Le voile du mensonge [FB - Phendrana Kane]

Cela faisait déjà des jours que l’alcool remplaçait mon sang, et pourtant, je n’étais en rien alcoolique ni même anonyme. Dans le quartier, on me connaissait comme étant un martyr par le tenancier du bar, mais surtout comme étant celui qui avait pu sympathiser avec tous les villageois. Bien qu’ils étaient tous perplexes en premier temps, il avait fini par ne plus me considérer comme un ennemi même si je m’étais presque présenté comme tel approximativement un an en arrière. Quoi qu’il en soit, je n’étais pas le seul à avoir été perçu comme un homme à abattre par le passé. Même si ces bandits étaient de simples chiens du gouvernement, – pour le coup je ne savais pas si l’on devait toujours les appeler pirates criminels ou brigands mais bon – ils ne m’avaient guère vendu à Kyle étant donné que ce type était sur leur liste noir. Je pouvais comprendre leur rancœur, étant donné que mon vieil ami était venu faire un bordel pour repartir sans rien réparer, tandis que j’étais revenu pour me faire pardonner.

M’enfin, je me devais d’arrêter ce massacre maintenant. Ce n’était pas tant la trahison de mon rival qui m’affectait autant, mais peut-être était-ce la situation qui en découlait. A cause de cet événement, je m’étais mis en tête de chercher de nouveaux compagnons, ce qui s’enduisit d’un total échec. Puis, je commençai à m’attarder dans la taverne en cherchant de potentiels rumeurs qui m’aideraient dans ma quête. Bien évidemment, pour paraître plus crédible aux yeux des autres, ce n’était pas un lait-fraise que je commandais à chaque fin de verre… Choppe de bière, eau-de-vie, tord-boyau, tout y passait jusqu’au final, je m’étais mis à m’attacher à l’alcool. Fortement. Néanmoins, je n’avais pas passé le seuil limite. J’étais encore conscient… Et avant que je ne devienne dépendant, il avait fallu que je m’en détache et ce par tous les moyens. Ainsi, cette fois-ci, je me limitais aux boissons sucrées. Et de toute façon, j’allais sans doute partir vu que je n’avais plus rien à faire ici. Ouaip… Après une petite choppe de 75 centilitres.

Alors que je me faisais plaisir au comptoir, un des habitués qui venaient d’entrer dans la pièce s’exclama de toute part. Un danger était apparu au village, paraît-il. Bien qu’il était du genre paranoïaque, il paraissait bien plus apeuré que c’en était presque convaincant, au point de faire éclater de rire toute la salle, rires qui se turent en entendant les cris d’un individu dehors. Tss, pas moyen de savourer tranquillement sa boisson dans ce hameau pourri…

Me recoiffant légèrement, je vins à sortir pour observer la situation, ce qu’il se passait et tout le bordel. A ma grande, trop grande, surprise, un visage familier se présenta devant moi. Ce n’était pas comme si j’étais particulièrement ravi de la revoir, ni même blasé mais assez choqué tout de même. Que faisait-elle ici ? Avait-elle compris le subterfuge que je lui avais causé quatre années auparavant ? Était-elle donc venu libérer sa haine et sa frustration dans une vengeance ? Ou passait-elle par ici juste par hasard… ? Quoi qu’il en soit, je devais au moins essayer de jouer le jeu.

« Toi… Haha, ravie de te revoir Sergente. »

Eh bien, elle était sacrément remontée la miss. Elle avait dû comprendre que je l’avais embobinée dans le passé pour qu’elle veuille autant me faire la peau. Bon, il était vrai que me moquer d’elle était une mauvaise chose, on ne devait pas être aussi méchant envers les dames. Ceci dit, je ne regrettais pas mon action. Au final, j’avais pu la faire partir et on avait pu vivre en paix une année supplémentaire… Attends. C’est pas elle qui a été au courant de notre secret de bandit quand même, si ? Cela pouvait prendre son sens, Kyle l’avait aussi aperçue lorsque l’on était à la taverne, et il savait d’après mon père que Kane était de la marine. Il aurait très bien pu faire son rapport à elle quand il nous avait trahis… Le con. C’était sans doute grâce à ça qu’elle avait recollé les morceaux du puzzle pour remarquer sa naïveté. Tss, et vu comment elle était forte… Je voulais vraiment pas me battre contre elle. En plus, j’aime pas frapper les femmes, c’est mauvais pour mon image et pour mon petit cœur fragile de gentleman.

Putain de merde, même pas elle me laissait le temps de m’expliquer qu’elle vidait ses chargeurs sur moi. J’espérais pouvoir me faire pardonner d’avoir abusé de sa gentillesse et de son innocence d’antan, mais je n’en avais même pas le temps. Quelle connerie tout ça. J’étais obligé de me battre contre ce monstre ? Je savais même pas quelles étaient ses capacités ! Si je me rappelais bien, elle contrôlait les gens par des moyens obscurs, elle pouvait voler et… Elle tirait vachement bien, j’avais remarqué de nouveau cela. Bon, j’allais essayer de calmer le jeu d’abord, sait-on jamais.

