Repas déroutant pour rencontre alléchante ~ [Terminé]

Voguant aux grès des courants depuis quelques jours, la jeune femme qui s’était séparée de son précédent équipage de sauveur commençait à désespérer. D’après les cartes qu’elle avait pu consulter, une île se trouvait non loin de l’endroit où ils s’étaient séparés mais depuis ce moment… Rien excepté de la flotte à perte de vue. Quelle ironie et surtout quelle poisse pour la jeune femme qui doutait de plus en plus d’atteindre la terre ferme encore en vie. Elle faillit presque croire en une force supérieure et malicieuse qui aurait voulu la faire mourir après l’avoir laissée échapper à sa base d’attache.

Perdant peu à peu espoir, affalée en proue de sa chaloupe, les bras ballants de chaque côté, l’ancienne Marine se redressa lorsqu’elle entendit les incessants cris de mouettes. Généralement rassemblée là où il y a de la nourriture, cet indice la fit se redresser et apercevoir au loin une île. Sans chercher plus loin, elle mit le cap dans cette direction.

Un arrimage parfait, d’après sa roulade et sa tronche pleine de sable. Bien qu’elle n’imaginait pas quiconque se soit piquer une vulgaire chaloupe dans laquelle on pourrait avoir encore moins de chances de survie en mer qu’à la nage, Raven attacha quand même cette dernière à un piquet de fortune fait à l’aide d’un débris qui jonchait la plage où elle venait d’accoster. Ne lui demandez pas le nom de cette île, elle n’en a foutrement aucune idée et c’est sûrement le cadet de ses soucis…

Enfin débarquée, la jeune femme commença à déambuler sans réel but jusqu’à ce que son ventre refuse de la mettre en sourdine. Les gargouillis étaient incessants et elle-même sentait que ses forces l’avaient presqu’entièrement abandonnée. Elle devait manger. Absolument et très vite !

Ayant quelques sous sur elle, Raven s’arrêta devant quelques étales faisant griller divers mets à l’odeur alléchante de l’allée principale du village. À l’échoppe des Takoyaki, véritable délice pour elle, elle apprit que cet endroit s’appelait Chicka Island. Ici, les femmes étaient connues pour être faciles et créer ainsi de nombreux conflits. De quoi donner un instant de nostalgie à la jeune femme qui repensa alors à son île natale, connue pour sa part pour ses femmes à la jalousie meurtrière. De quoi l’amener à se questionner sur ce qu’était devenue sa famille et si elle oserait les revoir maintenant qu’elle n’était plus qu’une criminelle, ayant déserté son poste non sans causer quelques dégâts derrière elle…

Payant sa nourriture, elle s’éloigna de l’échoppe et reprit sa recherche d’un bâtiment où manger, sa faim n’étant toujours pas calmée. Elle finit par trouver un établissement, restaurant semblant fréquenté par des personnes d’un certain statut. Très loin de l’apparence chic de leur clientèle, le portier finit néanmoins par installer Raven à une table libre. Intelligents, les prix n’étaient pas affichés sur le menu et elle commanda donc plusieurs plats, se ruant dessus à peine posés sur la table. De quoi ne pas plaire à tout le monde et comparant les tenues propres des clients et la sienne, totalement déchirées, ça ne tarda pas à jaser d’une table à l’autre.

Le jeune homme avait sa nouvelle mission, cela fut assez rapide pour une fois. D'habitude, il devait attendre plusieurs jours, voir des semaines pour savoir ce qu'il devait faire. Cela lui laissait le temps de se reposer, de réfléchir à certaines choses ou encore de s'entrainer. Toujours la même chose, mais l'on n'est jamais assez fort et il l'a bien compris avec son périple. Cependant, là, ce n'était pas le cas, cela faisait déjà une petite semaine qu'il avait prit la mer pour aller à la prochaine île essayait de récupérer des informations. Il devait s'occuper d'une jeune femme répondant au prénom de Raven, il fallait être un peu fou pour accepter une mission sans savoir à quoi elle ressemblait. Cela donnait un peu de challenger si l'on peut dire. Il savait juste qu'elle avait causé du tort à un groupe qu'il n'appréciait guère et s'il avait le choix, il l'aurait remercié au lieu de devoir la tuer. Cependant, pour que son commanditaire lui demande si rapidement de s'occuper d'elle, c'est qu'il devait la considérer comme une personne très gênante ou qu'elle le deviendrait. Cela était possible, tellement de grands noms de l'histoire étaient des personnes considéraient comme banales, sans avenir et ils sont devenus des monstres. C'était peut-être le cas de cette demoiselle, seulement elle ne verrait peut-être pas son avenir. Malheureusement, il ne savait pas où elle se trouvait non plus, la recherche allait donc prendre plus de temps que ça. Embarqué sur sa petite coque de bois, les yeux rivaient sur sa carte, il espérait pour une fois qu'il n'allait pas se perdre.

Cela serait vraiment une première fois lui. La plupart de ses déplacements en barque n'étaient pas une grande réussite. Passant plus de temps à se perdre ou à subir la colère divine des océans. Il connaissait la dangerosité de la mer quand celle-ci décidait de s'énerver. Pour une fois, il avait un peu de chance, le temps semblait plutôt clément avec un magnifique soleil qui réchauffait sa peau. Il se permit même le luxe de se coucher pour profiter des rayons de cet astre. Les moments de calmes comme ceux-là étaient tellement rares qu'il en profitait dès qu'il le pouvait. S'endormant même jusqu'à sentir un violemment choc contre la petite coque de bois. Se redressant en sursaut tout en criant, écarquillant les yeux et attrapant ses cartes près à les envoyer. Il se rendit compte dans la seconde que c'était juste son embarcation qui venait d'échouer sur le sable fin d'une île. Ecarquillant les yeux avant de se calmer, baissant la tête tout en la secouant. Heureusement qu'il n'y avait personne pour le voir sinon il aurait perdu toute crédibilité. Dire qu'il avait tué pas de personne, qu'il avait fait couler des litres de sang, tout ça pour avoir peur d'un choc contre sa barque. C'est vrai que d'un coup, cela faisait beaucoup moins méchant ou viril. Ren soupira et décida de sortir de sa coque de bois et de l'attacher à un bout d'arbre. On ne sait jamais, s'il avait besoin de s'enfuir rapidement et qu'il revient sur la plage sans trouver son moyen de déplacement, cela serait assez gênant.

Il se dirigea vers le centre-ville, son ventre commençant à crier famine, il allait devoir trouver une solution pour manger. Cependant, l'argent ne coulant pas à flot et regardant les plats qu'il y avait sur les cartes, il pouvait comprendre que les prix seraient élevés. Il eut un petit rictus quand il remarqua que les restaurateurs ne mettaient même pas le prix. C'était de petits malins, beaucoup de personnes devaient venir en se disant que cela était abordable et quand ils devaient voir l'addition salée, ils devaient changer de couleur. Le jeune homme allait devoir trouver de la monnaie et en voyant l'avenue remplit de monde, il se disait que cela ne serait pas trop difficile. Ren se craqua les doigts en affichant un petit rictus, c'était jour de paie. Passant à côté de certaines personnes, il se faisait un plaisir d'utiliser ses doigts de fées pour se saisir de porte-monnaie, de collier de certaines femmes et de bagues. On ne sait jamais, peut-être qu'ils accepteraient d'être payé en objet. Si cela n'était pas le cas, il y a toujours le moyen de leur forcer la main. Le jeune homme a toutes les cartes en main pour leur faire accepter son moyen de paiement. Une fois la première partie de ses courses finies, il allait pouvoir se faire un petit plaisir. Il fallait choisir un restaurant qui avait un petit standing. Il avait suffisamment dans ses poches pour y aller, malgré que la tenue ne soit pas présente. En effet, quand il ouvrit la porte, il aperçut pas mal de personnes très bien habillées, alors que lui était en jogging et petit t-shirt. Autant dire que c'était le jour et la nuit. Cependant, il remarqua rapidement qu'il n'était pas le seul à sortir du décor. Il y avait une jeune femme qui avait des vêtements déchirés et tout le monde semblait parler sur elle. Ren passa outre les remarques et s'assit à une table, appelant un serveur pour commander rapidement. Le jeune homme croisa les bras au niveau de son torse pour attendre les plats qu'il avait commandés, regardant la salle et écoutant les personnes. Peut-être qu'il pourrait entendre quelques choses d'intelligent, mais c'était loin d'être le cas. A part des « tu as vu comment elle est habillée ? », « Comment se fait-il qu'une prostituée vienne manger ici ? », « Regarde-moi les deux pauvres, c'est une honte ».

Il lâcha un immense soupire et se leva doucement, baissant la tête. C'était clairement des comportements qu'il ne pouvait pas vraiment accepter. Un homme se mit à rire en pointant du doigt la demoiselle, malheureusement pour lui, il venait de se désigner victime. Ren arbora un magnifique sourire, se dirigeant vers la personne et ne lui laissa pas le temps de rien dire ou faire. Le jeune homme l'attrapa par les cheveux et lui écrasa la tête sur la table. Le laissant un peu groggy avant de l'attraper par le col de sa chemise et le tirer vers la demoiselle. Elle se trouvait à l'autre bout de la pièce, mais les cris des personnes n'allaient pas le faire passer inaperçu. Tout le monde le regardait avec horreur et ils s'écartaient devant lui. Arrivant devant la belle inconnue, il souleva légèrement sa victime pour l'écraser sur la table, la tête en direction de la demoiselle. Il sortit une carte de sa poche avec un petit sourire et la planta juste devant l'homme.

« Huumm dame de pique … mauvaise carte pour toi. Je serais à ta place, je m’excuserais auprès d’elle pour les insultes et tu vas même lui payer son plat. »

Il se pencha légèrement sur lui, venant murmurer à son oreille, mais peut-être un peu trop fort.

« Car il se pourrait que la prochaine carte que je sorte, soit celle qui signera la fin de ta partie. Tu comprends ? Carte, partie. Pas mal non ? Va falloir que je la retienne celle-là tiens. »

Sa façon de parler, d’agir et même de sourire pouvaient faire assez psychopathe sorti d’un asile de fou. Cependant, il se sentait obligé de faire cela. Au moins, il y avait un calme incroyable dans la salle maintenant. Plus d’insulte, de manque de respect, bien qu’il ne savait absolument pas qui il venait de saisir. Cela pouvait être un inconnu, comme une personne respectée ou encore un mafieux local. La vie est faite de surprise.

Bien que choisit au hasard, ce restaurant ne semblait pas être n’importe lequel sur cette l’île. La décoration était luxueuse tout comme l’argenterie ornant les tables. Un lustre imposant pendait au plafond et rien que la matière dans laquelle les nappes étaient coupées devait valoir bien plus cher que ce que portait Raven. Le personnel aussi était habillé chic, sur leur trente-et-un comme on dit. Amenée à une table malgré le tempérament hautain du serveur, la jeune femme laissa couler, déjà étonnée que des tables soient encore libres.

N’étant pas pressée, la jeune femme patienta tout le temps qu’on lui imposa avant de passer commande, n’adressant pas le moindre regard au serveur. En revanche, elle en profita pour demander sur quelle île elle se trouvait. Même s’il en étouffa un rire moqueur, l’homme en costume lui répondit, terminant de noter sa commande pour achever avec un classique « ce sera tout ? », lâchez de haut…

« L’île d’Yfépafaim… »

C’est un nom comme un autre, après tout. Tandis qu’elle patientait, la pirate observa autour d’elle et remarqua bien vite les regards qui pointaient vers elle. Certains étaient accompagnés de commentaires qu’on essayait à peine de cacher alors qu’à d’autres tables les clients se penchaient les uns vers les autres pour se faire des messes basses. Leurs tenues chics, d’une propreté impeccable en passant par les robes bien décorées et les diadèmes ornés de joyaux jusqu’aux cheveux noyés sous du gel ou de la laque… Comme elle s’en douta vite, cet endroit était un des lieux fréquentés par le gratin de la ville. Tout ce qu’elle déteste réunit en un même endroit. Quelle joie !

Trop affamée ou nonchalante à cet instant, la brunette se contenta d’ignorer tout ce beau monde. Elle eut vite mieux à faire quand on déposa les plats commandés sur la table, commençant à se remplir la panse tout en commençant à se dire qu’elle devrait toutefois trouver une façon de leur donner une petite correction.

