La piqûre et la figure
- Poussez-moi, excusez-vous !
Dans les rues de Baterilla les habitants assistaient à un drôle de spectacle. Un homme courait, zigzaguant entre les allées de la ville, évitant les passants du mieux qu'il le pouvait. La cape qu'il portait se soulevait dans sa course, suivant la légère brise qui soufflait sur l'île. Les parties visibles de son corps étaient recouvertes de bandage. Il devait sortir tout droit de l'hôpital. Dans une main il tenait un escargophone de la Marine.
Cet homme aux cheveux gris semblait fuir quelque chose ou plutôt quelqu'un. En effet derrière lui une femme le suivant. Elle portait une blouse blanche sur laquelle était dessiné une croix rouge, dans le dos. C'était l'uniforme des infirmières qui travaillaient dans l'hôpital de la ville. Elle tenait une seringue et cria à l'intention de l'homme :
- Commandant Watanabe, ceci est pour votre bien ! Cette piqure va permettre a vos blessures de cicatriser plus rapidement, vous n'êtes pas en état de sortir de l'hôpital.
Mais le commandant en question n'arrêta pas sa course. Il détestait les piqûres et cette seringue avait l'air énorme. Cela faisait plusieurs minutes qu'il déambulait ainsi et cette femme ne voulait pas le lâcher. De plus il attendait un appel important de la colonel Akimoto. Il fallait vraiment qu'il trouve une solution pour la semer.
Dans sa course folle, il se retrouva au port, des dizaines de bateau de tourisme s'y trouvaient et les rues étaient bondées. C'était l'endroit parfait pour se cacher. Derrière lui l'infirmière n'avait pas abandonné la poursuite et Kazu aurait juré qu'elle affichait un sourire sadique sur son visage. Elle voulait vraiment lui donner cette piqûre.
Au milieu de la rue, des danseurs de rues attiraient du monde, qui formait un cercle parfait permettant à chacun d'apprécier la prestation des artistes. Kazu y vit là une occasion en or, il se faufila dans le cercle, face au spectacle. Mais, dans sa précipitation, il bouscula l'un des spectateurs qui, déséquilibré, le fit tomber sur la scène improvisée.
- Nous avons un volontaire, s'écria celui qui menait la danse en aidant le marine à se mettre debout, releve-toi mon ami et ne sois pas timide. Danse avec nous.
Le grit prit au depourvu ne savait que faire. Du coin de l'oeil il aperçu l'infirmière passer devant le spectacle, elle le cherchait du regard. Kazu devait se baisser sinon il serait retrouvé. Il prit appui au sol sur sa main mais n'était pas encore complètement remis de son dernier combat il perdit l'équilibre. La main toujours posée au sol, son corps fit le tour de celle-ci. Il posa sa seconde main par terre afin de ne pas tomber. En prenant appui sur ses deux mains, il se releva d'un bond.
- Un windmill, mon gars t'es trop fort !, s'écria l'un des danseurs en lui tapant l'épaule.
Kazu ne voyait plus l'infirmière, il en profita pour s'échapper sous les applaudissements du public et des danseurs. Enfin à l'écart, il s'assis sur un banc, à proximité du port. Il attendait l'appel de la colonel.
Enfin l'escargophone sonna.