Pacifier les terres indépendantes [PV;Elohim Jeroahaz]

On avait embarqué comme des bleus. L'Commandant avait insisté toutes les trente secondes qu'on était déjà en retard. Qu'est-ce j'y pouvais, moi ? 'tain, on nous avait promis une journée cool et v'là qu'on se faisait traiter comme les pires connards de la terre. Heureusement pour nous, le gros Falstein n'était plus là pour nous les briser encore plus. Tiens, en parlant de lui, j'avais pris sa place comme second de l'équipage. Mendy était le nouveau Sergent et traquait la bleusaille dans ses moindres petits moments de répit tandis que not' Commandant, fidèle à lui-même, faisait mine de ne rien voir. Et ouais, c'comme ça qu'on apprend la Marine !

Une fois lancés en mer j'ai été chargé de passer tout le monde en revue, n'avaient pas eu l'temps d'le faire sur le quai. Je sais, c'est pas super niveau protocole mais nous on est des mecs de l'action. Tout ça pour dire que pas mal de têtes avaient changées sur not' bateau, faut dire que la castagne d'y a deux ans avait pas fait dans la dentelle. Bon, au moins, les nouveaux copains étaient aussi sudistes dans l'âme que les anciens et ça c'était un bon point.

Le Royaume de Bliss avait mandé la division de South Blue de la Marine face à son incapacité de faire régner le calme sur son territoire. En effet, certains petits villages isolés étaient depuis quelques temps la cible privilégiée de groupes armés et organisés. Pour répondre à l'appel du Royaume indépendant, la Marine avait pensé bon d'envoyer le second équipage de la division sudiste, reconnu pour ses faits d'arme et renommé pour les forts caractères évoluant en son sein. On comptait notamment parmi les plus connus le lieutenant Reb dont la forte tête et le patriotisme n'avaient plus à être questionnés, le "Grand Mendy" dont la loyauté était sans faille et enfin, le Commandant de l'équipage, connu pour son calme et sa grande pédagogie.

Ouais, on devait aller casser d'la p'tite frappe, quoi. Perso, j'ai toujours été un peu partagé sur le Royaume de Bliss, d'un côté j'ai toujours salué son indépendance mais de l'autre j'me suis toujours dit qu'ce seraient les premiers à s'opposer à un South Blue uni et indépendant. Disons qu'j'ai jamais trop aimé les mecs qui s'la jouaient plus malins qu'les autres. M'enfin comme tout est bon à prendre, j'profiterai de l'occasion pour tâter l'terrain. Sait-on jamais, sur une action héroïque, tout peut arriver.

***

Notre plan était simple, on devait accoster et les défoncer. Comme si on allait se la jouer stratégie face à des raclures de cinquième zone ! Oh ! J'me tape pas d'la mer pour faire des chichis ! Et puis j'ai toujours aimé m'la jouer en mode cavalerie, ça a ce petit côté classieux qui fait mouiller les bidasses. Finalement la mission s'annonçait bien. Récolter la gloire en débarquant comme des princes et tirer d'la racaille en rigolant fort. Mouhahaha ! A moins que... Attendez... Cette impression, là, ouais, ouais, cette impression de merde.

-Euh... Commandant ? J'étais posté à la vigie, j'l'avais appelé via le den den scargot de... la vigie. Bah, déjà, terre. Ouais parce qu'à force de descendre du whisky et raconter d'la merde aux mecs en bas j'avais complètement zappé qu'il fallait annoncer quand on voyait d'la terre. Puis ensuite j'pense que vous devriez j'ter un p'tit coup d’œil au Nord-Ouest. Un petit temps. *Pirates ?* Honnêtement, j'sais pas. Plus on s'approchait plus ça devenait louche. J'avais jamais vu un truc du genre. *On parle bien du bâtiment au Nord-Ouest ?* Mais c'était quoi ce merdier ? *Reb ?* Ouais, ouais, pardon. Ouais, on parle de ça. Le Commandant et moi on naviguait ensemble depuis tellement longtemps qu'il savait c'que j'pensais rien qu'en m'entendant parler. Le branle-bas de combat a tout de suite été sonné. Je vois trois batteries sur bâbord, c'tout. Pas un navire de combat, Commandant. *Trois batteries c'est trois de trop, Reb.* Ouais mais là, c'était surtout trois batteries de secours, si vous voulez mon avis. Pas fait pour le combat, trop lourd, mon Commandant, matez un peu l'bestiau. *Okay, je vois, on va se tenir à portée de canon pour l'instant. Oscar te remplace, j'ai besoin de toi, en bas.*

Bizarre, d'habitude j'suis plus utile posté en vigie pour tirer du méchant, d'autant que qu'le bordel était un vrai village flottant.

L'équipage sudiste venait en fait de faire la rencontre du "Goliath", le navire de celui qui menait ce que l'on nommait le Culte, une sorte d'ordre dont on chuchotait régulièrement le nom sur South Blue.