Avant tout, je me devais de faire quelque chose pour ses tirs. Fort heureusement, elle prit un certain temps avant de me viser, sûrement à cause de sa petite parlotte. Grâce à cela, j’avais pu prévoir les projectiles et me cacher derrière un bon tonneau, comme dans les comics de Western. Bon, ça marchait moyen, mais cela m’avait à peu près protéger pour une vague de balles, bien que cela m’avait légèrement écorché l’épaule droite.

« Dis, je m’excuse vraiment pour la dernière fois, je te jure. Mais comprends moi, il fallait bien que je fasse quelque chose pour ma famille… Et puis de toute façon, t’as eu ta revanche hein ! C’est pas comme si la Marine avait pas raidé cet endroit pour m’enlever tous ceux que je connaissais. Les gens d’ici et de maintenant, ils sont tous affiliés au gouvernement ces idiots alors pourquoi tu viens les attaquer comme ça ? Dis moi pas que t’es là pour moi, je vais rougir sinon… »

Bon, j’avais sans doute un peu trop parlé déjà. Je ne pouvais pas rester au même endroit. L’heure de jouer à cache-cache débutait, et je vins me réfugier dans le bar, sous le comptoir. Si les habitants se faisaient descendre, c’était pas mon problème, ils n’avaient qu’à ne pas attirer une furie comme elle dans le coin. Moi, je devais m’en sortir…

« Tu sais j’ai vraiment pas envie de me battre contre toi, je t’aime bien moi… Et puis j’aime pas devoir affronter des demoiselles, surtout des aussi jolies que toi. »

C’était gratuit, et surtout plus fort que moi. Je n’espérais rien de ces mots doux, mais ma bouche m’obligea à lâcher ces phrases de l’espace. C’était pas avec ça que j’allais pouvoir calmer le jeu, mais si jamais cela marchait, c’était tout bon.

En tout cas, j’avais de nouveau révélé ma position en parlant, il fallait que je file autre part. Me faufilant donc dans un passage pour se rendre vers les chambres, je continuais à parler. Je ne m’arrêtais plus, c’était presque hallucinant, mais je voulais réellement ne pas la blesser. Tout ce que j’avais dit était vrai, je l’aimais bien cette lady. Et elle était plus forte que moi, je voulais pas mourir aussi.

« Je suis sincère, tu peux me croire sur parole cette fois. Je ne cherche pas à te berner. »

Et merde… Elle était du genre rancunière et bornée. Tss, moi qui m’étais excusé et tout, tout ce que j’avais d’elle étaient des reproches. Fais un effort quand même Sweety, tu crois qu’un gosse aurait réagi comment en voyant la marine débarquer chez lui et menacer de lui retirer sa famille ? Bon, peut-être pas comme je l’avais fait, certes, ceci dit il ne serait pas resté les bras croisés…

En tout cas, une partie de ses dires attira mon attention. Elle ne faisait plus partie de la marine, ce qui voulait aussi dire que ce n’était sans doute pas elle qui avait massacré mes connaissances et capturer mon père. Ouaip, vu la façon dont elle me répondait, je pouvais en être certain. Toutefois, si elle ne faisait plus partie du gouvernement mondial, pour quelles raisons se trouvait-elle sur cette île perdue ? Oh wait, en fait cela prenait son sens. Si elle appliquait la justice de son plein gré, en agissant de son côté, c’était sûr qu’elle allait revenir par ici, sachant qu’il y avait de nouveaux pirates qui s’étaient bien soumis face à des forces supérieures. Attends, elle me comptait dans le lot aussi ? J’espérais que non, j’avais rien à voir avec ces types moi, j’étais innocent ! Je me soumettais pas à la marine ni rien ni personne moi ! J’étais juste là parce que… Arf… Tout cela me fait encore dire que je devrais vraiment arrêter l’alcool. C’était une chance que je n’étais pas dans un état second à ce moment là, sinon je pouvais déjà dire le carnage que ça aurait été.

Faisons le point. Miss Kane n’était plus affiliée à la marine, et semblait même avoir une dent contre elle. Elle ne m’aimait vraiment pas… Ce qui était triste d’ailleurs. Elle avait envie de me cribler de balles… Ce qui était encore plus triste. Et je ne pouvais pas la calmer avec des mots doux. Super, c’était très très le fun. Si mon fidèle étalon licorne était toujours présent, je me serais jeté sur lui pour fuir cette folle, mais malheureusement il avait fini en lasagne quelques mois plus tôt. Tout portait à croire que je devais vraiment l’affronter dans un endroit pareil. Déjà que j’étais désavantagé en terme de capacité, ce n’était pas non plus le meilleur endroit pour se battre à l’épée. Et dans la précipitation, je m’étais enfermé dans un coin… Pour sortir, je devais absolument faire face à madame la furie. C’était pas gagné. J’étais déjà un peu blessé en ne cherchant pas à l’affronter, si je devais passer par son corps pour espérer revoir la lueur du soleil, bonjour le fleuve du Styx.

