Highway to Hell | Fortune Hunters

Il y a un Maelström d'images, des sensations qui se succèdent. Douleur, fièvre, faim, soif. Ca se mélange et ça se suit. Et puis les voix. Dante et son contrat, Mouette et ses poses, Kara et ses couaks. Il y a Rebeka, aussi, avec ses prières, magnifique et éternelle, Mouette et ses cris, Klaus et ses avertissements, du haut de sa stature gigantesque. Et Mouette, encore et toujours, plus coloré que jamais. Puis il y a un coup d'épée qui traverse la chair, de la jambe au dos. Le torse est lacéré, le sang coule, le costume est déchiré. Il y a un poing volant, dur comme l'acier, suivi de la douleur à la bouche, de la douleur au corps. De la douleur partout. C'est flou et incohérent, difficile à suivre, d'abord. Encore plus dur, après.
Mais c'est le principe d'un rêve, pas vrai ? A moins que ça ne soit la réalité. Ou un peu des deux à la fois.

Le temps s'écoule, impossible à déterminer, avant que tout ne s'arrête enfin. Froid et chaud. Je sens la goutte de sueur couler le long de mon front, s'écrouler sur mon œil avant de s'écraser contre les draps. J'émerge lentement. Tout est silencieux. Peu à peu, les idées me reviennent. Le casino, les miroirs, Oriana, Klaus, l'homme masqué et... Les cadeaux ?!
Le souvenir, surprenant, me fait me lever d'un coup. A côté du lit, un Escargophone en forme de père Noël me regarde, la bouche pleine de salade.

- Mouetteho ! Ho ! Mouettepose d'excitation ! T'es enfin debout, Joshy !

Le calme ne pouvait pas durer. Masqué, plus bleu que jamais et un sourire ineffaçable aux lèvres, Mouetteman me regarde tout en précipitant une série de squats rapides.

- Le sport matinal, y a que ça de vrai pour garder la forme !
- Ca fait longtemps que je me suis endormi ?
- J'en sais rien, je suis dans ta tête, pas dans une horloge ! Mouetteha ! Ha ! Hahahaha !
- ...

Je reprends mes esprits. Difficile de ne pas le faire quand un super héros avec de l'énergie à survendre hurle au moment délicat du réveil. L'espace d'un instant, j'envisage de recouvrir ma tête avec les draps, et de dormir encore un ou deux bons mo-

- GLOUHAHAHA !

Le rire est surpuissant, faisant presque trembler le dortoir tout entier.

- Je savais bien que j'avais entendu du bruit ! Alors, on est remis, cap'taine ?

Entre Patricia et Mouette, je peux faire une croix définitive sur l'espoir de me rendormir.

- Ma sieste a duré longtemps ?
- Ta sieste ? Glouhaha ! Tu dors depuis quatre jours !
- Ah.

Trop court comme repos, clairement. Mon premier réflexe, en personne saine, est d'attraper un paquet de Marlchoco dans le tiroir de la commode. La cigarette allumée, j'en aspire de nombreuses bouffées en regardant le plafond. Quatre jours de sommeil, c'est quatre jours de passés sans nicotine. Rien ne peut jamais être facile, hein ? Fumer ou dormir, il faut choisir.
Tsss.

- Au fait, Josh. On se rapproche, comme tu l'as demandé.
- On se rapproche ? Mais de quoi ?
- Ben, de ce que t'as dit.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Viens voir par toi-même.

L'énorme corps de Patricia sort du dortoir, et je la suis sans vraiment faire attention au fait que je ne porte rien d'autre que mon caleçon Mouetteman. Marcher me fait un mal de chien, et je parle même pas de cette énorme douleur au torse. La lumière du soleil m'éblouit. Bordel, j'ai déjà envie de retourner dans mon lit pour lire des Comics.

- Josh ! Alors ! Comment tu ti sens ? Hirisiment que j'i un peu itudié la midicine à l'Uniti Scientifique.

Nessar Rashitel, l'ex-ingénieur de la Marine aux penchants légèrement pyromanes, qui m'a soigné. Je ne sais même pas si je dois être content ou craindre de retrouver des morceaux de nitroglycérine dans mon foie, connaissant le bonhomme.

- Ca va aller, t'inquiète pas. J'en ai vu d'aut- Oh bordel mais où est-CE QU'ON EST ?!

Vous connaissez la blague du capitaine qui décide où son navire doit aller ? Ouais, moi non plus.

- On n'est plus sur Loguetown ?!
- Ben non. On a pris la mer comme tu l'as demandé.
- Quoi ?! Mais j'ai jamais dit ça !
- Mais si, patron. Tu ti souviens pas ? T'as dimandi à Kara de nous dire d'alli virs l'Ist !
- C'était pas vers le Nord ?
- Ouaf ! Ouaf !

Je suis zen. Zen. Un super héros digne de ce nom ne balancerait clairement pas ses compagnons par-dessus bord, pas vrai ? Hein ? Alors pourquoi j'ai tant envie que ça de choper Kara et de voir si elle flotte plus ou moins d'une seconde trente-quatre en pleine mer ?

- Hé, tiens. On a des invités ? Mouettepose de surprise !
- Mais de quoi tu par- Quoi ?! Mais qu'est-ce que tu fais là, le Samouraï ?

Mazao Kurokawa, avec ses lunettes brisées et son espèce de robe bleue, est assis comme si tout est parfaitement normal sur les marches d'escalier qui mènent à la proue.

- Hihihihi ! Hiyaaaa !
- Couak !
- Ouaf !

Je reconnais Kara. Je reconnais Hanzy. Mais c'est qui, la première ?

- Quelqu'un peut me dire pourquoi y a des gens que je ne pas connais pas et que j'ai pas invités sur MON bateau ? Et pourquoi je suis même pas au courant de notre destination ?!