***

-ET ÉVIDEMENT, C'EST MOI QUI M'Y COLLE. Nan mais j'vous jure. Oh ! Ramez plus fort, là ! On avait attendu une réaction du navire mais rien, et comme les rives semblaient plutôt calmes et le village tranquille, not' bon vieux commandant a jugé bon d'envoyer son second voir c'qui s'tramait et tirer au clair cette affaire de village sur l'eau. Vous imaginez bien qu'on avait envoyé toute la fine équipe avec moi soit quatre bleus incapables de s'moucher tout seuls et surtout INCAPABLES DE RAMER CONV'NABLEMENT !

En effet, alors que les Marines s'attendaient à devoir délivrer les côtes et les terres isolées du joug de la briganderie, il découvrirent, à la place de ce qui se devait être une région désœuvrée et miséreuse, une havre de vie et de bonheur. On riait, on s'affairait aux affaires de la vie. Rien ne semblait faire défaut aux lieux sinon les deux bâtiments ancrés parallèles non loin de la rive.

Non loin, non loin, c'était trop pour les gus, j'avais l'impression. Oh j'étais r'monté, fallait pas m'emmerder. J'vous jure, quand on a enfin atteint le sable de la plage j'ai allumé une bonne guinze de chez nous, réajusté la lanière du Long Bucky Jo' sur mon épaule, épousseté ma veste grise et mes galons bordeaux puis j'ai crié à qui voulait entendre.

-BON ! ALORS ON M'EXPLIQUE CE BORDEL ?!

South Blue, la mer la plus méridionale de la planète.
Deux jours plus tôt...
Un vent nouveau s'était abattu sur celle-ci, un vent protecteur porter sous l'emblème d'une et une seule entité, une organisation qui il y a deux ans étaient encore inconnue. Pourtant, de plus en plus, des murmures laissaient entendre le nom et l'existence de cette organisation. Des murmures qui circulaient d'oreille à oreille, mais des murmures qui semblaient annoncer la mise en marche d'une chose qui voulait porter le monde à son tour. Un nom souffle à travers South Blue, les choses étaient en train de bouger, le Culte se baladait dans la mer sudiste sur le Goliath, un navire qui avait plus l'air d'une petite ville flottante.

Sur le Goliath, l'homme qui était à la tête du Culte était présent, observant la mer à travers les fenêtres de son bureau. Le Cardinal Élohim Jeroahaz avait mis les voiles vers des terres en détresse. Suite à la faible réputation, mais bien que concrète, de l'organisation, des villageois ayant besoin d'être secouru avait demandés assistance au Culte. La grande question serait pourquoi appeler le Culte au lieu du Gouvernement Mondial ? Le Royaume de Briss était l'une des seules îles de la région à être indépendante du gouvernement, bien que les dirigeants du Royaume aient fait appel aux services de la Marine, les villageois quant à eux étaient perplexes à ce sujet puisque Briss n'était pas un de leurs vassaux. Du coup, ils avaient lancé un appel à l'aide au Culte. L'héraut de Dieu, ayant pris connaissance de la détresse d'âme en peine et l'existence de pirates saccageant des villages, avait tout de suite regroupé la quinzaine de personnes prêtes à le suivre dans son cours voyage à travers South Blue pour rejoindre le royaume ayant requis une intervention divine.
Il fallut deux jours pour que le navire du Culte puisse finalement voir les berges de bris. Le Goliath faisait donc face à la façade Nord-Ouest de l'île, deux navires de petite taille arborant un drapeau pirate étaient présents. Étrangement, aucun des navires ne bougea à la vue lointaine du bateau du Culte. Peut-être que les pirates étaient en train de succomber au péché de l'alcool dans les tavernes des villages, généralement c'était la réputation qu'on donnait à ces marins d'eau douce qui n'avaient aucun respect pour les villageois.

Il aurait été facile ou presque de couler les deux navires pirates, mais le Goliath n'était pas vraiment un navire de combat, trois canons sur chaque flanc avec un canon sur une tourelle en hauteur à l'avant, rien de très dissuasif. C'était à peine juste pour défendre le navire-ville des sacripants qui étaient trop idiots pour renoncer.

Accostant un peu plus loin, le messager de Dieu posa un pied à terre tandis qu'il laissait les autres membres du Culte faire leur travail. « Il est temps que Dieu châtie les hommes ayant péchés dans ces lieux. Suivez les instructions de Marie, préparez les caisses de vivres, les fournitures médicales ainsi que vos marteaux. disait-il en souriant à sa compagne, présente sur le navire avant de poursuivre, Quant à moi, je vais apprendre à ces pirates qu'ils ne sont plus le bienvenue ici. » Une fois qu'il avait donné ses ordres, le Cardinal se hâta de trouver le premier village, le plus proche de la côte Nord-Ouest. Suivant un sentier forestier, après une dizaine de minutes de marche il finit par atteindre le petit village qui ressemblait à n'importe quel autre. Trouver les pirates était le plus compliqué dans ce genre de situation - quoi que...

Un tintamarre assourdissant faisait place dans le village, tout ce bruit provenait d'un seul bâtiment, d'ailleurs un villageois de petite taille passa à travers la fenêtre - les pirates étaient donc pratiquants... de sport de lancer - et se ramassa le sol. Elohim ne tarda pas à aller le pauvre homme à se relever. Mais la réaction du villageois fut haute en couleur.