« Humpf. Pas super. »

Loin d’être convaincue et vu le peu dans les assiettes, le repas n’était pas vraiment au goût de la jeune femme. La toux de la femme assise dos à elle, à la table voisine, qui avait entendu n’allait pas changer son point de vue sur cet endroit. Alors qu’elle jouait nonchalamment avec sa fourchette, piquant à plusieurs reprises dans un pavé presque gluant. D’après sa couleur et la texture de l’intérieur, il s’agissait sûrement d’une belle pièce de viande rouge avant qu’elle ne soit ainsi massacrée…

Toutefois, on ne lui laissa pas l’occasion de jouer plus longtemps à la critique culinaire, son attention quittant son assiette pour se relever en direction de la salle d’où plusieurs cris de panique venaient de casser l’ambiance. Le seul point qui la dérangea fut d’entendre les cris sembler se rapprocher vers elle, s’intensifiant au point de lui casser les oreilles. Comme elle l’avait déduit, un inconnu sortant tout autant du lot qu’elle, d’après sa tenue, se tenait devant sa table. À ce moment, Raven hocha négativement la tête et fit comme si de rien était en reprenant une fourchette de purée.

« Ce doit être une erreur. Je n’ai pas commandé de porc. »

Dit-elle comme pour répondre à l’inconnu venant d’écraser la tête du client moqueur contre la table. En plein dans une assiette, par-dessus le marché. Son regard se plissa pourtant pour finir par se poser sur le client malmené, arborant une expression presque terrifiante qui fit enfin taire la fameuse victime.

« Je ne suis pas cuisinière ou serveuse, cela dit… Il est d’usage d’au moins tuer la bête avant de la présenter au client, non ? »

La chose particulière lorsque Raven fait de l’humour, c’est que sa voix reste aussi froide qu’en temps normal et paraît tout à fait sérieuse. Ce qui a le don de rendre ses piques très facilement insultantes, comme à cet instant. Elle se figea en observant l’inconnu suite à sa blague, gardant le silence alors que la façon dont elle cligna des yeux plusieurs fois semblait juger cet homme et sa blague.

« Ne… Non. Ne te donne pas cette peine. Vraiment… »

Fit-elle en soupirant après qu’il ait insisté dessus, l’expliquant pour qu’on soit sûrs de comprendre… De quoi faire soupirer la jeune femme même si un détail n’était pas entré dans l’oreille d’une sourde.

« Si c’est Mr Porc qui paye alors… Tournée générale du champagne le plus cher ! Mettez tout sur sa note… Videz le stock. » Alors que le gérant n’y comprenait plus rien, la pirate l’attrapa par la cravate pour tirer d’un coup vers le bas, histoire de pouvoir lui parler « Du jus de melon pour moi. »

Il s’était pointé au début de l’agitation mais n’avait pas su réagir, sur le point d’appeler de l’aide extérieure mais arrêté net quand il fut question de servir leur meilleur champagne à toute la salle. La note du client allait sérieusement faire mal mais le malheur des uns fait le bonheur des autres…

« Qui es-tu ? »

Elle s’adressa enfin au jeune homme ayant défendu son honneur sans qu’elle ait demandé quoique ce soit. Un geste qu’elle voyait mal être totalement désintéressé. Devenue méfiante, elle l’observa en se tenant prête à dégainer au moindre signe d’hostilité.

Passer inaperçu ? Ce n’était pas vraiment ce qu’il savait faire de mieux. Depuis tout jeune, il avait beaucoup de mal à être discret surtout quand il n’y a aucun danger. Autant pendant ses missions de vols, d’infiltration, il est d’une discrétion et d’un silence sans nom, autant quand il évolue dans la vie de tous les jours, c’est autre chose. On pourrait même se dire qu’il y a deux personnes en lui. Heureusement que ce n’est pas le cas, un comme lui est déjà bien suffisant. Enfin, il remarqua que maintenant qu’il avait écrasé la tête de la personne dans l’assiette légèrement garnit. En effet, l’assiette n’était pas très remplie ce qui était bien dommage. Cela lui donnait quand même un avant-goût de ce qu’il allait avoir. Une grande assiette avec pas beaucoup de nourriture et de ce qu’il pouvait voir, ce n’était pas non plus de la grande cuisine. La pièce de viande ne semblait pas bien cuite, elle avait également l’air grasse ce qui n’était pas une bonne chose. C’était vraiment dommage de gaspiller un beau morceau comme ça, on aurait même pu dire que c’était un crime. Remarque avec le prix qui devait aller avec ce plat, ce n’était pas un crime, mais plutôt un génocide du compte en banque. Il lâcha quand même un petit soupire avant d’entendre la voix et la réplique de la jeune femme. Elle parlait de porc, mais elle se trompait, ce n’était pas du porc, mais du bœuf à première vue. Fronçant un peu les yeux avant de soupirer intérieurement. C’était l’homme qu’il avait écrasé sur la table qui était un porc, en même temps, cela se voyait à sa tête.

Sa deuxième phrase fut des plus particulière. En effet, c’était vraiment la première fois qu’il voyait une réaction pareille. D’habitude, la personne se recule de lui et prend plus peur qu’autre chose. Appelant même la sécurité ou acceptant juste pour lui faire plaisir. Les personnes ne n’apprécient plus les petits gestes que l’on fait pour eux. Cependant là, elle lui disait qu’il fallait lui présenter la bête morte. Cela eut pour effet d’arracher un petit rictus au jeune homme. Il fallait dire qu’elle avait un humour très particulier, mais c’était assez plaisant. Malgré le ton glacial qu’elle utilisait, il prenait cela du bon côté, bien qu’il ne sût pas réellement si c’était sérieux ou pas. Fronçant un peu les sourcils, il commençait à se demander qui était cette femme et d’où elle venait. Une personne normale si l’on peut dire n’aurait pas réagi ainsi non plus. Ren commençait à se dire que son chemin venait peut-être de croiser une personne intéressante, mais également qui ne respect pas vraiment les règles. Cependant, il fut particulièrement déçu quand elle lui avoua que ce n’était pas la peine qu’il retienne sa blague. Elle était super, il avait eu le bon timing et le ton qu’il fallait pour mettre plus d’ampleur et de force à sa phrase. Il regarda juste la jeune femme et eut un petit soupire l’air un peu blasé. Du coin du regard, il remarqua rapidement le gérant de l’établissement, en même temps, on ne pouvait pas le louper. C’était l’une des seules personnes qui avait un énorme plastron blanc, le regard encore plus hautain, une cravate de la même couleur qu’un ligot d’or et un smoking plus que tirer par quatre épingles. Il n’eut pas le temps de l’attraper que la jeune femme l’avait déjà fait.

Penchant la tête sur le côté, il se demandait vraiment à qui il avait affaire. En tous cas, ce n’était pas une civile, il en était vraiment sur maintenant. Il fallait quand même noter la stupidité du gérant, venir dans la salle au lieu d’appeler directement la marine pour arrêter les troubles de fêtes. Il fut sorti de ses songes quand elle prononça que le porc allait payer pour tout le monde, ce qui lui assuré un repas gratuit également. Pour une fois, sa bonne action allait lui rapporter quelques choses et ça n’allait pas être un combat dans un restaurant. A jus de melon, il ne put pas s’empêcher de regarder la jeune femme est descendre ses yeux vers sa poitrine. La regardant l’espace de quelques secondes avant de secouer la tête et relever les yeux au bon moment. Enfin, il espérait avoir fait cela au bon moment vu qu’elle s’adressa directement à lui. Qui il était, c’était une bonne question. Affichant un petit sourire, il finit par lâcher le porc, le tirant par le col vers l’arrière pour le lancer sur le sol. Il le regarda de haut, lui donnant peut-être une leçon, bien qu’il y eût peu de doute avec une personne de son genre. Il se tourna doucement, tirant la chaise pour finir par s’asseoir. Il attrapa l’une des fourchettes et un couteau pour découper la viande et regarder l’intérieur. Il fit une petite tête de dégoût, se demandant comment ils arrivaient à faire un truc aussi horrible, cependant son ventre cria famine. Malheureusement, quand on est à ce stade-là, on ne regarde pas vraiment la qualité. Il releva doucement ses yeux pour regarder la jeune femme pour lui répondre.

« Je suis une personne qui devrait embaucher ici pour avoir de la qualité dans leur plat. Ce n’est ni fait, ni à faire. Quand tu vois le prix qu’ils font payer pour cette merde, je préfère prendre un millier de coup de pied dans les … »

Il coupa net sa phrase, écarquillant les yeux avant de la regarder. La fin aurait pu être un peu rude et qui sait, vu son humour, elle aurait certainement pu le prendre au pied de la lettre. Avec ses mots, on pouvait comprendre qu’il était cuisinier ou au moins, avoir des notions. Bref, il se tourna doucement vers elle.

« Bref, oublions cette dernière phrase, je me nomme Ren Nakata et j’ai pu comprendre que tu n’étais pas d’ici toi aussi et encore moins une simple civile. Très peu aurait demandé à ce que l’on tue le porc, bien que cela aurait été une idée plutôt marrante. Je me demande même s’il aurait crié en écarquillant ses yeux de masochistes en puissance. »

Il fit une petite moue, réfléchissant à sa phrase qui n’était peut-être pas très stable si l’on peut dire. En même temps, c’était assez bizarre d’avoir ce genre de discussion avec une inconnue. Cela pouvait montrer que le jeune homme était très naturel et sans vraiment de barrière. Les plats arrivèrent et la boisson arrivèrent avec les serveurs. Pour tous leurs servir, juste à eux, il fallut au moins deux serveurs qui semblaient avoir un balai placé dans un endroit qui voit très peu le soleil. Ren les regardait faire du coin de l’œil et ne fit pas attention au couteau qui glissa pour venir se planter dans la table. Le seul problème c’est qu’il y avait sa main en-dessous, mais contre toute attente, ce ne fut pas du sang qui jaillit, mais des flammes. Écarquillant les yeux, il retira rapidement sa main alors que le serveur se mit à trembler de peur en voyant cela. Cacher qu’il était le possesseur d’un fruit du démon était bien complexe, surtout quand des minables serveurs essayent de vous blesser. Le jeune homme eut un regard glacial envers l’homme qui s’inclina rapidement en le priant de l’excuser. Une chose qu’il n’avait pas vraiment envie de faire, sa main le démangeait et ses cartes rangeaient dans sa poche également. Elles avaient tellement envie de se planter dans la tendre chair de cette incapable. Il lui fit juste signe de partir, hautain, mais froid envers eux et regarda la demoiselle. Cela allait être dur de pas parler du sujet et il n’en avait pas du tout envie. Il savait pertinemment qu’elle avait tout vue, mais préféra éviter le sujet.

« Allez, mangeons cette cuisine ignoble gentiment payé par monsieur Porc ! Il faudra penser à le remercier … un jour. »

Même en cherchant juste un peu de tranquillité et de quoi calmer son ventre affamé, Raven parvenait tout de même à se fourrer dans une situation pour le moins… Cocasse. L’inconnu venu défendre son honneur et maltraiter le client grassouillet commençait à l’intriguer. Notamment car son comportement presque altruiste l’étonnait tout comme l’insistance dont il faisait preuve à rester près de sa table. Au moins, elle pouvait admirer la situation échapper à tout contrôle dans le restaurant.

Cela parvint à arracher un léger ricanement à la jeune femme tant la scène tendait vers le ridicule. D’une part, les clients peu scrupuleux n’hésitèrent pas bien longtemps avant de profiter de la tournée de champagne, inscrivant ainsi plusieurs coupes sur l’addition du petit gros. Maintenant qu’il était libre, plus que son honneur c’était ses berrys qu’il désirait sauver…

« Pathétique. » Siffla la pirate en s’accoudant sur la table, logeant sa joue dans la paume de sa main gauche.

À croire que ce type était complètement fou. Il courait d’une table à l’autre pour les supplier d’arrêter de profiter de son argent. Ses tentatives désespérées le menèrent à plusieurs reprises près du gérant qui, déployant un air hautain digne des maîtres en la matière, faisait semblant de ne rien entendre. Pourquoi voudrait-il l’aider alors que cette sombre affaire était en train de lui faire vider son stock de champagne, se tournant déjà les moustaches en frétillant rien qu’à l’idée du chiffre d’affaire qu’il aurait ce soir. Et après on ose encore dire que les pirates sont égoïstes !

