Mésaventures [PV Ryuma]

Yare yare... Voilà plusieurs jours que j'avais pris la mer. Et pour sûr, le voyage avait été long. Dès que l'île fut en vue, je m'étais hâté à la proue, m'y tenais fièrement debout les cheveux dans le vent et les yeux emplis d'étoiles. Dès que l'embarcation fut à quai, je sautai par-dessus bord sur un ponton, puis déambula à travers cette ville inconnue : Loguetown.

Du moins ça, c'est tout se dont j'me souviens. Actuellement, j'suis allongé par terre dans ce qui s'apparente à une chambre d'auberge. J'viens de me réveiller : mon pantalon est débraillé, des mouchoirs en tissu sont en boules à côté de moi ainsi qu'un avis de recherche de Queen Ratyfa... Sûrement ai-je dû me mettre une cuite monumentale sur cette île. Mais quelque chose clochait dans c't'affaire... Je me lève lentement, la tête plus ou moins dans le cul, et cherche un miroir. J'me recoiffe en despi, j'essuie le maquillage qui a légèrement coulé pendant la nuit et puis, j'ai la flemme de me refaire une beauté. J'ai quand même envie de prendre l'air...

Sitôt rhabillé, sitôt sorti. Les rues semblent étonnamment vides, pour un soir qui s'annonçait agité. J'me roule une clope sans me soucier des passants, mais j'en entends qui attirent mon attention malgré tout :

- T'as vu c'qui s'passe au casino ?
- Non ?
- Tous les invités ont disparu ! Les quelques gardes situés à l'extérieur n'ont rien vu venir, et grâce à eux, la nouvelle s'est dispersée dans toute l'île, on les cherche tous !
- Putain ?! J'ai bien fait de pas y aller !

Le casino qu'y disent ? Y'en aurait deux ici ? M'étonnerait... Mais l'ouverture était censée être demain ! Comment cela se fait-il ? Soudain, un flash me revient. J'ouvre mon sac et commence à fouiller : plus d'invitation. Quoi ? Mais quand-est ce qu'elle a bien pu disparaître ? Attends, j'crois que j'ai des souvenirs qui reviennent...

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Loguetown, la veille.

J'me vois déambulant dans les quartiers sales d'la ville. Je ne sais pas si ce sont les rues qui sont foutues en zigzague ou si c'est moi qui aie la vue qui décapote. Quoi qu'il en soit, j'suis avec une nana des plus canons sous l'coude, une femme qui ressemble étonnamment à Queen Ratyfa sans les poils aux jambes... Presque parfaite, donc. Après avoir passé la soirée dans un bar Okama, déçu de l'ambiance, j'avais tenté ma chance dans une auberge des plus classiques,
espérant que la fête y soit folle et les fêtards fofolles. Malheureusement, la féminité masculine n'était pas vu d'un très bon oeil partout et ça avait vite fini en baston. Pour mon plus grand bonheur, l'un des couillons que j'ai défoncé était accompagné d'une charmante jeune femme qui ne semblait pas aimer les loosers et qui, aussi surprenant que cela puisse paraître, avait l'air de s'éprendre de mon apparence atypique. En chemin en direction de mon auberge où j'avais pris une chambre un peu avant de sortir, je pensais à la nuit que j'allais passer. C'qu'elle allait prendre ! Enfin, c'était ce que je me disais, mais petit à petit ma vue commença à se troubler, et puis, dès que j'arrivai dans la piaule que j'avais réservée, je m'écroulai sans force. À mon réveil, la miss avait disparu, et le produit qu'elle m'avait administré de je ne sais quelle manière pour m'endormir m'avait mis dans les vapes durant une journée complète.

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La salope ! C'était donc elle qui avait mon invitation. Et puisque j'ai pioncé jusqu'à l'ouverture du casino, c'est-à-dire plus de 24h, j'ai manqué les festivités. Fais chier ! Me reste plus qu'à profiter du séjour. Pis faut voir le bon côté des choses, j'avais voyagé gratuitement jusqu'ici ! Peut-être ne suis-je tout simplement pas destiné à disparaître dans un casino. D'ailleurs, cette histoire m'intrigue. Faut que j'aille voir c'qui s'passe là-bas.

Loin d'y aller à fond, je charge celui qui a l'air d'être le moins idiot des deux frères poing armé, prêt à lui en décoller une. Je sens venir le plus gros dans mon dos, mais techniquement je devrais avoir le temps de patater le premier et d'esquiver le second d'une quelconque manière. Mon adversaire a néanmoins la lucidité nécessaire pour parer mon coup en plaçant ses bras en guise de garde, et y résiste plutôt bien grâce à la différence de poids. Il est en effet bien plus lourd que moi ! Tiens, le voilà qui profite de ce contact pour m'attraper au bras afin de me maintenir proche de lui, alors que j'avais l'intention de me décaler pour éviter l'arriver du second... Bien pensé, j'dois l'admettre. Mais si je ne peux m'éloigner de lui...