« Aaaah ! Qui êtes vous ?! Encore un autre pirate !!!! AU SECOURS ! criait-il en saignant du nez et du crâne. Que Dieu me vienne en aide ! AAAA-...AAAAAAAAAH » hurlait l'homme.
« Rassurez-vous, Dieu a entendu vos prières. rétorquait Elohim en posant sa main sur l'épaule de l'homme, Je suis le Cardinal Jeroahaz, le Culte est venu vous portez assistance. » finissait-il.
« Le Cardinal ?! Alors c'était pas une blague ! Soyez bénis ! » continuait le villageois.

Le villageois était visiblement quelqu'un de très... actif, tellement actif que malgré ses plaies, il était plein de vie. Forcément, les pirates dans la taverne étaient sorti pour lui dire de se la fermer, évidemment Elohim fut découvert et pour cette fois, il n'y aurait aucun témoin de Jeroahaz pour frapper aux portes. Et la suite... Elle est tellement évidente que même tous les prêtres connaissent ses paroles. Les pirates attaquèrent le Cardinal sans tarder, heureusement, Dieu était présent, malheureusement pas de leur côté. Le fils de David montra les flammes de pandémonium, capitale des enfers, aux pirates qui avaient péché. Et visiblement, il n'était pas partant pour rejoindre les enfers - ils n'étaient pas chauds du tout même - et ils prirent leurs jambes à leur cou avant de décamper après avoir affronté le bras droit armé de notre Seigneur. Les deux navires quittèrent le large et paraît-il qu'ils ne reviendront plus jamais sur cette île.

Relâchant un signal enflammé dans les airs, Elohim avait averti ses troupes qu'ils pouvaient venir. Le navire du Culte s'approcha donc des côtes Nord-Ouest, plus proche du village qu'il ne l'était avant d'accoster et décharger plusieurs caisses. Finalement, les caisses furent livrées et le Culte ne tarda pas à effectuer son travail : les charpentiers avec l'aide des villageois commencèrent à réparer les dégâts, les quelques médecins avaient ouvert une clinique pour voir ceux qui le souhaitaient et les cuisiniers préparèrent de bons repas revigorants pour l'ensemble des individus.

***

Actuellement...
Un bâtiment de la marine était visible depuis la plage proche du village. D'ailleurs, une de leurs barques était en train de s'approcher de la côte. Le Cardinal Jeroahaz fut aussitôt averti, il décida donc de réserver un accueil chaleureux aux marins qui étaient en train de s'approcher. Mais tandis que tout aurait dû être plutôt calme, puisqu'il s'agit là de soldats de la marine, ce fut tout le contraire lorsque l'un d'eux, visiblement le responsable de cette bande, cria à haute voix. Les villageois se tournèrent vers lui, mais en voyant le Cardinal venir à leur rencontre, ils furent plutôt rassurés et continuèrent à réparer les maisons et à se faire soigner.

Elohim s'approcha, une bible coincé entre son bras gauche et son buste, vers les soldats de la marine.« Bienvenue au Royaume de Briss, Messieurs disait-il avant tout, Je me présente, je suis le Cardinal Elohim Jeroahaz. Tout comme vous, je ne viens pas de ce royaume, bien que je sois de South Blue. continuait-il en observant le marine qui avait hurlait. C'était un homme avec des cheveux blancs et un bandana sur la tête, le reste était un uniforme de marin, mais il avait une arme à feu dans son dos, rien d'étonnant pour un marine. Pour reprendre vos mots, " ce bordel ", n'en est pas un, enfin plus depuis deux jours. Mais allons plutôt parler ça dans la taverne du village, vous devez être fatigué de naviguer en mer. Non ? » demandait Elohim avant de se tourner et de marcher tout droit en direction de la taverne.

La taverne avait été assez retaper pour accueillir des hommes, les pirates avaient tout saccagé entre l'alcool qui coulait à flots sur le sol et les coups de sabre sur les tables et le comptoir. Les villageois venaient ainsi à s'approcher des marines avant de leur indiquer la route à suivre. Le Culte s'était plutôt bien établi durant les deux jours, il allait aider les différents villages au fur et à mesure, les marines ne seraient peut-être pas en trop. Après tout, même si le Royaume de Briss n'est pas sous la tutelle du gouvernement, si celui-ci aidait sa population, peut-être que cela pouvait faire changer les choses.

-Monseigneur. Moi c'est l'Lieut'nant Reb. Là j'ai fait genre j'avais un chapeau et l'ai salué comme un cow-boy. Les biblards aiment bien qu'on leur fasse des courbettes et moi j'aime bien les biblards, sont toujours un peu dans leur délire marrant de biblard. Par contre, y'a un truc que j'aime encore plus qu'écouter les sermons des hommes de foi, c'est d'rigoler et balancer des vannes dès qu'je peux. Pas de bordel ? J'me suis tourné vers mes gars. Désolé les tapins, pas de femmes de joie ici ! Bouhahahahaha ! Vous êtes d'accord, le truc bien avec les blagues c'est quand on les comprend, sinon ça tombe à l'eau. Là j'crois qu'y en avait un qu'avait pas bité. Bref, c'vraiment parce que z'êtes sudiste que j'accepte. Fit-il en tendant la main.

