影
OMBRE– Histoire –
« Je vous avais dit de me lancer terminer de parler, bande de cons.
Maintenant ce monstre va devoir vous faire la peau… »
Vérone - 5 ans plus tard
◈»
« Le vieux, j’accepte de donner ton fruit machin là. Mais ça te fera 100 pièces en plus. »◈»
« Qui oserait demander 100 pièce pour la livraison d’un simple fruit ? »◈»
« Qui rangerait dans le plus beau des coffres un simple fruit ? »Cette réplique vivement lancée résonna dans le bureau où les rayons du soleil couchant se frayaient un cheminement à travers les rideaux de fines dentelles. Dario, 17 ans, debout, présentement présent dans le bureau du noble Zeppeli, se tenait là, droit comme un piquet à attendre sa sentence. Darius, hégémonie en ces lieux, était là soucieux. Et cela malgré sa réputation d’homme indestructible. À tel point qu’il en devenait même difficile pour le jeune homme de questionner les choix de ce vieil homme pas moins exempt de blessures. Mais bon la gêne et Dario ça faisait deux.
◈»
« Soit. Tu auras tes 100 pièces. Mais assures toi que ce coffre arrive bel et bien dans les mains du comte Écarlate. »L’ordre enfin énoncé, le regard de Dario s’emplit du plus grand des malices. Ce fruit ? Il n’avait nullement l’intention de le livrer au comte. Quand bien, il ignorait ce dont ce fruit était capable ou ce qu’il représentait réellement, il ne laisserait personne le lui arracher sans les piécettes qui iraient avec. Enfin, il aurait la reconnaissance dont il rêvait.
Ceci dit, il réfléchit également à l’éventualité minime qu’il s’agisse là d’un des fruits mystiques dont lui contait l’existence, feu son géniteur. Ces légendes lascives dans lesquelles la bravoure des hommes n’a d’égal que celles d’animaux d’autant plus majestueux.
Alors les deux premiers jours, il conserva consciencieusement le fruit « du démon », prêt à le revendre au plus offrant. Mais le scepticisme le rattrapa bien vite quand, il réfléchit au fait que cela ne fut qu’un simple met. Toutefois, ce n’est qu’au lendemain de ces deux jours qu’il succomba à la faim qui le dévorait de l’intérieur, cédant aux besoins que lui dictait sa condition d’homme.
Enivrant, subjuguant, il dévore à pleines bouchées le dit trésor. Car oui, il y avait en ce monde ici-bas, des fruits possédants d’étranges caractéristiques tant goûteuses que dans les propriétés qu’ils apportaient à autrui. En effet, ces fruits quelque peu spéciaux offraient à celui qui en ingurgitait un, d’étranges pouvoirs. Pour certain, il s’agissait d’un changement constitutionnel afin de se mêler totalement à un élément tandis que d’autre changeait notre morphologie en celle d’un animal. Cela était réellement divers et varié. Mais là rien de tout cela. Sans doute, n’était-ce qu’un simple fruit se dit finalement Dario, qui se trouvait stupide d’avoir eu de l’espoir.
[...]
La nuit tombée, deux hommes surgirent de nulle part, à quelques mètres l’un de l’autre, sur le chemin étroit éclairé par des faibles faisceaux de lumière. Pendant un instant, ils restèrent parfaitement immobiles, chacun pointant son mousquet sous le menton de l’autre. Puis lorsqu’ils se furent enfin reconnus, ils rangèrent leurs armes, se mettant à marcher d’un pas vif dans la même direction.
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« Tu es en retard enculé. » affirma le plus jeune des deux.
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« C’est bien la première fois que le Vieux Zeppeli nous envoie avec quelqu’un d’aussi insolent » répondit son interlocuteur.
Le chemin était bordé à gauche par des mûriers sauvages aux tiges basses et, à droite, par une haute haie soigneusement taillée. Les longues toges des deux hommes ondulaient autour de leurs chevilles au rythme de leurs pas.
