Il était une fois, au milieu de nul part, une rencontre entre personnes absolument pas importantes. [PV WARDEN]

Sur une île modeste de South Blue, non des moindres mais d’une taille insuffisante pour une villégiature vivrière, un salaud achevait de crever au fond de son trou, littéralement, tandis que ses bourreaux regardaient le vent passer sur la mer. Ils avaient vaguement conscience que dans les bruits des vagues se trouvait aussi celui des planches brisées de leur bateau suicidaire.
Sa mission menée à bien Ylon songeait à un futur proche dans lequel il retrouverait son bateau. Aucune tempête n’agitait le lointain, et la brise agitait tout juste le manteau de sergent de la Marine qu'il portait sur les épaules. Parfait, d’une lumière éclatante, l’azur semblait n’avoir pour arrêt que les confins du monde. Il comptait bien profiter de cette image pour voir là sa destination.
Assit à sa droite un homme inspectait avec professionnalisme le canon scié d’une arme à feu. Ses yeux d’un brun si absolu qu’il semblait devenir noir et se fondre dans la pupille étudiaient la moindre scorie dans le bois et le métal. Il avait déjà jeté un mousquet à la mer en contrebas, avec un grognement de dégoût après avoir passé ses doigts sur une fissure dans le bois de la crosse.
Lui non plus ne savait trop comment se représenter l’avenir dans l’immédiat. Ne pouvant rentrer chez lui couler des jours paisibles, et le goût de l’aventure installé dans son coeur, celui du frisson dans la moelle de ses os, il ne s’imaginait pas retourner en arrière, ni dans les masures de pierres soudées par les âges, aux allures de casemates austères, ni dans ses habitudes de petit vaurien, bandit du dimanche détroussant l’honnête citoyen de si peu qu’il le dépensait dans la soirée.
Une idée poussait depuis son coeur jusqu’à son esprit. Si le renard avait eut la bonne idée de le sauver, puis de lui offrir une belle vengeance, il semblait aussi enclin à des aventures d’un autre calibre, le genre avec des poudrières qui explosent, des hurlements de déments dans la nuit et le rugissement divin de tempêtes à peine ébauchées dans les nuits d’encre. Quelque chose qui avait de la gueule en tout cas. Et la gueule était exactement le domaine de prédilection de Brisant.
Posant le canon de l’arme contre le sol pour inspecter le chien il se décida : le renard serait un bon moyen de vivre un peu dans la folie l’excitant tant.
Chandail, lui, assit à la gauche d’Ylon, demeurait égal à ce qu’il donnait toujours l’impression d’être : une pierre oubliant sporadiquement de demeurer dans l’immobilité la plus totale. Son pouce calleux passait et repassait sur sa cuisse, la main posée sur le genoux. Il caressait une vieille blessure, peut-être pas vraiment physique, avec les vieux soldats on ne sait jamais, ils aiment bien faire des mystères, en tout cas lui n’entendait pas les élucider. La seule chose qu’il entendait en réalité c’était le bruit de la mer, comme toujours, rassurant, et il l’entendrait encore en suivant son capitaine, même s’il avait un drôle d’air.

Ensembles ils formaient un trio que rien ne liait vraiment. Ni dans les apparences ni dans le vécu ne se trouvaient de traits communs les regroupant, et pourtant il aurait paru idiot à n’importe qui de tenter de les séparer. Ils formaient un tout.

Le Tout tourna ses trois têtes et six yeux quand un bruit retentit dans la pente caillouteuse menant à la salle du trône des bandits. Il s’agissait du seul chemin praticable menant au surplomb d’où ils contemplait l’océan. De part et d’autre des falaises calcaires se dressaient, avec cette espèce de morgue enfantine qu’à la pierre blanche, d’une majesté friable, crevée de touffes ligneuses et de petites branches coriaces poussant dans des angles improbables.
Le bruit se reproduisit, puis encore, rythmique. A n’en pas douter il s’agissait du traînement d’un pas dans la pente raide du chemin.
Brisant soupira en armant un fusil, le plus gros, évidemment.