Fatigué ? Moi ? Allez, remballe, on est des durs, on traverse les blues pour se tartiner la face avec des révoltés, on traque des Empereurs pirates, c'pas une ballade qui va nous faire reculer. M'enfin, vous savez c'que c'est, tout le monde pense que la Marine de South Blue c'comme la Marine des autres blues, comme si nous on était des minets en uniforme.

***

Devant la taverne. Etablissement local de moyenne facture semblant avoir essuyé un ouragan. Notre troupe de Marines sudistes a marqué un arrêt à l'entrée prétextant que leur Lieutenant n'avait pas encore terminé sa deuxième cigarette. La but était bien évidemment de marquer leur respect pour la hiérarchie.

-Mouais... On avait fait mieux comme soifferie. Bon. Vous allez m'chercher tout c'que vous pouvez apprendre sur les environs pendant que j'soiffe avec le Carnimal. J'ai écrasé ma clope sous ma grosse de botte de sudiste, pour le style. On s'donne rendez-vous quand j'ai terminé. J'INSISTE sur le fait que si vous revenez AVANT que j'ai terminé de SOIFFER ça veut dire que vous avez pas assez d'infos et j'vous colle au trou pour manquement à l'ordre. EN REVANCHE, si vous revenez APRES, si le bout d'ma botte passe la pas de cette porte et que z'êtes pas là, LA, LES GARS, c'est la cour martiale parc'qu'on fait pas attendre le Lieutenant Reb. C'Clarke qui m'fra l'rapport. Allez, roulez.

L'entrée du Lieutenant Reb dans la taverne fut au moins aussi bruyante que son accostage. Ses lourdes bottes se firent les émissaires de son envie inextinguible de boire. Toute la clientèle savait dorénavant qu'un officier de Marine armé venait de rentrer, c'était une sorte de mise en garde, il faut dire que Jo' aimait descendre ses verres dans le calme quand il ne buvait pas avec les membres de son équipage. On pourrait penser que la crainte de l'uniforme devait compenser un certain malaise des établissements du genre et cela se serait vite compris en jetant un œil à la clientèle qui, bien que tout à fait en règle, s'apparentait au pire attroupement de malfrats que l'on puisse trouver aux environs. Que nenni, la main assurée du Lieutenant posée sur le comptoir collant d'alcool et le grand Tu m'mettras un litron d'Johnny Shooter, patron ! chassèrent bien vite l’hypothèse. La légende veut d'ailleurs que le Johnny Shooter, whisky typiquement sudiste, voit son malt mélangé à un peu de poudre à canon pour le rendre plus... explosif.

Z'ont qu'à bien s'tenir. J'respecte les soûlards mais faudrait pas m'mettre en rogne. Le Cardinal faisait un peu tache, d'ailleurs. A bien r'garder, c'était l'plus propre sur lui. Boarf. En s'asseillant à une table isolée du reste. J'avais deux verres, un pour lui et un pour moi. On verrait bien si c'était un pur sudiste. J'y ai servi un plein verre -à moi aussi, faut pas déconner- et j'l'ai bien r'gardé.

-A South Blue ! Et là j'ai tiré mon verre plus vite qu'une salope révolutionnaire. Putain c'est bon, y'a pas à dire. J'me suis resservi le deuxième verre histoire de tenir compagnie au premier. Bon, bon, bon... Le Long Bucky Jo' était accoudé avec nous à la table. Ca veut dire qu'il reposait sur un coin, canon vers le plafond. Dites-moi, Monseigneur, c't'à vous la poubelle flottante ancrée pas loin du rivage ? J'ai pointé la fenêtre du pouce histoire qu'on s'comprenne bien. Nan parce qu'on s'comprenne bien, nous on est là pour dézinguer du malfrat. Donc deux possibilités. Là j'ai posé le Good Shootin' Reb, mon calibre à six coups sur la table. Soit on est venu pour vous et on s'la joue à celui qui tire le plus vite, soit va falloir m'expliquer c'que vous foutez dans l'coin.

Reb. Plus précisément, le Lieutenant Reb était l'interlocuteur du Cardinal. Donc, celui qui venait d'hurler sur la plage n'était rien d'autre qu'un gradé de la marine. La première impression qu'a eu l'enfant du Seigneur était que le lieutenant était quelqu'un d'assez... enfin c'était le genre de personnes qui avait un fort caractère et qui ne se prenait pas la tête à avoir un langage soutenu, un pur produit régional en quelque sorte. D'ailleurs, le lieutenant Reb était ce qui semblait être l'exact opposé du Cardinal Jeroahaz, l'un parler sans limite, l'autre avait un langage soutenu, l'un était énergétique, l'autre était plus calme. Quoi qu'il en soit, l'homme accepta de suivre Elohim dans la taverne, prétextant que c'était uniquement parce qu'il était lui aussi sudiste. Étrange, le marin avait-il une nette prédilection pour les gens du sud ? Peut-être, du moins c'était la conclusion qu'il fit.