Hop ! En un instant, je me suis plaqué contre lui et me suis jeté de manière à le renverser avec moi. Mon impulsion se voulait assez puissante pour que nous pivotions sur nous-mêmes, me permettant de me servir de mon adversaire comme d'un bouclier humain. Et ça, j'peux t'dire que ça aurait été un joli coup de maître si ce type louche avec sa gueule de vieux loup de mer n'était pas venu mettre son grain de sel. Et quel grain de sel putain ! D'une violence inouïe, il renversa le second pirate qui fut réceptionné par un mur de briques un peu plus loin dans un fracas assourdissant. De mon côté, je suis au sol avec mon agresseur. Après quelques roulades sur le côté, je me réceptionne, et je m'approche de lui encore à terre d'un pas décidé, le regard sombre. En se redressant, il ne semble pas se préoccuper de moi, trop inquiet pour son frère.

- Mais t'es qui toi ?! Et pour qui tu t'prends enfoiré ?! Tu vas regretter de t'être mêlé de ce qui ne te regarde pas ! Gehehe !

Il n'aurait pas dû me quitter des yeux. Il se tourne vers moi au dernier moment, surpris, mais c'est trop tard. Après avoir bien armé mon bras en arrière, je lui expédie un violent uppercut en pleine mâchoire, alors qu'il était encore à genoux. Je termine le poing brandi en l'air et le coup l'envoie valdinguer jusqu'à son frangin, qui semble quelque peu amoché lui aussi. Tiens, mon sauveur daigne enfin prendre la parole.

- Si je prends celui-ci, ça ira ?

Qu'est-ce qu'y veut, ç'ui-là ? C'est mon combat non mais ! Bas les pattes ! C'est dingue ça de nos jours, on peut pas se bugner tranquillement sans que quelqu'un débarque pour taper l'incruste. Ou alors, il pense que j'ai besoin d'aide ? Mouhaha ! La bonne blague ! Sautillant sur place en secouant les mains pour faire le mec qui s'échauffe, je me tourne vers lui en le regardant avec un air insolent.

- Hep hep hep ! Pas touche, c'est mes proies, bordel !

Il croit quand même pas qu'il va me piquer mes amuse-gueules ! Bah ouais, avant le resto, fallait bien une mise-en-bouche. De leur côté, les deux loubards qui avaient mal choisi leur victime du jour reprennent leurs esprits et ne vont certainement pas tarder à revenir à la charge. Grmmmblblb. Mon ventre gargouille. Punaise, j'commence à avoir sacrément les crocs... Finalement, si ce couillon veut bien m'donner un coup d'main, y'a moyen que d'passer à table plus tôt. J'vais même négocier un petit bonus...

- Bon, j'te fais une offre en or : si tu m'offres le resto, j'te laisse croquer dans l'un de mes deux poulains. Mais si t'essaies de m'baiser j'te botte le cul !

Et comme on dit, ça passe ou ça casse.

Et bah dis donc, il fait la gueule d'un coup celui-là ! Y'a à peine deux secondes, il faisait le sauveur à la rescousse de la demoiselle en détresse, et le voilà maintenant qui tire une tronche des plus morbides. Je ne sais pas ce qui l'a mis dans un tel état, sûrement est-il déçu d'apercevoir que je ne suis pas du sexe opposé. Okama way, baby ! Du coin de l'oeil, je surveille les deux zigotos qui malgré les ressources qu'ils avaient pu montrer jusque là, n'allaient pas durer bien longtemps. D'ailleurs, le premier vient charger Ryuma qui se prend une patate monstrueuse en pleine poire. Pas le temps de m'inquiéter pour lui que le second m'assaille à son tour. Il me charge et tente de me plaquer au sol en me sautant dessus à bras ouverts, dans l'optique de me renverser. Pas de bol pour lui, je suis du genre agile et surtout, très rapide. Par réflexe, je bondis au-dessus de lui juste à temps pour échapper à son étreinte. En l'air, je me retrouve la tête en bas, les pieds orientés vers le ciel et j'attrape son épaule en agrippant ses vêtements. Cela freine mon ascension, et me permet de me réceptionner dans son dos en coupant son élan au passage. Je le soulève ensuite par la chemise en le faisant à son tour passer au-dessus de moi, avant de l'envoyer s'écraser contre un mur situé à l'opposé. Après l'impact, il est toujours debout, mais glisse le dos appuyé contre la paroi, tombant lentement. En guise de coup de grâce, je m'élance droit sur lui en me mettant de profil. L'épaule gauche en avant, j'arme mes deux bras en les étirant sur ma droite. Dès que mon ennemi se trouve à portée, je lui administre un violent coup de coude en plein ventre, mon poing gauche enfoncé dans la main droite qui vient appuyer le coup afin d'augmenter sa puissance. L'élan que j'ai pris termine le boulot en rendant mon coup beaucoup plus dévastateur.