Nan, j’allais plutôt continuer de la convaincre d’arrêter tout ce mal. Et puis si jamais ça ne fonctionnait pas, ma voix pourrait lui faire perdre son focus, du moins suffisamment pour que je puisse m’extirper de la zone des chambres. Si je devais combattre, je le ferai… Mais pas ici. J’étais certain d’y passer sinon.

« Haha, c’est vraiment intéressant comme fait ça très chère. Je ne le savais pas… Et étrangement je n’ai pas envie d’expérimenter pour voir si c’est vrai… Tu veux pas plutôt faire un ‘tu me tiens par la barbichette’ ? Je trouve cela… Moins violent… »

Réfléchis Shapow, réfléchis… Oh. Parfait. Cela pouvait me servir.

Utilisant un miroir pour prévoir l’arrivée de l’ancienne sergente, je pouvais ainsi me préparer à la recevoir. Bon, d’un côté, si elle était observatrice, elle pouvait aussi le remarquer et savoir que j’étais dans cette chambre précise près des toilettes.

« Par ailleurs, je ne savais vraiment pas que tu n’étais plus de la marine. Si tu cherches la justice en frappant les pirates qui se sont soumis à elle, tu peux le faire je ne t’arrêterais pas cette fois-ci. Bute les tous jusqu’au dernier si ça te chante… Moi, je reste fidèle à mes idéaux, je ne suis pas affilié à eux. Tu vois, j’étais là juste pour me bourrer la gueule, j’ai plus aucun parent ni ami dans le coin. Tous morts, en prison ou… Circonstance particulière. »

Tss. Elle voulait vraiment pas m’entendre. Bon tant pis. Plan F, pour fuite. Attendant qu’elle se rapproche, je vins sortir assez vite pour la bousculer, espérant la faire tomber pour avoir le temps de sortir des lieux. C’était un pari plus que risqué que je faisais là, si jamais elle avait assez d’équilibre ou qu’elle me tirait dessus depuis le sol en étant allongée, je pouvais être cuit. Cependant, je me devais de tenter le coup pour l’attendre dehors et lui donner ce qu’elle recherchait, un moyen de se venger d’une belle façon, par un match à mort.

M’enfin, à la première occasion, je détalle moi.

Elle était vraiment pas commode elle. C’était si vexant que ça de l’avoir berné une fois ? Je veux dire, certes on pouvait y trouver une certaine honte à s’être fait roulé par un gamin, mais de là à cracher toute sa haine dessus… A croire que j’étais son martyr. Tout ce que j’avais fait, c’était de sauver ma putain de famille, qu’est-ce qu’elle avait à me détester autant sérieux ? Quand je lui affirmais que c’était la vérité, elle ne faisait que démentir ce que je disais. J’suis si malhonnête que ça ? J’suis p’tet un enfoiré, mais quand je dis que je suis franc, je le suis… ‘Fin je crois… Aaarh elle commençait à m’énerver à s’énerver autant là. Elle pouvait pas péter un bon coup et se calmer comme tout le monde ? Bon, c’était contre mes principes, mais j’allais vraiment devoir me battre contre une demoiselle. J’essaierais de ne pas frapper au visage pour éviter les marques… Tss. Je suis vraiment trop gentil.

Étant donné qu’elle détruisait chaque porte une à une, j’en déduisais qu’elle n’avait pas remarqué la glace qui me permettait de voir son avancée. C’était parfait, je pouvais avoir l’avantage de la surprise. Ceci dit, elle avait un otage, un des brigands qui se baladaient gaiement dans le coin en étant complètement bourré. Paix à son âme. Évidemment, il n’était d’aucune importance à mes yeux. Je ne le connaissais même pas, ou alors très peu. Tous les êtres qui m’étaient chers étaient disparus… Du moins, si on pouvait dire que quelqu’un m’était précieux. En dehors de Kyle, Uni et mon paternel… Mhm… Non, il n’y avait bien qu’eux. Mes amis étaient devenus mes ennemis et mon père pourrissait en prison. C’était la joie dans le coin.

Bon, si elle ne voulait pas m’écouter, tant pis pour elle. On allait pas être ami ensemble. Si elle ne voulait pas discuter, je n’avais plus qu’une solution : l’usage de la force. Je n’allais pas la forcer à comprendre ou je ne sais quoi, mais plutôt forcer un passage vers la liberté, la bonne fuite. Pour le coup, j’étais conscient d’être plus faible qu’elle, malgré mon entraînement intensif de trois ans. Toutefois, au vu des capacités qu’elle avait pu démontré par le passé, et avec le temps elle s’était sans doute améliorée elle aussi, je ne pouvais pas la vaincre en combat singulier si je ne jouais pas fin stratège. Et le pire dans tout ça, c’était que malgré les insultes, je refusais de blesser mortellement la belle. Au fond, c’était une fille bien. Elle avait juste des méthodes un peu brutal. J’étais peut-être un enfoiré, mais tuer une demoiselle était bien l’unique chose que je ne voulais pas faire et que j’évitais par tous les moyens. Tss. Et dire que c’est à cause d’Uni que je suis comme ça.