L’agitation ambiante ne fit toutefois pas perdre le fil essentiel à la pirate, son attention reportée vers le mystérieux jeune homme à qui elle avait demandé le nom quelques instants plus tôt. Elle ignora le regard baladeur, l’observant s’asseoir sans y avoir été invité avant de faire comme chez lui, piquant dans un bout de viande à l’allure de semelle usée.

Rien qu’en voyant la tronche qu’il tira dès le début, Raven n’était pas la seule personne sur place à trouver la nourriture aussi mauvaise pour la bouche comme pour les yeux. Ce qui la rassura presque, bien que la différence des goûts de chacun d’une région à l’autre n’avait rien d’inhabituel.

« La preuve qu’il ne suffit pas juste d’un bel emballage pour fournir de la qualité. » Lâcha-t-elle dans le fil de la discussion avant de soupirer « Si au moins y avait des takoyakis… »

Dépitée par ce triste constat, les choses sérieuses ramenèrent son esprit s’étant absenté. Pour dire vrai, la jeune femme ne s’était pas vraiment attendue à ce qu’il lui donne son nom aussi facilement. Envisageant d’abord que ça puisse être un nom d’emprunt, ce qui ne changerait rien soit dit en passant. Toutefois, cela l’étonnerait assez après l’avoir entendu parler de manière si décontractée mais avec un soupçon d’énervement dès qu’il avait abordé le sujet de la nourriture.

« Hum ? T'es une espèce de serveur ou d'cuisinier ? Ou un genre d'videur ? »

La question s’était posée naturellement puisqu’il avait lui-même mentionné qu’il devrait se faire engager par le patron. Son poste restait flou bien que plusieurs indices pointaient vers une place en cuisine, ayant prêté bien plus attention à la texture et intérieur de la viande qu’au pur esthétisme de l’assiette.

Tout en y réfléchissant brièvement, le verre de jus de melon porté à ses lèvres afin de boire, la brune manqua de s’étouffer. Le fautif n’étant autre que Ren ! Quelle idée de lui sortir un truc pareil pendant qu’elle boit ?! En fait, elle n’avait jamais envisagé qu’il ait pu prendre au sérieux le coup de tuer le porc avant de le présenter à table. Qu’est-ce qu’il s’était imaginé, celui-là ?!

« Non… C’était juste une référence… »

Malgré la petite toux qui persista, la tronche que tira la pirate après avoir apporté cette précision valait le détour. Aussi surprise que perplexe, ne comprenant pas qu’une telle méprise ait pu arriver. Une véritable poker face ! À moins que ça ne soit ce que rajouta ensuite son interlocuteur qui la perturba… L’idée de tuer le client ne semblait pas le déranger plus que ça, voire même lui procurer une certaine satisfaction vu les petits détails qu’il ajouta pour pimenter un peu ce cas de figure.

Dire que de son côté, la pirate avait juste fait une allusion au service qui se faisait dans la plupart des restaurants. Lorsqu’une grosse pièce de viande était commandée, avant la découpe celle-ci est présentée au client. C’est tout ! Elle avait au pire comparé le client ramené à elle à cette fameuse pièce. Comme quoi, elle les attire !

« C’est moi que tu accuses de ne pas être une simple civile, comme tu dis… Mais c’est toi qui jubiles à l’idée de faire couiner ce type. Ironique. »

D’autres assiettes furent amenées par des serveurs et elles ne donnèrent pas plus envie à Raven d’y goûter. Gratuit ou non. Elle ne s’était pas présentée en retour et il n’était pas question d’un oubli. Ren ne lui avait simplement pas posé la question et cela arrangeait la jeune femme de ne pas trop donner d’informations à quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Elle ne le reverrait sûrement plus, une fois partie alors pourquoi perdre du temps ?

« Tu comptes vraiment manger de… C’truc ? »

La gaffe du personnel tomba néanmoins à pic, permettant de relancer l’intérêt de Raven. En tout cas, sa curiosité était piquée à vif même. Lorsque le couteau chuta, la pirate ne réagit pas mais il lui sembla apercevoir quelque chose du coin de l’œil. L’instant était bien trop bref pour être sûre de ne pas avoir rêvée mais c’est quand même… Troublant. Elle crut apercevoir comme un petit effet lumineux, enfin plutôt du genre pyrotechnique mais son imagination devait lui jouer des tours…

Décidant de mettre cela dans un coin de son esprit, elle piqua dans un des plats, prenant une bouchée de ce qui lui semblait le moins mauvais. Enfin mauvais, pour une difficile comme elle préférant les repas simples mais qui au moins calme votre faim insoutenable. Elle n’est visiblement pas la seule de cet avis d’après la manière dont son compagnon indésirable se concentra sur les plats apportés.

« Tu t’amuses souvent à écraser la tête d’inconnus… *nom nom* À la table d’autres inconnus ? »

Avouez que des mecs portant assez leur paire de couilles pour agir comme il l’a fait dans un établissement public, ça ne se trouve pas à tous les coins de rue. Un autre élément faisant que la brune commença à s’interroger quant à ce dernier, sans oublier ce qu’elle qualifiait pour l’instant d’hallucinations mais qu’elle comptait bien comprendre, à un moment ou un autre…

Pitoyable, c’était bien le mot. Il n’y en avait pas meilleur et pas plus fort pour raconter la scène qui se passait devant les yeux du jeune homme. L’inconnue n’aurait pas pu trouver mieux. Le porc qui c’était retrouvé quelques minutes plutôt la tête contre la table et la belle nappe en soie. Il était en train de courir dans toute la salle comme un poulet sans tête tout en criant, gesticulant dans tous les sens. Ren regardait ça et trouver cela assez déplorable. Tout le monde profitait de l’argent de la personne sans même le regarder. Dès qu’il arrivait à une table, se mettant même à genou, suppliant les clients de ne pas faire ça, les inconnus tournaient la tête. Ils faisaient semblant de pas le voir, détournaient le regard et espéraient qu’il parte même à une autre table. Quant au gérant de ce restaurant lamentable, c’était le pire que tous. Ne voyant que le chiffre d’affaire et les berrys qui rentraient rapidement dans ses caisses. Si cela était un dessin animé, on aurait pu voir le signe de l’argent se dessiner dans ses yeux et les petites étoiles à côtés. Malheureusement, l’homme était dans cette situation un peu par sa faute, mais cela lui servirait peut-être de leçon également. Ce que les autres ne comprenaient pas, c’est que cela aurait pu arriver à n’importe lequel d’entre eux. Le jeune homme aurait pu attraper un autre homme ou une autre femme dans la pièce et lui écraser la face sur le bois rude de la table. Comme quoi, les personnes qui étaient dans cette salle étaient vraiment de la pire espèce. Même un hors la loi ou un pirate à plus d’honneur et de moral que cette bande de minable costumé.

Il eut un grand soupire avant de reprendre la discussion avec la demoiselle. Malgré l’attrait incroyable que les clients avaient pour cette nourriture ignoble, cela ne semblait pas être le cas de son interlocutrice. Elle semblait avoir du goût comparé à certaines personnes de cette pièce. Il espérait juste que la suite serait meilleure, mais de ce qu’il pouvait voir, la qualité ne semblait être primordial dans cet établissement. Il ne fit pas attention à la suite de sa phrase, l’entendant sans vraiment y faire attention, mais l’idée allait naître petit à petit dans son esprit. Les Takoyakis, ce n’était pas une mauvaise idée et ça serait certainement meilleur que ces plats dégueulasses. Cependant, il n’eut aucun mal à donner sa véritable identité, personne ne le connaissait, il n’avait pas d’avis de recherche ou autre. Alors pourquoi mentir sur lui-même ? Personne ici connaissait Nekoma vu ce qu’il se passait sur cette île. Malheureusement, l’amour que sa mère lui avait donné pour la nourriture était plus fort que lui et apparemment, il l’avait un peu trop transmis. Bien qu’elle lui avait dit qu’il était peut-être videur. Il fit une petite moue en la regardant. Puis, il eut un petit sourire en coin, regardant la danse que faisaient les serveurs pour arriver à livrer tout le monde.

« Je ne suis pas videur, en même temps, je n’ai pas vraiment le gabarit je pense. Remarque, ça doit être marrant d’envoyer valdinguer des personnes. Serveur tu t’en rapprochais, mais toujours pas ça. Ensuite je ne peux pas me qualifier de cuisinier, je n’ai pas pu ... je … je n’ai pas travaillé dans un restaurant. »

L’espace d’un instant, il avait repensé à sa mère, les moments qu’il avait passé dans la cuisine à faire des petits plats. Il avait pris tellement de plaisir à découvrir tout ce qu’elle pouvait faire avec des aliments, à essayer ensuite de les reproduire. C’était peut-être le seul moment de sa vie où il était heureux, où il pouvait profiter pleinement et sourire réellement. Ces les yeux dans le vide qu’il se retrouva un petit instant avant de secouer la tête et de revenir au moment présent. Il espérait qu’elle n’est pas fait attention à ce moment. C’était vraiment un petit instant de faiblesse et cela faisait longtemps qu’il n’avait pas ressenti ça. Mais il retrouva rapidement ses esprits, sa force actuelle avec une bonne petite réplique. En même temps, ce petit jeu de mot sur la présentation de la viande et le moment où il avait plaqué l’inconnu. Comment ne pas le saisir au vol ? C’était impossible surtout quand on a ce petit grain de folie. Apparemment, elle n’avait pas vraiment apprécié la petite image qu’il avait décrit. Pourtant, cela aurait pu être marrant de l’entendre crier et ça aurait peut-être refroidit réellement la salle. Ils ne se seraient peut-être pas préoccuper que de leur cul. Remarque, il y avait peu de chance que ça arrive. Juste à voir comment ils étaient actuellement, Ren aurait pu le tuer devant les yeux de tous, il y a peu de chance que cela aurait eu un impact dans leurs esprits. Cependant, il n’eut pas le temps de répondre à la phrase de la demoiselle, ni à sa question. L’erreur du serveur qu’il essaya de rattraper aussi vite que possible prit le dessus. Tournant doucement la tête vers son interlocutrice pour voir sa réaction. Il trouvait quand même bizarre qu’elle ne montre strictement aucune réaction, pas un haussement de sourcil ou un soupire d’étonnement poussé.

Ce n’était pas possible qu’elle ne l’est pas vu ou aperçu du coin de l’œil. Même si elle avait entrevu la chose, elle aurait dû avoir une petite réaction, un petit étonnement. Il se posait quelques questions quand même, c’était tout à fait normal. Il avait ce pouvoir depuis peu, il ne le contrôlait pas vraiment et n’avait pas envie de s’en servir pour le moment. C’était un secret qu’il voulait garder, même si sur le moment, c’était assez difficile. En même temps, quand a un serveur aussi maladroit que l’homme qui venait de leur apporter les assiettes. D’ailleurs, c’est vrai que les plats étaient des plus repoussant. Lui qui pensait que c’était peut-être une erreur sur la première assiette, mais ce n’était vraiment pas le cas à son grand regret. Il eut un petit soupire, il n’était plus aussi sûr de vouloir manger ici et ce repas des plus infecte. Il regarda la demoiselle dont il ne savait toujours pas l’identité et eut un petit sourire.

« Humm … bonne question ça. On va dire que j’ai du mal avec certains comportements, ce qui fait que quelques fois, j’ai … des montées d’adrénalines. Du coup, on va dire que la personne se retrouve souvent à terre ou dans un état pas présentable si l’on peut dire ainsi. »

Il avait un petit sourire assez joueur. On pouvait voir qu’il était assez fou, mais qu’il savait quand même ce qu’il faisait. Autant dire un dangereux mélange. Puis, il pencha la tête sur le côté.