« Les bandits c’est comme les restes d’un mauvais plat. C’est toujours quand on voudrait passer à autre chose qu’on voit qu’il en reste encore à éliminer. »
Il épaula l’arme et se mit à genoux à quelques paumes du bord de la falaise. Chandail tira le hachoir toujours amoureusement pressé contre les plis de son ventre sous la ceinture. Il le soupesa, comme s’il pouvait avoir changé depuis dix minutes, et approuva, en ne faisant rien ce qui est sa manière d’approuver quelque chose.
Les oreilles frémissantes d’Ylon agitaient de petites mèches de cette fourrure épaisse lui faisant presque une chevelure sur le crâne.
« Drôlement discret alors. Ceux que nous avons croisé ressemblaient plus à des escargots dans un corps de taureau, cérébralement. Ils devraient nous foncer dessus, pas louvoyer entre les cailloux.
- Qui sait, y’a p’t’être un taureau dans un corps d’escargot, physiquement parlant, et il se traîne la queue dans les pierres. »
Chandail n’a rien dit, il était d’accord, mais avec qui ?
« Attend un peu avant d’allumer ce qui va se pointer.
- Pourquoi ?
- Parce qu’après ça sera moins identifiable et les réponses risquent de se faire rares si on a des questions.
- Quelles questions ?
- Celles qu’on aurait.
- Et on en a ?
- Pas que je sache, mais ça pourrait venir.
- Mm. »

Il était une fois, au

milieu de nul part...

Les Bouchers de South Blue…

C’était une sombre affaire. Enfin, dans une certaine optique. Un groupe de hors-la-loi s’était installé dans cette région de South Blue et avait pris un malin plaisir à attaquer les civils. L’histoire était simple : une île se fait attaquer, la Marine arrive quelque temps plus tard, font une inspection des lieux et reçoivent ensuite le message d’une nouvelle attaque sur une autre île. Je ne sais pas si le chef de cette bande était un génie ou si l’individu affecté à leur traque était incompétent, mais il va sans dire que ce petit jeu n’avait que trop duré. Après ma promotion, obtenant enfin une plus grande flexibilité d’action, j’ai été affecté pour régler ce problème. Mais rien n’est simple… Voyez-vous, les attaques de bandits ont diminué. Ce qui est bien. Mais on a rapidement retrouvé une grande partie des brigands baignant dans leur propre sang. Ce qui est un peu moins bien. Le nom des "Bouchers de South Blue " commença à circuler rapidement. Des individus qui prenaient la justice en main. Ce qui pouvait être problématique…

Mais pour le moment, mon objectif n’était pas de chasser ce groupe. Après tout, ce n’était que des rumeurs qui planaient. Moi, j’y vois une opportunité. Chaque endroit d’un massacre a été passé au peigne fin et nous avons même récupéré l’un des survivants. Avec un peu d’encouragements, il a fini par nous dire exactement ce que nous cherchions : les coordonnées de leur planque. Rapidement, moi et mon équipage avons largué les amarres pour nous diriger vers cette île. Les informations étaient justes alors que moi et mon équipe commencions notre infiltration. Il n’y avait qu’un seul chemin pour entrer dans le repaire des bandits. Un choix judicieux, mais qui comportait un énorme risque. S’il n’y a qu’un seul point à défendre, il n’y a qu’une seule sortie. Et si l’offensive est trop forte, il n’y a aucun moyen de se sortir de ce mauvais pas. À moins qu’il n’y ait un passage secret… Mais je doute très fortement que ce soit le cas. Après tout, ce sont des bandits de bas étage et non pas une organisation très structurée.

Le manque de défenseur s’expliquait principalement par leurs cadavres qui étaient présents ici et là. Il y avait également les restes d’un navire très amoché que nous avions rapidement passé. Puisqu’il n’était pas occupé, j’ai décidé de passer à la prochaine étape. De mes hommes, je n’en apportais qu’une quinzaine avec moi pour l’exploration de la base. Dix dissimulés dans mon château, prêts à utiliser mes armes lourdes, et cinq de mes hommes en qui j’avais entièrement confiance. Rester discret était une priorité, mais je ne suis pas du genre à me cacher. Déjà, avec ma forme physique et mes habits de la Marine, l’option camouflage tombe à l’eau. En plus, il y avait une de ses pentes ! La rocaille ne laissait que très peu de place à l’imagination. À moins d’être sourde, notre entrée ne surprendra personne. Après un tournant, alors que je prenais les devants, je fus le premier à observer la présence de trois individus. L’un d’eux était particulièrement reconnaissable par ses traits non humains. Un grand renard bipède en quelque sorte. Près de lui se trouvaient deux hommes qui semblaient prêts à agir dès les premiers signes d’hostilités.