Elle voulait que je sorte de là ? Très bien. J’étais certain qu’elle allait se mettre à tirer dès qu’elle me verrait. Ainsi, je devais me préparer au mieux pour éviter les passages les plus dangereux. Je n’avais même pas à la bousculer ou à la faucher étant donné qu’elle s’était elle-même donné un poids mort en prenant un type lambda pour otage. C’était tout bon pour moi, ça me facilitait la course jusqu’au dehors.

J’attendis le moment opportun pour sortir de ma cachette. Dès que ses yeux étaient fixés approximativement sur un point à l’opposé de là où je me situais, je vins à détaler au plus vite, courant en essayant de prendre le moins de hauteur possible pour éviter les éventuels tirs de réaction qui viseraient automatiquement le haut du corps. Je n’avais pas grand-chose d’autre à faire que d’user ma toute vitesse et me concentrer uniquement sur la sortie, même si je me prenais une balle.

Chose dite, chose faite. J’avais réussi à sortir, mais ce n’était pas pour autant que j’allais fuir sans combattre. Je pouvais le faire… J’aurais sans doute dû le faire, mais en tant qu’homme, je devais prendre mes responsabilités. Bien que mon bras gauche fut touché, je pouvais toujours user de mon sabre et danser en combat. Je n’étais privé que de quelques mouvements qui réduisaient le nombre de techniques que je pouvais utiliser, mais ce n’était pas si grave. Je ne comptais pas la battre, je voulais juste qu’elle comprenne que je ne mentais pas. Père m’avait dit un jour que les mots et les sentiments pouvaient être retranscrit à son adversaire lors d’une bataille… Bien que je n’avais que très peu d’espoir que cela fonctionne, j’allais tout de même tenter le coup, optimiste que j’étais.

Attendant donc la miss dehors, sabre en main, je lui fis un beau sourire comme j’avais l’habitude de faire, me préparant au pire.

« Je relève votre défi, Milady Kane. », dis-je en pointant la lame de mon épée vers elle.

Si j’étais prêt ? N’avait-elle toujours pas remarqué que je ne voulais pas la frapper ? C’était bien triste cette histoire. Mais bon, l’ignorance était un vilain défaut qui menait à des fins tragiques. Elle était aveuglée par sa propre idée, et semblait l’être encore plus que la dernière fois que je l’avais vue. M’enfin, les fortes têtes étaient toujours les mêmes.

Je n’arrivais pas à voir les raisons pour lesquelles elle me détestait en vrai. Dès notre première rencontre, j’avais été sympa avec elle, même si c’était en jouant un rôle. J’étais même resté aimable avec elle en gardant ma véritable nature et en lui en faisant part. Si elle prenait aussi mal une petite blague de ce genre, je n’imaginais même pas ce que cela pourrait être de devenir son ami et de voyager avec elle. Cela devait être bien désolant de naviguer à ses côtés. Ouaip, j’étais un peu triste pour la miss.

Profiter de mon statut et de mon organisation ? De quoi parlait-elle ? A l’époque, je n’étais qu’un simple enfant et non pas le chef de bande… Tandis qu’à ces jours, je n’étais qu’un simple passant. Et je lui répétais sans cesse… Alors qu’avait-elle mal compris ? Pour qui me prenait-elle ? Je ne m’étais jamais présenté comme étant quelqu’un d’important. Je ne m’étais jamais senti comme une personne ayant assez d’expérience pour prétendre à quoi que ce soit. Je n’avais pas pu sauver mon village. Je n’arrivais pas à la cheville de Kyle qui avait bien mieux progressé que moi… Je l’avais battu uniquement par chance. Tout ce que j’avais vécu, je n’en étais pas si fier.

« Que je suis prêt, ou non, là n’est pas la question. Vous ne me croyez sans doute pas, mais je déteste frapper les demoiselles que j’aime. Toutefois, que vous soyez poussière ou diamant, je ne reculerai point. Si je dois cracher du sang ou même subir les maux de l’enfer pour arriver à mes fins, j’avancerai tout de même. Si je suis prêt ? Je m’en fous. Je fais, parce que je veux. »

Si mon sourire faiblit le temps de mon discours, il revint peu à peu suite à cela. Je ne comptais pas vraiment gagner contre elle, certes, mais je ne comptais pas perdre. Je n’allais pas perdre. Le bon point du déroulement était que la lady n’allait pas utiliser ses pistolets pour attaquer. Le mauvais point était qu’elle allait user de son étrange magie tirée du fruit qu’elle avait mangé. De plus, je n’avais toujours pas découvert le mystère derrière ses capacités, ce qui ne me donnait pas l’avantage. En revanche, depuis la dernière fois, j’étais bien meilleur bretteur. J’avais même réussi à adopter un style particulier qu’elle ne connaissait sûrement pas. Je pouvais jouer sur la surprise une nouvelle fois pour l’avoir. Yuhao Shaporo… En garde.