« Tu as parlé de Takoyaki tout à l’heure et je viens juste d’y penser, mais je suis passé devant un stand qui en vendait dans une allée. Je dois t’avouer que je ne me risquerais pas à goûter cette nourriture, bien trop peur d’attraper une maladie étrange. Je ne croyais pas cela possible, un restaurant haut de gamme qui sert un plat aussi merdique. »

Il soupira en secouant la tête, se relevant doucement et ramenant sa chaise contre la table. Il sentait bien le regard de toutes les personnes sur lui comme s’il allait encore commettre un acte criminel. Il eut un petit rire et regarda la demoiselle brune.

« Cela peut paraitre étrange, mais du coup, m’accompagneras-tu jusqu’au stand ? A moins que tu préfères tenter le diable avec une nourriture qui est criminelle. »

Ren ne pouvait pas s’empêcher d’être taquin sur le coup. Il demandait à une inconnue de l’accompagner, cela pouvait le faire passer pour une personne qui avait quelque chose derrière la tête, mais ce n’était pas le cas. Le jeune homme se retourna doucement et commençant à emboiter le pas vers la porte. Il n’avait qu’une envie, c’était de quitter cet endroit qui dégageait quelque chose de mauvais, de sale. Cette sensation ajoutait à la nourriture ignoble, il fallait sortir au plus vite. Leur départ, comparé à leur arrivé était un peu plus regardé. Le jeune homme espérait juste qu’ils n’aient pas des ennuis par la suite. L’homme destitué pourrait avoir envie de se venger et appeler ses gardes du corps ou autre personne avide de sang. Cela serait bien la mentalité d’un tel personnage. Sans exprimer le moindre mot, il eut un petit soupire en regardant une dernière fois la salle et lui montra ensuite la direction des stands. Le jeune homme avait les mains dans les poches, il y avait deux choses qui le tracassaient. Le fait qu’elle n’est pas réagi à l’erreur du serveur et le fait qu’ils étaient sortis beaucoup trop facilement du restaurant. Le gérant, les clients, ils n’avaient rien dit et n’avaient pas chercher quoique ce soit. Il se prenait peut-être la tête pour rien. Cependant, une meilleure odeur de nourriture se faisait sentir, il n’y avait qu’à suivre ce doux parfum qui donnait déjà l’eau à la bouche.

Bien qu’elle faisait au mieux pour ne rien laisser paraître, mimant de s’intéresser au chaos dans la salle de restaurant, intérieurement Raven réfléchissait à la façon d’exploiter ce qu’elle avait cru voir un peu plus tôt. Le plus simple serait de bêtement poser la question mais quelque chose la faisait franchement douter qu’il lui répondrait avec autant de franchise que lorsqu’il s’était présenté. Ça serait beaucoup trop beau. Qu’à cela ne tienne ! Tout ce qu’il lui faut est un peu de temps pour trouver le meilleur moyen de faire les vérifications qui s’imposent.

La jeune femme écouta Ren lui répondre et éliminer une par une les propositions concernant son emploi. Son regard regardait les assiettes qu’on leur apportait avant de se reporter sur son interlocuteur. Le boucan dans la salle s’était amplifié et il lui fallait davantage se concentrer pour entendre pleinement ce qu’il lui répondait.

« Mais tu sais cuisiner. Donc t’es cuisinier, toi aussi. » Dit-elle presque sèchement comme pour imposer son idée avant de se redresser contre le fond de sa chaise « Un Marine est un Marine, même sans avoir accompli de mission. Est pirate est un pirate, même sans crime, dès qu’il hisse le pavillon noir. Et un cuistot en est un dès qu’il est capable de préparer de bon plats. C’est tout. »

Au ton qu’elle employa pour s’exprimer, similaire à avant mais un brin plus ferme encore ressemblait plus à celui d’une mère faisant la leçon à son garnement. Un peu comme s’il venait de dire une bêtise et qu’elle s’assurait alors de lui enfoncer d’autres idées dans le crâne. Elle qui se trouvait en compagnie d’un type aussi atypique de par son raisonnement, selon elle, que par son comportement comme il l’avait démontré un peu plus tôt, s’étonnait néanmoins qu’il soit du genre à aimer cuisiner.

Surtout quand il s’expliqua et lui répondit quant aux motivations de son geste avec le gros bourgeois qui s’agitait bien moins maintenant, fatigué d’avoir couru dans tous les sens.

« T’es l’genre de type qu’on veut pas froisser, c’est ça ? »

Demanda-t-elle avec un petit sourire en coin, amusée mais montrant aussi qu’elle n’était pas intimidée pour autant. Du bout du doigt, elle dessinait le contour de son verre en réfléchissant à comment vérifier ce qu’elle crut voir auparavant, ignorant totalement les plats qui ne lui faisaient aucune envie malgré le prix très probablement exorbitant qui devait orner la note du grassouillet…

Allant de surprise en surprise avec ce fameux Ren, il capta aisément toute son attention lorsqu’il reparla des takoyakis. De la nourriture simple mais bien meilleure et plus nourrissante que ce que servait ce restaurant. Rien qu’à penser au goût des épices ainsi qu’à la sauce épaisse déposée dessus Raven en salivait, hochant la tête positivement par petits coups avant de se lever d’un coup de sa chaise qui se renversa au sol.

« Allons’y ! »

Ça a le mérite d’être clair. Déjà débout, elle ne jugea pas nécessaire de répondre à la question de son invitation, prête à quitter cet endroit d’un instant à l’autre. Dans le doute, elle le laissa quand même passer devant pour lui emboîter le pas, fauchant furtivement un couteau de l’argenterie qu’elle glissa sous son brassard, quittant les lieux l’air de rien. Dans une situation pareille et avec ce que leur petit cirque avait provoqué comme gain au gérant, il pourrait au moins lui laisser un couteau en guise de souvenir !

L’agitation qu’ils avaient provoquée n’était pas sans risque mais à ce stade, autant continuer et improviser le moment venu… Marchant dans les rues en direction du fameux stand, la pirate constata que la plupart des gens qui déambulaient comme eux étaient tous très chics et distingués, transpirant l’argent à des kilomètres et vu la dégaine de certains il n’était pas question que de gens honnêtes. Enfin, tant qu’on lui fou la paix, pourquoi se soucier de ce genre de choses ? Surtout quand l’odeur de nourriture en train de cuire se fait plus forte à mesure qu’ils approchaient de leur destination.

« Deux portions du chef. Deux autres super épicées avec ça. Pour commencer. »

Malgré les apparences, elle n’avait pas passé commande pour eux deux, une fois arrivés, mais juste pour ce qu’elle comptait engloutir.

« C’est la maison qui offre, il paraît. Geste commercial. »

Alors qu’elle était accoudée au bar, elle révéla un portefeuille qu’elle fit rouler entre ses doigts et présenta à son compagnon de repas. Par « maison » elle faisait référence au restaurant d’où ils venaient. Ce portefeuille était celui du gérant, dérobé quand elle avait agrippé ce dernier pour passer commande de sa boisson. C’est qu’ils sont vraiment orientés clients à ce restaurant, peut-être qu’elle pensera à le signaler au guide culinaire de South Blue, un de ces jours.

Plus important, elle profita que le cuisinier était occupé avec leur commande et leur tournait le dos pour pivoter en direction de Ren. Sans dire un mot, elle se rapprocha de ce dernier pour se coller à lui de manière presque indécente pour subitement… Venir planter la lame du couteau volé dans la main de ce dernier. Curieusement, c’est dans le bois du comptoir qu’elle se retrouva coincée…

« Hum… Comme je le pensais… »

Dit-elle en fixant la main transpercée. Ce n’était pas du sang qui émanait de cette dernière mais bien de petites flammèches crépitantes, identiques à ce qu’elle avait cru voir dans le restaurant lors de la gaffe du serveur. Satisfaite, elle remonta le regard vers le jeune homme tout en agitant le couteau, remuant littéralement ce dernier tant la plaie jusqu’à ce qu’il soit devenu trop chaud pour qu’elle puisse le tenir en main.

« Fruit du Démon, hein ? On pourrait avoir des choses à se dire… »

Toujours placée à moitié sur lui, elle ne se soucia pas des passants ou du cuisinier, la plupart ne pouvant pas voir la main enflammée entre eux, cachée par leur corps. Quant au contact en lui-même, ce dernier était le cadet de ses soucis.

Ayant tant étudié ces choses, pouvoir se tenir en présence de quelqu’un qui en possédait un et était libre en plus de sembler correspondre à la catégorie la plus rare qu’elle et ses collègues avaient pu établir… Aucune chance qu’elle laisse filer une occasion pareille. Ce coup-ci, il avait réellement tout l’attention de Raven et risquait d’avoir bien du mal à s’en défaire.

Comment dire, il se fit réprimander comme un enfant qui avait dit une grosse bêtise. Bon c’était un peu le cas, elle avait totalement raison. Ce n’est pas parce que tu n’as pas cuisinier dans un grand restaurant ou fait parti d’une grande équipe, que tu n’es pas un bon cuisinier. Il y avait qu’à voir ici, les personnes qui faisaient la nourriture n’étaient pas vraiment doués. Juste à voir leurs plats, on pouvait rapidement comprendre qu’ils faisaient cela parce qu’il fallait servir quelque chose. Ce n’était clairement pas par passion ou par envie. Il fit quand même une petite moue devant la demoiselle, il ne pouvait pas lui dire le contraire. Elle marquait un gros point là et puis, il ne pouvait pas lui dire qu’à l’âge de cinq ans, il cuisinait déjà avec sa mère dans le plus grand restaurant de Nekoma. D’un, il ne la connaissait pas assez et de deux, cela ne la regardait pas. Cependant, il fallait dire qu’elle avait une bonne façon de penser et une manière de voir les choses qui étaient assez plaisant. Puis, il ne put répondre à son autre phrase qu’avec un petit rire. Dire qu’il est une personne qui ne faut pas froisser, c’est quand même un peu trop. Cela le fait presque passer pour une personne à qui on ne peut rien dire. Ce n’est pas le cas, tant qu’on ne manque pas de respect ou autre, Ren est ouvert à toute discussion. C’était quand même assez drôle qu’il passe pour une personne comme ça, bien qu’assez péjoratif quand on y réfléchit. Cela le fit passer du rire à une petite moue de réflexion.

Bref, il n’eut pas le temps de finir sa proposition que la demoiselle était déjà partante pour aller dans un autre endroit. En même temps, on pouvait complètement la comprendre. La nourriture était pitoyable, le comportement des personnes étaient lamentables et le service était désastreux. Il parlait en connaissance de cause, s’il n’avait pas eu son Logia, il aurait pris une fourchette dans la main. A savoir si cela était fait exprès ou pas, cela laissait quand même à désirer. Une fois dehors, Ren remarqua que dans la rue, les personnes étaient tout aussi bien habillés. Élégant, présentable, mais aussi hautain et tellement rempli de fierté. Lui qui pensait que les personnes dans le restaurant ne devaient pas représenter une majorité de l’île. C’était bien navrant de voir un tel comportement et une telle façon de penser. Secouant la tête, il était légèrement en retrait vis-à-vis de la demoiselle qui s’installa rapidement à un stand. Elle n’avait pas mis longtemps à le trouver, à croire que son odorat l’avait rapidement amené à la place qu’elle venait de prendre. Il fronça les sourcils quand il l’entendit, doutant l’espace d’une seconde, mais quand son estomac se fit entendre, il comprit rapidement que les deux portions étaient juste pour elle. Le jeune homme la regarda de haut en bas, se demandant où elle pouvait mettre tout ce qu’elle arrivait à manger. Il eut un petit rire et fit signe de lui mettre la même chose.

