Le Ciel nous tombe sur la tête! [PV : Ciel]

S'il ne le faisait pas, qui d'autre le ferait? Sans doute pas grand monde... Dur à dire en fait. Lui-même quand il avait été à leur place, il y a si longtemps maintenant, comment pourrait-il dire si de bonnes gens avaient prit la peine de se soucier de leur sort? Surtout que la seule personne dont ils avaient connaissance était en réalité leur bourreau...

Devant le parvis de l'orphelinat de l'île, bien à l'écart de l'agitation citadine du reste de l'île, ce petit mausolée composé de trois bâtiments semblait poussé au milieu des palmiers, entre deux buttes, comme s'ils protégeaient les résidents contre les horreurs du monde extérieur. Plus loin, un petit sentier partait de l'arrière cours de l'orphelinat pour s'enfoncer vers la forêt, en direction de la montagne et volcan qui avait donné naissance à cette île. Probablement il y a des millénaires. Et devant cette mignonne petite cahute cachée, Farris se tenait droit, un panier à la main, fixant la porte qu'il n'osait franchir... Pourquoi faire de toute façon? Tous ceux qui pouvaient habiter là devait déjà trimer à l'intérieur des mines d'or. Pas besoin d'en faire tout un plat; personne ne serait là pour le voir venir, personne pour l'accuser du regard... C'est du moins la scène qu'il s'imaginait.

Ça se finit comme d'habitude : le petite paquet qu'il tenait du bout des doigts, enfermé dans un grand linge servant d'ordinaire à un pique-nique, fut posé sur le parvis, devant la porte d'entrée, et son propriétaire qui tourne les talents, pour prendre le chemin ramenant à la civilisation... Ou plutôt une forme de civilisation.

Après cinq minutes de marches entre les arbres du petites bosquets séparant l'ancien chez lui et la ville de l'argent! Ou l'île; dans la mesure où la ville recouvre la quasi-totalité de l'île, c'est tout comme. En poussant le portail surveiller par deux gorilles de trois mètres de haut en costard vert, franchir le portail entraîna la marche des deux gardes du corps à la suite de Farris, désormais habituer à ce genre de situations.

" Bon, t'es allé les voir alors? Depuis le temps que tu fais l'aller-retour tous les week-end. "

L'absence de réponses de l'ingénieur fut on ne peut plus éloquent pour la montage de muscles, qui grommela quand même de constater qu'ils faisaient le même aller-retour depuis des années maintenant sans que ça ne progresse d'un pouce.

" C'est désolant... Bwah, j'suppose que ça leur fait du bien à ces gosses, un peu de bonnes bouffes de temps en temps. Continue de bien agir pour le boss, et tout se passera bien pour eux. "

" Pour des esclaves ", qu'aurait voulu répliquer Farris, mais autant rester silencieux et éviter de trop échanger avec eux. Contrairement aux impressions, ils s'en fichaient bien des gosses : ils faisaient attention à pas trop fâcher leurs patrons, et encaisser leurs berries toutes les semaines... Là, ils se dirigeaient vers son atelier, histoire qu'il se remette au travail au plus vite pour accomplir les plans du grand patron. Rien n'était prêt à perturber cette nouvelle journée...

« Ronn pssssh zzzz Ronn pssssh zzzz... »

Malgré la situation exceptionnelle dans laquelle elle se trouvait pour le moment, Ciel avait bien réussi à s'endormir à force d'épuisement extrême, ronflant parmi les nuages en continuant de tomber en chute libre pour la troisième journée consécutive. Ses ailes s'étant ouvertes d'elle-même à leur pleine envergure pour attraper le vent et ainsi éviter de s'écraser à pleine vélocité sur l'étrange mer bleue qu'elle avait pu apercevoir plus tôt, la blonde des îles célestes avait réussi à même dormir paisiblement, bercée par le vent qui lui avait fait oublié pendant un instant son périple. Une petite bulle s'échappait même de sa narine droit à interval régulier, accompagnée d'un sifflement nasale qui avait même l'avantage de servir de klaxon afin de disperser un vol de goélands se trouvant directement dans sa trajectoire et évitant ainsi un tragic accident, bien que le plus lent du groupe perdit quelques plumes pour le punir de sa léthargie, l'une d'entre elle frôlant le petit nez de l'ange.

« Atchaaaa ! » éternua Ciel avec assez de force pour l'envoyer tournoyer dans les airs, l'expulsant hors de son rêve d'une course endiablée de Lamacorn pour la confronter à nouveau à sa réalité, « AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH »

Roulant sur elle-même de manière incontrôlée tout en fendant l'air de plus en plus vite, l'ange ne perdit pas de temps à se réveiller complètement, criant immédiatement au plus fort que ses poumons lui permettait tout en battant follement l'air de ses ailes, tentant de se rétablir du mieux qu'elle pouvait. À force d'habitude, même si la situation actuelle était un peu plus unique, elle parvint à se stabiliser pour ne plus se faire ballotter, laissant le vent continuer à la guider vers un éventuel salut.

« Oh enfin, des arbres ! »

Maintenant qu'elle pouvait observer son environnement sans risquer de tomber comme un boulet de canon, Ciel pu remarquer qu'elle approchait enfin à la terre car elle pouvait enfin voir autre chose que la mer bleue et les nuages, sous la forme de la cime des arbres et le toit de quelques bâtiments. À sa grande surprise, elle réalisa même qu'elle était trop proche ou l'île trop immense pour pouvoir voir les nuages l'entourant ou quoi que ce soit d'autre. Plus le temps de prendre de décision, elle devait se préparer à l'atterrissage en vitesse si elle ne voulait pas s'écraser complètement sur le plancher des moutons ! Elle se pencha donc légèrement vers l'avant pour ajuster son angle de vol, colla ses jambes et ses bras le plus droit possible pour se faire aussi aérodynamique qu'une flèche, ses ailes se courbant légèrement et se pliant vers l'arrière puis....ferma les yeux, se laissant complètement à la chance pour la suite.

BOOOM CRASH !