Dès lors que Kane entama son étrange mouvement qui induisait ma perception en erreur, je vins à reculer instinctivement de plusieurs sauts en arrière, préférant jouer la prudence. Je fus amusé de voir qu’elle possédait une technique pareille, étant donné que moi aussi j’en avais une de ce genre. Rien que pour ça, je vins à prendre la posture qui me permettait de donner approximativement la même illusion. Restant toujours en mouvement pour garder l’impression des plusieurs bras, j’effectuais quelques pas qui constituaient une certaine danse ou du moins qui donner ressemblance à une danse quasiment hypnotique.

Bien que je redoutais les effets des attaques invisibles de la miss, je ne pouvais pas rester tranquille et rester passif. Si j’avais utilisé ma technique, ce n’était pas pour me défendre. Ainsi, tout en gardant mon balancement étrange, je m’approchais au plus vite de l’ex-marine, commençant par vouloir détruire le rythme de mon adversaire avec une coupe verticale ascendante. Après tout, je ne voulais pas me faire contrôler, comme ce pauvre type qui avait dû se achever ses amis lorsque l’on avait pu travailler ensemble. Je ne savais pas comment elle procédait, mais je ne lui laissais pas l’occasion de le faire. Ses mouvements bizarres étaient sûrement la source de ses actions.

Ma danse du combat n’était pas encore tout à fait au point lorsque je la combinais avec mon second style rythmique. En effet, les pas de valses étant assez régulier, il m’était difficile de briser la régularité de mes mouvements. Certains de ceux-ci se répétaient, offrant donc une possibilité de comprendre globalement mon balancement afin d’en déduire ma prochaine avancée. Un jour, il faudrait que je perfectionne cette posture illusoire pour procurer cette impression non pas uniquement sur mon bras, mais aussi sur tout mon corps… En attendant, ce n’était pas parfait, mais assez bon pour que je puisse m’en servir en combat sans crainte.

En tout cas, mon attaque n’avait pas fonctionné. La miss avait pu la prédire, ou avait tout simplement eu le réflexe d’esquiver par le bas. Le bas ? J’avais un mauvais pressentiment tout à coup. Si elle s’était baissée de la sorte, c’était sans aucun doute pour répliquer par un coup en dessous de la ceinture. J’avais une petite idée de ce qu’elle pourrait tenter de faire. Avec cet assaut, elle devait sans doute vouloir me mettre à terre pour y gagner l’avantage. Si je tombais à la renverse, mon jeu de jambe ne me servirait à rien.

Sachant cela, je trouvais rapidement un moyen de contrer sa riposte. Au vu de ma position, il me serait difficile de faire marche arrière en sautillant. Ainsi, je préférais user de l’inertie de mon attaque verticale pour pouvoir faire un flip arrière en utilisant ma main libre. De cette manière, je pouvais éviter les coups bas en ayant le bon timing grâce au saut. Ceci dit, bien que je n’étais pas tombé grâce à mon acrobatie, j’avais quand même pris des coups. Si je m’attendais plus à recevoir quelques dégâts au niveau de mon bras, je fus plutôt touché à mon épaule ainsi que sur le haut du dos, étrangement. Cela devait être ses fameuses attaques invisibles, et vu comment je fus blessé j’aurais dit qu’elle possédait une arme flexible. Déjà que les armes de ce genre ne m’étaient pas favorables, si en plus c’était invisible… Comment pouvais-je gagner face à elle ?

Tss. Ne panique pas. Garde ton sourire comme tu sais le faire et rassemble les informations. Arme flexible, contrôle corporel, capacité de vol ou du moins de planage… Une marionnettiste ? En tout cas, elle devait faire quelque chose avec son truc que je ne pouvais pas voir. Si jamais cela provenait de son corps, ou au minimum qu’elle doit le tenir, il y avait moyen pour que je m’en sorte. Dans le cas contraire, je serais obligé d’appliquer ma technique ancestrale, créée uniquement pour les situations les plus difficiles.

Ayant pris un peu de distance au préalable pour faire le point, je réfléchissais rapidement à ma prochaine action. D’après mon expérience, rester trop longtemps sans rien faire était mauvais. Je devais agir, et vite. Il me fallait quelque chose pour la surprendre… Je pouvais très bien me débarrasser de mon arme en lui balançant dessus pour me créer une occasion, mais mon bras gauche était en trop mauvaise état après mon dernier geste. Déjà qu’il était blessé, avoir mis autant de pression n’avait fait qu’empiré son état. A l’heure actuelle je pouvais sans doute en tirer la moitié de sa force originelle. Mon style de combat ne me mettait pas à mon avantage… Pas le choix, je devais faire autrement.

Une combinaison d’une technique Kirin, ainsi qu’une Suzaku tout en switchant sur un rythme différant, n’usant que très peu voire pas du tout de ma danse initiale, optant plutôt sur de la force brute et la vitesse. Si la technique n’était pas assez pour la surprendre et l’avoir, je devais faire autrement. Alterner entre mes deux rythmes… C’était ça le vrai secret derrière ma danse spéciale.

