DDL x Jack Sinister - Allo, monsieur Jefferson?

« UN BEST SELLER ! » Lâcha le comte alors qu’il débouchait une bouteille de champagne avec son assistant marketing « Excellent travail Wallace, j’ai eu raison de vous confier la maison d’édition, le Logu’Actu fait un carton, et le roman d’espionnage explose tout les chiffres ! »

Le comte, fier de son investissement, était aux anges, une nouvelle source de revenu venait d’émerger, et grâce au Logu’Actu, il était désormais capable de lancer sa propagande à l’échelle du monde ! Enfin, valait mieux rester dans les limites du circuit, trop d’attention était souvent mauvais signe… ça, il avait pu le comprendre à cause de l’irruption de Klaus, tout le monde ne parlait plus que de ça !

« Bon écoutez, Wallace, votre présence m’importune, j’ai un appel à faire, vous pouvez attendre dans le salon d’à côté ; demandez Brigitte, elle s’occupera de votre cachet… Allez, ouste ! Pshh pshh ! » Puis, une fois raccompagné à la porte, le comte s’assura de faire comprendre à Zepekto, de la sécurité, de couper toutes les caméras et micros de la pièce, il devait être seul.

« A nous maintenant, monsieur Jefferson. »  Lâchait le comte alors qu’il composait les numéros de l’escargophone de Jack… après une longue tonalité, quelqu’un était enfin au bout du fil. « Monsieur Jefferson, Dante De Leone à l’appareil… »

*pulupulupulu*

Jack observait l’océan, les yeux plongés dans l’infinité azuréenne qui faisait écho à ses iris cyanisés. Il soupira, pensant à la vacuité de sa propre existence, là, au firmament aqueux des profondeurs abyssales de …

*pulupulupulu*

… de …

*pulupulupulu*

« Rah, bordel ! »

L’écrivain posa sa plume dans une grande giclée d’encre, tachant ses doigts et sa page de brouillon. Il grommela une insulte tandis que son scargo se dandinait à côté du pot noir. Il s’empara de la bestiole, la serrant suffisamment pour que le son soit étouffé, puis sortit d’un pas rageur. Il se prit le grand large dans la gueule, ainsi que la puanteur du port. Il avait insisté pour être en paix pendant son processus créatif, mais voilà que le travail le rappelait. Jamais tranquille, bordel.

« Quoi ?! » rugit-il en ouvrant le combiné.

« Monsieur Jefferson, Dante De Leone à l’appareil… »

Ah. Jack se racla la gorge, toussota un peu. Jefferson ? ‘tain, c’était vrai. De Leone. Il lui avait donné un faux nom et prétexté que Sinister était son nom d’artiste. C’était plutôt l’inverse en vrai, mais peu importait.

« Oui allo bonjour, Jack Jefferson à l'appareil, j’écoute ? » fit-il de sa plus belle voix de speakerine.

« Monsieur De Leone, que me vaut le plaisir de votre appel ? Sinister 7 – A Devil Klaus story^© a-t-il comblé vos attentes ? »

Le comte fut légèrement attristé de voir l’accueil réservé à son appel, mais eh, business is business, même si ce type était un rustre.

« Monsieur Jefferson, je suis au regret de vous annoncer que votre livre n’as pas répondu à mes attentes… » Lâcha le comte, en sirotant bruyamment une gorgée de champagne. « … Il les a explosées. Brigitte a essayé de vous envoyer votre cachet, mais il ne cesse d’être renvoyé ici… il faudra peut être passer le récupérer vous-même. Apparemment, ils auraient du mal à trouver un monsieur Jefferson, pourtant je leur aie dit que vous êtes bel et bien réel. Sûrement une erreur dans les dossier, si vous voulez mon avis, j’espère que ce sera réglé prochainement. »

Le comte marqua une pause, puis repris de plus belles.

« Ceci étant fait, monsieur Jefferson, et vu les bénéfices engrangés par ce bouquin, il est temps de passer à la deuxième partie de notre accord, voulez-vous. »

Un sourire se dressa sur la ganache du comte, et l’escargophone fit pareil.