Au final, l'atterrissage d'urgence n'était pas parfait, mais un gentil monsieur bien musclé s'était interposée entre Ciel et terre pour amortir sa chute. Le percutant de plein fouet avec sa tête solidement casquée, l'ange l'avait propulsé sur quelques mètres alors qu'elle même se retrouva à rouler sur le sol, finissant à s'arrêter cul par-dessus tête entre les jambes de l'armoire à glace qui s'était retrouvé complètement K.O. pour la peine.

« Il fait tout noir ! » s'écria Ciel en gigotant sur le sol tel une limace, ses bras et ses ailes battant follement l'air avant qu'elle ne se calme un peu avec une grande inspiration et n'ajuste son casque pour voir. « Voila, c'est mieux... WOAH, DU VEARTH ! » s'écria-t-elle en continuant, passant ses doigts sur la terre meuble sous elle, extatique de voir cette substance pratiquement inconnue, rigolant un peu avant de redresser la tête en voyant un homme tatoué un peu plus loin.

« Aaah heu, Heso ! » salua l'ange en roulant un autre fois pour se retrouver sur les genoux et commencer à se redresser, tombant immédiatement vers l'avant, les jambes tremblantes, « oh j'ai faim.... »

Farris passa son regard sur les petites tavernes qu'ils longeaient, se rapprocher des quartiers des artisants, où se trouvait son atelier sous assez haute surveillance. Le vieux boss préférait être sûr que les plans qui se cachaient à l'intérieur ne puisse être consulté par un lieutenant qui aurait des vues un peu trop insistants sur son monopole. Les parfums de viandes, de légumes cuits, de pattes cuites dans la soupe... Que c'était bon! Peut-être qu'il devrait prendre le temps d'emporter un bol...

Mais il n'eut guère plus de temps de se pencher sur son déjeuner à venir, car un plan bien plus intéressant venait littéralement de lui tomber du ciel... Un sifflement, étrange et totalement inconnu à l'oreille du forgeron, qui en avait pourtant entendu des métaux sifflés, attira son attention. A droite? Non. A gauche? Rien non plus... D'où ça venait. IL s'était arrêté, ayant entrainé dans le mouvement ses deux gardes du corps qui le toisaient du regard pour savoir la raison de son arrêt. Bien évidemment, ils n'entendaient rien. Un sifflement...? Les secondes passèrent, et cela se transforma en cri, dont la source se trouva... Au dessus de leur tête?!

Il put à peine rejeter ses cheveux en arrière pour relever les yeux qu'une ombre jeta un voile de ténèbres sur ses yeux, et s'en suivit un grand fracas tonitruant faisant trembler le sol sous leurs pieds. Les commerçants s'écrièrent sous la folie du moment, les paravents des devantures s'écroulant sur les clients mangeant à l'intérieur des échoppes, et souillant les plats de poussières...

Quand le chaos s'effaça petit à petit, Farris, cul à terre, releva les yeux couverts de ses lunettes de soudures. Il les avait enfilé par réflexe, histoire que la poussière n'entrave pas sa vue... Réflexe. Et sa vue distingua alors au centre du petit cratère qui s'était formé sous l'un des gorilles - le receveur de cette adorable projectile qui avait frappé la terre - une donzelle blonde qui s’extasiait en touchant le sol.

Le jeune homme se leva, épousseta ses vêtements, et releva à nouveau les yeux vers la nouvelle venue qui avait mis un si grand bazar que personne autour ne savait comment réagir. Sauf peut-être notre autre camarade garde du corps, qui avait assez de self control pour ne pas se laisser perturber par l'entrée en scène fracassante de la blondinette. Il s'était relevé, et s'approcha d'elle avec le poing serré, l'air menaçant!

" HEY! T'es de quel gang toi?! Tu nous veux quoi?! "

Pour montrer un peu plus de menaces, il releva ses manches de costard, et refit un pas dans sa direction, avant de constater... Sa drôle de tenue. Farris aussi, une fois le nuage dissipé, constata l'exotisme de la jeune femme qui affichait une tenue faites de plumes visiblement, avec deux sortes de grandes ailes dans son dos. Ca par contre, ça fit réagir un peu plus le garde du corps, qui fronça les sourcils...

" Humf! Tu bosses dans un bordel non? Pour avoir une tenue pareille, je vois pas autre chose... C'est quoi le nom de ton établissement?! "

Il s'apprêtait alors à saisir la jeune femme par son haut de bikini pour essayer de la faire parler par la force, mais ne put poser un doigts sur sa plastique à cause d'un jet de terre dans les yeux, envoyé de la plus furtive des façons par Farris qui avait réagit très vite en voyant que des choses terribles risquaient d'arriver à cette étrangère! Peu importe qui elle était : tombé entre les griffes des Triades, ce n'était bon pour personne!

Alors que le gorille s'époumona de cris de douleur en se frottant les yeux, n'arrangeant en rien sa cécité passagère, Farris saisit le poignet de belle ingénue et la tira avec lui en courrant vers des petites ruelles!

" Vite, suis-moi! " Lui souffla t-il avant de la faire se relever, et commencer à courir en tirant sur son poignet, pendant quelques rues jusqu'à se cacher derrières des poubelles de derrière un bar à grillades. " Ouf... On devrait pouvoir se faire oublier... "

Farris reprit alors son souffle, adossé au mur, et se redressa pour voir alors qu'il avait en face de lui une jeune femme qui n'avait rien d'une jeune femme en réalité. Ce qui pourrait facilement passer pour un costume d'un bordel à thème, se révélait être en partie une partie de son anatomie. Aussi incroyable que cela puisse paraître : ses deux ailes étaient, il le voyait bien en regardant la jointure avec le reste de son anatomie, totalement rattachée à son corps! Et peut-être était-ce cette étrange découverte qui le fit prendre les devants pour se débarasser de son garde du corps!

Il se pencha sur le côté, histoire de pouvoir inspecter de plus près cette étrange difformité. Bien que ça n'avait rien de "difforme", surtout sur plastique comme la sienne.