Ma technique Danse Illusoire n’ayant pas encore été brisé, j’en profitais pour ajouter de la difficulté à déterminer ma prochaine attaque : Suzaku, Envol. Réduisant la distance entre moi et l’ex-marine, je vins à adopter ma position très basse pour rapidement attraper le manche de mon sabre à deux mains tout juste avant d’attaquer, ne prenant attention qu’à l’endroit que je visais.

J’y croyais pas… Ma danse était-elle aussi prédictible ? Malgré le changement drastique de rythme, la miss avait pu anticiper le départ de mon attaque pour venir la parer à l’aide de son flingue. Heureusement, la totalité des dégâts n’avaient pas pu être absorbé par l’arme de Kane, la pointe de ma lame ayant pu la blesser en s’enfonçant dans le haut de son bras. Tss, je ne comptais pas faire un truc pareil, mais si cela pouvait limiter ses actions, cela m’allait aussi… J’espérais juste qu’elle n’allait pas trop m’en vouloir pour m’être montré aussi à fond dans le combat. Au final, je ne pouvais pas retenir mes coups, ou je risquais d’y passer. Au cœur du duel, la demoiselle trouva le temps de placer quelques mots. Habituellement, je n’allais pas mentir, j’étais une vraie pipelette. Ceci dit, une fois que j’étais pris dans une bataille, je ne parlais quasiment pas, ne laissant que mon sourire s’exprimer pour moi. Toutefois, il y avait des occasions que je ne pouvais pas laisser filer.

« Avez-vous vraiment le temps de parler Milady ? »

Oui, clairement, c’était sérieux. D’un côté je me foutais complètement d’elle en reprenant son attitude, d’un autre la question était réelle. Lorsque j’étais concentré, je n’arrivais pas réellement à discuter, ou alors c’était que je ne prenais rien de tout cela au sérieux. Cela me changeait de mon tempérament bavard, on avait là des réponses courtes et concises et non pas tout un speech. En tout cas, par rapport au combat, je n’avais eu le temps d’enchaîner. Voilà, j’avais dit quelques mots et je m’étais laissé distraire. Mais bon, je ne regrettais pas d’avoir pu me moquer d’elle de la sorte.

Donc, voulant attaquer de nouveau, je remarquai une vive douleur au niveau de mon poignet droit, puis à son miroir. La sensation était désagréable, comme je pouvais en perdre mes mains à cause de faux mouvements. D’ailleurs, cette chose étrange qui s’était enroulée autour avait réussi à m’arracher assez de chair pour que j’en vienne à saigner. Bon, en toute franchise, je l’avais cherché un peu, ayant forcé pour me défaire des liens. Ouaip, j’avais à peu près compris que son fruit du démon lui avait conféré la capacité de manier des fils invisibles. M’étant débarrassé de cette gêne, je cherchai à atteindre le plus rapidement la miss et éviter d’avoir trop de distance avec elle. Avec notre dernier échange, j’avais pu comprendre que j’étais bien plus avantagé si j’étais au corps à corps avec elle… Ou du moins j’espérais que ce soit le cas.

Alors que j’arrivais près d’elle en utilisant mes gracieux mouvements, ma jambe gauche me fit souffrir tout à coup. C’était comme si l’on m’avait tiré une balle… Tss ! La souffrance peut être une source de plaisir… Pas vrai ? Alors, t’en fais pas pour ça. N’oublie pas… Si la technique ne marche pas… Arrête et sois bien plus brutal ! Pour chaque coup reçu, je renvoie au décuple !

Abandonnant ma valse guerrière, je forçais sur mon prochain pas, essayant de ne pas prendre en compte pour faire une énorme attaque verticale, agrippant bien comme il faut la manche de mon arme avec mes deux mains malgré le sang qui rendait ma grippe bien plus difficile. D’un large et ample mouvement, je vins frapper la lady comme si j’utilisais une masse. Ne m’arrêtant pas là, je vins à faire un acte audacieux, et aussi dangereux. Lançant donc mon épée tel un javelot vers l’ex-marine, après un coup de poing à l’endroit de ma blessure, – vaincre la douleur par la douleur – je me dirigeai de nouveau vers elle, effectuant au plus vite une forte frappe de mon poing droit. Tapant au sol tel un sumo avec mon pied droit, je fis mon attaque de mon style Kung-Fu avec un coup de poing revers.

J’avais trop forcé. Vraiment, j’avais trop forcé. Je sentais à peine ma jambe. Vraisemblablement, je ne pouvais plus m’appuyer dessus, ou alors une toute dernière fois pour un tout dernier gros effort. Suite à cela, je pourrais à peine la bouger, comme si je traînais un boulet naturel sur moi. Avant que cela n’arrive, je devais mettre un terme au combat… Ou alors, je devais fuir. Même si j’avais bien amoché la demoiselle après ma combinaison d’attaques, ce n’était pas suffisant pour la mettre hors d’état de nuire. Elle était blessée, certes, mais sortait avec un meilleur bilan que moi sur cet échange.