Une onde de choc semble se propager à travers le mur contre lequel il est affalé, créant un petit cratère, et son corps s'écrase au sol. Je prends une grande inspiration par le nez et souffle bruyamment, lâchant un petit pfiou au passage en me frottant les mains comme si je les avais empoussiérées. Je me retourne fièrement vers mon coéquipier surprise. Étrangement, son attitude sombre ne semble pas avoir cédé sa place à celle du preux chevalier à laquelle j'avais eu droit un peu plus tôt. J'arque un sourcil d'appréhension :c 'est quoi son problème ? Oh et puis, on a explosé la gueule de ces idiots, ça m'a à peine calé une dent ! Et si on allait au restaurant ? Il m'doit un repas après tout.

- Bon, on va manger ? J'ai trouvé une enseigne où le poisson est frais. C'est rare dans c'putain d'bled ! Ouuuh !

J'suis enjoué comme ça là, mais en vrai, son regard sanguinaire et l'allure étrange avec laquelle il marche dans ma direction ne me dit rien qui vaille... Il veut me violer ? La bonne blague ! Personne touche à mon cul, sauf peut-être Queen Ratyfa. Aaaah, Queen Ratyfa... Bref..! Là, ça commence à devenir gênant. Il continue d'approcher. STOP ! En plus, il est tout moche. J'peux pas être vu en public en compagnie de cette... chose. La honte ! Gauche, droite, je scrute les environs pour trouver une échappatoire. Un mec de ce gabarit n'a aucune chance de me poursuivre. Et puis ce ne sont pas les issues de secours qui manquent. Pour être franc, j'ai l'embarras du choix et largement de quoi filer. Mais je ne sais pas pourquoi, mon corps refuse de bouger. Je sens une étrange excitation qui me fait trembler. Est-ce de la peur ? Non, c'est bien trop agréable. Ce n'est pas non plus mon plug anal, ça n'existe pas encore à mon époque. Enfin... La seule raison pour laquelle je ne peux pas fuir, c'est simplement parce que j'ai profondément envie de l'affronter.

- Brrrr ! Okay, j'ai compris... Allez viens, j'suis consentant.

Voilà bien ma veine : encore un toqué ! J'propose un restaurant à un chic type qui me donne un coup de main et il faut qu'il cache une seconde personnalité obscure d'la night. Y'a vraiment qu'à moi que ça arrive ce genre de conneries ! Sur l'cul, j'fais mine de rien. Il semble se parler à lui-même, la tête entre les mains. J'crois qu'il rigole pas ; les quelques bouts de peau qui s'arrachent sous ses ongles en témoignent. Ouch... Dégueulasse. Il aurait bien besoin d'une manucure. Le voilà désormais qui se rue sur moi. J'crois qu'il est temps de se concentrer.

J'prends une grande inspiration pour rester calme. Pas le temps de souffler qu'il est déjà là, à quelques pas. Par réflexe, je profite d'une ouverture. Il est à la distance parfaite pour l'exécution d'un de mes mouvements favoris, un geste d'une grâce difficilement égalée, se voulant d'une précision et d'une rapidité extrêmes. Ainsi, dès qu'il prend ses appuis afin de se propulser dans ma direction, j'entame déjà un geste d'esquive, en m'accroupissant au sol, pivotant mon corps vers la droite afin de plaquer les deux mains contre le sol. Dans la continuité de mon geste, j'expédie un kick fulgurant du gauche qui monte jusqu'au menton de Ryuma. Les mains appuyées contre le sol renforcent mes appuis et rendent le coup d'autant plus lourd. Avec fracas, le visage de mon adversaire est frappé au moment même où il allait m'atteindre, avec le timing parfait pour ne pas lui laisser la moindre possibilité d'en réchapper. Quand il réalise enfin qu'il vient de quitter le sol après le choc, je l'ai déjà chopé par la cheville après un grand bond - c'est qu'il a décollé haut le bougre - et je m'apprête à l'écraser par terre à notre retombée, toujours dans un timing très serré.

Tout cela s'est passé très vite, cela a dû le secouer plus que légèrement. Maintenant j'ai hâte de voir combien il peut encore encaisser avant de s'écrouler.

- Ouuuuuuh !, dis-je en tapant l'une de mes fameuses poses. Tu m'as chauffé, maintenant t'as intérêt à me faire kiffer !