" C'est dingue... Tu as ça depuis que tu es petite...? Ou ça t'a poussé plus tard? "

« Oh ! Heso vous aussi ! » s'exclama d'abord Ciel en se tournant la tête pour regarder l'autre homme s'approcher, bien plus costaud et primitif que celui qui lui faisait face et qu'elle avait d'abord remarqué. À la question, elle pencha légèrement le visage vers son épaule droite tel un oiseau curieux et cligna quelques fois des yeux, bien qu'il ne pouvait rien voir de cela vu le casque qu'elle portait. « Je ne suis d'aucun gang, je n'ai pas envie de me retrouver en jouet, moi ! Je voudrais bien un truc à manger, merci. »

Espérant avoir récupéré un peu d'énergie depuis le début de cette brève conversation, elle tenta à nouveau de se redresser sur ses jambes tremblantes et faible de ne pas avoir vraiment servie depuis quelques jours, mais sans résultat. À peine avait-elle commencé à se redresser que ses pieds glissaient mollement sur la terre ferme, s'éloignant l'un de l'autre pour la faire tomber sur les genoux cette fois-ci.

« Hein, quoi ? Heu, je travaille pour le Heavenly Seventh Cloud, mais c'est pas un bordel, c'est un café tout à fait honorable ! » s'expliqua plus avant Ciel en secouant les mains de négations, surprise d'entendre cet homme sauter aussi loin aux conclusions qu'il la confondait avec...avec... une fille de petite vertu ! « Bon, c'est vrais que le vendredi soir, notre patron transforme un peu l'endroit en maid café, mais c'est pas pareil ! Puis, c'est pas un uniforme, c'est un tenue de vol... Oh, vous allez bien ? »

Même si elle trouvait les agissements du malabar un peu étrange et bien familier envers un inconnue, Ciel ne pu s'empêcher de s'inquiéter quand il se retrouva soudainement un genou à terre, les mains sur le visage alors qu'il venait très clairement l'aider à se relever. C'est alors que le premier homme, ou plutôt le deuxième en comptant celui qui l'avait si gentiment attrapé en vol, l'attrapa par le poignet et l'intima de le suivre après l'avoir remis sur pied. Reconnaissante de l'aide et n'ayant de toute manière pas le choix puisse qu'il la traînait carrément de force, elle le suivit sans rechigner.

« Heu merci ! Mais votre ami, on le laisse là.. oh ben d'accord. »

Courant avec difficulté au début, Ciel commença à reprendre un peu plus de force dans les jambes à mesure que ses pieds frappaient le pavé, lui rendant un peu de confiance et stabilité jusqu'à ce qu'ils arrivent à destination. Une fois stoppée, la blonde se pencha un peu vers l'avant, les mains sur les cuisses alors qu'elle haletait avec violence, sa poitrine rebondissant généreusement sous la force de sa respiration. Elle profita donc de cette escale pour fléchir ses ailes prudemment puis tapoter un peu partout sur son corps pour s'assurer qu'elle n'avait rien de brisé. Elle remarqua alors que l'autre la regardait étrangement, mais un gargouillis résonna alors dans la ruelle, lui rappelant qu'elle avait cruellement faim, en plus il y avait un odeur de grillade délicieuse envahissant ses narines.

« Hmmm~ Hmm ? Ben heu, oui, comme tout le monde, » répondit-elle d'un air distrait, commençant à s'approcher comme une zombie de la poubelle la plus proche où trônait deux belles brochettes complètement indemnes qui semblait en parfait état... « Ah, c'est vrais, les gens de la mer bleue, ils ont pas d'ailes, » continua-t-elle, distante, en attrapant les brochettes et les menant à son visage pour humer leur parfum, l'eau à la bouche.

« Itadakimasu ! Aaaah... »

Farris n'était pas vraiment passionné d'anthropologie - même si consulter un ou deux ouvrages sur le sujet ne le rebuterait surement pas -, mais un détail aussi intriguant et sortant de l'ordinaire que deux ailes d'oiseaux, visiblement parfaitement fonctionnelles vu qu'elle les agita volontairement pour les épousseter, c'était quand même quelque chose! Le jeune homme, perdu dans ses pensées, allait même se permettre de lever deux doigts pour essayer de palper la zone de son dos afin de constater l'ossature de la jointure!

Mais elle ne lui laissa pas le temps; la femme-oiseau venait de bondir sur les restes débordant d'une poubelle de restaurant... Et en sortit deux belles brochettes en apparence; elle était sans doute motivée par cette faim dont elle s'était plainte depuis son arrivée d'on-ne-sait-où.

Ce fut au tour de Farris d'être vif et de ne pas laisser à son interlocutrice le temps d'agir : il leva la main et écarta les brochettes d'un revers pour les envoyer valdinger contre le mur derrière eux.

" Mange pas ça, enfin! " commença t-il, avec un petit air sévère, avant de reprendre un air un peu plus doux. " J-je veux dire... Elles ont l'air bonnes oui, mais justement; si le tenancier les a jeté, c'est sans doute que la viande est gâtée, ou périmée. Ce serait bête de te rendre malade, surtout que... "

Il se gratta la joue, en se rappelant qu'il avait justement laissé un panier rempli de bonnes choses devant son orphelinat. L'inventeur commençait à penser que les deux balourds avaient raison et qu'il aurait mieux fait de garder cette nourriture pour lui; ça lui éviterait de faire quelque chose qu'il n'aime pas pour ça.

" Je vais te trouver à manger... Mais on va devoir éviter d'attirer l'attention. "

Surtout que maintenant qu'il l'avait "sauvé" d'un enrôlement de force dans une des maisons de passe du quartier, et empêcher de manger, il avait une responsabilité sur cette étrangère. Et il ne pourrait réfuter une certaine curiosité sur ce qui entourait cette étrangère!

Une curiosité qui ne devait pas prendre les passants d'ailleurs : une blonde à forte poitrine dans les parages, ce n'était pas si rare, mais les ailes allaient rapidement la distinguer de la plèbe locale. Mais ce serait un peu abusé pour Farris de lui intimer de se couvrir le dos alors qu'il se promenait torse nu...

Il fit alors un grand sourire en claquant des doigts, ses yeux et son regard exprimant un "EURÊKA!" très expressif. Pas besoin qu'elle ne se cache! Autant y aller torse bombé! Il lui fit signe de le suivre, alors qu'il se dirigeait d'un pas calme vers la rue principale, histoire d'aller investir l'échoppe même d'où venait les brochettes dont elle allait se délecter, et dont s'échappait cette bonne odeur de viande qui cuisait sur l'ardent feu nourrit par la graisse...