« Flevance, vous connaissez ? »

L’annonce fit l’effet d’une bombe à Jack, avec le suspense mesuré de De Leone. Son cœur manqua un battement, puis la joie éclata. Son livre avait marché. Il avait été diffusé dans le monde entier ! Il avait inclus dedans toute son histoire avec Klaus, la façon dont les choses s’étaient déroulées, tout en prenant garde à ne pas tout à fait contredire la version du Gouvernement. Mais il l’avait fait. Sinister 7 était un succès. Le monde tourna un peu autour de Jack. Un grand sourire envahit ses traits.

« Heu … ah oui. Je … je suis sous couverture. En général, j’utilise le nom de mon personnage : Jack Sinister. » répondit-il, encore sous le coup de l'émotion.

Mouais. Plutôt qu’il donnait son propre nom au héros. Vous parlez d’un ego mal placé …

« C’est un plaisir de voir que les affaires marchent, partenaire. » se reprit-il, se gardant bien de prononcer son nom à haute voix.

Il était sur un navire garnit de marines, et au milieu de sa première réelle mission de CP9. De ce fait, il préférait éviter de trop en révéler sur ses affaires. Et si c’était un test ? Et s’il était surveillé ? De toute manière, tout bon agent du gouvernement aurait un denden noir pour l’espionner. Il lui fallait s’en procurer un blanc pour se prémunir de cela … ainsi parla-t-il en codes, comme à son habitude. Monter en grade signifiait monter en paranoïa.

« Flevance, oui. Chouette coin. Vous pensez que l’inspiration peut s’y trouver ? Malheureusement, je ne suis pas actuellement dans cette blue. Peut-être sur le retour, je pourrais aller y jeter un œil … »

Le Cipher tira une cigarette de son paquet. Il l’alluma d’une main, se grattant le menton. Un assassinat, déjà ? Il lui faudrait le temps de pouvoir tourner ça à son avantage. De faire les choses sans vraiment les faire. Mais un contrat était un contrat. Il devait favoriser l’ascension de De Leone. Pour mieux utiliser son réseau … et mieux le faire chuter. Un Cipher Pol 9 se salissait les mains.

« Un ami à vous ? »

Le comte se mit à rire, doucement. Qui l’aurait cru, un agent des pols, tout à lui ! Mais, le temps n’était pas à la moquerie, l’indisponibilité de sieur Sinister le laissait dubitatif, son plan s’en verrait peut être contrarié… Mais, devoir un service au De Leone était rarement quelque chose que l’on pouvait éviter.

« Oh, vous êtes occupé, désolé j’aurais peut être du prendre rendez-vous avant. » Le comte marqua une pause et le laissa poursuivre. « Chouette coin, en effet… Un peu trop blanc à mon goût, mais plutôt sympa. »

Puis, le comte se saisit de la petite carte donnée par Reonaldo avant de reprendre.

« Un ami ? Non, disons plutôt une bonne troupe de joyeux lurons. Vous ne serez peut être pas dans les parages, mais peut être que vous pouvez m’apporter quelques informations au sujet des lieux ? » les jambes du comte s’entremêlèrent avant qu’il ne sorte de son tiroir, une carte de Flevance. « J’aurais besoin de savoir si vos services ont entendu parler d’un groupe mafieux sévissant quelque part la-bas, disons que n’importe quel détail fera l’affaire. »

Le comte fit apparaitre un nouveau sourire sur le visage de l’escargophone. Si Jack savait quelque chose sur Flevance et ses environs, peut être qu’ils ouvriraient la porte à de nouvelles affaires en tout genre.

« Disons que j’ai pour projet de leur mettre des bâtons dans les roues, ce qui pourrait profiter à nos deux camps. Le gouvernement, la cour, travaillons mains dans la main pour nous débarrasser de cette vermine ensemble, qu’en dites vous ? Pourrais-je compter sur vous, monsieur Sinister ? »

Trop blanc, c’était bien l’expression. Jack était peu penché dans les arts culinaires, mais il préférait tout de mêmes ses plats biens épicés. Avec un peu de coriandre, tout de même, il n’était pas un chien. Le Cipher fit passer son escargot dans une autre main, s’empara de son carnet qui ne le quittait jamais. Il passa sur une page impaire, ouvrit un second carnet et commença à décrypter le code alphanumérique à partir duquel il codait ses notes. Puis, à partir de ce code-là, il entreprit de traduire la page suivante. Il n’était jamais trop prudent. Même s’il manquait cruellement d’espace vital à bord de ce rafiot. Il entra les informations qu’il venait de récolter à travers la demande de De Leone puis tira un trait, signifiant qu’il arrêtait là son entrée quotidienne à ce sujet. Le reste … ne le regarderait que lui. Il farfouilla dans son esprit.