La lumière perçait l'obscurité de la calle. Planche après planche, le soleil se réfléchissais répetétivement contre le reste de verres des lunettes. Posées sur un tonneau, juste là. Et près de lui, Mazao, endormis. Les côtes entourées de bandages. Des fils passant de part en part de la blessure par balle. Le tout refermé par un nœud méticuleusement soigné et adapté à la suture. Rouge, noir, rouge et puis noir. Le rayonnement, en provenance du plafond, traversait les paupières du samouraï. D'ailleurs, ses yeux humides s'ouvraient lentement. Il avait le regard livide d'un mort, pourtant, il était bien vivant. C'était grâce à elle qu'il avait pu survivre à l'hémorragie. Keiko, assise près du lit, dormait, les narines grandes ouvertes. Émettant ce bruit si peu élégant, mais aussi si familier. Elle ronflait allègrement. Mazao, aurait jugé bon de crever la bulle soporifique de ce phacochère endormi. Mais, cette fois-ci, ce bruit le réconforté. Après tout ces événements si soudains et si éprouvant, une dose de familiarité n'était pas de trop. Il se contenta de l'observer depuis son oreiller mystérieusement trempé. Puis quelque temps plus tard, il attrapa ses "lunettes" et se hissa sur le pont.

L'air iodé emplissait ses poumons, et l'horizon se ciselait au loin. Soudain, interrompant son caractéristique mouvement du "remontage de lunettes" et par ailleurs la sérénité du moment, un bruit informe retentit. Mazao tourna alors la tête de tout sens et regarda de tout côté. Mais rien...

Ouaf !

Ses yeux s'abaissèrent par-dessous la monture de ses fins binocles. On pouvait distinguer une sorte de plumeau balançant à gauche puis a droite. Le blessé, un peu titubant, s'accroupit et se retrouva nez à nez ou plutôt nez à truffe avec un chien.

Hmmm...

Ouaf !

Au cou du canidé, pendillait une petite médaille dorée où l'on pouvait y lire : H A N Z I

Dis moi, petit être, saurais-tu où sont mes sab...

Ouaf !

Je vois. Plutôt qu'exhaler ton haleine faisandée dans mon nez, ne veux, tu pas m'aider ?

Ouaf ! Ouaf !

C'est mon chien ! Couak !

Hmmm ?

Quoik ? Couak

Heu...toi quoi ?

Nan, c'est toi couak !

Le sourcil de Mazao tiqua d'irritation. Une petite formation veineuse arbora son front. Un grand soupir se fit entendre. Mais qui ? Était-ce la silhouette harmonieuse aux courbes généreuses ? Pendant que Josh avait arboré son slip "douteux?" par-dessus son pantalon, et accroché un sourire à la forme de banane à sa face, Mazao, lui, pendait là, le bras par-dessus l'épaule de l'éméché. Depuis le lieu ou Klaus et un personnage des plus sinistre avait fait leur grand discours jusqu'au quai du Casino, Mazao n'avait cesser de perdre du sang. Lentement, les multiples gouttes rouge s'écrasèrent au sol, encore et encore. Et c'est à ce même quai que les deux compères furent guidés par cette silhouette féminine. "Coucou" qu'elle disait ou peut-être CouakCouak ? Quel bouillon vaseux de visions et de fragments de mémoire !

Hey oh ! Couak

Hmmm....

Couak ! Doing !

Hey ! Mais qu'est-ce que... ! Sors de dessus ma tête ! AAAAhhh !

Le sol s'était brutalement déplacé sur la gauche, enfin, la tête de Mazao s'était fracassée sur le plancher...

Tu vas me le pay...

Ouaf ! slurp ! slurp !

Hanzi léché avec affection le visage blasé du samouraï...

Keiko au secours...



Assis sur une des marches de l'escalier menant à la proue, et attendant que Josh se réveille, Mazao essayait de savourer le moment. Il essayait de toutes ses forces. Mais entre Keiko qui resserrait les bandages férocement, la catcheuse improvisée et le chien qui n'avaient de cesse de brailler, comment apprécier la sérénité du paysage ?

Vous m'avez abandonné !

Keiko tira sadiquement sur le pansement protégeant la plaie. Une rare blancheur aux teinte violette colora le visage du blessé.

Monsieur Son Altesse par s'amuser et moi, je reste là comme une pomme !

Keiko assez...

Et patati et patata, mon bon prince n'est pas immortel. Et ça cauchemarde la nuit ! Et...

L'aiguille de suture traversa la chair ecchymosée, arrachant au guerrier une onomatopée retenue de justesse entre ses dents.

Un bourdonnement venait de l'autre coté du navire interrompu la scène de torture.C'était Josh et ses amis. Il s'égosillait pour avoir des explications. Mazao lui répondit alors aussi tôt dans un geste des plus simple. Pendant que son sourcil tiquait, il désigner du doigt la demoiselle aux yeux écarquillés.

Et voilà le "dit" capitaine ! Merci encore d'avoir sauvé son altesse ! Je crois que si je ne vous avez pas vu dans votre...euh...slip bleu à motif jaune ? étincelant simultanément avec votre sourire, j'aurais perdu mon seigneur ! Et quelle classe votre Mouettepose de sauvetage karsinonlemonsieuvamourir ! Encore merci de l'avoir amené à votre navire, notre embarcation était accostée bien loin !

Le soleil faisait doucement son apparition. La lueur du soleil était douce, mais pas autant que la petite brise qui vint caresser tendrement le visage meurtri de Kara. La soirée était terminée et un nouveau jour commençait à se lever.

Ça aura été vraiment une soirée spéciale ! Bizarroïde même.
Sortie du Casino dans sa belle robe, enfin, ce qu’il en restait, Kara, posée près du bateau, cherchait désespérément son Capitaine. Mettant sa main gauche sur son grand front, juste au-dessus de ses yeux, la jeune fille, jambes fléchies, était en train de le chercher de droite à gauche comme une enfant.

De loin, elle aperçut l’algue humaine, accompagné bras dessous, bras dessus, d’une femme en robe bleu. La petite sautilla tout en leur faisant coucou de la main gauche comme ci Josh revenait de vacance et que ces derniers ne s’étaient pas vu depuis des semaines et des semaines.


Le visage de la batracienne s’assombrie et son sourire fut rapidement remplacé par une grimace des plus immonde.

- AIE AIE AIE AIE

Elle tomba raide comme un poteau sur le côté.
Il était évident que des côtes étaient brisée, et que son épaule était au moins déboitée.