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« J’ai bien cru que j’allais arriver en retard, petit » répondit l’homme dont le visage taillé à coups de serpe apparaissait et disparaissait sous les branches des arbres qui masquaient par endroits la lueur nocturne.
« Gegehé ! C’était un peu plus difficile que je ne l’avais imaginé. Mais j’espère bien que ce que j’ai trouvé sera satisfaisant... » ◈»
« Tu as l’air bien sûr de toi, Dino. T’as pas l’air de réaliser que si ça satisfait pas le vieux, il va demander à nous buter, si ? »Dario sourit tandis que l’autre homme acquiesça d’un signe de tête mais ne donna pas plus de détails. Ils tournèrent au détour d’une allée à droite, dans une large allée qui se raccrochait à la rue principale. La haute haie suivit la même courbe, s’étendant au loin, par-delà l’impressionnant portail de fer forgé qui barrait la route de nos deux hommes. Ni l’un ni l’autre ne ralentit l’allure : sans un mot, ils levèrent le bras gauche comme une sorte de salut et traversèrent la grille comme si le métal sombre n’était plus qu’un rideau sombre de fumée.
Les rangées d’ifs étouffaient le son de leurs pas. Tandis que tout au bout de l’allée, un élégant manoir se dessine dans l’obscurité, des éclats de lumière se reflétaient au rez-de-chaussée dans les carreaux des fenêtres à croisillons. Quelque part dans le parc obscur, au-delà de la haie, on entendait le chant d’une fontaine. Des graviers crissèrent sous le poids de leurs semelles lorsque les deux silhouettes se hâtèrent en direction de la porte qui pivota vers l’intérieur à leur approche, bien qu’apparemment personne ne l’eut ouverte.
Le hall d’entrée, faiblement éclairé, était vaste et sa décoration somptueuse, avec un magnifique tapis qui recouvrait en grande partie le sol de pierre. Les portraits au teint pâle accrochés aux murs semblaient comme suivre des yeux les deux hommes qui marchaient à grands pas. L’aristocrate et le gaillard qui semblait le servir, s’arrêtèrent devant une lourde porte d’ébène qui menait dans la pièce voisine. Ils hésitèrent un bref instant puis tournèrent la poignée de bronze.
Le salon était rempli de visiteurs silencieux, assis autour d’une longue table ouvragée. Les meubles qui décoraient habituellement les lieux avaient été repoussés en désordre contre les murs. La pièce était éclairée par un feu qui ronflait dans la cheminée, sous un splendide manteau de marbre surmonté d’un miroir au cadre doré. Les deux hommes s’attardèrent un moment sur le seuil de la porte. Tandis qu’ils s’habituaient à la faible lumière, un très étrange spectacle attira leur regard : un homme charismatique, tout de rouge vêtu. Une paire de lunettes de soleil sur le nez. Il était là, assis sur son trône, tournant lentement sur lui-même, comme si elle avait été accrochée à une corde invisible, son image se reflétant dans le miroir et à la surface nue de la table vernie. Aucune des personnes assises autour de cette vision singulière n’y prêtait attention, à part un jeune homme pâle qui se trouvait placé presque à sa droite et ne pouvait s’empêcher de lever régulièrement les yeux.
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« Font pas les choses à moitié les gens de Vérone. » dit Dario sifflant.
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« C’est lui le gars qu’on appelle le comte écarlate, Dino ? Rien de bien impressionnant. » S’exclame Dario.
Le gars à sa droite s’empresse d’apposer sa main sur la tête du jeune freluquet et avant de limite l’enfoncer à même le sol. Il savait le personnage très irritable et craignait les répercussions d’une telle impétuosité
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« Très insolent… C’est ça le gars que m’envoie le vieux Zeppeli ? » dit-il prenant une longue inspiration tandis qu’il croise les doigts en s’accoudant à l’extrémité de la table. L’homme qui avait parlé était assis juste devant la cheminée et il fut tout d’abord difficile pour les deux nouveaux venus de distinguer autre chose que les contours fins de sa silhouette. Mais à mesure qu’ils approchèrent, ils virent briller dans la pénombre un visage à la chevelure extravagante, semblable à un être vil, avec ses yeux exorbités, luisants, aux iris écarlate. Son teint était si pâle qu’il semblait scintiller d’une lueur nacrée et ce même avec ce chapeau qu’il porte.