Dans une situation normale, s’il s’agissait vraiment des brigands que nous cherchions, ils auraient probablement tiré dès mon arrivée. Ceux-ci ne semblaient pas chercher l’affrontement directement. De plus, il n’y avait aucune mention d’un homme-renard dans le groupe que je recherchais. Il s’agissait sans doute d’un troisième parti. Est-ce qu’il s’agissait des Bouchers de South Blue ? Je n’en avais aucune idée. Mais puisqu’ils n’ont pas immédiatement tenté de me trouer la peau avec leurs balles, la moindre des choses était de leur rendre la pareille. Je fis signe à mes hommes de rester calmes. Tandis que ceux à l’extérieur du château restaient derrière moi sans sembler agressifs, ceux à l’intérieur étaient prêts à tirer dès que j’en donnais l’ordre. Je m’éclaircissais la voix avant de dire quelques mots de présentation.

''Je suis Edward Warden, capitaine de la Marine. J’étais prêt à faire un discours sur l’encerclement des lieux et que j’étais prêt à accepter la capitulation de la bande de bandits habitant ses lieux. Cependant, quelque chose me dit que vous n’êtes pas de simples brigands… Ce sont peut-être les corps que nous avons trouvés avant d’arriver ou bien le simple fait que je ne reconnaisse aucun de vos visages qui m’ont mis la puce à l’oreille. Je suis prêt à discuter calmement. Et vous ?''

En cas de doute, la diplomatie était toujours une bonne option. De toute façon, je n’ai laissé aucun doute sur la situation actuelle. S’ils étaient de simples brigands et qu’ils décidaient d’attaquer, mes armes les frapperaient avant qu’ils n’aient le temps de réagir. Mais pour le moment, je devais éclaircir quelques détails avant de jugé les personnes devant moi.

Après beaucoup d’attente le haut d’un crâne finit par émerger de la pente raide menant au saint des saints. Chandail, plein d’émotion, mis une main en visière pour regarder, Ylon fit de même, ses yeux blessés par les reflets sur les pierres calcaires.
Une silhouette peu imposante en taille verticale se hissais jusqu’au plat où ils attendaient avec Brisant. Un bleu reconnaissable entre tous drapait le corps massif soutenant la face rubescente du gaillard. Pauvre Marine, avec son embonpoint la montée n’avait pas dû être de tout repos. Derrière lui quelques gars suivaient, normal, la Marine n’aime pas envoyer ses hommes seuls, Ylon ne s’en étonna pas, surtout qu’il s’agissait d’un repaire de bandit ici.
L’idée qu’il put s’agir de pourris venus fricoter avec les sicaires locos lui traversa l’esprit. Quelque part dans ses souvenirs une voix lui rappelait qu’il en faut peu pour qu’un idéal soit bafoué par ceux qui le soutiennent. C’est fragile un idéal, une petite coquille vide, mais ça peut cacher de vilaines choses.
Ylon fronça très délicatement le museau, sans découvrir ses crocs ni réellement sembler contrarié, il réfléchissait juste, comme son vis à vis de toute évidence, lui aussi le regard fixe et posé sur le trio.

Finalement l’autre prit la parole le premier. Avoir un canon de bien six pouces le reluquant dans les yeux de son seul œil devait avoir sur lui des vertus thérapeutiques. Comme il avait indiqué à ses hommes de baisser leurs armes, et qu’il se présentait convenablement, Ylon fit signe à Brisant de mettre son canon au sol lui aussi. Le gaillard ne se le fit pas dire deux fois. Buter un Marine c’est autre chose que de détrousser mémé, et il était facile de deviner que la prison et les sévices n’entraient pas dans son plan de carrière.

Ylon se leva, par simple politesse. Il était grand, pas de cette grandeur énorme qu’infligent les malabars en prenant tout l’espace disponible, plutôt d’une taille élégante, faite pour lui malgré la nécessité qu’il avait alors de baisser le museau pour regarder les gens.
Il se plia délicatement en deux, un bras en travers de l’estomac, pour saluer le Marine, le manteau qu’il portait, du même bleu que le sien, froufroutant doucement contre ses jambes.