Ce n'était pas bien grand l'intérieur : juste un long comptoir bardé de sièges, sur lesquels quelques clients étaient assis pour déguster des soupes de nouilles aux diverses viandes et légumes. Et l'entrée de Farris et de son invité, le tenancier s'avança pour les saluer et les inviter à s'asseoir, et il s'étouffa presque avec le cure-dent entre ses incisives quand il apperçu les tatouages sur le corps de Farris, reconnaissant le clan du Dragon de Jade.

" M-m-m-m-maître! Promit, je paie sous peu! C-ce soir même! " s'écria le patron en s'étant presque téléporter devant Farris à genoux, plus soumis que jamais. " J-j'ai toujours été réglo avec l'honorable Dragon de Jade... "

Comme il s'y attendait... Ils étaient encore sur le territoire de son gang, et donc il pouvait avoir un certain pouvoir sur les gens du coin rien qu'avec ce tatouage. Avec ça, pas besoin d'argent... Farris conserva un air froid et stoïque, alors qu'il jeta un rapide regard sur les autres clients qui s'étaient tous stoppés devant la scène. Et c'est en emportant leur bol de soupe, renversant un peu leur contenu dans la précipitation, qu'ils s'enfuirent, les laissant seuls avec le tenancier sur lequel Farris reposa son faux regard méchant.

" Hm... Je suppose qu'avec... Votre meilleur bol de nouilles pour moi et mon invité, je saurais patienter jusqu'à ce soir. "

" T-tout de suite!! "

Et le petit patron ventripotent s'éclipsa aussi vite qu'il s'était agenouillé, droit dans sa cuisine pour s'affairer à créer le meilleur plat qui sauverait son petit restaurant! Farris soupira alors, une fois seuls, retournant dans la peau du petit ingénieur discret qui n'avait rien du genre de grosses brutes qui réclamaient à manger gratuitement. Mais au moins, ils étaient seuls, sans personne pour trop s'attarder sur le look étrange de l'inconnue, et avec bientôt à manger!

" Pfiou... On devrait être tranquilles un petit temps au moins. " soupira Farris avant de s'avancer et tirer deux chaises, tapotant l'une à l'attention de la demoiselle. " Vient t'asseoir... Euh... Mhm... Tu m'as dit ton nom ou pas? "

Il rougit à cette éventualité : il ne lui avait pas demandé, mais comme il avait passé plus de temps à détailler ses ailes qu'à l'écouter, possible qu'elle lui ait donné l'information sans qu'il l'ait enregistré. C'est en posant ses fesses sur le cuir du siège de comptoir que Farris lui tendit la main avec un petit sourire timide; maintenant qu'il y pensait, c'était pas non plus un exercice commun que de parler aux filles...

" M-moi c'est Farris! "

« Mes... mes brochettes ! » s'exclama Ciel quelques secondes après avoir croqué le vide, son repas éclaté sur le mur à ses côtés. Les yeux ronds derrière la façade de métal de son casque, elle vint immédiatement attraper son poignet droit de la main gauche, ses doigts s'approchant déjà du bouton permettant de déployer l'Arconimbus et ainsi venger ses pauvres grillades innocentes qui n'avait rien demandé à personne, sauf d'être mangées. Heureusement pour lui, l'homme se justifia avant qu'elle n'ait le temps de déployer son arme, la pacifiant juste assez pour qu'elle laisse tomber ses bras de chaque côté, fléchissant légèrement vers l'avant avec un soupir défaitiste.

« Mais je sais, » pleurnicha Ciel pour se défendre un peu, « mais j'ai rien mangé en trois jours et à peine je touche le sol que je dois courir, c'est pas juuuuste. » Elle reprit un peu son moral à la suite des paroles de son guide, trépignant un peu sur place en le fixant d'un air impatient, le reste de son corps tendu d'anticipation. « Ah oui, merci ! Pourquoi tu veux être discret ? »

Réfléchissant un peu par elle même, une main se frottant le menton et l'autre bras croisé sous sa poitrine pour supporter son coude, Ciel regarda l'humain de la tête au pied avant de jeter un coup d'œil sur son propre corps. Ses lèvres charnues se fendirent alors en un sourire en coin conspirateur alors que la compréhension l'envahissait, la faisant également claquer des doigts en direction de Farris dans une gestuelle très similaire à celle de l'humain.

« Tu ne veux pas que ta copine nous vois ensemble, car elle est très jalouse ! » raisonna Ciel d'un ton victorieux avant de se faire à nouveau guider à travers les rues de cette ville pleine de Vearth, tournant la tête de tous les côtés pour bien absorber toutes les visions offertes à ses yeux, ne portant qu'à peine attention sur où elle se faisait mener. Elle n'était pas mieux une fois dans le resto, se promenant un peu partout en écoutant distraitement la conversation entre le tenancier et son nouvel ami, fixant les plats des autres clients en salivant, avant que ceux-ci ne se carapatent vers la sortie comme un seul homme.

Laissée seule avec le jeune homme, Ciel hausse les épaules d'incompréhension avant de venir s'installer à côté de lui au comptoir avec un hochement de tête. Une fois installée, elle vint porter ses deux mains à ses tempes pour soulever son casque qu'elle déposa délicatement sur le comptoir, révélant ses grands yeux bleus à long cil et ses pommettes hautes. Elle passa ensuite sa main dans ses cheveux en se trémoussant légèrement sur son siège, déliant un peu ses muscles et redonnant leur volume à ses boucles d'or trop longtemps aplaties par son armure.