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« Croyez-moi quand je dis être très attristé par la situation. J’espère sérieusement que vous avez pris la peine de ramener un objet qui saura vous faire pardonner. » Lâchait le comte l’air faussement intéressé.
Les deux hommes s’installèrent aux places qui leur furent attribuées sans jamais broncher. La plupart des regards suivirent Dario et ce fut d’ailleurs la première fois qu’il se sentit tant gêné. Sans plus tarder, le conseil prit la parole.
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« Alors ? »◈»
« Monsieur le Comte... » Prononcer ce dit mot, lui arracha plus que jamais la bouche. Déjà même que ce dernier ne supportait guère l’autorité du vieux Zeppeli, il allait sans dire que celle exercée par un homme à peine plus âgé que lui, avait le don de lui faire se hérisser les poils.
« J’ai pris soin de vous rapporter un objet des plus rares. » Cette déclaration suscita un intérêt manifeste auprès de l’assemblée : certains se raidirent, d’autres s’agitèrent tous observant leur confrère et le jeune Dario.
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« Et bien qu’est-ce que c’est ? » poursuivit l’homme écarlate.
Ses iris d’un rouge étincelant fixèrent les yeux ambrés de Dario avec une telle intensité que plusieurs personnes détournèrent la tête, craignant apparemment la brûlure de ce regard féroce. Dario, en revanche, dévisagea le maître de maison avec le plus grand calme. Au bout d’un certain temps, la bouche sans lèvres du maître des lieux s’étira en une sorte de sourire quoiqu’un tantinet diabolique.
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« Qui est-il Mickey ? » ajouta Dante.
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« L’un des hommes envoyé personnellement par Zeppeli, Comte. » attesta "Dino"
Dario manqua un battement puis deux avant de s’esclaffer littéralement. Fallait dire cette mascarade, cet univers de la pègre.... C’était là beaucoup d’informations à digérer pour lui. Et puis celui qu’il s’était efforcé d’appeler Dino toute la maudite semaine, n’avait pour nom autre que Mickey. H-I-L-A-R-A-N-T
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« Ton nom ? »◈»
« Le fantastique Dario de Léandre, pour vous servir mon cher comte. » rétorque le jeune homme se curant le nez.
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« Toi ?! » Mickey s’était penché en avant pour mieux voir ses deux interlocuteurs, à l’autre bout de la longue table. Et plus précisément Dario, qui ne cesse d'étonner toutes les personnes présentes.
« Comment oses-tu parler au comte de la sorte ? » Mickey attendait comme une réponse, mais le jeune garçon ne répondit que d’un soupire bravache.
« Comme tu peux le voir, je m’entretiens avec ton patron et tu déranges Mic-key. Tu ne voudrais quand même pas vexer Monsieur le comte ? »Mickey semble fulminer tandis que Dante de Leone lui fait signe de l’a fermé.
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« Mon grand-père a pris soin de m’envoyer ici dans votre cour, afin de vous remettre un présent. Désolé, mais toutes les subtilités du vocabulaire pompeux que vous utilisez m’échappe encore quelque peu » Il y eut un petit rire essoufflé qui suscita quelques échos le long de la table. Le comte de Leone, pour sa part, souriait toujours devant l’arrogance enfantine dont faisait preuve son convive.
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« Donc comme je le disais, mon grand-père a pris soin de m’envoyer ici dans votre cour, afin de vous remettre un présent. Présent que j’ai malencontreusement plus… » DDL, bien que peu amusé par la farce du petit plaisantin, fit signe à son homme de main. Épris d’une colère soudaine, Mickey chargea le jeune Dario avec panache. L’envoyant d’ailleurs valser au loin d’un revers du poing, ce dernier s’encastrant dans un siège qui composait les lieux.
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« O.K. Je vais essayer de m’exprimer une dernière fois, donc si vous pouviez me laisser terminer sans m... » entama Dario, suivi d’une roulade.