La situation commence à devenir intéressante. Ryuma se relève sans mal. J'ai légèrement pris l'avantage sur ce coup-là, mais rien n'est encore joué. Mon corps est parcouru d'adrénaline, mon pouls s'accélère, et j'aime ça ! Il m'envoie une sorte de coup de griffes. J'allais parer à l'aide de mon avant-bras gauche que je place en opposition mais voilà qu'il me feinte ; ce n'est pas son coup mais sa veste qui se retrouve face à moi dans le but de m'aveugler. Par réflexe, j'attrape la veste par le bras déjà placé en avant et la rabaisse le plus vite possible. Je le vois alors abaissé, en plein geste circulaire visant à me balayer les jambes. Technique, mais j'la connais celle-ci ! Instinctivement, je bondis d'une simple impulsion. Je prends à peine de la hauteur, visant surtout à lever les jambes en plaquant les cuisses contre mon abdomen. Depuis cette position, je bascule légèrement mon corps sur la gauche pour envoyer mon pied droit d'un coup circulaire, lequel heurte le punch ascendant qu'il comptait m'envoyer par la suite. La lourdeur de son coup est contré par la rotation de mon mouvement. Le choc me repousse en arrière et je me réceptionne avec souplesse en effectuant de petits bonds en arrière.

Bon. L'heure de l'offensive a sonné. Je bondis avec grâce en avant d'une grande foulée, jetant plus loin la veste de Ryuma au passage, avant de sauter à pieds-joints pour m'élancer dans les airs le plus haut possible. Durant mon ascension, je commence à effectuer quelques vrilles de manière à retomber après avoir fait plusieurs rotations sur moi-même, le talon droit fondant sur la position de Ryuma avec la ferme intention de lui fendre le crâne. Encore une fois, mon mouvement se veut rapide et précis ; c'est après tout ma marque de fabrique. Avec un peu de chance, même si ce coup ne faisait pas mouche, il me permettrait d'avoir une ouverture dont je me ferai un plaisir de profiter.

Il étaaaaait, un Okama ! Pirouette, cacahuète euh ! Qui mettaaaait, des grandes mandales ! Pirouette, cacahuète euh ! ♫ Et bam ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ? J'avais pris Ryuma pour une brute épaisse et l'avait subtilement invité à un duel de force. Jamais je n'ai eu la prétention de croire que ma force brute pouvait rivaliser avec la sienne. Mais la technique peut parfois contre-balancer l'écart de puissance. Et si je voulais le titiller sur son terrain de jeu qu'est la force brute, il semblerait qu'il souhaite me provoquer sur le plan technique et tactique. D'abord, un mouvement d'esquive simple mais efficace, suivi d'une étreinte au niveau de la cheville visant à me contrer. J'ai tout intérêt à user de mes habituelles fourberies... D'ailleurs, c'est l'heure d'en dévoiler une, car là, il commence à m'entraîner dans ma chute dans l'idée de me contrer en me prenant de court avant que je ne retombe au sol. C'était sans compter sur le pouvoir de ma malédiction. Et voilà que pendant qu'il tire sur ma jambe, usant de sa force brute pour m'agiter comme un vulgaire drapeau, il se retrouve légèrement déséquilibré par un changement de poids. Et surtout, il se retrouve avec sa veste en main. Cette même qu'il avait utilisée pour obstruer mon champ de vision et attaquer avec ruse. Mais le roi des coups fourrés ici, c'est moi. C'est pas le gros gaillard qui va me piquer ce rôle qui me sied tant.

Si seulement tout s'était arrêté là, il aurait été sauf. Oui mais non, car là on joue pas à la poupée, et le temps, à défaut d'être de l'argent, c'est des patates de forain et des chicots qui se délogent. Dès l'instant où j'ai effectué ma substitution avec la veste de Ryuma, cible que je pus enregistrer durant mon contact avec quelques secondes plus tôt, je me suis élancé en profitant que la veste cache ma position pour lui expédier la plus violente des droites plongeantes que j'ai donné de ma vie, venant lui enfler une partie du menton ainsi que la partie gauche de sa mâchoire.

- Ouuuuh ! J'ai failli m'casser un ongle bordel !

Mon adversaire préféré du jour semble avoir pris goût à mes patates. Voilà déjà deux puissants coups qu'il encaisse en plein visage et apparemment, il en redemande. Après s'être relevé, il a beuglé des mystères incompréhensibles que je n'ai pas tenté de déchiffrer. Plutôt que ça, je me tiens en place pour la suite des événements. Quelque chose me dit que l'action ne fait que commencer et que je n'ai encore rien vu. C'est dans cette optique que je passe la seconde : si jamais Ryuma a encore des atouts cachés, je ferais bien de l'acculer petit à petit. Fugace, je sautille sur place en lui faisant signe d'approcher, quand tout à coup, il me charge. Ni une ni deux, je m'élance devant en diagonale sur la gauche d'un bond de félin de manière à contourner mon assaillant après avoir fait un second bond pour arriver dans son dos.