Lui aussi avait une petite faim si l’on peut dire ainsi. Il s’assit doucement à côté d’elle et regarda le portefeuille qu’elle sortait. Ren ne put s’empêcher d’avoir un petit rire, comprenant rapidement que le bout de cuir n’était pas à elle et devait appartenir à un certain gérant. Avec le chiffre d’affaire qu’il avait dû faire aujourd’hui, il pouvait bien leur faire une petite fleur. Cependant, il afficha un petit sourire fier de lui, sortant un portefeuille à son tour qu’il posa sur la table. Elle avait des talents de voleuse, il n’était pas non plus maladroit. Il faut dire que le serveur l’avait aussi un peu cherché. Faire tomber une fourchette sur la main d’un client, il fallait bien qu’il le dédommage d’une certaine façon. Au moins, c’était un don qu’il pouvait montrer. L’odeur des Takoyakis venaient lui chatouiller les narines et cela lui donnait vraiment l’eau à la bouche. Là au moins, la nourriture, juste à l’odeur, ne semblait pas insipide ou dépourvue de saveur et de charme. A croire qu’ici, les stands étaient bien meilleurs que les restaurants ce qui était assez incroyable. Cependant, la suite des évènements allaient limite lui couper l’appétit et lui apprendre à ne jamais relâcher sa vigilance. La demoiselle c’était rapprochée de lui, même collée contre lui était beaucoup plus exact. Rougissant un peu, n’ayant strictement pas l’habitude de ce genre de geste et de cette proximité avec une femme. Écarquillant un peu les yeux et relâchant complètement son attention jusqu’au moment ou il put apercevoir le couteau venir se planter une nouvelle fois dans sa main. Ils c’étaient donnés le mot aujourd’hui pour essayer d’avoir sa main ? Il y avait un contrat dessus ? Cependant, il regarda le couteau dans sa main, prenant un regard beaucoup plus froid et légèrement déçu. Il se fit un plaisir d’augmenter ses flammes jusqu’à ce qu’elle sente la chaleur et une légère brulure avant de retirer doucement l’arme tranchante. Elle avait donc bien vu ce qu’il c’était passé au restaurant et avait tout mis en scène pour s’assurer de ce qu’elle avait aperçu. Il eut un léger soupire, mais heureusement pour lui, collé comme ça et le cuisinier ayant le dos tourné, personne n’avait pu voir ce qu’il c’était passé.

Elle était la seule à le savoir, mais c’était déjà trop. Il avait la tête baissée, les yeux fermés et il se demandait ce qu’il allait pouvoir faire. Il l’écoutait quand même et ce qui était étrange, c’était le calme impérial qu’elle avait. Cette demoiselle n’était clairement pas une simple civile, il y avait quelque chose derrière tout ça et encore plus avec sa phrase qu’ils allaient avoir des choses à se dire. Le plat arriva au même moment et il fit juste un signe de tête à la personne. L’odeur était apaisante, mais il fallait réparer cet affront. Il avait toujours le couteau dans sa main et s’amusait à le faire tourner entre ses doigts. Il tourna légèrement la tête pour la regarder dans les yeux, cependant, le sourire qu’il avait précédemment avait disparu.

« Je ne crois pas que l’on va avoir beaucoup de chose à se dire une fois le repas fini. Maintenant, à voir si le couteau passe aussi bien à travers ma main que la tienne. »

Il ne lui laissa pas le temps de réagir, lui attrapant le poignet d’une main et de l’autre, il abattit rapidement la lame de haut en bas. Il la planta violemment dans le bois du comptoir, mais le couteau passa rapidement entre le majeur et l’annulaire de la demoiselle. Le jeune homme laissa la lame plantée et retira doucement sa main pour venir saisir ses baguettes et prendre le Takoyaki pour l’apporter à sa bouche. C’était nettement mieux que la nourriture qu’il avait pu voir au restaurant. Cependant, ce petit évènement l’avait refroidi grandement. Chose incroyable quand on possède le fruit du démon du feu. Le jeune homme profita de ce moment pour se décaler légèrement de sa compagnon de nourriture. Il ne savait pas, peut-être que pour en être sûr, elle aimerait lui planter le couteau dans la cuisse ou le frapper avec un plateau. Il la voyait déjà faire, tout en le regardant et lui demandant s’il avait mal quand elle faisait ça ou encore une autre action. Sur le coup, il n’avait pas de mot et pour la première fois de toute sa petite vie, il ne savait vraiment pas comment réagir. Ren prit juste le temps de finir sa première assiette et décida de se relever doucement, jetant le portefeuille sur le comptoir avant de tourner le dos à la demoiselle.

« Tiens, prend mon deuxième plat, tu m’as coupé l’appétit. »

Il plaça doucement ses mains dans ses poches avant de tourner doucement la tête, il pouvait juste la voir grâce à sa vision périphérique. Il ne se donna même pas la peine de lui faire face ou autre chose.

« Savoure-le et j’espère que nos chemins ne se croiseront pas … si par malheur c’est le cas, je me ferais un plaisir de te faire payer ce coup de couteau comme il se doit. Je te tirerais les cartes et on verra si tu as un peu de chance. Rassure-toi, je ne tricherais pas … Quoi que. Sur ceux, adieu belle inconnue. »

Il ne prit même pas la peine de lui faire un petit signe de la main. Le jeune homme lui tourna juste le dos et parti dans une direction. Celle-ci était bien précise d’ailleurs, il repartait vers la plage où il avait laissé sa barque. Marchant doucement dans la ruelle, c’était la première fois qu’une péripétie comme celle-là lui arrivait. Cependant, il avait la désagréable sensation d’être suivie. Soupirant, il se disait déjà que la jeune femme n’allait pas le lâcher si facilement. Ensuite, à savoir si c’était la demoiselle ou autre chose.

Son geste de vérification, comme elle le qualifie, était assez brutal et inattendu, ayant complètement agit en suivant son instinct dès que l’idée eut germé dans son esprit. Il est vrai qu’en considérant tous les cas de figure, si elle s’était trompée dans ses analyses ou même dans ce qu’elle avait cru voir, Raven se serait retrouvé à planter la main d’un innocent. Un détail qui ne l’aurait pas arrêtée, même si elle l’avait envisagé. Pour la simple et bonne raison que dans le pire scénario, ça n’aurait jamais pu le tuer donc aucun besoin de s’en inquiéter plus que nécessaire. D’autant plus qu’elle semblait avoir vu juste !

Le véritable centre de leur intérêt ou de leur pseudo-discussion étant dissimulé à la vue du plus grand nombre, en échange d’une position fort tendancieuse pour la pirate, le cuisinier du stand n’y vit que du feu et se contenta de simplement déposer la commande sur le comptoir avant de retourner à ses fourneaux. Mieux valait éviter de créer davantage de problèmes en le laissant voir le couteau planté dans la main d’un de ses clients, sans créer aucune blessure…

« Ça n’répond pas à ma question. »

Sur un ton toujours aussi froid qu’au début, la jeune femme ne quittait désormais plus son interlocuteur des yeux. Surement pas après cette découverte digne du plus grand intérêt. Chose qui ne l’empêcha pas de picorer dans son repas, tout en le fixant comme si ça pouvait le clouer sur place et l’empêcher de se tirer. Après tant d’années de recherches, de tests et de morts, penser qu’elle se retrouverait en tête-à-tête avec un possesseur de fruits classés comme les plus puissants, selon divers critères…

Tout l’intérêt de la pirate était éveillé, en alerte et concentré. Avant même de réaliser, elle se retrouva à son tour avec la main sur le comptoir et ne réagit pourtant pas, si ce n’est un haussement de sourcil, en le voyant s’emparer du couteau comme pour dire « À ton tour ».

« Vas’y. Mais ce sera sûrement plus salissant qu’avec toi. »

Jugeant que c’était de bonne guerre après tout, Raven ne résista pas et lui laissa même le champ libre, prête à prendre la lame en plein dans la main… Ce qui n’arriva pas, à sa grande surprise. Soulagée quelque part, elle ne comprit néanmoins pas pourquoi il était allé jusque-là pour finalement se raviser au dernier et planter la lame entre deux doigts. Posant brièvement le regard à cet endroit, elle constata néanmoins une coupure légère mais suffisante pour y faire perler un peu de sang.

Cette réaction, bien que menaçante, plut à la pirate même si elle ne laissa rien transparaître. C’était au moins la preuve qu’il n’était pas du genre à se laisser faire si facilement. Le contraire l’aurait grandement déçue, après ce qu’elle avait eu l’occasion d’observer dans le restaurant. Lorsque le cuistot revint vers eux et qu’ils lui présentèrent chacun un portefeuille dérobé, jonchant désormais le comptoir, Raven ne put s’empêcher d’esquisser un sourire en coin en constatant qu’ils avaient tous deux peu de scrupules à commettre un petit délit ici ou là afin de subvenir à leurs besoins.

Du coin de l’œil, elle l’observa se lever avant même d’avoir achevé ce qu’il avait commandé. Un gâchis qui ne tarda pas à trouver preneuse en sa présence. Elle engloutit une brochette, le visage tourné vers lui afin de l’observer tout en mâchouillant, une joue gonflée, avant de le regarder s’éloigner. Curieux personnage… Quelle idée de laisser derrière lui tant de si bonnes nourriture, après qu’ils en aient tant parlés. Occupée de manger, à nouveau accoudée au comptoir, c’était presque insultant de voir comme la jeune femme semblait totalement s’en tamponner les ovaires de la menace de son interlocuteur dans le cas où ils se recroiseraient.

Comme on peut s’y attendre, elle ne dit rien et n’essaya même pas de le retenir. Tout en l’observant s’éloigner, Raven mastiqua de plus en plus vite afin de finir ce qui restait et ne rien gâcher avant de quitter sa place pour suivre de loin cet intéressant spécimen. Que ce soit pour sa mentalité qui lui plaisait malgré tout ou, principalement, pour ses capacités révélées après un test sauvage, la pirate ne pouvait pas le laisser filer aussi facilement… Le chemin emprunté menait directement au port, en déduisant que ce serait sa destination. Étant quelques mètres derrière, la demoiselle décida de combler son retard en prenant un petit raccourci à travers les étroites ruelles principalement décorées par les poubelles renversées appartenant aux établissements côte à côte.

« C’pas très galant d’abandonner son invitée au milieu du repas… » Dit soudainement Raven, adossée bras croisés contre un mur lorsque le jeune homme la dépassa « Tu dois donc tirer des cartes, non ? »

Restée quelques instants à sa place, elle se redressa afin de marcher en direction de Ren, décroisant les bras et, dans l’optique de lui montrer qu’elle n’avait ni craintes ni objections à ce qu’il exécute sa menace précédente, ne s’arrêta qu’une fois assez proche pour pratiquement coller son front au sien. S’ils avaient eu la même taille, en tout cas….

« Tire tes cartes. C’est ce que tu avais annoncé si on se recroisait… »

La pirate planta longuement son regard dans celui du jeune homme, comme pour le jauger en attendant de voir s’il allait mettre en pratique ce qu’il avait dit plus tôt ou non. Une fois la bataille de regard achevée, la brune reprit un peu de distance et jeta quelques coups d’œil autour d’eux comme pour vérifier qu’aucun élément perturbateur ne pourrait les entendre.

« Réponds à mes questions et je te laisserai tranquille. Ta… Capacité… Te vient d’un de ces fameux Fruit du Démon. Juste ? » Alors qu’elle tira son carnet de notes de son décolleté, Raven s’approcha tout en dégainant la lame cachée de son brassard avant de commencer à carrément piquer le pauvre Ren à divers endroits. « Intéressant. Très intéressant… En croiser un dans un bled paumé… »

Se déplaçant rapidement d’un endroit à l’autre autour de son interlocuteur qu’elle plantait carrément de son épée, fixant les flammes à l’endroit et puis… Plus rien. Comme si rien ne s’était passé… Elle ne s’arrêtait que pour prendre diverses notes ou pour lui relever le t-shirt avant de le planter une fois de plus. Vérification scientifique pour clairement voir les flammes se refermer sur la plaie.

« J’étudie c’genre de… Capacité. J’étudiais. Fin soit. Ça fait longtemps ? Décris-moi son apparence. »

Contrairement à avant, la pirate était réellement intéressée et ne faisait pas semblant comme à certains moments. Pour ses recherches et elle-même, aucune chance qu’elle le laisse filer aussi facilement. Quitte à l’énerver si c’était nécessaire, bien que nullement son attention. Le pire serait sûrement de n’en tirer aucune information tout en réussissant à se le mettre à dos… Pour rien !