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« AAAAAAAAAAH ! » vociféra l’armoire à glace
Sans une ni deux, Mickey se munit de chaises qu’il projeta à toute allure sur Dario, qui lui semblait courir pour sa vie.
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« WAAAAAAAH et moi qui pensais qu’on était devenu pote Dino… »S’entreprit alors une course endiablée dans la salle tandis que le gamin à la chevelure d’or s’enfonçait dans le fond de cette dernière. Légèrement inquiet, ses foulées se faisaient de plus en plus grandes. Un pas devant l’autre, cadence rapide. Puis une accélération. Puis une autre. Le souffle saccadé, les yeux irrités. Toutefois, à l’inverse de ce qu’on aurait pu penser, ce dernier chuta.
ㅡ Pied de chaise. Simple branche d’origine végétale devenu meuble qui lui fut fatale.
Chute.
Douleur.
Dario s’écrasa de tout son long, son menton frappant douloureusement le sol et sa jambe heurtant violemment le sol au même instant. Ce dernier, plus qu’agacé par la situation laissa échapper un cri de rage, les larmes lui montant aux yeux en une seconde.
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« C’en est fini de toi cette fois, sale cloporte. » Poursuivi Mickey, table dans les mains.
NOIR.
NOIR..
NOIR qui dure un peu trop longtemps. Un genou à terre. Il ouvrit les yeux. Il avait la gorge sèche, la tête lourde et l'esprit embrumé. Il avait encore un genre de goût serré dans la bouche, tandis son corps dégageait cette chaleur insoutenable. Au-dessus de sa tête, se tenait une ombre recouverte d’une épaisse pellicule pourpre ; un réflexe sorti de nulle part. C’est donc l'esprit encore légèrement flou, que Dario regardait son adversaire quelque peu dans le vague. L’ombre quant à elle, se saisit implicitement de cette table qui voltige à même les airs avant de la re-balancer sur le dit adversaire.
Il s’agissait là d’un spectacle à part entière, quelque chose que le jeune Dario ne pouvait se tanner de voir tous les jours. Une ombre s’était tout de même matérialisée là, devant lui. Allant même jusqu’à se séparer de son propre corps et tenter d’éviscérer l’homme en face d’elle. Dario n’en croyait pas ses mirettes. Les fruits de la légende existaient vraiment ? Incroyable. Le gamin comme l’ensemble des invités dans la pièce, demeuraient circonspects devant le retournement de situation que constituait la scène actuelle.
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« Je vous avais dit de me laisser terminer de parler, bande de cons. Maintenant ce monstre va devoir vous faire la peau… » dit le jeune homme, fanfaronnant.
Il allait sans dire que la puissance que venait d’acquérir le jeune Dario était sans commune mesure. À tel point qu’elle devint très vite l’intérêt premier de DDL et de nombreux autres encore. Tous n’observaient que ça, tous n’avaient d’yeux que pour cette silhouette obscure qui se déchaînait, détruisant tout sur son passage. Tous s’empresseraient bientôt de mettre la main sur ce butin, ce garçon facilement amadouable.
D’un mouvement vif et calculé sans même bouger de sa place, le simulacre attrapa au dernier moment le bras de Mickey en venant empoigner fermement le côté extérieur de son avant-bras, bloquant ainsi radicalement l’attaque, mais aussi tout enchaînement qui aurait pu suivre. Il le plaqua violemment au sol puis disparu soudainement.
Le public en fut consterné et se tourna vers le principal concerné, mais à voir la tête que ce dernier tirait, lui non plus n’y était pas préparé. C’était à ne plus rien y comprendre. Et puis d’ailleurs qu’est-ce qu’il faisait dans les airs en train de tomber ? Mystère. Mystère d’ailleurs qu’il mettrait un point d’honneur à résoudre quand il côtoierait de nouveau le sol. Mais rien n’y fait. Cela faisait maintenant plus de 5 minutes qu’il se voyait chuter à répétitions entre le plafond et le plancher. Ainsi quand bien même, Dario était né avec la détermination dans le regard, il fallait bien se rendre à l’évidence : il avait trouvé son maître.