Kara leva les yeux et reluqua son capitaine de haut en bas. Elle vit alors un capitaine des plus heureux ! Elle ne l’avait jamais vu aussi content. Enfin, elle ne l’avait jamais vu très content, en fait. Ce qui l’avait d’ailleurs laissée assez perplexe quelques secondes, avant que cette dernière décide d’en faire autant sans se poser de question.

C’est donc avec un grand sourire que Kara remarqua que le costume de son capitaine était aussi déchiré que sa robe. Hmm bizarre, il a dû tombé par terre dans le casino. Encore plus bas, le petit vit ensuite ses chau… Attends un peu… Mais qu’est-ce que s’était que ça ?  
Josh portait, par-dessus son pantalon, son caleçon ! Caleçon dont il en avait fait l’éloge lors de l’achat de son costume. Il l’appelait même son caleçon porte bonheur. Porte bonheur, porte bonheur… Ah mais c’était peut-être pour ça qu’il était aussi content !

Les étoiles scintillèrent dans les yeux de la grenouille et son index alla directement se poser sur le caleçon le tatant de part et d’autre pour voir s’il était ou non magique. C’est alors, à ce moment la, que bien élevée, Kara prit une grande respiration et dit  

- WOOOOOOOOOOOOOOOOW ! MOI AUSSI JE VEUX UN CALECON PORTE BONHEUR ! TROOOP COOOOOOOL

- Hié Ci pas Fini ce Rafu !

Nessar était apparu comme par magi. A croire que ce calecon avait bien des pouvoirs.

- Hé mé Quiest ce que vous fiiaite là ! Faut monter sir le bateau ! Capitaine !
- Mouettepose du Capitaine de retour sur son bateau !
- Hé mais tié qui toi ? L'homme en bleu
- Mouttepose de questionnement ! C’est maintenant l’un des nôtres HOHO !
- OOOh ! Ok Capitaine !
- OOOOOOOOOOH UN NOUVEAU COPAINNNNNN !

C’est alors que la femme en robe bleu, ou plutôt, l’homme qui était au black jack avec Kara durant la soirée se joignit à l’équipage.

Une fois sur le pont, Josh, bien que physiquement fatiguée, se mit à faire de nombreuses… Poses. Et… du Sport !


- En Route vers la Mouette Justice HOHO ! Mouettepose du justicier le plus beau gosse de l’univers

Et ce fu pendant au moins 10 minutes, que ce spectacle continua. Il fit alors de nombreuses pompes. Avec deux mains, avec une main, avec un… Ah bah non ! L’algue humaine s’était littéralement fracassé la tête sur plancher du bateau.

Kara, accroupit juste à côté de son corps, regardait le mat du navire comme si de rien n’était. Grimaçant, il était sûre que celle-ci réfléchissait bien à quelque chose…mais à quoi.
Un capitaine à terre… Une seconde debout…. Un bateau… Un équipage… Ouais ! Il y avait de tout pour faire un monde ! Et dans ce monde, c’était Captain’ Kara qui commandait !
La petite se fabriqua un piètre chapeau de pirate avec sa glue et le posa sur sa tête !

- A L’OUEST TOUTE MOUSAILLON ! C'est Josh qui me l'a dit avant d’entrer dans le Casino. Alors TOUS A VOS POSTE et METTONS LES VOILES ! TAIYOOO !

Quatre jours s’étaient passés, entre la prise de pouvoir de la grenouille et le réveil du Capitaine. Quatre jours, pendant lesquels une mystérieuse jeune fille s’était joint à eux, et pendant lesquels Kara, fut rabibochée par Nessar à coup de bistouri et pendant lesquels elle fit brièvement connaissance avec l’homme en robe.

Le Reveil de son Capitaine l’avait mise clairement de bonne humeur. Elle était aussi contente qu’un gamin qui reçoit des bonbons ! Elle sautillait partout autour de son capitaine comme pour lui montrer qu’elle était bel et bien là.

Le ciel était dégagé, d’un bleu ciel époustouflant. Le soleil était quant à lui bien présent, tapant sur le bateau entier, le laissant pratiquement aucune zone d’ombre. Ce jour était merveilleux, mais bien trop pour que cela soit vrai. Il y avait quelque chose qui clochait.
Kara s’arrêta de sautiller, se mis sur ses pattes arrière et les déplia autant qu’elle le pouvait comme pour être le plus grand possible. La petite ferma les yeux et huma l’air d’un gros coup de narine. L’air était devenu humide, et avait une odeur de poussière, comme si la pluie venait de tomber.  

- Josh… On a un problème…

Le bateau commença à tanguer. Tout le monde s’agrippa comme ils le pouvaient pour éviter une quelconque jetée à la mer. Le bateau s’était arrêté de bouger.  Mazao se leva, remis, comme à son habitude ses lunettes en place, Josh lui scruta le ciel comme s’il attendait que quelque chose se passe, mais rien. Josh se tourna alors vers Kara et la pointa du doigt

- Quel problème ? Kara, et si t’allais plutôt faire la cuisine au lieu de-



Une énorme trombe d’eau s’était abattue sur le capitaine. Tellement énorme que ces cheveux luisaient tels des algues mortes sur son visage

- COAHAHAHAHAHAHAHAHAHHA

La grenouille était par terre, pouffant de rire et pointant son capitaine du doigt tout en tenant son ventre comme pour s’empêcher de rire.

- COAHAHAHAHAHAHAHAH

Elle s’arrêta brusquement, et huma à nouveau l’air.

  OUAF OUAF OUAF !
- ATTENT…..

Deux énormes monstres avaient surgi de l’eau. Une, avec ses tentacules avait agrippée le navire, l’autre, avait son énorme cou au-dessus de la tête de son capitaine.  