On peut qualifier Ren de personne atypique, étrange même si l’on va dans ce sens-là. Il n’a pas froid aux yeux, mais apparemment il était tombé sur un sacré phénomène aussi. La demoiselle était assez incroyable dans son genre. Il avait croisé bons nombres de femmes pendant ses missions, certaines qu’il avait dû torturer si l’on peut dire. Juste leur expliquer ce qu’il allait leur faire suffisait à leur faire peur. C’était si simple, leur expliquer qu’il avait juste à prendre une pince et s’amuser à leur arracher les ongles un par un tout en prenant son temps. Malgré les cris très aigues qui étaient la vraie torture, elles finissaient toutes par lui dire ce qu’il voulait savoir. Alors que là, il allait lui planter un couteau dans la main et cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Limite, elle trouvait cela normal. Elle lui avait fait, alors il pouvait se permettre de le faire, ce qui était assez étrange. Peut-être le fait qu’elle soit si sûr de son geste, de sa demande qui le fit hésiter quelques secondes pour finalement le planter entre ses doigts. Elle avait gardé un visage froid et sans la moindre émotion, ce qui était assez incroyable à ses yeux. Il n’arrivait pas à la cerner pour la première fois de sa vie, c’était assez déroutant, mais à la fois, très attirant. La seule chose qui l’a fit réagir, c’est quand il lui laissa son plat de Takoyaki, elle c’était empressé de se jeter dessus. Dire que c’était une morfale c’était peut-être un peu trop non ? Enfaite, non, c’était bien le cas. Un petit ventre sur pâte, bien que l’on puisse se demander où elle met tout cela.

Il eut un petit soupire et parti rapidement, bien que se sentiment d’être suivie était vraiment très désagréable. Bien qu’il avait une petite idée de la personne qui le suivait. Il ne savait pas pourquoi, mais il était sûr à quatre-vingt-dix pourcents que c’était l’inconnue avec qui il avait partagé un repas. Cependant, il se demandait quand même pourquoi elle lui portait tant d’intérêt sur le coup, juste parce qu’il avait le pouvoir d’un fruit du démon. Cela le réconforté dans son idée de cacher ce pouvoir pour le moment. S’il n’avait pas besoin dans l’immédiat dans s’en servir, autant le garder pour lui. Le jeune homme aurait préféré que cela reste son petit secret, plutôt qu’elle s’en rend compte et le prenne pour sa proie. D’ailleurs, il ne comprenait pas son attrait pour son pouvoir. C’était bien son pouvoir, mais s’il tombait à la mer, c’était une catastrophe. Cela était bien embêtant étant donné qu’il parcourait les océans pour ses missions. En plus, étant tout seul, s’il passait de l’autre côté de la barque, c’était la mort assurée. Alors pourquoi trouver ce pouvoir si incroyable ? Le fait d’avoir un pouvoir incroyable, mais qui, en contrepartie te met une épée de Damoclès au-dessus de la tête à chaque fois que tu voyages. Cependant, pour une personne qui n’en a pas, cela semble très intéressant et il venait peut-être de comprendre pourquoi elle en avait après lui. Elle voulait l’étudier, même s’il n’était pas très sûr de cette théorie.

Il eut un petit soupire et quelques fois, il tournait légèrement la tête pour essayer de la repérer dans la foule. Malheureusement pour lui, il y avait trop de monde pour qu’il arrive à la discerner dans tout ce monde. Cependant, il eut rapidement la réponse de là où elle se trouvait. Tout en marchant, il passa rapidement à côté d’elle et s’arrêta en ayant un petit soupire de nouveau. Surtout qu’elle l’interpella avec une petite phrase et les bras croisés sous sa grosse poitrine. Pas très galant d’abandonner une jeune femme à un repas. Elle n’avait pas tout à fait tord sur le faite, mais quand cette jeune femme veut te prendre comme un ras de laboratoire, il y a peut-être une petite exception à la règle. Qui serait resté aux côtés d’une personne qui vous a quand même planté un couteau dans la main. Bon, même si lui, c’était assez spécial, mais le geste est le même. Il secoua doucement la tête en la regardant, se mettant face à elle et n’ayant pas le temps de lui répondre. Elle se décolla du mur tout en lui disant qu’il devait lui tirer les cartes. C’est vrai que c’est ce qu’il lui avait dit plutôt. Il avait un petit sourire en coin, elle avait quand même pas mal de mémoire et elle était joueuse, c’était assez marrant. Cependant, elle se rapprocha assez de lui et de sa petite taille, comme pour être front contre front. Ce qui agrandit son sourire et il se pencha légèrement pour la regarder dans les yeux. Dans les siens, comme dans ceux de la jeune femme, il n’y avait aucunes peurs, aucunes craintes. Il y eut comme une bataille de regard pendant quelques secondes, voir même une bonne grosse minute avant que la demoiselle ne recule légèrement. Ne lâchant toujours pas son regard et lui demanda encore une fois de tirer les cartes, comme pour le défier.

Il se redressa doucement et passa sa main dans sa poche pour attraper son paquet de carte. Il les sortit de leur petit emballage en carton et se mit à les mélanger devant elle. Il s’amusa quelques secondes avec avant de faire une coupe rapide et tira rapidement deux cartes. Il attrapa deux cartes et les regarda rapidement, ayant un petit rire et s’approcha doucement d’elle avant de lui les deux cartes dans son haut contre sa poitrine.

« Dame de pique ainsi qu’un neuf de trèfles. Assez intéressant … on va dire qu’elles n’iront pas plus loin que là où elles sont. »

Deux cartes pareilles, il se serait fait un plaisir de lui planter, mais là, il y a une chose qu’il ne comprenait pas. S’il se référait à la signification, dame de pique voulait dire qu’elle était seule et avait surement mal vécue sa solitude et le neuf de trèfles, un changement positif ou négatif. Il se demandait ce que pouvait être ce changement et qu’est-ce qu’elle cachait. Surement stupide, mais il trouvait cela de plus en plus intéressant. Puis elle se mit à l’interroger comme un animal de laboratoire. Sa théorie était donc juste, elle le voyait juste comme un sujet de recherche que comme un être humain et n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit, qu’elle s’amusait à le piquer avec le bout de sa lame. Pas que c’était très douloureux, mais c’était particulièrement désagréable et gênant. Lui qui ne voulait pas utiliser son fruit était bien obligé là. En plus de cela, elle sautait dans tous les sens comme une sauterelle, de quoi irriter encore plus le jeune homme. Serrant les dents, il finit par en avoir marre. Encore plus quand elle releva son t-shirt qu’il baissa immédiatement, attrapant la lame avant qu’elle ne le touche et fit jaillir des flammes de sa main pour lui faire lâcher l’objet.

Ren eut un petit soupire et lança la lame juste à côté d’elle pour le planter dans le bois de la porte. Elle avait noté des choses sur lui et se demandait vraiment ce que cela pouvait bien être. Il n’aimait vraiment pas le rôle dans lequel elle le mettait et la regarda en secouant la tête.

« Désolé, mais je ne suis pas un objet de recherche et je dois t’avouer que je commence à en avoir un peu marre que tu me plantes comme un steak pas frais. Je ne répondrais pas à tes questions parce que la première et évident. Sans ces fruits maudits, on n’obtient pas de pouvoir, du coup … tu as déjà ta réponse. »

Il la regardait toujours, mais elle semblait s’en ficher un peu. Quand il entendit qu’elle étudiait les personnes qui avaient un fruit, le jeune homme ne pouvait pas s’empêcher de trouver cela étrange. Alors ses cartes ne c’étaient pas trompé. Elle avait bien vécu un changement et apparemment c’était professionnel. Il se demandait bien pourquoi et qu’est-ce qui avait bien pu se passer. Vu ce qu’elle lui avait montré, elle avait peut-être planté un patient de trop ou tué quelqu’un. Il croisa ses bras devant son torse et attrapa son crayon du bout de ses doigts et le fit partir en fumer devant elle. Il espérait qu’elle n’en sorte pas un, d’un endroit dont il n’a peut-être pas envie de connaitre.

« Alors tu étais une chercheuse, c’est bien ça ? Gouvernement mondial ? Hors-la-loi ? Ou un organisme civil ? Je trouve cela particulière bizarre que tu n’y sois plus. Tu es une sorte de chercheuse folle ? »

Il baissa doucement la tête et la secoua dans tous les sens en ayant un petit rire. Il fallait qu’il arrive à retourner un peu la situation à son avantage. Qu’il arrive à avoir des informations, peut-être qu’elle savait des choses qui pourraient lui servir, peut-être pas de suite, mais pour un futur proche. Finalement, le fait qu’elle est envie de lui poser des questions et de l’étudier allait sûrement jouer en sa faveur. S’il partait, elle le suivrait comme cela c’était déjà produit et rester immobile n’était une bonne chose après ce qu’ils avaient fait. Écraser la tête du porc sur la table, voler le gérant du restaurant, c’est des choses qui, si ces personnes ont de l’influence, se font payer. Il eut un petit sourire en coin.

« Et puis le fruit … humm comment dire … il ressemblait à … un gros fruit. Tu en as déjà vu un ? En tous cas, je te conseil pas de le manger, c’est ignoble. »

Il avait mimé la taille du fruit et sans se moquer d’elle sur le coup. Le fruit était quand même imposant, cependant est-ce qu’elle allait le prendre au sérieux ? Il eut un petit rire, lançant un regard par-dessus son épaule. Il avait de nouveau cette désagréable sensation d’être observé. Regardant la demoiselle, il se demandait si elle le ressentait aussi, il y avait de fortes chances. Ce n’était pas une simple femme banale et sans lui dire le moindre mot, il se tourna sur sa droite pour reprendre son chemin vers le port. Si cela devait à tourner mal, au moins, il aurait un moyen de prendre le large. Dans les sens du terme d’ailleurs, restait juste à savoir si ça serait avec la petite curieuse ou sans.

Depuis le début, les échanges entre Raven et son interlocuteur étaient plus bizarres les uns que les autres. Entre les tentatives d’humour bancales, certaines de leurs paroles aussi froides que profondément cruelles et les gestes récents qu’ils avaient eu l’un envers l’autre… Dont principalement un couteau planté dans la main, il y avait peu de chances que la jeune femme obtienne les réponses à ses questions aussi facilement. Chose normale quand on y pense. Pourquoi Ren accepterait de satisfaire gentiment sa curiosité ? Peut-être qu’il lui en voulait un tout petit peu pour son petit test avec le couteau… C’est une possibilité qui n’effleura qu’assez vite l’esprit de la pirate.

À quoi bon s’arrêter à un détail comme celui-là puisqu’aucune blessure ni quoique ce soit de néfaste en était sorti ? Dans le pire des cas, en imaginant qu’elle faisait fausse route dans ses analyses à ce moment, il n’y aurait pas eu mort d’homme non plus ! Seulement une vilaine blessure dans la main qui n’est pas un point vital. Aucun souci, vous voyez !

« Ce qui signifie un tirage qui m’est favorable ? Sinon j’suppose que tu m’aurais déjà attaquée, hum ? »

Demanda la jeune femme après que Ren ait fait le fameux tirage qu’il lui avait promis. C’est durant l’un de ses nombreux interludes, entre deux prises de notes, qu’elle lui posa la question, cherchant à mieux comprendre son raisonnement et la signification de ses tirages.

Elle se laissa surprendre par le geste aussi osé en lui-même qu’inattendu qui suivit peu de temps après. Pile quand elle reprit ses petits picotements et analyse, le jeune homme vint lui donner ses deux cartes en ne se gênant pas pour les mettre dans un endroit ayant normalement d’autres usages… En plein dans le décolleté. Si l’ouverture aussi large qu’arbore Raven peut encore être qualifiée ainsi.

Face à ce geste inattendu, la pirate cessa net tout ce qu’elle faisait et baissa les yeux pour voir ce qu’il en était. Perturbée par la surprise du geste, elle se contenta de déglutir en regardant vers le bas, une très légère rougeur venant teindre ses pommettes avant de disparaître presque aussi vite.

« Ce… Hum… C’est… Tchh ! »

Ne trouvant pas ses mots, la brune n’insista pas plus, s’emparant des cartes pour s’en servir comme marque-page. Vu sa tenue, il n’y avait pas eu énormément d’emplacements possibles pour les y glisser et heureusement pour elle, sa prise n’avait pas été trop forte ou plus… Enflammée.

Déglutissant une énième fois avant de faire comme si de rien était, focaliser son esprit sur ses questions suivantes et tâtonnements du bout de l’épée l’aida dans ce sens. Raven était loin d’être au bout de ses surprises visiblement car le jeune homme eut à nouveau une réaction fort directe. S’en prenant directement à l’arme blanche qu’elle eut juste le temps de défaire de l’intérieur pour le regarder s’en emparer, manquant de peu de ruiner le mécanisme rétractable si durement confectionné.