« Flevance, Flevance. En effet, j’ai quelques connaissances dans le coin. » commença-t-il, tirant une bouffée sur sa cigarette jusqu’à entendre quelque signe d’impatience chez son interlocuteur.

« J’ai en effet toute une gamme d’informations croustillantes. Saviez-vous, que Tormo le Ruff faisant des paupiettes de saumon à tomber par terre ? Ou encore, Magdalene Rasniev est une des femmes les plus influentes de la maison de passe des Nuits de Rose ? » s’amusa-t-il, fouillant dans les anecdotes qu’il avait pu entendre au sujet de la cité.

Jack tira une nouvelle bouffée. Il s’humecta les lèvres avec un sourire sournois, s’imaginant De Leone perdant patience une fois de plus.

« Nous ne travaillons pas main dans la main, cher Comte. Nous travaillons à couteaux dégainés. Je vais mener mon enquête. Si vous dites vrai, mes supérieurs trouveront l’information intéressante et ne manqueront pas d’y donner suite. Ah, et n’oubliez pas pour le cachet : Jack Sinister, Cloud Eleven. » fit-il, avant de raccrocher le denden.

Le Cipher se redressa, observa le bordel ambiant. Il était du neuvième bureau, ses supérieurs n’avaient officiellement rien à dire sur ses actes. Mais laisser penser De Leone que Jack n’était pas celui aux commandes lui laisserait suffisamment de mou pour mener les choses où il le voulait. Tout comme cela lui rappellerait qu’il n’était pas en terrain conquis. Jack aimait se faire passer pour la soubrette. Généralement, cela arrivait pas loin du moment où il retournait le plumeau dans le … fondement de ses cibles.

« Ah. Je sens qu’on va s’amuser tous les deux, très cher Comte. Otter, tu peux me sortir Sinister 3 s’il te plaît ? Page trente à soixante, prends les codes de Logue Town et suis moi. » ordonna-t-il à sa loutre qui le dévisageait étrangement.

« Ah oui. C’est vrai. T’es qu’une loutre. Tu me comprends pas … bon, allez Jack. Au boulot. » se fit-il en tournant le dos à Otter, qui lui fit un magnifique doigt d’honneur malgré le fait qu’il ne soit pas supposé comprendre ce que Jack disait …

Un rictus scotché sur le visage, sa main gauche qui tapotant un petit carnet avec un rythme de plus en plus frénétique, ça y est, le coup de fil avait eu raison de la patience du De Leone. C’est fou ce qu’une conversation téléphonique pouvait être barbante. Comparé à l’intensité de leur précédente rencontre, cette discussion par voie interposée laissait le De Leone plutôt sur sa faim.

« Flevance, Flevance... »

« Ah ! » Lâchait le comte, surpris par la reprise de la conversation. « Tormo le Ruff ? Quel nom de merde ! Hmhm.. hm, hmm ! Magdalene Rasniev ? Elle n’est pas au trou celle-là ? »

Et le comte grattait la feuille, notant noir sur blanc les noms donnés par le Cipher, bien qu’ils ne semblaient pas être si important que ça, mais, il valait mieux avoir affaire avec des poissons de sa taille pour éviter de se faire avaler. Non, ce n’était pas si problématique que ça, s’ils étaient dans les petit papiers du gouvernement c’est qu’ils ont forcément été confronté à eux d’une manière ou d’une autre.

Et comme espéré par le Comte, le schéma se repéta une nouvelle fois. « Menaces, menaces ! Je vous remercie monsieur Sinister, au plaisir de travailler avec…

Gatcha.

… vous… ? »

Au début, il se mit à sourire, comme si tout était normal, il s’était même levé de son fauteuil et avait fait quelques pas dans son bureau. Souriant à l’occasion lorsqu’il jetait un œil à la fenêtre en voyant un type se faire jeter dehors comme un malpropre… Jusqu’à-ce que.

« Attends, il m’a raccroché au nez cet enfoiré ?! » Constatait le De Leone, non sans colère. « Mais c’est toujours pareil avec ces enfoirés ! Décidément, ils ne servent à rien ! Au diable les Pols et au diable ce Sinister ! »

Un soupir plus tard et le comte était déjà reparti préparer son départ.