« Heso, Farris » répondit enfin Ciel une fois confortable, venant mettre sa main dans celle offerte pour la serrée doucement, « je m'appel Ciel, j'habite à Angel Island, sur Skypéia. C'est loin d'ici ? J'ai perdu un peu le compte en tombant ! »

Elle s'attarda alors un peu plus sur les tatouages de Farris, n'ayant jamais vu quelqu'un avec autant de décoration du genre sur la peau, tout en continuant de faire la conversation. « C'est étrange ici, chez moi c'est nous qui payons pour manger au restaurant, pas l'inverse ! C'est comme ça dans tous les commerces ? Oh, tes amis plus tôt, tu crois qu'ils vont biens ? »

" C'est juste que... Et bien, ici, les gens qui portent ces tatouages, comme moi, sont... Des gens "respectés", dirons-nous. Pour ne pas dire craints. "

Ciel...? Amusant comme son nom lui allait bien. Enfin, pour le peu qu'il connaissait d'elle : pour le moment ça se résumait à tomber tête la première du ciel pour assommer ses "gardes", et d'être un ventre sur pattes. Au point de risquer sa santé pour deux pauvres brochettes d'une poubelle. Mais elle l'aida à apprendre un peu plus sur elle : si jusque là c'était compliqué de la regarder dans les yeux, le couvre-chef ôté permit enfin de détailler les traits de la jeune femme. Nul doute que la bave aux lèvres du chef cuistot qui la dévisageait - en fixant son décolleté - était un indice pour Farris sur la beauté relative de la blonde. Tenu à l'écart en temps qu'esclave, le jeune homme n'avait pas vraiment les notions de "beauté" de la société actuelle; mais en tout cas elle n'était pas désagréable à regarder.

Aussi angélique puisse t-elle être, Farris doutait cela dit de l'existence de cette histoire de "Skypéia", ou de l'île d'Angel d'Island. C'est avec un regard plutôt sceptique que l'ingénieur la dévisagea, alors que le tenancier vint déposer les deux bols de ramen promis un peu plus tôt.

" Si tu viens d'"Angel Insland", et que tu as finis ici, il te suffirait pas de faire le chemin en bâteau inverse pour y retourner? " commença Farris avait de prendre les deux baguettes jointes et les casser en deux. " Mais ça doit être loin : j'ai pas vu ce nom dans les livres sur South Blue... "

Cependant, Farris s'avançait un peu quant à ses connaissances sur la géographie du monde. Il ne quittait que rarement l'île, lorsque son expertise était nécessaire pour l'acquisition de matériaux, et sinon il était gardé enfermé dans l'atelier à travailler ses plans toute la journée. Mais ça le faisait un peu... "rêver"? C'était ça le mot. Comme Papy lui avait parlé des merveilles et dangers du monde hors de cette île mafieuse, ça excitait quelque peu son imagination ; et chez un inventeur-né, c'était tout un monde qui se dessinait à la moindre info donnée pour nourrir sa créativité.

" Et tous les gens sur Angel Island... Ont des ailes, comme toi? Est-ce que c'est juste sur votre île? Ou alors c'est sur mon île où on est les seuls à ne pas avoir d'ailes?!"

" Je vois, c'est un peu comme les gens du clergé de Dieu chez moi, " raisonna Ciel à haute voix en se penchant sur le côté pour observer d'encore plus près les tatouages de Farris, le nez à quelques centimètres des muscles du jeune homme et la poitrine bien en évidence appuyée sur le comptoir. " Oh, mais alors, tu es quelqu'un d'important et de craint toi aussi ? Je dois t'appeler monsieur Farris ? "

Remarquant du coin de l'œil le tenancier s'approcher avec leur bol de ramen, Ciel se redressa et trépigna d'excitation sur sa chaise, joignant ses mains ensembe alors que ses pupilles se parsemaient d'étoile, un grand sourire niait venant compléter son visage béatifique. Elle salua le tavernier d'un petit " Heso " et un [color=white]" Itadakimasu ! " rapide avant de saisir les baguettes, les séparant en vitesse pour mieux pouvoir plonger dans son repas.

" Oui ch'e veux bien sluuuurp. " répondu Ciel avec une bonne poignée de nouilles dans la bouche avant d'avaler en vitesse pour continuer les lèvres libres, " mais je n'ai pas de bateau tout court, alors un qui pourrait voler pour me ramener chez moi ! Puis oui c'est loin, je suis tombée pendant trois jours minimum avec des vents très forts qui me poussaient vers l'avant. Enfin, j'imagine que c'est loin, je connais pas ton... Sauwte Blou, si ça se trouve, je suis tournée en rond et on se trouve directement sous Skypéia ! "

La première réponse donnée, Ciel se détourna encore un peu de Farris afin de donner à son bol l'attention méritée, se penchant vers l'avant pour réduire le déplacement entre la table et sa bouche. Elle se mis alors à dévorer les ramens tel une affamée, ce qu'elle était, tenant son bol d'une main et les baguettes de l'autre pour assurer le meilleur rendement, ne s'arrêtant à peine que pour respirer, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le bouillon tout au fond.

" Nom nom nom.... Bwoui, tous les gens d'Angel Island ont des ailes, comme tous les autres habitants des îles célestes, " expliqua patiemment Ciel avant de fléchir un peu des ailes pour les faire gigoter, " mais pas comme moi, exactement. La plupart des gens ne les utilisent pas vraiment, alors leurs ailes sont bien plus petite et atrophiée ! Les habitants de la mer bleue n'ont tous pas d'ailes, il parait, alors ce n'est pas que ton île. "

Ciel souleva ensuite son bol jusqu'à ses lèvres, penchant son dos vers l'arrière pour avaler ce qui lui restait de bouillon, sa poitrine bombée se soulevant et s'abaissant en rythme avec les glous glous s'échappant de sa gorge. Une fois vide, elle laissa échapper un grand soupir de satisfaction puis elle tendis le bol vide vers le tenancier avec un grand sourire éclatant.

" Dé-li-ci-eux ! Je pourrais avoir un autre bol, avec extra porc et un œuf, s'il vous plait ! Avec un truc à boire, d'alcoolisée avec de la menthe et du fruité, c'est possible ? " commanda l'ange avant de se tourner un peu vers Farris, s'appuyant la joue d'une main, coude sur le comptoir. " Mais bon, on a beaucoup parlé de moi, changeons de sujet ! Parle moi de l'île, je ne sais même pas où je suis atterrie ! "

C'était bouche bée que Farris écoutait les dire de Ciel, sur d'où elle venait, comment elle avait littéralement atterrie ici, les gens de son île... Alors que la blondinette dévorait son bol de la moins distinguée des manières, Farris lui n'arrivait pas à focaliser son attention ailleurs que sur les lèvres qui déblatéraient ce qui relevait de l'impossible pour bien des gens du coin. S'il supposait bien, cette fille viendrait d'une île... Dans le ciel? Au-dessus de leur tête, des nuages et proche du soleil pourquoi pas?! Si bien que même en tombant dans le vide, on mettait trois jours entiers à atteindre le niveau de la mer et des terres?