Mon déplacement se veut aussi véloce que possible puisqu'il s'agit de ma technique de déplacement rapide la plus aboutie jusqu'à maintenant. Durant son exécution, je prends en main deux de mes shurikens déguisés en maquillage que j'envoie au niveau des talons de mon adversaire qui ne me fait désormais plus face. Les entailles ne sont pas profondes et ne l'empêcheront certainement pas de marcher, mais auront au moins le mérite d'affaiblir ses appuis. Et puis, sans plus attendre, je m'élance à nouveau droit sur lui en me réceptionnant accroupi à ses pieds, décochant le même coup de pied qu'à notre premier échange de manière beaucoup plus horizontale cette fois-ci, visant à lui placer un violent coup en plein milieu du dos afin de l'éjecter avec fracas aussi fort que possible sur le mur d'une bâtisse se trouvant à quelques mètres d'ici. De suite à ce coup je me redresse avec souplesse et me recoiffe d'un geste de la main, faisant le signe "Victoire" de la seconde en lui adressant un sourire radieux.

- Et un, et deux, et trois zéro !

Voilà enfin un premier contre digne de ce nom ! D'ailleurs, dès mon jet de shurikens j'ai senti venir la mouise. D'une, il effectue un pivot qui lui permit d'éviter d'être touché aux talons. De deux, il m'envoie sa veste en pleine figure pendant mon déplacement rapide, m'empêchant d'avoir le temps de réagir. Mais cette fois-ci, ma réaction n'est plus de retirer le vêtement qui m'obstrue la vue. Déjà en déplacement vers l'avant, je n'ai qu'à m'élancer l'épaule en avant afin de simplement le charger. Son fourreau vient m'impacter dans le buste mais rebondit simplement contre mes abdos. Quant à son poing... De mon côté j'avance les deux bras placés en guise de protection devant moi jusqu'à heurter quelque chose, le but étant de le renverser si possible. Assez abracadabrantesque je le concède, mais pris de vitesse, c'est la seule chose que mon élan me permit de faire, tout simplement. Jusque là, tout va bien. Avançant de profil, je finis par encaisser un violent coup de poing dans les côtes, lequel fut légèrement amorti par mes bras placés en guise de protection. Le coup me renvoya tout de même en arrière et me renversa assez pour que je doive effectuer quelques vrilles avant de me réceptionner, toujours avec autant de souplesse.

Légèrement essoufflé après tous ces échanges, je me rends compte que je perds en lucidité. Techniquement, j'aurais pu téléporter sa veste dès l'instant où il l'avait en main afin de l'empêcher de me la lancer, permettant ainsi de contrer toute la suite de son enchaînement. Disons que j'ai eu comme un instant de déconcentration... Et ça a failli faire mal. Une petite goutte de sueur commence à perler sur mon front. J'ai horreur de ça... Va falloir que je l'éclate rapidement, c'est pas bon pour mon fond de teint. De nouveau focus sur le combat, je fléchis les jambes, et m'élance une énième fois dans une course effrénée en arc de cercle. J'ai jeté sa veste derrière moi, j'ai chopé son Nodachi au passage qui traînait au sol et je reviens désormais sur lui après avoir dégainé. L'arme pointée le bras droit tendu en arrière, je donne un grand coup circulaire à l'horizontale de manière à le toucher au niveau de la hanche s'il ne bouge pas, profitant de la longueur de l'arme pour rester hors de sa portée tout en rendant l'attaque extrêmement rapide puisque plus l'épée est longue et plus son bout se déplacera rapidement. Je m'arrête dans mon élan d'un coup après le slash, terminant le sabre orienté vers la gauche, attendant de voir la réaction de Ryuma pour poursuivre mon offensive.

- Woooooooooaw. Woooooaw... Woaw.

Mais qu'est-ce que c'est que donc que tout ce bin'z. Ca veut rien dire mais tu m'as compris. T'as vu ce pouvoir ? À peine l'ai-je touché avec sa lame que son corps s'est comme changé en pierre, son propre sabre a ricoché contre sa peau sans l'égratigner plus que ça. En revanche lui, il m'a empoigné sauvagement avant de développer sa carrure au point d'atteindre les cinq mètres. Surpris, j'empoigne Ryuma par l'avant-bras qui me soulève, m'agrippant par ce qu'il reste de vêtement sur lui qui n'a pas encore été déchiré par la transformation. En quelques secondes j'suis étreint par la main d'un monstre géant alors que j'étais juste sur le point de couper en deux un type louche qui parle tout seul. Y'a qu'à moi que ça arrive ce genre de conneries putain ! Heureusement pour moi, j'avais substitué ma position une seconde fois avec la cape du grand lézard qu'il portait sous forme humaine, avec la ferme intention de la lui lancer une fois qu'il serait aveuglé par sa fringue virevoltante. C'est une fois à quelques mètres de lui que je me fis la remarque suivante : si je ne le frappe pas avec toute ma puissance, cette lame ne lui fera aucun dégât ! Et inutile de préciser qu'un tel lancer ne sera pas suffisant.