Tout était contre moi. Je n’avais plus autant de mobilité. Je ne possédais plus mon arme étant donné que la miss avait prit soin de me séparer de ma fidèle lame. Pour couronner le tout, mon bras gauche était aussi mal en point. Je ne pouvais donc pas continuer plus longtemps. Ma danse du sabre avait été brisé. Tss. Était-ce là toute l’étendue de mes capacités ? Kyle m’assurait que j’étais un génie, et que c’est seulement ma peur de périr qui me perdait. C’est un putain de menteur… Même si je me mettais à fond dans un match à mort, je n’en ressortais pas vainqueur. J’avais tout donné… Pas vrai ? J’étais obligé de le faire au final hein… Il fallait que je sorte ma technique ultime et ancestrale apprise de mon paternel. Yosh. Je pouvais le faire.

Dès lors que Kane, depuis sa position de survol, agita sa main, je lui tournais le dos au plus vite pour décamper à toute vitesse. « Quand tu vois que tu ne peux gagner un combat, fuis. » Je ne faisais que mettre en application les principes de mon père. Ainsi, j’étais toujours vivant, et libre. Je n’avais pas été pris par la vague de marine qui était venue pour mon village, et je n’allais pas non plus me faire tuer par cette folle.

Je détallais le plus rapidement possible, laissant mon adversaire dans son coin, espérant pouvoir la distancer de manière assez significative pour qu’elle ne poursuive pas le combat au mieux, ou au moins qu’elle commette l’erreur de me suivre. Bien entendu, je n’avais pas oublié qu’elle pouvait me frapper à distance à l’aide de son étrange pouvoir, mais j’avais espoir qu’elle n’était pas assez à portée pour pouvoir m’infliger le moindre dommage. Quelques longues secondes plus tard, je me retournai brièvement afin d’avoir une vue rapide de la situation, et surtout de comment réagissait la miss.

« Moi aussi, je sais me battre jusqu’à la fin, Kyle. »

Ainsi, j’utilisais mes dernières forces pour effectuer un nouveau rush vers l’ex-sergente. Bien qu’elle avait sans doute pu remarquer mon retour, je misais tout sur ma dernière attaque. Oui, je pouvais le faire. Mon style n’était pas uniquement utilisable qu’au sabre. Il mélangeait aussi beaucoup les coups au corps à corps. De ce fait, bravant tous les dangers, je vins faire un ultime affront avec la lady. Me surpassant totalement, je vins à sauter en faisant une rotation complète, utilisant donc la seule technique que je connaissais qui ne nécessitait que mon corps. Mettant toute mon énergie dans ce coup de poing droit, je poussais un hurlement alors que ma main se dirigeait vers le bide de ma cible.

« RAAAAAAAAAAAAAAAAH !!! »

Toute mon énergie… Ça aurait été cool qu’il m’en reste assez pour que cela ait un puissant impact. Le heurt n’avait pas dû la faire perdre conscience comme je le souhaitais à la base, mais j’espérais que cela eut un quelconque effet, auquel cas je me sentirais bien mal, sur tous les plans. Tombant donc au sol sans pouvoir me réceptionner, la miss me suivit juste après, m’écrasant de tout son poids. Je n’insinuais pas qu’elle était grosse, mais avec la force de l’inertie, ainsi que mes blessures, j’avais pu ressentir sa chute, et pas qu’un peu. Le pire dans tout ça, c’était que je ne pouvais plus bouger, arrivant à peine à prononcer quelques mots. J’en pouvais plus de ces conneries. J’avais même du mal à me plaindre du poids de la miss, n’ayant plus aucune force. J’étais véritablement au bord de l’inconscience.

Une clope ? Tu peux pas juste bouger ou me tuer ? Tu restes chiante jusqu’au bout comme meuf.

Refusant donc d’un signe de tête quasiment nonchalant, je pus finalement me mettre sur le dos, une fois que l’ex-marine s’assit à côté. Apparemment, elle ne comptait pas en finir avec ma vie. Pour quelle raison elle était là au final, si ce n’était pour me faire la peau ? Je n’arrivais vraiment pas à comprendre les demoiselles… Que ce soit Uni, ou elle… Franchement, vous pouvez pas être moins mystérieuses ?

« C’est évident que c’est moi qui aie gagné, Milady. », dis-je difficilement depuis ma position en étoile de mer.

Après tout ce que j’avais fait, je ne pouvais que me voiler la face. Je n’avais pas perdu, j’avais gagné. Si je m’étais battu sérieusement dès le début, j’aurais gagné, alors j’avais gagné.

Rampant lentement afin de pouvoir récupérer mon sabre, je vins le saisir de la main, tentant de le ranger dans son beau fourreau, sans succès. Je n’arrivais même pas à soulever mon arme, ainsi, je vins faire genre que je ne souhaitais que la tenir, optant pour une impression poétique du bretteur et de l’épée, où celle-ci équivalait à l’âme de son porteur.