« Je me nomme Ylon, mais les gens ont prit pour habitude de me nommer Bistre, alors choisissez ce qui vous plaît. Ces deux hommes sont avec moi, Brisant et Chandail, respectivement le tireur et le médecin. Je suis navré mais je dois vous annoncer que nous vous avons coupé l’herbe sous le pied. Quelques affaires nous obligeant, nous sommes passés les premiers, le chef de ces bandits est probablement encore en vie à l’intérieur mais, si cela ne vous contrarie pas trop et si vos prérogatives ne précisent pas cela, j’aimerais que vous le laissiez crever. Nous nous sommes donnés du mal pour le mettre dans cet état, ce serait révoltant qu’il s’en tire par un coup du sort.
- Pis ça lui fera du bien de se pisser dessus en comprenant qu’il va canner comme une merde. Il aura un peu le goût de ce qu’il faisait en envoyant ses gars à dix tabasser des vieux et envoyer des jeunes à la grande Salope. »

Ylon désigna Brisant qui venait de parler d’un geste semblant dire « voila, ça c’est une démonstration mathématique. Inébranlable. » Il se rapprocha alors du gros Marine, d’une démarche souple, l’air tranquille, sans trop se soucier de ses gardes bien qu’il conserve leur présence dans un coin de son esprit, juste au cas où l’un d’entre eux aurait envie de jouer du pistolet, juste au cas où.
Il tendit alors une main elle aussi couverte de fourrure, aux griffes propres, à l’officier, avec un simulacre de sourire qui, étant donné la nature de son corps, lui fit découvrir des crocs dangereusement acérés.

« Quoi qu’il en soit je suis toujours enchanté de rencontrer un Marine. Je vous souhaite la bienvenue sur cette île, si cela est possible. »

Il était une fois, au

milieu de nul part...

J’étais plutôt content que la situation ne semblait pas aussi tendue qu'auparavant. Déjà beaucoup de sang avait coulé aujourd’hui, alors autant ne pas en ajouter d’avantage si possible. Ceci dit, je n’avais pas vraiment de sympathie pour les bandits de la région. C’était plutôt celui de mes hommes que je ne voulais pas verser inutilement. L’homme-renard, se présentant comme Ylon ou Bistre, me fit un rapidement un survol de la situation. "Quelques affaires nous obligeant à tuer les bandits"… On dirait vraiment que ce trio avait une dent contre le chef de cette bande. Particulièrement si ce dernier agonissait sur le sol actuellement. Ce qui posait un certain conflit moral. Oui le type est une ordure, mais est-ce que je devais agir pour tenter de le sauver ? Difficile puisqu’en agissant ainsi, je risquais inutilement un conflit armé. Et puis, d’une certaine façon, je n’étais pas antipathique. Je ne sais pas ce qu’il s’est produit avec le dénommé Brisant, mais son histoire sentait le vécu.

Chose rare, j’avais quelque difficulté à juger le caractère de l’un d’entre eux. Un certain Chandail. Ylon semblait quelqu’un d’honnête et qui avait toute sa tête. Je ne sais pas si c’est la même chose pour Brisant, mais il semblait désirer éviter les ennuis. Par contre, le dernier du trio restait vraiment très immobile. Je suis presque persuadé que s’il ne bougeait pas, il pourrait facilement devenir invisible et se fondre dans son environnement. Dans tous les cas, malgré la confusion que la présence de cet individu créait dans mon esprit, mon impression du groupe n’était pas vraiment négative. Ils semblaient être un groupe formé par chance et par les circonstances. Un peu comme ma propre famille. Lorsqu’il me tendit sa main, je n’hésitais pas à lui tendre la mienne.

''Un accueil plus chaleureux que celui que je m’attendais, en toute franchise. Si je peux apaiser votre conscience, je connais assez bien la réputation du chef de la bande. Les ordres sont "Mort ou Vif" pour son cas particulier. Je dois simplement confirmer qu’il s’agit bien de lui, si ça ne vous dérange pas…''

Je vous entends bien me dire ''Mais Edward ! Tu devrais les arrêter pour avoir tué des gens !''. Primo, la victime possède une prime et le gouvernement désir déjà sa mort ou sa capture. Il n’y a pas de deuxio, je vous mentais en l’expliquant de la sorte. Je ne pouvais pas les arrêter non plus puisqu’ils ont agi comme des chasseurs de prime. Il n’y avait qu’une seule chose que je devais vérifier avant mes prochaines actions. Je m’approchais donc de cette pièce où se trouvait le chef. Deux hommes déjà morts, le dernier agonissant. L’un des hommes présents dans mon château me confirma son identité. C’était bel et bien lui. Je regardais ses blessures et j’arrivais à la même conclusion que mes hommes. Il ne survivrait pas longtemps même avec l’aide d’un bon docteur. Rien que je nous ne pouvions faire. Je pris un instant pour donner mes ordres à mes hommes défendant le château.