Vous avez déjà essayé de prendre un énorme jet d'eau froide après une sieste de quatre jours ? Jamais ? Pareil. Et je peux vous dire que pour une première, ce n'est clairement pas une expérience que je répéterai de sitôt. Pourtant, ça ne suffit pas à me faire sortir de mes pensées. Je suis comme ça, moi. Il faut dire que voir un super héros dans ma tête ne doit pas vraiment m'aider à mieux saisir la réalité. Sans doute aussi.
Les questions s'enchaînent vite, et les explications ne me plaisent pas énormément. Sans même faire attention à l'eau qui continue de dégouliner le long de mon corps, ni même à l'ombre immense qui s'est installée au-dessus de ma tête et encore moins aux cris de surprise de l'équipage, je continue de réfléchir. Instinct de détective qui a passé plus de sept ans au Cipher Pol et qui a un sens des priorités affiné à l'extrême. Clairement.

- Attends un peu, elle a bien dit un slip bleu à motif jaune ?

Et là... Je comprends enfin.
Les quatre jours de sommeil - bon, d'accord, ça c'est assez récurrent - et la grimace sur le visage de Mouetteman pendant qu'il fait des pompes à un doigt ne laissent pas beaucoup de doute.

- Bordel, Mouette. Qu'est-ce que t'as foutu encore ?
- Moi ? Mouettepose du super héros accusé à tort ! Je suis innocent ! Je suis resté là tout du long ! Tu peux demander à Superjuriste !
- Prends-moi pour un imbécile.
- J'ai pensé qu'un vrai justicier devait le sauver, voilà ! Il allait mourir, sinon ! Et t'avais l'air plutôt d'accord !

Les souvenirs me reviennent, notamment cette dernière cigarette allumée juste avant l'ultime assaut, pendant la seconde étape du CMT. Puis Klaus, puis l'ouverture des cadeaux, puis le retour sur Loguetown... Tout ça sans Marlchoco. Mouette a pris le contrôle de mon corps, et je n'ai aucun souvenir de ce qu'il a pu faire.

- Evidemment que j'étais d'accord, t'as pris le contrôle de mon-



Cette fois, la trombe d'eau est tellement puissante qu'elle me fait tomber par terre.

- C'est pas bientôt fini ?! Qu'est-ce que c'est que ce...

Et là, je lève enfin les yeux.

- Nom. D'une. Mouette.

Deux gigantesques monstres entourent le Laughing Bull, une pieuvre et un serpent noir. Par réflexe, je porte une main à ma veste et en sors Lonesome, avant de m'exclamer :

- Burst !

Attendez un peu. Je suis en caleçon, non ? Alors...

- Tss. Personne n'a rien vu.
- Mouetteha ! Ha ! C'est une nouvelle technique, ce pistolet fait avec tes doigts ?

Je range discrètement ma main et fais comme si rien ne s'est passé. Mais, à en croire la réaction de l'équipage, ce n'est clairement pas passé inaperçu.

- Josh, attention !

Le cri de Patricia me ramène à la réalité juste à temps pour éviter ce qui semble être un véritable jet de poison. L'attaque passe à quelques centimètres de mon visage, juste assez pour que je sente l'odeur du liquide violet. Ca sent la mort à plein nez.

- Mazao, je ne sais pas si t'es en état de te battre. Mais découpe cet enfoiré de mollusque, s'il te plaît. Personne ne touche à mon navire et en sort vivant.

Mon poing se serre. Pourtant, j'ai envie de sourire. Le Christmas Mirror Tour m'a frustré. J'ai eu des pulsions et des envies de sang. Et ces foutus monstres, là, c'est exactement l'occasion que j'attendais.

- Kara.

Je marque une pause.

- Joli instinct, je dois l'admettre. Je compte sur toi pour nous faire sortir de là en un seul morceau. Mais la prochaine fois que tu prends la barre sans mon accord, je te ejtte dans l'eau.

Les jointures craquent, les membres s'étirent. Je suis prêt. Et toi, mon fidèle caleçon porte-bonheur qui m'a fait survivre à ce Casino et à bien plus encore, tu vas me suivre encore un peu.

- Geppou !

La douleur à la jambe est vive, mais je la mets de côté. L'air est pur, l'odeur de sel est intense. Moi, je suis enivré. En un instant, j'arrive devant la bête qui fait au moins dix fois ma taille. Je vois mon reflet dans ses deux yeux sanglants, et j'y perçois de la détermination. Bien.

- The Good !

Mon bras droit se bloque un instant, prenant un élan renforcé par le bond du Geppou, avant de décharger d'un seul coup toute la puissance contenue. Le poing qui en découle vient s'écraser en plein sur l’œil du monstre, dans un énorme BOUM sonore. L'impact de l'attaque surprend tout le monde, et moi le premier, puisque le gigantesque monstre s'écroule dans l'eau immédiatement, du haut de ses vingt mètres.


- GLOUHO ! HO !
- PAR TOUTES LI PYRAMIDES DI MON PAYS !
- OUAF ! OUAF !
- MOUETTEPOSE DE SURPRISE !

De nouvelles trombes d'eau s'écrasent sur le pont, causées par la chute du monstre, mais ça ne m'intéresse pas. Je retombe au sol incrédule et presque choqué, regardant mes mains et espérant y découvrir quoi que ce soit de changé. Rien de visible, rien du tout.
Pourtant, j'en suis convaincu.

Quelque chose en moi s'est réveillé.

Et voilà que deux monstres marins venaient d’apparaître. Interrompant la scène burlesque qui se déroulait sur le navire. Le bateau tanguait, mais Mazao restait assis là, tentant d’entendre l’écume crépiter. Mais en vain. Josh lui crie une requête. Une demande accompagnée d’un « s’il te plaît ». Il ne le connaissait que depuis l’évènement du CMT, mais le samouraï savait que Josh n’était pas le genre de bonhomme à demander un service, au vu de sa puissance. Mazao se lève donc de sa marche d’escalier.

Ah non ! Je n’ai pas fini de…

L’aiguille arrondie traverse le corps éthéré du logia, provoquant une moue boudeuse chez Keiko.
Désolé, mais l’heure n’est plus à la couture. J’espère d’ailleurs que tu m’as bien suturé…
Keiko grommela une série de mots mâchouillés.
Le sabreur s’avance vers Josh qui décolle alors d’un Geppou. Puis, un bruit de cloche résonne. Le poing du capitaine s’est fracassé contre le monstre. Victoire par K.O. La créature abyssale retourna, les yeux en spirale, dans les tréfonds de l’océan. La frappe de Josh provoque toutefois puissant un contrecoup. Le bateau commence à rouler un peu. Mazao, lui, regarde la silhouette en-caleçonnée…

On dirait Mouetteman…

OUAF !