Impossible était le premier mot qui lui venait à l'esprit pour juger de leur véracité. Un truc aussi incroyable, il l'aurait forcément lu ou entendu quelque part. Pourtant, les petites ailes qu'elle agitait sans problème dans son dos pouvaient constituer une preuve, ou tout du moins pouvaient émettre un doute solide dans l'esprit de Farris.

Sans dire mot, il reporta ses fines pupilles sur le bol devant lui, observant son reflet dans les micro-gouttelettes de lipides présent dans le bouillon entre deux morceaux de bœuf. Son esprit était en ébulition, si bien que des bribes de mots et des phrases s'échappaient de ses lèvres sans qu'il ne s'en rende compte. Vrai ou pas vrai? Le révéler ou la cacher?

" C'est... Enfin, ce serait juste dément, si je pars du principe que c'est vrai... " commença t-il en reportant son attention sur Ciel, abservant à nouveau ses ailes. " Et ça l'est surement... Mais c'est pour ça qu'il faut que je dise un truc sur mon île à moi. Et elle fait un peu moins rêvée. Si tu es belle et bien tombée pendant trois jours pour attérir sur de la terre ferme, sache cependant que tu aurais mieux fait de tomber dans l'eau. Ici c'est Rahvey Island, du nom de son propriétaire actuel. Casino, arènes de paris, maison de passe... Si t'as de l'argent, tu t'y plairas. Si tu n'as rien, soit prête à donner quand même. Ils trouveront bien un moyen de te faire payer, surtout après avoir assommé un de leurs hommes... "

Sans doute devaient-il les chercher, mais vu toutes les micros-ruelles entre les boutiques, auberges et salles de jeu, ce serait un bien triste coup du sort qu'ils tombent sur eux maintenant totalement par hasard. Doucement, Farris se mit à manger, mais sans cesser ses explications alors que le petit bonhomme tenant le restaurant resservie l'ange, ne serait-ce que pour le privilège de revoir se balancer ses atouts pendant qu'elle mange avec autant d'énergie.

" Si on te trouve, Rahvey te vendra en tant qu'esclave s'il ne te garde pas pour lui, au mieux. Dans le pire des cas... Tu seras étudiée. Et j'ai suffisamment consulté d'ouvrages scientifiques pour savoir que ce n'est jamais agréable pour le sujet d'études... C'est pour ça qu'on doit te garder cacher, ou plutôt ne rien dire sur ton origine. "

Par chance le tenancier, quand il n'était pas trop absorbé par les seins de Ciel, était dans sa cuisine à préparer les plats qu'elle demandait. Farris doutait qu'il ait réellement entendu quoique ce soit... Mais ça allait poser soucis pour la suite : comment la garder cacher?

Le tenancier ne se fit pas prier une fois la commande de Ciel passée, s'empressant de lui mixer un cocktail selon ses spécificités, baragouinant quelque chose à propos que le verre était au frais de la maison, que ça faisait plaisir de voir une belle jeune femme apprécier sa cuisine et d'autre platitude du genre dîtes avec les joues rosées et le regard n'allant jamais plus haut que le décolleté de l'ange. Cette dernière ne s'en offusquait pas vraiment, tant qu'il ne l'embêtait pas trop avec ça et qu'il continuait de lui servir de délicieuse nouille, elle commença donc à siroter son cocktail tout en laissant ses yeux se promener un peu partout dans la pièce pour observer un peu la décoration très exotique, bien que son regard baladeur se retrouvait plus souvent qu'autrement à détailler la ligne des muscles fins de Farris.

« Hmm~ hmm ? » commenta Ciel en se faisant tirer de ses rêveries quand son compagnon recommença à faire des phrases complètes. L'écoutant plus attentivement, elle tordu ses lèvres en une petite moue alors qu'il décrivait l'île comme étant le genre d'endroit qu'Oncle Nero fréquentait après avoir vendu ses prises et lui interdisait de visiter elle-même, surtout seule. Étant une sage fille, elle se sentait donc plutôt inconfortable à l'idée de désobéir à son gardien, même accidentellement et en plus, elle s'était assez rapidement délestée de sa bourse pour plus de manœuvrabilité dans les airs au début de son vol. « Beh ? C'est lui qui est venu se mettre sur ma trajectoire pour me rattraper, je vois pas pourquoi je devrais le payer ? Puis de toute manière, j'ai plus le moindre extol sur moi. Oh merci ! »

Ciel se laissa à nouveau servir par le tenancier, lui offrant un grand sourire et un soupir d'aise en laissant la vapeur s'échappant du bol lui chatouiller les narines. N'était plus aussi affamée, elle entama alors son bol bien plus lentement et méthodiquement tout en écoutant la suite des explications de Farris. Mâchant lentement un bout de porc, elle resta pensive un moment avant de pousser un autre soupir, cette fois-ci un peu plus défaitiste, l'île où elle était atterrie n'était pas des plus sympathique.

« C'est nul, j'ai pas envie d'étudier encore ou de me faire garder par un inconnu et je sais pas c'est quoi un esclave, mais on me vend pas, non mais oh. Hmm, que faire... Je dois cacher mes ailes tu dis ? J'ai un idée ! » s'exclama Ciel en se redressant sur son tabouret, faisant sautiller sa poitrine pour le plus grand plaisir du tenancier qui dû s'enfuir dans l'arrière boutique pour gérer un hémorragie nasale soudaine et violente. Les yeux pétillant d'excitation, la blonde fit tourner sa besace pour la mettre sur ses genoux et commença immédiatement à fouiller à l'intérieur, perdant rapidement son sourire en la trouvant complètement vide à l'exception de son visio-dial. « Oh zut, j'avais oublié... Je voulais me faire un poncho de nuage, mais j'ai utilisé tous mes dials pendant mon envolée, j'ai plus rien... Au moins, j'ai encore ma camé... » pleurnicha l'ange avant de se reprendre un peu, retirant l'appareil photo de son sac et retournant l'objectif vers elle et Farris, souriant grandement en faisant un signe de V de sa main libre avant d'appuyer sur le déclencheur. Un crack se fit alors entendre depuis l'appareil qui se fendit en deux, le coquillage principale tombant sur le comptoir tout fendu.