« T’pouvais juste demander gentiment. » Se contenta-t-elle de rétorquer au cuisinier lui ayant dérobé sa lame.

Bien qu’il ne semblait pas décider à accepter un petit interrogatoire scientifique, l’ironie du sort fit qu’il révéla néanmoins quelques détails suffisamment importants pour que la jeune femme reprenne des notes.

« Donc tu ressens le contact quand j’te pique, malgré tout ? Très intéressant. »

Visiblement le fait que ça ne plaise pas au garçon, comme il venait si bien de le souligner, lui passa largement par-dessus la tête. Se faire piquer son crayon, par contre, la fit rapidement relever les yeux. Juste à temps pour le voir partir en fumée comme une brindille jetée dans un brasier… Décidément on ne peut jamais travailler en paix !

N’ayant plus de quoi écrire, Raven referma son carnet et le glissa dans son haut, au niveau d’un de ses flancs pour ensuite fixer l’utilisateur de fruit avec un regard pesant… Comme pour être sûre qu’il comprenne bien qu’elle n’avait pas apprécié ce geste. Un juste retour de bâton les mettant à égalité…

Lui aussi semblait commencer à se poser des questions sur la nature de celle lui collant aux basques comme un vieux chewing-gum. D’un certain point de vue, il n’était pas si loin de la vérité quand il mentionna le terme de chercheuse folle. Pas spécialement pour elle mais de façon plus globale concernant tout ce qui touchait à la section scientifique.

« Je travaillais pour la Marine, avant. J’ai ouvert les yeux sur leurs méthodes et suis partie. » Répondit-elle en arborant une mine bien plus sombre suite à la remontée de souvenirs particulièrement douloureux et sur les raisons de sa désertion. « Ce qui fait sûrement de moi une hors-la-loi, comme tu dis… »

Par précaution, elle ne donna pas trop de détails et se contenta de répondre avec des sous-entendus. D’un autre côté, elle en avait peut-être déjà trop dit mais tenait une occasion de lui faire comprendre son intérêt à son égard, espérant ainsi pouvoir mener d’autres petits tests avec son accord ou obtenir davantage d’informations.

« J’en ai déjà vu. Mon travail était de les étudier, notamment. » Le voyant mimer la taille, elle acquiesça en silence, d’accord avec sa description « Décrit moi son apparence en détail ! J’ai besoin de ce genre d’inf… Hum ? »

L’attention de la jeune femme fut alors attirée en direction de la rue principale. Un étrange et mauvais pré-sentiment la prenait aux tripes. L’artère principale était animée comme à son habitude mais le chahut qui en émanait avait quelque chose de différent comparé à son arrivée. Comme si tous les sons étaient devenus plus graves et surtout tournés dans la même direction, pleins de colère.

… DANS LA MÊME DIRECTION ?!

Son petit doigt se mit à lui murmurer que c’était sûrement pour eux que cet attroupement venait dans leur direction. Difficile d’en être sûrs à moins d’aller voir. Choque que la brune n’avait pas envie de faire, allant récupérer sa lame qu’elle fixa à son emplacement d’origine avant de rengainer la lame.

« T’aurais pas, toi aussi, c’t’impression pourrie d’être dans la merde ? »

La logique des événements s’étant déroulés récemment voudrait que l’homme à qui ils s’en étaient pris, mais surtout Ren, dans le restaurant ne comptait pas les laisser filer si facilement. Tous ces cris viendraient de ses hommes de main rassemblés et lancés à leurs trousses ?

Sans attendre plus longtemps bêtement, la pirate tourna les talons afin de reprendre la route en direction du port où l’attendait sa barque. Mieux valait ne pas traîner plus longtemps dans le coin. Sa marche s’arrêta bien vite afin de pouvoir jeter un coup d’œil au jeune homme par-dessus son épaule et lui lancer un regard disant clairement « Bon, tu viens ? » bien qu’elle n’attendit pas sa réponse pour repartir.

« … »

Alors là, c’était le pompon ! Enfin arrivés au niveau de la plage suite à leur course incessante qui lui rappela ces parcours d’obstacles qu’elle détestait tant à la Marine, voilà qu’ils avaient un autre problème sur les bras. Enfin, non… Pas vraiment. Le problème étant plutôt qu’il n’y avait rien. Ne s’attendant pas à ça, la pirate en resta figée, ébahie devant les vagues qui venaient s’échouer sur le sable en cette après-midi bien entamée…

« On… On m’a piquée ma barque… »

Qui serait assez stupide pour voler une barque ? Merde ! Espérons maintenant que Ren n’avait pas garé la sienne au même endroit…

Apparemment son geste l’avait perturbé au plus haut point. Elle qui avait montré beaucoup de volonté, l’image d’être une personne sur d’elle, juste le fait de placer deux cartes à un endroit stratégique avait suffis. En même temps, le geste était peut-être un peu déplacé, en effet, les faire tenir avec son décolleté, mais il n’aurait pas cru que cela lui aurait mit le rouge aux joues à ce point-là. Peut-être un petit préjugé sur la tenue de la demoiselle qui le faisait croire que rien ne la perturbé, mais c’était loin d’être le cas. Ren put la voir douter et perdu pendant quelques secondes, essayant de reprendre ses idées, ce qui d’un côté était assez marrant. Elle eut même du mal à articuler ses mots, ce qui était lui arracha un petit sourire. Réaction énormément stupide, mais c’était une victoire pour lui, cela pouvait être une petite vengeance pour le coup de couteau. Même s’il n’avait pas pensée à mal ou autre en le faisant. D’ailleurs, n’ayant tellement pas pensée à son geste, qu’il n’avait pas réfléchit à comment récupérer ses cartes. C’était assez gênant sur le moment et il n’allait pas lui reprendre là où elle était. Compliqué comme situation, faisant une petite moue et se disant qu’à un moment, il pourrait peut-être les reprendre. Au pire, elle aurait encore le rouge sur les pommettes où il prendrait une violente claque. Elle pourrait aussi le prendre pour un pervers, remarque, ça ne le changerait pas tellement. Chaque fois qu’il aidait une demoiselle, s’il avait le malheur d’avoir un regard mal placé, c’était la guerre. Il fallait esquiver des gifles et autres objets volants.

Secouant doucement la tête, elle avait tout compris. Si les cartes n’avaient pas volé et étaient à ce fameux endroit, c’est que le tirage lui était favorable. Il se demandait quand même ce que ça voulait dire. Il prêtait peu d’importance à ce que voulait dire les cartes habituellement et faisait même sa propre analyse, mais là, le fait qu’elle incarnait le changement était intéressant. Cela voulait dire tellement de chose, mais ça titillait aussi sa curiosité. Même s’il y avait peu de chance qu’ils fassent le voyage ensemble, il la reverrait peut-être ou assisterait à ses exploits. Cependant, son instant de gentillesse ne fut pas récompensé. En effet, elle se fit un plaisir de le piquer dans tous les sens pour l’examiner comme un animal de laboratoire. Elle ne fut pas très heureuse quand il lui prit son arme, mais le mécanisme qu’elle utilisait et assez intéressant. Cela avait l’air plutôt sympa et assez utile, mais étant une chercheuse, elle ne devait pas avoir ça pour rien. Cependant, cela semblait plutôt fragile de ce qu’il avait pu comprendre. En usant d’un minimum de force, elle avait dû le détacher pour ne pas qu’il casse, ce qui était un point plutôt négatif. Au moins, elle ne lui planterait plus son sabre dans la peau et elle ne pourrait plus écrire par la même occasion. Même si les deux actions ne lui plurent pas du tout. Elle lui lança un regard froid qu’il se fit un plaisir de soutenir à sa manière. Elle avait retrouvé ses esprits et sa hargne, mais il n’était pas non plus du genre à se laisser faire et il se faisait un plaisir de le montrer à la demoiselle.

Il eut le droit à la question de s’il ressentait le contact quand elle le piquait. Elle ne perdait pas le nord pour autant. Il soupira juste en la regardant dans les yeux, elle n’allait pas lâcher l’affaire comme ça. Ren secoua la tête de droite à gauche. Ce n’est pas parce qu’il est possesseur de fruit du démon qu’il est invincible ou invulnérable. Cependant, il ne souhaitait pas lui répondre. En même temps, il y avait d’autres moyens de procédé qui était plus amical, ce qui n’était pas son cas. C’était également une petite vengeance, la faire chercher et galérer un peu. Apparemment, elle comprit rapidement que si elle voulait des réponses à ses questions, elle allait aussi devoir répondre à certaines des siennes. Du donnant, donnant si l’on peut dire. Le jeune homme eut le droit à quelques renseignements, comme le fait qu’elle travaillait pour la marine. Qu’elle l’avait également quitté parce qu’elle n’aimait pas leur procédé et son visage n’annonçait rien de bon. Elle avait un air, froid, sombre, ce qui voulait dire que ça ne c’était pas bien passé ou que c’était pas joli, joli. Puis, rajoutant qu’elle était surement une hors-la-loi maintenant. Il eut un petit rire intérieur, c’était assez marrant comment cette description se rapprochait de la personne qu’il devait tuer. Une jeune femme qui avait travaillé pour la section de recherche de la marine et avait fini par la déserté. Si ça se trouve, elle avait des renseignements à lui donner sur la demoiselle qu’il cherchait, même s’il ne pouvait pas lui dire pourquoi. En même temps, il se voyait mal lui demander si elle connaissait une certaine Raven Fall, une déserteuse qu’il devait tuer pour le compte d’une personne qu’il n’avait jamais vu. C’était assez étrange, d’ailleurs, il faudrait peut-être qu’il trouve des renseignements sur cet homme également.

Cependant, il n’eut pas le temps de lui demander quoi que ce soit qu’elle reprit la parole. Il eut un renseignement, c’est qu’elle en avait déjà vu et donc, surement déjà étudier quelques-uns. C’était surement les méthodes qu’ils utilisaient contre les utilisateurs qu’elle n’avait pas aimé et pour ça qu’elle avait déserté. Malgré tout, une petite chose lui titillait l’arrière de la tête, comme une mauvaise sensation et ce n’était jamais très bon. Au début, c’était la demoiselle qui le poursuivait, mais là, ça ne pouvait pas être-elle. Il était près à dégainer ses cartes, on ne dirait pas comme ça, mais elles étaient particulièrement coupantes. Bien que ce n’était peut-être pas le moment, ni l’endroit pour une bataille. Ren plaça ses yeux dans ceux de la jeune femme et eut un petit sourire en l’entendant.

« Je commençais à me dire que j’étais parano à force. Autant en quittant le stand, je me doutais que c’était toi, autant là, je pense que monsieur Porc n’a pas apprécié. Je pense que l’on devrait se faire la belle. »

Autant dire, fuir. Cependant, il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il pouvait apercevoir le petit bout de femme devant lui prêt à partir. Elle le regarda comme si elle avait pris de l’avance et il eut une petite moue un peu dégoutée. Ils allaient peut-être devoir faire un petit bout de chemin ensemble en fait. Se mettant à courir derrière elle en direction du port. Ils ne mirent pas longtemps à y arriver et Ren eut un petit sourire quand il l’entendit. Elle c’était fait voler sa barque, c’était quand même incroyable de voler un objet comme ça, alors qu’il y avait des navires. Lui avait caché la sienne et il y avait des doutes qu’elle y soit plus. Soupirant et ayant un petit rictus, il passa à côté d’elle comme le héro de la situation. Le jeune homme fit quelques pas de plus, c’était littéralement emmerdé à mettre sa petite coque de bois derrière une espèce de cabane de pêcheur. Arrivant à l’endroit, il écarquilla les yeux quand il remarqua qu’il n’y avait plus rien.

« Mais putain !! Ils sont sérieux les gens ! Voler une barque ok, mais en voler deux ! Il faut en vouloir au monde quand même pour en arriver là. Si je les retrouve … »

Fronçant un peu les yeux tout en se tournant vers la demoiselle. Alors il n’avait pas le temps de retrouver les voleurs et leur donner la leçon qu’ils méritaient. En effet, on pouvait entendre des cris au loin qui se rapprochait rapidement. Autant dire que ce n’était clairement pas bon signe.