Ma tête me dit couuuuurs ! et mon coeur me dit reeeeste !, je ne sais quoi faire. Je reste immobile, alors que Ryuma termine son geste visant à m'encastrer dans le sol. Sa transformation aussi prend fin, et elle n'annonce rien de bon. Le court échange de regard que nous avons eu avant ma téléportation m'a glacé le sang dans les veines. Mais en voyant sa forme hybride, une nouvelle vague d'adrénaline parcourt mon corps et mes bras ainsi que mes jambes se mettent à trembler d'excitation. C'est ce qu'on ressent lorsque l'on fait face à un danger de mort. Après une grande inspiration, je pivote sur mes talons, et commence à détaler dans la direction opposée à celle de Ryuma. Finalement j'ai choisi couuuuurs !, alors je fuis au détour d'une ruelle peu large où il ne semble y avoir personne pour m'empêcher de courir. Y'a plus qu'à espérer qu'il m'oublie ou qu'il ne puisse pas me rattraper ! Avec un peu de bol j'pourrai même revendre son sabre même si dans ce piteux état il me rapportera pas grand chose.

Lézarman est grand, lourd, mais il bouge vite. En seulement quelques pas, il est déjà qu'à quelques mètres derrière moi, comme en témoignent les secousses qui accompagnent chacun de ses rebonds. Le dernier était relativement proche d'ailleurs. Je jette un coup d'oeil par-dessus l'épaule pour voir où il en est. Je le vois sur le point d'atterrir, armant le bras droit, ou devrais-je même appeler ça une patte, de manière à l'écraser contre le sol pavé de la ville de manière à m'envoyer plusieurs débris dans un fracas assourdissant. Quelques morceaux de pierre sont donc propulsés dans plusieurs directions mais d'une manière plus ou moins orientée vers moi. Avec la même agilité et vélocité qu'à l'accoutumée, j'esquive la totalité des débris en enchaînant plusieurs vrilles en zigzag, parfois me réceptionnant sur les mains, d'autres fois sur les jambes, le tout sans perdre de vitesse et toujours de manière à pouvoir me réceptionner et réagir à n'importe quel moment au cas où le dragounet voudrait profiter d'une ouverture.

Les projectiles s'écrasent les uns après les autres sur le sol ou contre des murs, alors que nous arrivons au bout de la petite ruelle. Celle-ci semble donner sur une grande place où se trouve pas mal de monde. Suite à mes vrilles, je continue ma course et me retrouve à l'angle de la petite ruelle. J'observe un court instant la place sur laquelle j'arrive, et remarque à l'opposé la présence d'un groupe de soldats de la Marine. Suite aux quelques altercations que j'ai eu récemment avec eux, j'aurais autant préféré éviter qu'ils ne me remarquent. Et se faire courir après par un dragon n'est pas franchement le plus discret. Je m'arrête donc dans ma course soudainement, faisant face à Ryuma en prenant soudain un air beaucoup plus sérieux. Son sabre toujours en main, je charge dans sa direction en effectuant plusieurs bonds de droite à gauche avec une grande célérité, donnant presque l'illusion d'arriver depuis les deux côtés, avant de finalement charger de front en prenant une impulsion contre le sol, centre de gravité abaissé après avoir fléchi les jambes, attaquant d'un coup d'estoc grâce à sa propre lame.

L'attaque semble viser son bas-ventre, c'est en tout cas là que le bout de sa lame risque de l'empaler tant bien que mal malgré ses écailles s'il ne réagit pas. Et la rapidité d'exécution du coup réduit les possibilités d'esquive ou de parade. Contre toute attente, je prends une seconde impulsion contre le sol de ma jambe d'appui, stoppant mon élan vers l'avant pour le convertir en énergie cinétique, effectuant un saut à la verticale en pivotant sur moi-même. Après avoir fait ce tour sur moi-même à grande vitesse, laissant le moins de chance que possible à Ryuma d'agir après sa réponse à ma première attaque, j'envoie un puissant coup de pied circulaire en profitant de la continuité de mon mouvement afin d'accroître sa puissance. C'est un revers du pied droit qui vient le frapper de côté à l'aide de mon talon. Le coup a la puissance de détruire un petit bateau et suite au choc, un puissant courant d'air tournoyant autour de moi vient projeter un grand nuage de poussière ainsi que tout ce qui peut bien se trouver aux alentours. Mon kick provient depuis le côté droit de Ryuma qui, même s'il avait paré le coup d'une manière ou d'une autre, aurait très certainement été déséquilibré voire projeté contre l'un des murs de la ruelle avant de s'y encastrer.