« Nooooon, c'est pas juuuuuste ! Comment je vais prendre des photos maintenant ? » pleurnicha Ciel avec encore plus de désespoir, se laissant glisser au sol de dépit et s'accrochant à la ceinture de son nouveau compagnon, levant vers lui un regard de chien battu. « C'est la poisse ici, je veux retourner chez moi ! Dis dis dis Farris, tu veux bien m'aider encore ? Tu n'as pas l'air de trop trop aimer ton île, achetons un bateau et vient avec moi à Skypiéa ! »

Bon, visiblement la jeune femme n'était pas motivée à obéir sagement à ses conseils qui lui éviteraient pourtant d'être un peu malmenée, et ce par des sévices qui n'allaient sans doute pas aller dans la dignité de la femme en générale. Même si elle devait quand même être un peu débrouillarde, à ses dires : en plus d'avoir du caractère, ce qui tira un petit sourire amusé aux coins des lèvres de l'ingénieur pourtant peu loquace.

Il la laissa piquer sa petite crise, à propos de "dials" ou trucs du genre. Peut-être un petit gadget de sa fameuse île dans les nuages, pour faire des ponchos... Ca devait vraiment être une culture bien particulière! Il serait curieux de s'intéresser à leur technologie. Quand bien même, à la vue de la coquille de Den Den qu'elle s'amusa à utiliser comme une caméra, il devait y avoir une certaine proximité entre leurs niveaux technologiques!

Farris s'apprêtait à lui poser la question, sa passion pour la science n'ayant aucune limite, mais c'est alors qu'elle se mit à pleurnicher et lui réclamer de l'aider à partir! Surtout que Rahvey Island n'était pas vraiment le meilleur endroit à visiter en tant que touriste, il fallait bien l'avouer. Mais hélas, Farris ne pouvait pas réellement la quitter; son sort n'était pas ce qui le retenait. Sans doute même qu'il parviendrait à s'en sortir, mais les esclaves eux seraient les premiers à être punis... Non, impossible!

" Désolé Ciel... Je ne peux pas partir comme ça. Mais je devrais pouvoir t'aider à t'enfuir... Mais il me faut un peu de temps! "

Il y avait des bateaux qui faisaient le relais avec Rahvey Island. Farris n'avait jamais su où ce navire pouvait aller, mais ça ne serait jamais pire qu'ici de toute façon...

C'est en la voyant tomber à genoux et tenant sa ceinture que le jeune homme se mit à rougir, ses yeux étant tomber un peu plus bas que de son visage pendant une seconde, avant de détourner le regard comme un jouvenceau.

" S-si tu veux, en attendant... J'ai des Den Den dans mon atelier, où tu pourras te cacher. J-je dois avoir un Den Den pour filmer et prendre des photos... "

« Mais aller, » pleurnicha un peu plus Ciel dans l'espoir de convaincre Farris de l'accompagner dans sa fuite de l'île, « c'est nul de voyager seule, pourquoi tu veux pas partir avec moiiii... »

Ce n'était pas tant que la jeune ange s'était complètement attachée au bel inventeur, mais surtout qu'elle n'aimait pas devoir voyager seule encore et ne connaissait pas assez les coutumes de la Mer Bleue pour espérer vraiment survivre par elle-même. Elle ne gagnerait jamais de prix pour son intelligence, mais la blonde était suffisamment maligne pour savoir qu'elle ne l'était pas et qu'elle aurais certainement besoin d'aide pour rentrer au bercail, ne serait-ce que pour se procurer un navire capable de prendre la voie des airs.

Cependant, les larmes de Ciel se tarirent quand elle entendit Farris mentionner un objet qui lui permettrait de prendre des photos, un Den Den, qu'importe ce que ce pouvait être. Les yeux soudainement brillant et emplie d'étoile, elle grimpa sur le torse finement musclé de l'humain pour venir mettre ses mains sur les épaules de l'humain, son nez touchant presque à celui de l'homme alors qu'elle le fixait intensément, frôlant le torse du bout de sa poitrine.

« C'est vrai, tu as des appareils photos ? C'est quoi un Den Den, c'est comme un dial ? Je veux voir, allons-y ! Hmm, je dois cacher mes ailes, tu disais... »

Soudainement consolée par la promesse d'un appareil photo, ou ayant simplement oublié sa peine pour le moment, Ciel lâcha Farris en regardant tout autour d'elle, se promenant à travers le restaurant à la recherche d'un déguisement acceptable, passant un doigt sur les nappes couvrant les quelques tables disponibles avec une petite moue. Éventuellement, elle s'arrêtant devant l'ouverture du couloir menant à l'arrière boutique et aux toilettes, un simple carré dans le mur caché par deux grands rideaux de couleur terne avec un motif de bambou.

« Oji-san, j'emprunte tes rideaux ! » interpella Cial avant d'attraper les deux pans de tissue à leur base, les arrachant du mur de manière à ne rien abîmer sans toutefois attendre la permission du tenancier. Repliant ses ailes autour de ses côtes et sous a poitrine, elle s'enroula ensuite dans les rideaux de manière à former une sorte de toge attachée derrière la nuque lui donnant un décolleté plongeant et montrant un peu les plumes sur les côtés tout en dissimulant la base de ses ailes sur son dos et la cuirasse à l'avant.

« Et voila ! En plus, tes amis ne m'ont pas vu sans mon casque, alors je suis incognito, non ? On peut aller à ton atelier, comme ça ? »

Décidément, elle ne tenait pas en place! Elle passait de l'état de décomposition par la tristesse sous sa ceinture à au-dessus avec un seul bond débordant de joie! C'est par réflexe que les bras de l'intello se refermèrent autour de la silouette gracile de l'ange venant presque le câliner. Et ce n'est pas dans un atelier ou une bibliothèque que ces choses là arrivent généralement!

Mais à son plus grand bonheur (regret?), cette situation s'interrompit rapidement et lui permit de reprendre son souffle et faire disparaître le rouge qui avait inondé son visage des oreilles jusqu'au bout de son fin nez. C'est en reposant son attention sur elle qu'il se rendit compte qu'elle était presque en train de retourner le restaurant pour trouver de quoi se dissimuler : il ne s'attendait pas à ce que cette promesse de lui montrer un Den Den marche autant pour la motiver à le suivre! Elle était impulsive, mais elle avait quand même de la suite dans les idées : cette toge faites de pauvres petits rideaux en jetaient pas mal sur elle! Cela colla un petit sourire amusé sur le visage encore pourpre du jeune homme qui se gratta la menton.