« Et si on leur rendait la monnaie de leur pièce. Ils nous ont volé deux barques, autant leur voler un petit navire. Œil pour œil et dent pour dent. Je pense qu’il y a que ça à faire sur le moment, on avisera après. »

De toute façon, c’était soit ça, soit affronter la sorte de mafia qui devait être à la solde de monsieur porc. Pour être franc, il n’avait pas vraiment envie de faire un combat contre la moitié de la ville. Même s’il était accompagné d’une petite furie. Elle aussi n’avait surement pas envie de cet affrontement pour le moment. A vrai dire, il se doutait de la réponse et n’attendit pas la totalité de la phrase pour enchainer le pas. En même temps, ils n’avaient pas vraiment le choix. Ils se remirent à courir vers le port où tous les bateaux étaient à quai. Ils avaient tellement de choix que c’était limite un crime. Le jeune homme s’arrêta même devant les navires, se retournant vers la demoiselle et se pencha en balayant devant lui de sa main. C’était comme une invitation à choisir leur embarcation, bien que là, il fallait faire vite.

Quelle ville de merde et sa journée était devenue tout aussi bizarre que cet endroit. À croire que le mauvais sort ou le destin jouait allégrement avec ses nerfs, transformant ce qui devait être un court arrêt pour se rassasier en une suite d’événements inattendus… D’abord un parfait étranger venant la trouver tout en malmenant un client, bien que ça soit sûrement mérité, pour finir désormais avec une bande de gros-bras en colère aux trousses… Le tout après avoir découvert qu’elle se trouvait avec un utilisateur de fruit comptant parmi les plus rares et puissants.

Silencieuse après le constat sur la disparition de sa barque, la jeune femme haussa un sourcil avant de tourner son regard vers Ren. Il ose se moquer en plus, pour ne rien arranger ! Raven allait devoir trouver une autre solution pour se tirer d’ici et la moins casse-tête restait de squatter avec son compagnon de fortune… Chose qui l’arrangerait afin de pouvoir l’étudier encore un peu.

« J’espère que c’t’une blague ? » Demanda-t-elle suite à sa réaction une fois arrivés sur les lieux.

Et elle l’espérait vraiment vu son regard devenant d’un coup menaçant à l’extrême… La pirate observa encore son interlocuteur, espérant à une mauvaise farce…

« À croire qu’on était pas les seuls complètement fauchés... »

Bien qu’elle doute fort qu’une petite barque flottant à peine puisse avoir une grande valeur marchande… Tandis qu’ils pouvaient entendre certains cris se rapprocher d’eux, Raven adopta une moue étonnée, ne s’attendant pas à ce qu’il lui fasse une proposition de ce genre aussi soudainement. Elle ne put s’empêcher de répondre d’abord avec ironie.

« T’as plus peur que j’t’étudie si on finit dans l’même bateau ? »

Le reste de sa réponse, positive bien évidemment, se fit sur base d’un simple hochement de tête affirmatif. Comment refuser une offre qu’elle comptait de toute façon faire aussi ?

Il fallait maintenant trouver quelque chose de suffisamment manœuvrable pour deux personnes, voir trop grand ne ferait que les mettre davantage dans l’embarras. Le temps jouait contre l’improbable duo et visiblement c’était à elle que revenait le choix du navire. Pourquoi pas quelque chose avec une couleur comme un bon rose bien flashy tient…

Adressant un signe de tête à Ren, la jeune femme entama une marche rapide le long des quais, zieutant les navires qui étaient amarrés en faisant au mieux pour ne pas paraître suspecte... Ce qui est loin d’être gagnée avec leurs dégaines.

Faire un choix se révéla plus difficile qu’elle ne l’aurait cru… Certains petits navires étaient de bons choix mais l’affluence autour ou leur emplacement empêchait un larcin comme le leur dans des conditions optimales. Jusqu’à finalement mettre enfin les yeux sur une cible idéale.

« Celui-là. »

D’un violent virage serré, la brune changea de direction afin d’arpenter le long ponton en bois, bousculant sans réserve les civils sur sa route. Cela souleva de nombreuses railleries de mécontentement. Entre les matelots finissant au sol, cargaison détruite ou le docker s’étalant dans un fracas de berries tombés au sol, le chaos causé fut suffisant pour servir aux deux fuyards.

Un résultat inattendu mais hautement bénéfique puisque les personnes en colère formèrent malgré elle un barrage humain suffisant pour ralentir leurs poursuivants désormais près de leur mettre le grappin dessus.

« Hé ! Mon bateau ! Au… Au voleur ! » s’écria un homme aux jambes semblant aussi fragiles que des allumettes « Rendez-le moi ! Tout mais pas mon cochon d’or ! Pitié !! »

La pirate venait à peine d’atterrir sur le navire, ne s’étant pas gênée pour franchir un énième inconnu sur sa route façon saute-mouton. L’entendre crier et s’inquiéter davantage pour un animal fit sourciller Raven qui se redressa pour lui jeter des regards interrogateurs, n’y comprenant rien.

Elle ne comprit qu’un peu après en découvrant une cage qui contenait effectivement un petit porcelet doré. Enfin, doré… Un simple coup d’œil permettait de voir qu’il était juste peint dans cette couleur. Surement une arnaque mise au point par le propriétaire légitime du navire que les deux voleurs étaient en train de remettre à la mer, une fois Ren à bords et les deux ayant agi de concert pour se faire la belle.

Ce petit porc ne représentant aucun intérêt ni valeur hors nourriture, la brune le lança jusqu’à son propriétaire tant qu’il était à portée… Chose qu’elle regretta quelques instants plus tard avant d’espérer que de la nourriture se trouvait à bords…

Qui aurait cru qu’il allait proposer cela à la jeune demoiselle. Elle qui le prenait pour un sujet d’expérience, qui se faisait un malin plaisir à lui planter la lame de son couteau dans le bras, le torse et autres parties de son corps. Elle, qui lui avait planté la main devant tout le monde et qui ne le lâchait pas pour l’étudier. Même avec tout cela, il lui proposait quand même de fuir ensemble. Bon, en même temps, il ne fallait pas se mentir, il n’avait pas vraiment le choix et elle non plus. L’un comme l’autre, ils ne pouvaient pas fuir en soliste. Leurs barques respectives venaient d’être sournoisement volées par des personnes qui venaient être encore plus en galère qu’eux. Pour arriver à voler des barques et surtout celle du jeune homme. Il ne savait pas pour celle de sa comparse, mais la sienne. C’était encore un miracle qu’elle n’est toujours pas coulée. Lui-même se demandait comment il avait réussi à arriver jusque là sans aller visiter le fond de la mer. En effet, ayant mangé le doux fruit du Mera Mera no Mie, s’il avait le malheur de passer par-dessus le bord, c’est tout au fond de l’océan qu’il allait passer le restant de sa vie. Bref, ce n’était pas le moment de penser à cela, là, il fallait fuir et d’une manière plutôt rapide on pourrait dire.

Cependant, quand il lui annonça son idée, même elle fut surprise. Ce qui est tout à fait normal, il n’arrêtait pas de la fuir et maintenant, il lui proposait une entre-aide. Enfin, quelque chose comme ça. Le jeune homme eut un petit soupire, s’il n’avait pas peur qu’elle l’étudie ? Ce n’était pas vraiment de la peur, mais plus une gêne qui devient un agacement et qui pourrait devenir de la colère. Son petit crayon en avait fait les frais d’ailleurs. En même temps, ce n’était pas très marrant de se faire piquer de tous les côtés pour qu’elle puisse admirer les flammes qu’il avait en lui. Ren fit juste une petite moue et lui fit signe de la suivre. Pour le moment, ils avaient mieux à faire que s’étendre sur les détails de leur voyage et ce qu’il pourrait se passer. Bien que cela lui faisait un peu froid dans le dos, se disant qu’il pourrait se réveiller un jour, attaché comme un vulgaire rôti avec des flammes dans son dos et elle, le piquant avec une épée. Marquant les résultats sur un bloc-notes et encore, cela pourrait être l’expérience la moins douloureuse qu’elle pourrait lui faire. Une chose lui faisait dire qu’elle devait avoir des idées des plus sadiques en termes de tests qui devaient lui trotter dans la tête. Il pu sentir un immense frisson lui parcourir toute la colonne vertébrale.

Une fois arrivé au port, il la laissa passer devant. Il fallait trouver un bateau qu’ils pouvaient manier à deux. Même s’ils devaient prendre chacun plusieurs rôles et faire plusieurs choses en même temps, pourvue qu’ils fuyaient cette île et arrivaient à la prochaine en vie. C’était le principal. Ren préféra rester en arrière au cas où. Si les mafieux venaient à arriver trop proches d’eux, il se devrait utiliser ses flammes même si pour le moment, il n’aime pas le faire. Cependant, l’idée de mettre le feu aux planches du port pour arrêter leur avancer était une bonne idée en dernier recours. Même s’ils feraient un départ des plus flamboyants pour ne pas faire de jeu de mot stupide. Regardant plus derrière lui qui devant, faisant étrangement confiance à la demoiselle qu’il ne connaissait pas et n’avait même pas son identité. En clair, il allait voyager pendant un temps, avec une personne qu’il ne connaissait pas, qui n’avait qu’une envie, l’examiner comme un rat de laboratoire et qu’il ne pouvait pas appeler par son prénom. On va dire que c’est quelque chose de tout à fait normal. Le jeune homme ne fit donc pas du tout attention aux personnes qui furent bousculés et certains qui étaient à deux doigts de se retrouver dans l’eau. Remarque, c’était une bonne chose, cela provoquait pas mal de d’énervement et les personnes se mettaient à râler, à se rassembler.

C’était un mur parfait et assez discret pas la même occasion. Puis elle fit ensuite son choix et il n’y fit pas du tout attention. La poussant juste pour lui dire qu’il était d’accord. Tout ce qu’il voulait, c’est prendre rapidement la mer pour éviter une bataille et se faire repérer. Un bain de sang n’était peut-être pas une bonne chose là. Arrivant finalement sur l’objet qu’il allait enfin les sauver. Une fois sur le pont du navire, il attrapa la planche qui servait aux hommes de descendre et de mettre le pied à terre. Il couru rapidement à l’avant du navire pour retirer la corde qui maintenant le navire au pont. Entendant l’homme qui criait un truc sur un cochon en or. Il fronça les sourcils, si c’était vrai, c’était le moyen de se faire de l’argent gratuitement, si ce n’était pas le cas, c’était des côtes de porc en attentes. Il fallait mettre rapidement cela au point et il eut juste le temps de se retourner qu’il vit la demoiselle attraper le cochon et le jeter en direction de l’homme.

« Noooooooooooooooooon !! »

Ren se mit à courir à coté de sa comparse, regardant le cochon avec de grands yeux. Bon, c’était de la vulgaire peinture, mais s’ils n’avaient pas de nourriture, c’était un moyen de secours. Il baissa la tête en soupirant, la secouant de droite à gauche avant de s’appuyer contre la rambarde avant de la regarder.

« Alors là … si on est bien d’accord, tu viens de jeter un cochon que l’on aurait pu tuer et manger avec une bonne petite sauce. Tu viens, littéralement, de jeter de la nourriture par-dessus le bord. En fait, je crois que je n’ai pas peur que m’étudie, mais plus que tu me tues de faim … »

Ren eut un dernier soupire avant de se redresser. Ce n’était pas le moment de se tirer dans les jambes, mais plutôt de coopérer. Il partit vers le mat et se débrouilla comme il pouvait pour ouvrir les voiles et pouvoir partir. Ils pouvaient entendre les cris se rapprochaient de plus en plus et surtout commencer à entendre des tirer. Apparemment, ils n’avaient plus peur de blesser des personnes et il fallait arrêter les fuyards à tous prix. Cependant, heureusement pour eux, le navire prenait le large petit à petit, poussé par une petite brise qui était leur sauveuse. Le jeune homme ne put pas s’empêcher de faire un signe de la main à leur poursuivant, arborant un immense sourire.

« Allez !! Salut les nazes ! »

» Repas déroutant pour rencontre alléchante ~
» Kaveta [Terminé]
» C'est clair. (terminé)
» BOUM ! (terminé)
» Pluméria. [terminé]