Tandis que le Cardinal marchait tranquillement en direction de la taverne, un détachement de soldats suivaient leur supérieur. Il n'y avait pas à dire, les rangs de la marine était plutôt bien garnis, peut-être que les soldats n'étaient pas les plus forts, mais ceux sous la tutelle de Reb avaient un quelque chose en plus.

Face à la taverne, Elohim entra simplement alors que la troupe de marines s'étaient arrêtés à l'entrée. Le lieutenant traversa les rangs avant de donner ses ordres, de ce que pouvait entendre le Cardinal, cela se résumait à collecter des informations sur la situation actuelle tandis que lui serait en train de boire avec Elohim. Et il expliqua clairement ce qui allait se passer s'ils étaient en avance ou bien en retard, le Lieutenant Reb était donc quelqu'un de pointilleux sur l'heure ou bien... tout simplement qu'il était un peu excentrique. Commandant deux verres et une bouteille d'un litre, le lieutenant proposa l'autre au Cardinal avec lequel il s'était installé dans un coin de la taverne, à l'abris des oreilles indiscrètes. Il trinqua finalement à South Blue, ce qui permis au fils de David de comprendre que ce Reb portait une grande attention au Sud. « À South Blue ! » rajouta Elohim en accompagnant son invité. L'alcool n'était pas du tout mauvais et était de bonne qualité, un millésime sudiste, pour sûr, cela dépassait totalement l'eau de vie. Après cela, il posa des questions au Cardinal, qui répondait sans broncher. « Cette " poubelle " comme vous dîtes est le Goliath, mon navire, ou plutôt celui de l'organisation dont je suis le fondateur. disait-il en observant le lieutenant Peut-être que vous en avez entendu parler, mais cela m'étonnerait. Nous agissons et nous nous présentons comme le Culte. » Inspirant un moment, il posa les yeux sur la table avant de reporter son attention sur le marine.

« Donc finalement le Gouvernement s'est décidé à venir en aide à ce pays... Peut-être que le Royaume a dû payé gracieusement le Gouvernement pour que celui-ci agisse enfin... Quoi qu'il en soit, il a respecté sa parole... disait-il en parlant un peu dans sa barbe avant de reprendre, Vous êtes venus pour chasser les malfrats, mais ils ont déjà vu ce qui les attendaient s'ils restaient encore ici. disait-il en affichant un léger sourire sur son visage, Pour être franc avec vous, je me suis chargé de leur faire comprendre que leurs actes n'étaient que péchés et que s'ils continuaient, ils finiraient brûlés par les flammes vengeresses de Dieu. Et si vous ne me croyez pas continuait-il avant de tourner légèrement la tête vers les autres personnes présentes dans la taverne, haussant la voix, Je dis la stricte vérité, n'est-ce pas ? » demandait-il à l'assistance tandis que des voix se faisaient aussitôt entendre.

« Oui ! Le Cardinal dit la stricte vérité ! Dieu est bon, Dieu l'a envoyé pour nous défendre des âmes pécheresses ! » criait l'une des personnes.

Observant la réaction du lieutenant, le Cardinal Elohim semblait attendre sa réaction, en soit il n'avait rien fait d'illégal, mais peut-être que mobiliser des troupes pour rien allait être frustrant pour lui, au vu du caractère du personnage. Le fondateur du Culte ne tarda pas à rajouter : « Cela fait deux jours qu'ils sont parti, nous nous essayons de réparer les dégâts. Nous aidons les démunis au péril de notre vie, sans rien attendre en retour, tel est la vocation du Culte. »

Commençait à me plaire, ce Cardinal. Pas un mauvais bougre, en tout cas. J'avoue que quand il a commencé à me parler de son "Culte" j'ai un peu sué. Imaginez, venu pour trouver du pirate et j'me serais retrouvé avec un illuminé sur les bras ! En réfléchissant bien j'ai très vite trouvé le fait qu'un mec du genre traîne sur nos mers était une très bonne chose, même si j'ai jamais été très fan des sectes. Fallait que j'sorte un p'tit carnet et un crayon pour tout noter. Bon, son navire c'était le "Goliath", son nom c'était Elohime Jero...Jeroaz ? Non. Jerômaz ? Non plus. J'ai marqué "Monseigneur Elohim Jero...", j'avoue. Son nom complet importait peu, y en avait pas deux comme lui.

-Attendez... Là j'ai noté tout ce que je devais noter, histoire de faire un rapport complet mais pas trop non plus, le gus pouvait très vite avoir des emmerdes, même si le Commodore était assez cool. J'ai préféré pas trop l'faire attendre -nan parce que j'suis pas une flèche quand faut ranger mes idées sur papier, j'm'étale toujours trop- donc j'y ai tapé la causette sur South Blue. V'savez, les copains et moi on s'déplace toujours quand faut aider les compatriotes, même ici. On est l'deuxième équipage de la division du Sud fit-il en désignant ses galons et son uniforme, on est allé casser la gueule aux révoltos y a deux ans, on s'en fout pas mal de c'que touche le Gouvernement, si on est prêt à aller s'les cailler pour dézinguer du criminel à l'autre bout du monde on demande à pas être payé pour dézinguer du connard local. Vous voyez ? J'commence à m'étaler et après j'perds le fil. D'ailleurs, les pirates, là, c'étaient des sudistes ou pas ? Croyez pas que j'excuserais plus un équipage sudiste qu'un autre, c'même tout l'contraire. C'juste qu'un équipage étranger ça fait plus tâche qu'un équipage aux couleurs locales. Nan parce qu'avec tout ça on a encore du pain sur la planche, m'voyez.