" C-ça te va bien oui... Enfin, ce sera parfait j'veux dire ! On devrait pouvoir se rendre à mon atelier sans se faire remarquer comme ça... "

Le grand maigrichon se leva de son siège, et sembla chercher de l'argent dans ses poches avant de se rappeler qu'il avait extorqué ce repas! Cela dit, avec la vue qu'il s'est payé sur les atouts de Ciel, on dira qu'il a été largement remboursé... C'est en se montrant d'abord méfiant que Farris remit les pieds hors du restaurant, dans une rue animée et bondée à cette heure de repas. De quoi les aider à progresser vers ses quartiers, les deux jeunes gens camouflés dans la foule...

*************

C'est sans réels problèmes que les deux nouveaux comparses traversèrent une partie de l'île jusqu'à son point névralgique; le QG de Rahvey, supervisant les actions des Triades. En chemin, ses deux "gardes du corps" ne s'étaient pas manifestés : Farris prétexterait qu'il a voulu poursuivre leur assaillant, mais qu'il n'était pas assez rapide. Physiquement, Farris n'a jamais vraiment été un athlète. Si bien que les autres hommes de Rahvey qui le vit revir avec un véritable ange (métaphoriquement) blond au sex-appeal bien notable! Finalement, Farris avait mal jugé le fait qu'elle n'attire pas l'attention... Jugé la beauté des femmes n'étaient pas son domaine de prédilection après tout!

Enfin, cela confirma qu'hormis pour recevoir quelques répliques de dragues vues et revues, sa particularité ne sautait pas aux yeux. Ciel et Farris purent alors accéder à son atelier : une demi-sphère blanche posée en haut d'un parvis de pierre, d'où s'échappait plusieurs tuyaux d'aciers d'où s'échappait la chaleur de ses forges. Elle était un peu à l'écart des bâtiments luxueux réservés à Rahvey et sa bande, pour éviter les mauvaises odeurs et risques d'incendies.

L'intérieur cela dit était bien moins blanc que l'extérieur. Des outils dispersés au sol ça et là, des restes d'inventions non finies disposées contre les murs, en attendant d'être finis; les débuts d'un esprit fécond qui avait trop d'idées et pas assez de temps pour tout finaliser. Il faisait chaud ici, aussi il n'était plus difficile à comprendre pourquoi Farris travaillait trose nu toute la journée. Ses fours fonctionnaient encore, en train de fondre le métal qui allait lui servir à une prochaine arme pour Rahvey.

L'ingénieur passa rapidement devant Ciel, et attrapa un bras robotique, une masse lourde et quelques autres outils qui trainent pour rapidement les déplacer et libérer une table. On aurait dit un enfant en train de ranger sa chambre alors qu'une copine arrivait!

" V-vas-y, installe-toi! Si tu trouves qu'il fait trop chaud, je peux ouvrir une fenêtre aussi! "

Juste avant de partir maintenant qu'elle avait déguisé ses ailes, Ciel attrapa sa boisson qu'elle vida d'un trait puis lâcha un petit hoquet avant de partir à la suite de Farris, titubant un peu les premiers pas avant de venir s'accrocher à son bras pour l'équilibre, se collant un peu trop à lui. Malgré tout, ils n'eurent pas trop de difficulté à arriver à leur destination où ils croisèrent plusieurs connaissances de l'humain qu'elle salua en gardant en tête son déguisement.

« Heso, confrère humain ! C'est bien de marcher sur la terre et non sur des nuages, n'est-ce pas ? »

Heureusement, les mafieux étaient trop distraits par son décolleté ou sa chute de reins pour vraiment prendre en compte l'étrangeté de sa phrase, préférant plutôt lui lancer des répliques dénuées de finesse pour l'inviter à abandonner son compagnon en leur faveur. Ce dernier l'ayant aidé et étant de toute manière bien plus attirant que l'attirail de brutes et d'escrocs en costards criards, elle n'eut aucune hésitation à les rembarrer plus ou moins gentiment. Une fois ou deux, elle dût même tourner contre Farris pour le placer entre elle et ses collègues quand l'un d'eux essaya de l'attraper carrément par la taille pour la prendre de force avec lui ou un autre pour essayer de lui toucher les fesses, mais il n'y eu pas d'accident autrement, aucun des plus sanguins n'étant d'assez au rang pour risquer le début d'un conflit ici.

« Piou, ils sont pas bien sympa tes copains, je vois vraiment pas pourquoi tu veux rester avec eux ! » déclara Ciel une fois en sécurité dans l'atelier, tournant un peu partout dans la pièce pour découvrir tous pleins de choses complètement étrangères et d'autres étrangement familières et nostalgiques, lui rappelant l'époque lointaine avant la disparition de ses parents. Elle leva alors la main à son visage pour essuyer une larme perlant au coin de ses yeux puis se glissa vers une des tables, les pupilles soudainement brillante. « Woah, c'est quoi ce petit escargot, c'est ça un Den Den ? C'est mignon ! »

Prenant en main l'escargot, Ciel se rapprocha alors de la table que Farris venait de débarrasser, penchant sa tête sur le côté en clignant des yeux quand il lui proposa de s'installer, un peu interdite vis-à-vis ce qu'il lui proposait. Éventuellement, elle haussa les épaules et tira sur le nœud reliant les rideaux sur sa nuque, laissant sa tunique improvisée tomber au sol avant de venir se coucher dos sur la table dans ses vêtements de base, son casque déposé sur le meuble pas loin de sa tête et le Den Den dans ses mains en coupe sur son ventre.

« C'est pas trop mal pour la chaleur, je crois, » commença Ciel en baillant un peu, « Mais je vais trouver moyen de t'amener avec moi quand je vais partir, pour te montrer mon île. Là-bas, on n'utilise pas les tables pour tout, on a un truc qui s'appelle un lit, c'est comme une table plus basse et tout moelleuse pour se coucher dessus... »

Sujet: Re: Le Ciel nous tombe sur la tête! [PV : Ciel]

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