Hanzi, avait rapporté une sorte de rouleau épais aux pieds du logia. Droite, gauche, droite, gauche. Le plumeau qui lui sert de queue balançait comme un métronome. Le samouraï saisit le rouleau de tissu et le déplia d’un mouvement sec. Des couteaux. Le rouleau s’avérait être une mallette de couteaux au tranchant rasoir.

Hmph…

Mazao esquisse un sourire en coin, en remontant ses lunettes.

Merci petit être, ça fera l’affaire.

Il se relève et observe les tentacules visqueux du second monstre se hisser sur le pont.

Yare…Yare…

Un des tentacules s’écrase sur le samouraï, mais le traverse entièrement. Le monstre a les yeux écarquillés de stupeur.

À mon tour…

Mazao bondit dans le ciel, déroule la mallette, puis lance trois coutelas dans les airs. Trois couteaux pour trois tentacules.

Ce soir, c’est takoyaki…mêmes si je n’aime pas ça… SHINDA TENSEI !

La bulle de vent se forme en un instant, et éclat rapidement. Les couteaux, eux, projetés par le vent, fusent à toute vitesse sur le monstre. Les tentacules sont tranchés, retenus par les coutelas plantés sur le navire. Mazao retombe avec finesse sur le pont.

Kurokawa, Mazao Kuro…

OÙ ÇA ! OÙ ÇA DES TAKOYAKIS !?

L’entrée en scène s’effondre à mesure que Keiko fouille tout le bateau à la recherche du dit plat. Le sourcil de Mazao tique d’agacement, et son poing vient s’abattre sur le crâne de Keiko, assommée sur le coup. Après ce petit interlude combatif, une réflexion reste dans la tête du logia. Étais-ce lui qui n’était pas encore tout à fait remis ou avait-il bien réalisé, avec une aisance nouvelle, sa technique ?

C’était un épisode particulièrement particulier. Des monstres dont Kara ne soupçonnait pas la moindre existence étaient apparus pour disparaître aussi rapidement qu’ils étaient venus. Le danger était donc passé, mais quelque chose n’allait toujours pas. Le bateau tanguait toujours, et fini peu à peu par être comme aspiré par le courant.

L’odeur de la pluie se fit sentir, elle commença à ruisseler tout en inondant les voiles et le plancher pour enfin recouvrir entièrement le bateau en quelques secondes.
Le soleil et le ciel bleu avait, en effet, laissé place à un sombre nuage se tenant à présent au-dessus de leur tête. Le vent, quant à lui, sortit brusquement de son sommeil, vint souffler ardemment sur le bateau comme jamais il n’avait soufflé auparavant pour finir par craqueler le mat du bateau.

Des éclairs jaillirent de ce monstre volant, et vinrent se plonger dans cet océan qui n’avait, dès lors, plus rien de majestueux, mais qui au contraire, était devenu aussi effrayant et noir que les abysses.
Le bruit du tonnerre en était presque assourdissant. A chaque éclair, il fallait attendre une bonne dizaine de seconde pour entendre l'orage gronder.
En très peu de temps, le beau rêve de Kara s'était transformé en un horrible cauchemar, dont elle ne pouvait, dès lors, pas se réveiller.

Elle avait la peur au ventre ! La peur de perdre ses amis, mais aussi la peur de perdre la vie, elle qui, habitée par un fruit du démon, ne pouvait selon la légende, ni nager, ni flotter, ni faire quoique ce soit pour se sauver. Et même si Kara ne l'avait pas vu de ses propres yeux, elle ne voulait pas l'expérimenter aujourd'hui.

La petite secoua sa tête, et son visage pâle reprit un semblant de couleurs.
C’était le moment d’agir, ou plutôt de réagir, avant que le bateau ne subisse la foudre du hasard et que l’équipage sombre aux fins fond de l’océan.

- Serrez les voiles avant que le mat se brise !

Kara plia ses petites cuisses de grenouille et bondit en haut du mat pour finir par grimper dans la vigie.



En haut, la jeune fille enfila ses jumelles qu’elle avait toujours sur la tête. Des typhons, des courants, et une montagne dont le sommet était caché dans les nuages. Qu’est ce que cela voulait dire ?! En plein milieux de l’Océan ? C’était bien la première fois que la batracienne avait pu voir un changement aussi brusque de temps.

Il n’y avait pas le temps pour la surprise, il fallait faire quelque chose.

- CAPITAINE ! ON SE DIRIGE DROIT VERS UNE MONTAGNE ! Coak

- SORS NOUS DE LA ! C'EST TOI LA NAVIGATRICE !

- A BÂBORD TOUTE ! IL FAUT ABSOLUMENT QU’ON SORTE DE LA !

Pauvre jeune équipage qui allait royalement se faire piétiner par le seul être contre lequel ils ne pouvaient rien faire, le temps.
Après quelques piètres essais sur le gouvernail par Nessar, celui-ci avait cédé et s’était brisés dans ses mains.

- KARA ! Li GOUVERNAIL S’Y BRISE !

- Réfléchie, réfléchie. Coak

Durant quelques seconde, la grenouille scruta entièrement la montagne et aperçut, grâce au double zoom de ses jumelles, une étrange cavité longeant, en hauteur, toute la montagne, droit devant eux. Le choix était simple, s’écraser sur cet immense rocher, ou y rentrer à l’intérieur. Rentrer à l’intérieur !

- CAPITAINE ! DROIT DEVANT ! UN TROU DANS LA MONTAGNE

La jeune fille descendit aussi rapidement du mat qu’elle le pouvait et donna ses jumelles à Josh pour qu’il puisse voir la solution de ses propres yeux.

- Oh putain, on est à Reverse Mountain….


- Reverse Moun coak ?

A peine le temps de dire quoique ce soit de plus, que Kara avait déboulé comme un ballon à l’arrière du bateau après que ce dernier s’était brusquement pris une vague qui l’avait fortement bousculé.