*Officier Fizz, prenez l’escargophone pour envoyer le message suivant au superviseur de la mission: ''Cible abattue par un troisième parti. Groupe non agressif, mais potentiellement dangereux. Situation en cours, mais aucun renfort nécessaire.'' Ensuite, envoie un second message à l’ancien responsable des informations concernant les individus surveillés de South Blue. Je veux toutes les informations possibles sur le groupe des Bouchers de South Blue. Pour les autres, restez prudent, mais je pense qu’il n’y aura pas de combat pour le moment.*

Je ne restais pas longtemps dans cette pièce et je retournais voir Ylon et compagnie. J’étais beaucoup plus détendu alors que je leur disais simplement merci. Pour le moment, sans preuve du contraire, je n’avais aucune raison d’être hostile envers eux.

''Il semblerait que je dois vous remercier pour vos actions. South Blue est maintenant un peu plus sécuritaire. Je ne sais pas si vos actions étaient motivées par la prime ou par esprit de justice, mais le résultat demeure le même. Je vous en suis reconnaissant.''

Il n’y avait pas de sens caché à ce que je venais de dire. Cependant, je continuais de juger le groupe. La réponse qu’ils me donneraient pourrait changer plusieurs choses. Mais pour le moment, un remerciement était en vigueur. Après tout, j’ai beaucoup de famille un peu partout dans South Blue. Une menace de moins sur leurs têtes est toujours une bonne chose.

Ylon serra la main du gros homme, un large sourire aimable fendant son museau, ce qui, pour un non initié devait ressembler à la dernière vision d’un voyageur égaré croisant le loup de trop. Les doigts serrés autour de ceux du marin Ylon lui donna une poigne ferme sans pour autant chercher à lui broyer les phalanges, puis il retourna sa main sur l’une de ses ceintures, toujours l’air affable, en répondant sur le ton de la conversation, comme s’il ne s’agissait que d’une discussion autour des dernières nouvelles du coin.

« Je vous en prie, faites votre travail, je ne serais pas celui qui vous en empêchera. Je dois d’ailleurs vous prévenir que mon ami Brisant a profité de l’aubaine pour s’emparer des armes à feu. Vous pourrez vérifier la facture des armes si cela vous est nécessaire. » Brisant hocha la tête, se mettre des soldats de la Marine à dos pour une histoire de pétoire ne lui paraissait pas très enjaillant de toute façon.

Ylon et Brisant laissant chacun le passage à l’officier il put aller se rendre compte de la situation par lui même. Le chef gisait toujours au sol. Des griffures sombres sur le sol de poussière humide et de pierre montraient qu’il avait tenté de ramper à une main. Le bas de son corps baignait désormais en grande partie dans une flaque de sang suivant ses contours, et il ne haletait plus que faiblement.
Chandail, qui avait silencieusement suivit le soldat de la Marine s’agenouilla à côté du moribond sans un mot. Il lui passa une main devant la bouche, si proche qu’il aurait put toucher ses lèvres, claque des doigts devant ses oreilles, prit le pouls à la gorge et au poignet, le poignet restant du moins.
Il leva un visage fermé vers le Marine, son regard d’une neutralité parfaite ne reflétant rien de plus que celui du gros homme.

« Il sera mort dans un peu moins d’une heure mais il a déjà perdu trop de sang, vous n’en tirerez rien. » Le bandit perdu dans les brumes de la douleur et du manque de sang confirma en silence. Chandail regarda vers l’entrée de la planque. Personne d’autre n’avait suivit, Ylon n’aurait de toute façon pas pensé à lui interdire d’aller prêter main forte. Chandail tira alors le couperet qu’il gardait toujours passé à la ceinture et, d’un geste vif et professionnel, trancha net le cou du bandit exsangue. Pour toute explication il se releva en ajoutant « Il souffrait. » puis sortit de la planque et retourna s’asseoir au bord de la falaise.
Regarder les remous incessants de la mer, la ligne d’horizon la confondant subtilement avec le ciel, sentir le sel monter plusieurs dizaines de coudées en contrebas, cela l’apaisait.
N’ayant rien entendu des ordres de l’officier Chandail n’en fit évidemment pas part à Ylon, lequel patientait lui aussi à l’extérieur en privant un rameau de ses épines et de son écorces dans l’idée de fabriquer quelque chose avec, histoire de s’occuper les mains.