« En plus, je ne voulais vraiment pas vous blesser… Mes excuses pour cela. Et puis avant tout cela, quelle est donc la raison pour m’avoir agressé de la sorte ? Je ne mentais vraiment pas quand j’affirmais que je vous aimais bien. Maintenant, mon jugement n’est peut-être plus tout à fait le même… »

Si je pouvais très bien adopter un plus franc parlé avec cette lady, je n’arrivais pas à sortir de mon noble personnage à cause de la douleur. Ouaip, j’étais coincé dans mon rôle, mais uniquement pour ma manière de communiquer.

Son attaque surprise, bien qu’amical, me fit échapper un léger gémissement de douleur qui s’accompagnait aussi d’un rictus. Elle y tenait tant que ça à sa victoire ? Pourtant, elle était autant mal en point que moi. M’enfin, peut-être pas étant donné que je n’arrivais même pas à me relever correctement. Toutefois, je n’allais pas me laisser faire comme ça. Afin de répliquer à son coup, j’en fis un en visant son épaule non blessée, avec une très lente vitesse qui en laissait déduire la force émise de cette riposte.

« Bien entendu que j’ai gagné. »

En toute franchise, avoir gagné ou pas m’intéressait moyennement tant que je restais en vie. Si j’avais une occasion de l’embêter un peu, je n’allais pas laisser filer cette chance. Ceci dit, je vins alors à écouter ses explications. Alors c’était bien une histoire de rancune personnelle qui avait vraiment duré. Elle n’avait pas l’air d’avoir oublié cette histoire de quand j’étais encore jeune et ignorant. Pourtant, cette fois-ci, l’ignorant n’était pas moi, mais elle. La miss ne semblait avoir aucune idée de ce qu’il s’était passé après son départ. Elle avait dû quitter la marine peu après. C’est dommage, je lui aurai bien demandé des nouvelles à propos de mon cher ami…

« Vous savez… Ma peine, je l’ai déjà mangée. Je ne sais point si vous m’avez écouté avant que vous ne vous mettiez à me chasser tel un gibier, mais j’ai déjà été puni, en quelque sorte. Jugé par son meilleur ami, ainsi que la personne pour qui son cœur battait… A cause de ses deux personnes, j’ai perdu tous ceux que je connaissais. J’en ai perdu cette ‘bande’ dont tu parles. Je n’ai même plus d’endroit où retourner. A la trahison de ces deux-là, j’ai déjà tout perdu… M’enfin, cela ne m’avait pas fait trop mal. J’ai tout perdu, mais j’ai aussi tiré quelque chose de ceci. En quelque sorte, j’avais trouvé une étoile vers laquelle me tourner. »

En effet, j’avais désormais un but auquel m’accrocher, mais pour se faire j’avais dû sacrifier mon passé. Après tout, le passé était le passé. La trahison de Kyle et d’Uni, c’était le passé… Ça ne fait pas mal. Ça ne fait pas mal. Ça ne me fait pas mal…

Maintenant que j’y pense, je ne savais même pas pourquoi je lui avais dit tout cela à cette lady. Sur le coup de la fatigue et de la douleur, je n’avais sans doute pas pensé aux mots que j’employais ni même aux messages que j’envoyais. Mais bon, il était trop tard pour rectifier le tir. Je ne pouvais que rebondir sur sa seconde tirade, espérant qu’elle ne prit pas trop en compte mon histoire.

« Alors, en réponse à un adolescent voulant protéger sa famille, vous venez le retrouver pour lui passer un savon ? Quel monde brutal… En quoi cela vous diffère-t-il des pirates ? En quoi êtes-vous meilleur que les brigands que l’on était, cherchant à s’intégrer dans la société, mais rejeté de tous ? Pour survivre, on a dû employer des moyens que la société ne peut contrôler. Tout ceci était pour nourrir les enfants des rejetés, afin d’appliquer une justice correcte. »

Je vins alors à soupirer, puis à murmurer.

« M’enfin, je ne dis pas que certains n’ont guère joui d’être passés du côté obscur et en ont profité pour s’enfoncer dans les abysses de la cruauté. »

Encore une fois, je m’étais montré plus franc qu’il ne le fallait. Je devais vraiment faire quelque chose pour mieux me contrôler en compagnie de demoiselle qui se montrait un minimum sympa, surtout si j’étais exténué.

« Ceci dit, c’est la dernière chance pour vous de m’abattre. Contrairement à ce que vous dites, je suis sûr que l’on se rencontrera de nouveau, Milady. Et si ce jour viendra, et qu’un nouveau grief naîtra entre nous deux, que votre justice doit de nouveau s’abattre sur moi… Ce jour-là, je ne perdrai pas. », dis-je en cachant le haut de mon visage de mon bras gauche afin de dissimuler mes émotions qui commençaient à s’échapper.

Repenser aux passés comme si je les revivais… Ça… Ne faisait pas mal…