Heureusement pour eux, le bateau se faisait comme attirer par le courant qui continuait sa route dans cette étrange cavité, mais le bateau, aussi grand et large qu’il était n’était peut pas aux bonnes dimensions.

C'est cataclysmique. Droit devant nous, l'immense colosse rouge se dresse, indéfectible et éternel face à tous les ravages du temps. J'ai beau l'avoir étudié, Reverse Mountain reste extrêmement impressionnant.

- Écoutez, j'aurais voulu qu'on se prépare un peu plus avant d'aller là-bas, mais c'est trop tard. On ne peut plus reculer, maintenant. Grand Line nous attend.

Les visages se crispent. Effectivement, c'est plus que prématuré, surtout après les évènements du Casino. Je n'ai même pas eu le temps de réellement questionner la motivation de l'équipage. Et je ne parle même pas de Mazao. Devant moi, Mouetteman a le visage fermé. Ce n'est pas l'habituelle expression drôle et confiante, mais bien un sérieux que je ne lui connais pas. Pas de mouettepose, pas de grimace. Juste un homme déterminé.

- On y est.
- Ouais. C'est ce que tu voulais, hein ? Quand t'es arrivé la première fois. Tu voulais me faire bouger de ce vieux phare rouillé et de cette mer qui m'a vu pourrir.
- Ton destin t'attend ailleurs, je ne suis qu'un coup de pouce.

Mouetteman fait bouger sa cape de façon dramatique avant de continuer :

- Tu dois réaliser ton destin, devenir celui que tu dois être. Mais pour ça, tu dois avoir des compagnons sur qui compter. Ton équipage, n'est peut-être pas prêt. C'est à toi d'être le leader dont ils ont besoin, et dont tu as toi-même besoin. Le héros qui aspire leurs craintes et les transforme en détermination.
- Tu réalises à quel point ce que tu dis est cliché ?
- Hé, même en étant sérieux je reste un super héros de l'âge d'or !

Je me tourne vers Nessar et Patricia, et vers Kara, surtout. Ils semblent attendre une réaction de ma part, mais je ne leur réponds que par cette nouvelle cigarette que j'embrase et sacralise.
Malgré le danger, malgré cet effroi glacial qui traverse mon dos et terrorise tous mes membres, je n'arrive pas à empêcher mon visage de s'étirer en un sourire. Ca y est, j'y suis enfin, cet instant fatidique. Mes rêves m'attendent. C'est ma vie que je joue et je suis prêt à tout.

- Derrière cette montagne, il y a tout un océan qu'aucun d'entre nous n'a jamais exploré. Je sais que c'est dangereux, et je sais que rien ne peut vraiment nous préparer à ce qu'on rencontrera là-bas. Mais je peux vous assurer d'un truc.

Je marque une pause.

- Je donnerai tout ce que j'ai pour réaliser mon objectif.
- Glouha ! Ha ! Pas la peine de t'donner du mal, patron. On sait ce qu'on a à faire ! Je vais enfin pouvoir goûter à tous les alcools dumonde !
- Et moi dicouvrir plein di supirs ixplosifs
- Ouaf ! Ouaf !

Je l'avoue, ça m'a surpris, et j'aurais probablement pu rougir si je n'étais pas en train de faire mon maximum pour cacher ça en dévorant ma cigarette. Pourtant, je suis ramené à la réalité par l'agitation de Kara qui, il faut bien le reconnaître, se révèle plus que douée dans la direction du bateau.
A ce stade, il est inutile de faire quoi que ce soit pour diriger précisément le navire, le courant étant bien trop puissant pour n'importe quel gouvernail classique. Je ne peux que me contenter de regarder le Laughing Bull foncer du mieux qu'il peut vers le canal dissimulé au milieu des rochers. Les secondes s'écoulent et l'obstacle se rapproche, jusqu'à ce que, enfin, je puisse apercevoir la "bête". La cascade gigantesque remonte la paroi tellement haut que les nuages en dissimulent le sommet.

- Par tous les super héros de BD !

Il me faut de longues secondes pour réaliser que je regarde le spectacle avec la bouche grande ouverte, ma cigarette suspendue par je ne sais quel sortilège à mes lèvres.

- On ne passera pas !

Le cri de Kara me sort de ma torpeur. On n'a pas été suffisamment bien dirigé par le courant et le Laughing Bull va écraser toute sa moitié droite contre la montagne. Le temps presse, la proximité avec la cascade accélère encore la vitesse. Il faut agir vite ou le bateau va finir explosé.

- Mazao, désolé de te demander encore ton aide, mais là, c'est la mort assurée. Un coup de souffleur serait le bienvenu.

Puis, sans attendre, je m'élance à nouveau dans le ciel.

- Geppou !

Mon bond est rapide, me rapprochant des rochers écar39A64Fen un instant, avant que ne bloque à nouveau mon bras en arrière.

- The Ugly !

Cette fois, le coup de poing est différent. La force y est, tout comme la vitesse, mais le but n'est pas de détruire, non... Le but est de souffler. La bourrasque de vent ainsi créée rebondit contre la roche et commence à pousser le Laughing Bull vers le milieu de la cascade et une relative sécurité.

Mais ce n'est pas suffisant, et l'aide de Mazao ne sera pas de trop pour nous sortir de là.

Elle était dominante, impressionnante, écrasante. Reverse Moutain se dressait tel un rempart titanesque devant eux. Josh se retrouve paralysé de peur, mais celle-ci s'évapore rapidement dans le panache de fumée. L'équipage, après le petit speech de motivation de leur capitaine, fait preuve d'une bravoure remarquable. Mazao, lui, contemple le colosse de roche. Ses yeux se remplissent de nostalgie à mesure que la falaise se rapproche. Il est coupé du monde. Reverse Moutain, cela faisait bien des années qu'il n'y était pas passé. Dix ? Quinze ans ? Il était encore adolescent lorsqu'il traversa la périlleuse cascade, à bord du galion royal. La mer s'enrage à l'extérieur de sa bulle mélancolique, mais il reste toujours aussi placide. Après tout, la peur, est un sentiment pour les vivants. Il y a bien de ça, que le goût sucré de la vivacité lui avait était remplacé par une acre saveur...