Après ce fin mouvement, j'atterris avec souplesse et grâce comme à mon habitude, imitant des pas de danse pour ensuite me remettre en position.

Que de plaisir de pouvoir placer un coup d'une telle envergure ! Sûrement l'a-t-il encaissé sans trop de dégâts grâce à sa grande résistance, après les précédentes patates qu'il avait ramassé et toute l'action qui ne lui avait pas laissé le temps de respirer, il devait commencer à fatiguer. Un peu plus que moi en tout cas qui ne faisait que danser et sautiller gentiment après tout... Allez, encore un peu, et il devrait commencer à plier le genou ! Après mon kick, le voilà qui se fait renverser mais, contre toute attente (ou pas vraiment en fait), sa queue surgit de nulle part pour tenter de m'enlacer par la taille. J'imagine sa surprise lorsqu'il ressentit une certaine pression allant à l'encontre de son geste, repoussant légèrement son membre. Il s'agit de la grande bourrasque qui succède toujours à ce coup circulaire. Je termine justement mon mouvement à ce moment, et ça me laisse pile poil le timing de dévier sa queue en la repoussant de la main. C'est juste assez pour ne pas qu'il m'agrippe aussi bien qu'il le souhaite, mais au final il me tient quand même par la cheville.

Dans un lourd fracas, il s'encastre contre un mur mais se rattrape tant bien que mal. Il tente de m'aplatir comme une crêpe en me tirant vers le sol violemment, mais j'amortis ma chute grâce à ma jambe et mes bras libres. Je suis accroupi et me retourne face à lui, qui semble bien décidé à me rendre la monnaie de ma pièce. Pas de bol pour lui, c'est exactement le genre d'opportunité que j'attendais. Le voilà qui arrive. Poing renforcé par sa transformation, armé et prêt à l'emploi. Il me décoche une frappe en plein abdomen alors que je lui fais face, plus ou moins immobilisé par son étreinte à ma cheville. Dans le même temps, je lance maladroitement son nodachi vers l'avant de manière à ce qu'il soit à hauteur de son épaule gauche au moment où son poing me heurterait. Dès lors, tout se passa extrêmement rapidement. Son poing, si près de m'exploser la tronche, fouette l'air une nouvelle fois tandis que j'apparais face à lui dans les airs, à proximité de son sabre lancé au préalable. Dès ma téléportation, je suis positionné en-dessous de l'arme, prêt à l'empoigner à deux mains. Ainsi, alors qu'il est encore en train de libérer l'étreinte à ma jambe en frappant au bon timing pour que son punch m'envoie valdinguer vers d'autres cieux, il reçoit le violent slash de haut en bas que je lui envoie au travers du buste. Le coup est donné de toutes mes forces et bien que l'entaille soit peu profonde à cause des écailles de sa transformation, il est probable que celle là, il la sente passer.

Ce petit tour de passe-passe a encore frappé. Y'a plus qu'à rentrer à la maison maintenant. Lézarman est loin d'être mort, mais à mon avis avec tout le boucan qu'on a fait, les keufs vont pas tarder à rappliquer. Et j'me porte toujours mieux quand ils sont loin de moi. En plus ces fachos n'ont aucun respect pour les Okama ! Quoi qu'il en soit, pour l'instant, j'atterris tout juste après ma contre-attaque, et j'effectue quelques vrilles à l'aide de ma technique de déplacement rapide afin de contourner l'homme-dragon pour prendre la fuite dans la direction depuis laquelle je venais initialement. Durant ma course, je me tourne vers Ryuma pour le narguer ainsi que constater les dégâts que j'avais infligés, dont je ne pouvais être sûr tant la résistance de ses pouvoirs draconiques rendait parfois mes attaques insignifiantes.

- Ouuuuuuh ! Slim le Dragon Slayer ! Ca claaaaaque ! Merci pour l'nodachi, fallait pas, vraiment ! Mouahahaha !

Je ris de bon coeur avec un ton narquois, et j'agite son sabre pour bien lui montrer que je me tire avec. Va-t-il avoir la force de continuer de me courir après ? Ou au moins celle de fuir les soldats de la Marine avant qu'ils n'interrompent notre altercation ? Faut dire qu'un dragon furax, normalement ça court pas les rues...