En effet, si Jo' s'attardait à la table, c'était bien pour creuser un peu plus la piste qu'offrait le Cardinal sur le chemin de l'indépendance. Pensez bien qu'un sudiste de ce calibre était une personne précieuse pour la cause indépendantiste. En mettant de côté cette histoire d'indépendance, le Lieutenant et ses hommes devraient déjà être sur le chemin du retour pour leur navire afin de lancer la traque aux pirates coupables des dégâts causés à Briss. Telle était leur mission. En poussant un peu le raisonnement, Jo' jouait un jeu dangereux en risquant de laisser les forbans s'évaporer pour nouer un contact dissident.

-C'qu'on va faire, Monseigneur, c'est qu'on va vous laisser tranquille, signaler votre présence au QG, histoire que vous soyez pas trop embêtés avec vos gars. Puis j'ai refermé mon carnet pour le ranger dans la poche de ma veste. Ah, et j'nous ai r'mis un verre, quand même. Normal'ment, avec ce que je viens de voir là... J'ai désigné le mec qu'avait beuglé sur Dieu et ses âmes. On pourrait vous coffrer en prévention dès qu'vous r'mettez la botte sur vot' bateau. Comprenez qu'l'Gouvernement aime pas trop qu'on "libère" les âmes comme vous faites. Là j'ai sorti une clope et j'ai allumé. Pas de cendrier sur la table. V'seriez vite fait révolutionnaire devant un tribunal ! J'les connais ! Mais booooon... Vous compreneeeez, on est à Briss, moi j'suis là pour boucler des pirates, pas pour emmerder des patriotes. Donc j'vous propose un deal. Une taffe bien d'chez nous puis j'ai englouti mon verre. Vous faites vos histoires ici, j'm'en carre. Par contre, dès que vous reprenez la mer, j'vais vous demander d'y aller mollo sur l'prosélytisme. C'comme ça qu'on dit ? M'sais plus. Vous faites pas trop remarquer, sinon vous allez vite fait nous avoir sur le cul et ça m'f'rait bien chier de devoir vous foutre en taule, moi j'suis pour c'que vous faites, c'bien d'aider les autres, faut s'serrer les coudes entre sudistes !

Le marchandage prenait forme, le Lieutenant Reb laissait place à Johnny Reb The Southern Kid pour qui l'indépendance de South Blue primait sur le reste. L'ambivalence était là. Tandis que le Lieutenant débarrassait les mers des criminels, Johnny Reb, lui, œuvrait pour la cause de South Blue.

-Dès qu'vous quittez Briss, passez faire un tour à la base, on vous aura déjà blanchi. On aura qu'à dire que vous êtes une joyeuse troupe charitable et que vous seriez pas contre un petit coup de pouce, ça vous va ? V'savez, protéger les bonnes œuvres c'est aussi not' boulot. Puis j'y ai lancé un p'tit r'gard. Surtout quand c'est pour South Blue. Le genre de regard qui ne laisse pas de place au doute.

Le lieutenant avait sorti un carnet et un crayon afin de noter tout ce qu'il lui fallait. Normal, même s'ils étaient en train de boire, le lieutenant devait surement faire son rapport à sa hiérarchie. Et puisqu'il n'y avait plus de pirates, il fallait le faire vis-à-vis d'Elohim et de ses dires, et cela ne le dérangeait pas du tout. Le gradé commença donc à dire des choses, peut-être que l'alcool ou bien tout ce que venait de lui dire le Cardinal avait réussi à faire en sorte qu'il se sente rassuré en la présence du fils de David.

Premièrement, il se dévoila un peu plus aux yeux d'Elohim en se dévoilant comme le deuxième équipage de la division sudiste de la marine. Continuant sur sa lancer, il expliqua ainsi que le second équipage de marine sudiste n'était pas comme les autres. Entre outre, le lieutenant dévoilait ici qu'il s'en fichait pas mal du gagne pain du gouvernement et que s'il fallait, ils iraient au bout du monde pour mettre en geôle les criminels qui manifestent un plaisir à faire du mal aux habitants. À ses mots, le Cardinal ne put qu'afficher un sourire, il savait parfaitement que tous les marins n'étaient pas aveugle face aux agissements du gouvernement, mais c'était bien la première fois qu'il en avait un sous les yeux. Le Lieutenant Reb était devenu quelqu'un avec plus de tripes que n'importe qui aux yeux de l'héraut de Dieu. Tandis qu'Elohim était en train de penser à la nature du gradé, celui-ci lui posa une question, les pirates étaient-ils sudistes ?