Soudain, la bulle éclate. Josh lui demande son aide sans quoi le bateau s'échouera. Le capitaine fait de son mieux pour rediriger le navire tant bien que mal. Mazao se retourne et voit l'équipage y compris Keiko le regarder. Leurs yeux disent la même chose. Ils attendent que le samouraï agisse. Keiko sanglote. La peur de mourir lui déchire les entrailles. La montagne se rapproche dangereusement, le soleil n'est plus visible, évincé par la falaise. L'ombre portée gagne progressivement le pont du bateau. Keiko s'effondre, à genoux, elle est terrorisée. Mazao se retourne de nouveau vers le danger immédiat.


Quel souverain ferais-je si je ne fais rien pour sauver ceux qui me sont chers ?

Il remonte ses fameuses lunettes. Il n'est pas navigateur, mais cette route périlleuse lui est familière.

Kara-sama ! Je vais avoir besoin de votre aide !

Le vent se lève.

Libérez la bôme, étarquez les drisses et les écoutes ! À mon signal, toutes voiles dehors ! Même le spinnaker et les bonnettes ! Les autres, allez détacher tout les charges à tribord ! Fourchettes, légumes, alcools, tout ce que vous trouverez !

Il leurs doit bien ça. Josh a combattu avec lui et l'a sauvé quand il perdit connaissance durant la CMT, sans oublier Keiko.

Le navire roule à bâbord. Mazao génère un torrent de vent en direction de la falaise. Les charges maintenant libres s'entrechoquent contre la coque. Le bateau pivote lentement. La bourrasque augmente de plus belle. Le vent se fracasse contre l'énorme montagne créant un coussin aérien sur lequel l'embarcation prend appui. Enfin, la proue pointe l'effroyable cascade. Droit devant se dessine la seule échappatoire.

Attendez, attendez...

Le choc est imminent.

MAINTENANT !

Les voiles se déplient toutes simultanément. Le bateau est propulsé vers l'avant férocement. Il fend l'océan, poussé par l'ouragan de vent. La vitesse est fulgurante, la falaise frôle l'embarcation et tout l'équipage ressent le contre-coup de l'accélération.

Mazao s'écroule au sol. Il a utilisé toute son énergie dans ce cyclone éphémère.

Reverse mountain? Qu’est-ce que c’était encore que cet endroit ? Un troisième monde ? Kara n’avait même pas eu le temps de découvrir la mer bleue qu’on lui parlait déjà d’une autre contrée. C’était peut-être l’occasion pour elle d’avoir d’autres amis ? Peut être rencontrer d’autres anges, qui comme elle, sont partis malencontreusement à l’aventure, qui sait ? Ou bien trouver un moyen de revoir sans grand père ?

Pleins de questions se chevauchaient dans son petit esprit d’ange ! La petite se retourna et vit les autres, sourire aux lèvres.
Le temps semblait être en apesanteur comme si tout l’équipage entier s’attendait à ce que quelque chose de grandiose arrive. Les yeux rivés sur cette fameuse montagne, le bateau avait réussi, grâce aux exploits du capitaine et de Mazao, à prendre le bon angle pour entrer dans cette brèche immense. D’ailleurs, celle-ci était ornée d’innombrables sculptures présentent tout autour de ce fameux canal qui grimpaient jusqu’en haut de la montagne.

- Couaaaaak ! Il faut vite rentrer les voiles, sinon ça va tout croaaaaquer !

Effectivement, avec tout le vent qui soufflait, le mât n'allait pas tarder à se briser si personne n'agissait vite. Après l'agitation, le bateau voguait maintenant vers le ciel, accompagné par le courant qui escaladait reverse mountain. Le paysage était plus que magnifique, l’eau qui se jetaient sur les parois de l’étroit chemin d’eau, faisait apparaître des arcs-en-ciel tout autour du bateau. La jeune fille était bouche bée. Jamais elle n’avait vu tel spectacle là où elle habitait.

D’ailleurs, en repensant à son île natale, celle-ci remarqua que le sommet, plongé dans les nuages, était imperceptible. Kara Plissa légèrement les yeux pour, une seconde après, les ouvrir aussi grand qu’elle avait ouvert la bouche.

- ON VA CHEZ MOI, ON VA CHEZ MOI, coak ! S’écria Kara

Elle en était sûr ! Ils allaient traverser les nuages pour atterrir sur son fameux chez elle. Prête ? Elle ne l’était surement pas. Il fallait encore qu’elle fasse ses preuves sur cette fameuse mer bleue. Heureuse? Certainement ! Elle avait grandement envie de revoir son grand père qu’elle aimait tant.
La reinette sautillait de joie, bondissait de part et d’autre sur le bateau. La joie se lisait clairement sur son visage. Elle pourra enfin revoir celui qui l’a toujours aimé, et lui dire qu’elle est bien en vie, et qu’elle a trouvé de nouveaux amis.

- Hey ! Regardez ! , disait Kara en pointant le sommet du doigt.

Quelques secondes plus tard, le bateau semblait être déjà arrivé à ce fameux sommet, qui était jusqu’à l’heure, caché par les nuages. Le bateau continua sa route, et décolla brusquement pour se reposer sur un autre canal, qui lui, descendait.

- Coak !?

Tous avaient perdu l’équilibre et s’étaient vautrer sur le plancher du bateau.
Le spectacle était maintenant tout autre ! Le bateau naviguait à tout allure vers une immense étendue d’eau.

Josh se releva, alluma une cho… Bref ! Sa cigarette et s’avanca vers la proue du navire.
La jeune reinette, aussitôt, se releva elle aussi pour sauter sur la tête de cette fameuse algue humaine qui n’était rien d’autre que son cher capitaine.

Au vent, sa langue bien pendue et ses yeux grand ouverts, découvraient là un somptueux spectacle.
La jeune fille en avait même oublié Weatheria. Elle était là, vent dans les cheveux et dans la langue, accompagnée de son chien adoré, de son capitaine, premier qu’elle portait dans son cœur, de cet homme en robe bleu si gentil et du reste de l’équipage qu’elle aimait tant.
Que demander de plus ci ce n’est de parcourir cette étrange contrée avec ceux qu’elle aime.

