il était vrai qu’elle pouvait se douter de quelque chose, mais j’étais sûr que le succès de la capture lui ferait oublier ses doutes grâce à la joie de penser que la mission était terminée. Mouais, j’étais certain que c’était ce genre de femme.

En tout cas, par un stratagème des plus simples, mais néanmoins des plus efficaces, elle réussit à faire sortir le chef en enfumant sa cachette : une technique vieille comme le monde. Si en premier temps, il fit une tentative presque désespérée de s’enfuir, il ne put aller bien loin à cause du poison de la fumée qui lui retira ses forces et son endurance. Sans pouvoir se défendre correctement, il fut attrapé par Sergente Kane et le tour était joué. D’un large sourire en la direction de monsieur Slip, je lui fis le signe de la victoire pour me moquer de lui. Et puis bon, ce n’était pas tout à fait louche vu que la miss pouvait interpréter le signe pour elle vu qu’elle tenait le gus fermement.

De retour au village, j’eus le droit aux remerciements de la lady, ainsi que des félicitations. Il était vrai que je pouvais être fier de moi, bien que j’avais sacrifié d’anciens collègues, j’avais pu sauvé tout le monde en détournant l’attention de la marine de ces lieux. C’était presque un exploit pour un adolescent comme moi d’avoir été aussi bon. A plusieurs moments, je pensais que ma couverture était grillée, mais mon jeu d’acteur avait dû rattraper le tout. Et forcément, comme je n’étais qu’un gosse, on me croyait plus facilement. Comme j’avais pu le dire, c’était le seul gros bon point d’en être un quand on avait une mentalité comme la mienne. Une fois que je dis au revoir à ma camarade du jour, je retournai à la taverne, le sourire aux lèvres, ne pouvant m’empêcher d’éclater de rire.

« Qu’elle est conne cette meuf ! Oh, père ! Je l’ai bien roulé et j’ai fait en sorte qu’on ait plus de problèmes avec la marine. Oui je suis un génie, tu peux le dire. T’as plus à t’inquiéter de ta petite prime sur ta tête. Haha ! Tout le monde, trinquons pour cette idiote ! »