Haussant légèrement les épaules, il venait à répondre à son interlocuteur : « Et bien, j'avoue ne pas trop savoir... répondait-il avant de s'arrêter un instant, reprenant par la suite, Si on prend en compte l'apparence de leurs navires, l'état... Ils doivent en effet être du coin, les deux navires n'avaient pas l'air d'avoir fait un long voyage, il était quasiment neuf quoi qu'il y avait de l'usure sur son bois. » finissait Elohim en observant droit dans les yeux le lieutenant.

Après cela, le marine rangea son carnet de note avant de se resservir un verre et celui du Cardinal à la fois. Un geste de la tête, il le remercia de l'avoir servi, ne souhaitant pas couper court aux mots du lieutenant Reb. D'ailleurs, le sudiste continua encore. Il allait faire un rapport à ses supérieurs en signalant la présence du Culte au Royaume de Briss, c'était sympathique de sa part. Néanmoins, il enchaîna en prévenant que les actes de l'organisation était condamnable par le gouvernement, qu'il serait jugé comme une révolutionnaire ou quelque chose dans le genre. Il utilisa alors un terme qui fit comprendre définitivement au fils de David les véritables intentions qu'il avait, usant du mot « patriote », cela ne pouvait définitivement dire qu'une chose : le lieutenant portait un grand attachement au Sud et peut-être qu'il souhaitait encore plus que ça, pour le meilleur de South Blue. Bref, il proposa un marché à l'homme de foi.

« Et bien. Merci de votre attention, Lieutenant Reb. Bien évidemment, nous essayerons de nous faire discret pendant un temps vis-à-vis de ça. Mais sachez que je ne suis pas un prosélyte. Je n'essaye de convertir personne, mais Dieu me guide et m'a donner une mission, donc je me dois de le remercier. disait-il en observant la réaction du lieutenant. Nous tâcherons aussi de vous rendre visite à la base, il est vrai que nous fonctionnons grâce à des dons, des récupérations et des trouvailles par-ci et par là. Nous ne serions pas contre un peu d'aide, il faut aider nos prochains... rajoutait-il en écoutant plus tôt les dires du gradé de la marine. Et puis comme vous dîtes, surtout s'il s'agit de notre foyer. D'homme à homme, je vous le dis clairement Lieutenant Reb, vous imaginerez peut-être que je suis dingue mais... "Il" m'a parler et m'a dis que je devais créer un havre de paix qui fonctionnera à son rythme à l'abri des guerres dans ce monde. C'est pourquoi je compte bien parvenir à mon but. Parce que c'est notre projet. » disait-il en souriant au lieutenant, peut-être avait-il poussé le bouchon un peu trop loin pour le coup, mais il essayait de percer à jour le lieutenant et prenait donc un risque en lui jetant cette information.

Il ne fallait pas oublier que le Culte était une organisation récente, donc il n'y avait encore que très peu de liens avec les autres forces et institutions de ce monde. Le Cardinal souhaitait que le Lieutenant Reb devienne dans le futur, au fur et à mesure, un allié de choix pour le Culte, peut-être qu'il ne souhaitera pas l'intégrer pendant une durée permanente. Mais quiconque avec l'intention de protéger le peuple était le bienvenue dans les rangs du groupuscule.

Donc des sudistes mais on sait pas si c'est vraiment des sudistes. Ach za z'est bas brécis. T'façon on était encore plein de vivres et la bleusaille n'avait pas encore eu l'occasion de pister sa première proie, ça pimenterait le tout. J'imaginais déjà la gueule que tirerait le commandant quand j'y parlerai de mon Cardinal. Ca fait toujours bien de dire qu'on a rencontré l'interlocuteur direct de God Himself. A ce propos.

-Ah mais moi j'veux bien vous croire, Monseigneur ! J'ai terminé de taper mon dernier verre et me suis levé. Faites juste attention de pas trop en parler autour de vous. Dans l'sud on connait tous l'histoire de c'te nana qu'entendait des voix et qu'a terminé brûlée. Nan fallait vraiment le mettre en garde. Le Gouvernement pourrait utiliser ce stratagème pour faire partir votre travail en fumée. Et je suis très sérieux. Ma clope arrivait sur sa fin, c'était le moment de terminer. Finalement, j'aurai pas beaucoup soiffé. Bon. Monseigneur. Il salua en touchant son chapeau invisible et en récupérant son calibre et son fusil. Je vais pas pouvoir rester plus longtemps, j'ai deux jours de retard.

Puis il s'en alla en laissant quelques berrys sur le comptoir. Aux frais de la Marine ! Dehors, il observa quelques temps ses subordonnés arrivés au moment de sa sortie. J'vous ai vu, m'prenez pas pour un con. Le ton de sa voix, d'habitude insupportable, laissait peu de place à la dérision dont il avait le secret. Le Lieutenant Reb venait de tenir un pari risqué en faisant confiance au Cardinal, car, sous ses airs insouciants, Jo' savait ne pas pouvoir agir de la sorte en toute impunité.