Combattre des créatures géantes peut paraître très intimidant au premier abord, mais dissipez le voile des préjugés et vous verrez que le tout est simplement de s'ajuster. Après tout, qui n'a jamais galéré à attraper une mouche ? Seraient-elles aussi habiles si elles étaient terrassées par la peur à notre vue ? Naturellement, l'instinct animal reprend le dessus sur mes pensées ordurières et mes choix deviennent judicieux. Le timing a été bon, l'exécution précise, et le coup d'épée, bien que peu efficace, a tout de même réussi à lui abîmer la couche d'écailles qui recouvre sa peau. Le choc a également créé un léger contre-temps duquel je me joue pour m'en sortir plus assurément.

Après son coup de paume manqué, Ryuma effectue un mouvement rotatif de manière à me frapper avec sa queue de lézard, ce que je vois bien évidemment venir, sa grande carrure trahissant la plupart de ses mouvements. Direct, je place ma lame en opposition en levant le pommeau tenu de la main droite, lame pointée vers le bas. De l'autre main, je plaque la paume contre le plat de la lame afin d'avoir un second appui. La queue vient heurter la lame entre mes deux mains et le choc me projette en arrière. Renversé, je rétablis mon équilibre d'une vrille contrôlée avant d'atterrir sur une grande caisse posée contre l'un des murs de la ruelle. Je note que le sabre a subi un gros choc et que je l'ai senti craquer sous la main. Il risque de ne pas tenir bien longtemps... Accroupi je plaque les mains contre la caisse pour me tenir à la manière d'un chat, avant de bondir plusieurs fois dans tous les sens de la sorte afin d'esquiver les quelques projectiles que le dragon m'envoie en créant un gigantesque nuage de poussière. Grâce à la hauteur que j'ai prise, je discerne un peu mieux les formes et j'aperçois plus ou moins sa silhouette. Et puis surtout, il m'est impossible de ne pas remarquer sa présence après qu'il se soit transformé dans cette espace si confiné. Après tout, dans la ruelle, il prend absolument toute la place dans sa forme entière, je vois donc où se trouve la source de cette masse d'ombre. Néanmoins, cela ne me permet pas de discerner ses actions. Je prends un peu plus de hauteur en courant de toit en toit le long de la ruelle, mon intuition ne me présageant rien de bon.

Soudain une gerbe de flammes titanesque souffle toute la poussière soulevée dans la ruelle, rougissant la roche parfois, dégradant à peu près tout ce qui pouvait s'y trouver. La visibilité fut encore réduite par deux. Pourtant, je le voyais encore à peu près. C'était le moment de passer aux choses sérieuses. Alors que les flammes viennent d'envahir le bout de la rue, j'effectue un grand saut avant de jeter l'un de mes schlasscara. La petite lame est infiniment discrète et ne peut absolument pas être vue par le dragon ni même perçu malgré ses sens aiguisés. De plus, l'arme n'a pas pour vocation d'atteindre Ryuma. Elle est lancée au-dessus de lui, à une distance l'empêchant de la dévier d'une quelconque manière. De toute façon, comment le pourrait-il alors qu'il est encore en train de cracher un gigantesque flot de flammes ? L'arme tranche donc l'air chaud jusqu'à atteindre les hauteurs dans l'angle mort de Ryuma, où il ne peut définitivement plus la voir. Pendant le vol de l'arme, j'ai effectué un saut circulaire sur place, avec un timing parfaitement calculé suite à mon lancer.

C'est alors que dans un timing très rapproché, je téléporte mon propre corps à proximité du schlasscara, ainsi que la grande caisse sur laquelle j'ai posé une balise quelques instants plus tôt à proximité de mon corps. La grande caisse est recouverte de flammes et surtout, elle est lourde et contient certainement des tonneaux d'alcool. Malheureusement pour Ryuma, ma téléportation n'a pas arrêté mon saut circulaire et ainsi, dès mon apparition silencieuse dans son dos, j'effectue un violent coup de pied en profitant de ma rotation, venant encastrer mon talon dans la caisse qui s'écrase elle et tout son contenu sur sa nuque, l'arrière de son crâne ainsi que ses épaules. Le coup puissant que j'envoie encastre donc la caisse enflammée sur son propre incendiaire, la faisant exploser et répandant avec fracas tout le rhum qu'elle contenait. La grande bourrasque qui suit ce coup de pied vient amplifier la puissance de l'impact ainsi qu'aider la formation d'un grand feu partout sur le corps du dragon. Il aidera également l'impact initial à l'écraser contre le sol sous son propre poids, tandis que je me téléporterai à nouveau à proximité de mon schlasscara qui aura continué son vol entre temps, jusqu'à se planter dans une toiture située plus loin. Ouf, je suis sauf. Par contre, j'crois que j'ai oublié son sabre quelque part dans ce bordel. J'ai pas tant la foi de risquer une fois de plus ma vie pour un bout de métal sur le point de s'casser, alors tant pis. Cette fois-ci j'mets les voiles.

- Bon au moins j't'aurais payé un coup à boire ! À la r'voyure ! Mouahaha !