…
À force de voltiger, le petiot perdit rapidement connaissance et ne s’éveilla qu’une vingtaine de minutes plus tard.
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« J’ose espéré que ce petit tour de passe-passe ne t’aies pas fait perdre ton appétit, Jeune Dario. » dit-il en lui indiquant la table.
Le jeune l’observa alors longuement comme suspicieux d’une autre supercherie, d’un autre piège qu’il n’aurait pas décelé. Mais rien de tout cela, simplement une gentillesse mal placée. Mais avait-il réellement le choix ? L’endroit où il était, lui fit bien comprendre que non. Car quand bien même DDL ne parvenait pas à mettre la main sur lui, un autre s’empresserait de lui faire une proposition, puis un autre… Et cela jusqu’à ce que mort s’en suive. Et puis maintenant qu’il avait dérobé le butin de son grand-père, fallait être sûr que celui-ci allait le tuer s’il rentrait alors…
Alors oui, il s’en tirait plutôt pas mal pour le coup, surtout après le grabuge qu’il avait causé.
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« Je tiens à dire que rare sont ceux qui me tiennent tête et que je laisse en vie… Mais toi, disons que je t’apprécie bien. » Si jusqu’à lors Dario n’avait eu de cesse que de se méfier de cet homme, « Comte Écarlate » de son appellation ; ce dernier venait tout bonnement de s’attirer les grâces du bonhomme. Lui à qui on avait plus accordé d’attention depuis longtemps, voyait comme son cœur fondre de bonheur.
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« Ouais j’ai bien du mal à vous croire, maintenant que vous avez vu de quoi je suis capable. Faut dire que mon Grand-père m’a donné 100 pièces de bon cœur, lui. » ◈»
« Tu parles de ces 100 pièces-là ? » Il s’empressa de toucher instinctivement sa bourse, mais rien. Elle n’était plus là où il l’avait laissé, mais dans les mains de cet énergumène. Le voleur venait de se faire dépouiller à son tour.
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« Comment ?! » ◈»
« Tu ne croyais tout de même pas t’en sortir sans payer les réparations, voyons. » Il acquiesça l’air dépité puis le suivit jusqu’à la table retrouvant tous les invités. Et tandis qu’ils l’observaient tous, le sourire empli de faussetés. Au même niveau que les autres. Dario délaissait délibérément ces orbes bruns qui ainsi le dépeignaient sans vergogne. Toujours sur son visage ce même air moqueur et narquois. Il tourna le dos à cette foule qui l'accompagnait depuis peu dans cette salle tant ils étaient tous plongés dans une discussion dont il ne manqua pas une miette. À vrai dire, rien de vraiment intéressant n'en ressortait, mais il écoutait comme ils parlent. Il apprenait de ses faux-semblants, prêtait attention à ces allusions, écoutait la moindre de ces ironies et surtout le sous-texte de ces mots que tous employaient. Se rendant rapidement compte que toute la conversation n'était là que le théâtre de coqs de basses-cours cherchant à se dominer. Sous les sourires et les paroles anodines, chaque syllabe claquait et cherchait la supériorité. La fumée des cigares distrayait un instant, ses yeux, la lassitude pouvant se lire sur son visage pourtant d'ordinaire si doux et si con.
◈» « Du vin, Monsieur ? »Dario sourit à la vue du nectar des doigts et s’empressa de tendre sa main pour en saisir une coupe. Mais il va sans dire que c’était sans compter l’intervention du comte sur sa droite.
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« Voyons Machin, ce n’est encore qu’un enfant. Qu’on lui apporte plutôt du lait de caille. » Son teint s’étiola, contractant des teintes ou verdâtres ou terreuses, suivant le point de vue. En effet, le moindre trait de son visage s’étira, ne formant plus là qu’un amas d’amertume. Au plaisir des uns, mais au malheur de l’autre.
C’est ainsi que débuta l’aventure de Dario dans le grand monde de la piraterie.