-Alors, Première classe Clarke ? Le bleu qui devait m'faire un rapport, vous vous souvenez ? *Euh... Caporal, Caporal Clar...* HEIN ?! *Ou.. oui, j'ai été...* Depuis quand on offrait des promotions à des gamins comme ça ? Oh ! Le mec avait jamais tiré une cartouche de sa vie ! Nan, je sais ça. Z'avez pas été notifié d'votre rétrogradation ? *Ah ? Mais, mais quand es... * Maint'nant ! Allez embraye, j'ai pas toute la journée ! *Oui, oui, alors nous avons...* Appris que les gonzes du Culte avaient débarqué y a deux jours et fait fuir les pirates ? *Oui.*

Vraiment bons à rien ces cons. En même temps, c'était l'essentiel.

***

A bord.

Comme j'l'avais dit, le Commandant était furieux, non seulement parce qu'on était en retard mais surtout parce que j'avais complètement zappé de demander si on pouvait reconnaître les navires qu'on devait chasser d'une façon ou d'une autre.

-*Bordel ! Reeeb ! T'as foutu quoi à part picoler avec ton "Cardinal" des mes deux ?* Nan y avait pas à dire, il était pas content. Dans ces moments-là j'parie que la plupart d'entre vous seriez déjà en train d'se la jouer mea culpa mais moi j'suis l'Lieut'nant Reb, v'souv'nez ? J'ai rétrogradé Clarke, Commandant ! Je crois que j'avais terminé de l'énerver. Fallait voir le bon côté des choses, au moins son état n'irait qu'en se calmant. *Glhvlzpfg*

Signal que je devais retourner en vigie et qu'on mettait les voiles pour un cap que j'apprendrai plus tard, quand il se serait calmé. Par contre, croyez-moi, nous allions au devant d'une grosse tempête.

La tempête gronde, quels dangers devra affronter notre héros sur la piste des pirates du Royaume de Briss ? Vous l'apprendrez au prochain récit: "Les mystères des Blues: A la poursuite du Grand Austral."

ynamique, le lieutenant ne tarda pas à répondre au Cardinal Jeroahaz. Il croyait en la foi d'Elohim, c'était typiquement le genre de chose qu'une personne sensée ne ferait pas. Le lieutenant Reb avait tapé dans l'oeil du fondateur du Culte, il espérait bien que cela ne terminerait pas comme ça et qu'il le reverrait un jour. Surement à la base de la marine de South Blue d'ailleurs. Quoi qu'il en soit, avant de prendre la poudre d'escampette, le marin reprit un ton plus sérieux en avertissant le Cardinal que le gouvernement pouvait surement mettre des bâtons dans les roues de l'organisation. Et il n'avait pas tort, c'était une possibilité que le Cardinal avait déjà prise en compte, au fur et à mesure que le Culte prendrait de l'importance, des forces bien plus importantes pourraient lui barrer le passage, même si ses intentions étaient plus que louables.

Puis avec autant d'intensité que pour son apparition, le Lieutenant du deuxième équipage de la division sudiste partît en reprenant ses affaires et en payant l'addition pour lui et Elohim. Décidément, il était généreux, même si son attitude pouvait faire penser à quelqu'un s'en fichant des autres. Il était généreux, quoi que c'était peut-être parce que tout comme lui, le Cardinal était un habitant natif de South Blue. Pensant à ce qui venait de se produire, le Cardinal se fit interrompre par sa femme qui l'enlaça dans le creux de ses bras. « Oh Marie, si tu savais... disait-il en caressant tendrement les mains de son épouse, Je viens de rencontrer une personne bien étrange et énergétique, le Lieutenant Reb est quelqu'un sur lequel on peut compter, du moins je le pense. Nous verrons ça dans le futur. disait-il avant de poser sa tête contre la main droite de Marie, Bien, il est temps de reprendre notre travail ! Après avoir fini ce qui était possible de faire, nous nous rendrons à la base de la marine. Il est possible qu'ils nous aident dorénavant. Du moins pour le deuxième équipage. » finissait le Cardinal en plongeant ses yeux dans sa bible.

Le Culte venait peut-être d'avoir là acquis un premier "allié" de choix. Mais pour le moment, le Cardinal allait suivre les conseils du marine. Il allait se faire un peu plus discret pour le moment, bien que s'il y avait des âmes à secourir, il volerait à leur secours. Pendant que Marie et Élohim discutaient à propos de la discussion précédente, les hommes du Culte s'activaient encore à réparer les bâtiments et aussi à créer des sortes de défenses pour que les villageois puissent protéger leur village. En somme, le Culte offrait là la possibilité au village de devenir indépendant et de vivre en autarcie avec les revenus de la mer et de l'agriculture. Mais à part cela, les marines étaient dorénavant à la poursuite des pirates, ils ne reviendraient pas d'aussitôt.

Au final, le Royaume de Briss était devenu le lieu d'une nouvelle renommée pour l'organisation portant assistance aux autres. Le Culte souhaitait aider les autres, pour cela il fallait qu'on l'appelle, quoi de mieux qu'une bonne réputation ? Quoi que cela pouvait aussi attirer des problèmes...

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