Quand l’officier revint en extérieur Ylon prit le temps de tirer une longue épluchure d’écorce, toute son attention concentrée sur le fait de ne pas briser cette laize souple et fragile, avant de tourner le regard vers Warden.

« Nous ne dirons pas non à la prime, un peu d’argent n’est jamais mauvais. » Il n’ajouta rien, ses motivations le regardaient, mais enchaîna rapidement. « Dites moi, comment avez-vous rejoint cette île ? Nous avons dû ruser pour ne pas éveiller de soupçons et ces planches qui flottent en bas sont les restes de notre bateau. Il y a bien des barques et une frêle embarcation cachées en bas mais rien de grandiose. Si vous aviez un navire je vous serais très reconnaissant de nous aider en nous transportant quelque part où nous pourrions voyager plus facilement. »

Il était une fois, au

milieu de nul part...

Je suis loin d’être un expert dans la matière, mais mes doutes se confirmaient en quelque sorte. Ylon me confirmait qu’ils avaient eu beaucoup de difficulté à trouver le repère du groupe sans être repérer, impliquant une longue traque. Les agissements de Chandail, malgré le manque d’émotion, en disait beaucoup. Si Brisant et Ylon disaient ne pas désirer mon intervention, le troisième membre du trio avait décidé de s’assurer qu’aucune aide ne serait possible. Ils étaient vraiment venus ici pour tuer cet homme. Une bonne vieille vengeance personnelle. Pour briser le silence qui semblait prendre place, je répondis à Bistre avec un large sourire.

''Croyez-moi, je n’ai jamais entendu quelqu’un refuser une prime de ma vie !''

Je riais un peu, question de détendre l’atmosphère. Après tout, ce n’était pas étrange que ce groupe demande une prime. Le contraire aurait été plus qu’étonnant. Je me tournais rapidement vers mes hommes pour leur demander de s’occuper des corps. À l’exception de celui du chef, les autres seraient probablement jeté à la mer ou bien incinérer. L’ordre était rapidement donner et certains remontaient déjà pour avertir le reste de l’équipage. Il faut bien que quelqu’un s’occupe de tout ça, non ? Je me retournais ensuite vers Ylon. Il est vrai que la falaise est escarpée, mais il y avait une petite crique qui nous avait permis de nous amarrer. Pour être honnête, sans les informations soutirées à notre prisonnier, il était très facile de rater un tel endroit.

''Je possède bien une embarcation. Ce n’est peut-être pas un cuirassé, mais assez pour mon équipage et quelques passagers. En temps normal je suggèrerais Beterilla, mais disons que les évènements récents rendent l’île moins propice aux visiteurs pour le moment… ''

Je grattais légèrement mes favoris, un peu embarrasser par la situation. Honnêtement, j’avais l’impression de mentionner quelque chose de très évident avec Baterilla. Mais qui sait, peut-être que ce groupe n’était pas au courant des affrontements. Dans tous les cas, je pense sérieusement qu’éviter cette île était une bonne idée pour le moment. Ensuite… Que suggérer ? Proposer la Base M-4 ne plaisait à personne qui n’était pas un Marine, alors autant laissé tomber pour un groupe de potentiel criminels ! Il y avait bien une autre île qui n’était pas très loin…

''Le plus simple serait Saint-Urea selon moi. Vous pourrez aller voir le poste de garde de la Marine pour obtenir la récompense et visiter ensuite le port pour obtenir un nouveau navire. À moins que vous ayez un autre endroit en tête pour être déposer ? ''

» Il était une fois, au milieu de nul part, une rencontre entre personnes absolument pas importantes - Notation RP
» Encore elle...j'ai une idée cette fois
» Qui a dit que la justice de l'ombre était déprimante ? Evie D. Avery (Terminée)
» Pnj d'Edward Warden
» Médailles d'Edward Warden