- Tu vois ce que je vois ?
- Oui, c'est elle. La route de tous les périls.

Grand Line. Le lieu où les aventuriers réalisent leurs rêves ou se brisent contre les armes de la mer la plus dangereuse du monde. Sans vraiment faire attention, je m'avance jusqu'à l'extrémité de la proue, face à cet océan gigantesque qui continue de s'agrandir à mesure que le bateau descend. Déjà, la différence est frappante. Là où une tempête s'abattait sur la fin d'East Blue, un soleil radieux illumine l'entrée de la route de tous les périls. Ce n'est que quand ma cigarette tombe par terre que je me rends compte que ma bouche est grande ouverte.

- Mouetteha ! Ha ! On est impressionné ? J'avais eu la même réaction au numéro-
- #1 de Mouetteman sur Grand Line, oui.

Ca me fait sourire. Sur les mers bleues, j'abandonne mon ancienne vie. Le Cipher Pol, les atrocités pour le nom du Gouvernement, la dépression, la perte de tout sens. Mon histoire m'attend devant, dans cet océan que si peu de personnes ont pu découvrir. Chaque pas qui nous rapproche de Grand Line m'éloigne de ce que j'ai pu être et me ramène vers celui que je dois devenir.
Rebeka, mon grand-père, la tour de l'horloge, West Blue, tout. Adieu, et merci. Merci d'avoir fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Merci de m'avoir permis d'avancer et de continuer. Sans vous, je n'aurais jamais pu vivre ce moment et m'apprêter à réaliser mes rêves. Mon équipage est avec moi, résolu et convaincu également. Nous allons voguer sur cet océan sans nous retourner, face à tous les périls qui se présenteront à nous, et nous continuerons d'avancer, encore et encore, jusqu'à ce que tous nos objectifs soient accomplis. Je n'ai plus peur, je n'ai plus de tristesse, plus de doute. Je suis résolu et confiant, heureux et fier. Parce qu'un jour, je pourrai le dire avant de mourir : j'ai vogué sur la Route de tous les Périls.


- Fais-le, Joshy.
- De quoi ?
- Je le sens, tu en meurs d'envie. Evacue toutes tes émotions ! Hurle !
- Là ? Comme ça ? Devant tout le monde !
- Oui ! Mouettepose d'évidence !

Alors je me lâche. En caleçon, blessé et brisé, je saute malgré tout sur la figure de proue du Laughing Bull. Mon rêve est si proche que je suis convaincu de pouvoir le toucher du doigt. J'ai juste à m'en saisir, là, en tendant le bras. Les cheveux virevoltent, l'eau éclabousse mon visage, mais j'inspire une grande bouffée d'air frais avant de m'écrier.

- JE SUIS CELUI QUI DEVIENDRA LE ROI DES PIRATES !
- QUOI ?! Mouettepose d'incompréhension !

Mon cri résonne entre les parois de la montagne, s'étend peut-être même jusqu'aux confins du monde, avant que je ne me rende enfin compte de la situation.

- Heu... J'veux dire. Je vais trouver tous les comics Mouetteman du monde ! Et heu... Je deviendrai un vrai Justicier ?

Bordel. Le moment le plus symbolique de ma vie et je le gâche. C'est sûrement dû au stress des derniers évènements vécus, avec en plus l'excitation face à Grand Line. Mais quand même. Paniquer à un moment pareil...
Un instant plus tard, le Laughing Bull se stabilise enfin, quittant la grande pente pour atterrir de nouveau sur une mer "plate". Je retourne sur le pont du navire comme si de rien n'était, mais j'ai très bien compris que tout le monde me dévisage.

- C'i pas grave, Patron. L'important, c'est d'issayer.
- Une bien belle devise de perdant ! Mouetteha ! Ha !

J'essaye de ne pas trop faire attention aux commentaires et décide de changer de sujet. Vu le niveau mental de l'équipage, peut-être qu'ils oublieront ce moment assez vite. Ouais, pas de doute là-dessus. Pas vrai, hein ? J'espère, en tout cas.

- Hé, Mazao. Désolé de t'avoir embarqué là-dedans. Je vais pas te forcer à rester, mais sache que t'es le bienvenu si jamais tu décides de nous accompagner. J'ai l'intention de traverser Grand Line pour-
- Tu veux vraiment devenir le roi des pirates ? Couak ? Alors on va devenir des méchants ?
- Non, Kara. C'était... Heu. Une blague. Bon, bref. Je vais traverser Grand Line pour compléter ma collection de BD.
- Et ?
- Et devenir un grand justicier, aussi, ouais.

Après tout le grabuge, ils y sont enfin. Grand Line, la dangereuse. Un monstre éternel, dévorant les plus faibles et glorifiant les plus forts. Tout l'équipage regarde Josh, perché sur la proue. Celui-ci s'avance, faisant front à l'étendue bleue. Le capitaine a un air solennel. Bien que son caleçon casse un peu l'image.

Soudain, il s'exclame haut et fort. Une bêtise, plus grosse que Reverse Mountain elle-même. Le chasseur de primes qui veut devenir le Roi des pirates... Cependant, l'absurdité n'est pas si absurde aux oreilles de Mazao. Sa mâchoire se crispe et le vent se lève lentement. Keiko comprend et se ru sur le samouraï. Il a déjà empoigné la garde de son sabre lorsqu'elle arrive près de lui. Prenant, contre elle, sa main. Extirpant de plus en plus la lame de son enveloppe, il s'avance vers Josh. Son regard est empli de haine et de rancœur.

Mais c'est alors, que tel un son de cloche, la vérité se dévoila. Une vulgaire farce. Le stress avait eu raison du bonhomme. D'ailleurs, Josh profita de cet instant pour le convier à rejoindre l'équipage.

Mazao est déconfit et Keiko, après avoir laissé la goutte de sueur perler sur son front, éclata d'un rire inélégant de phacochère. Le guerrier, devenu la nouvelle attraction après son capitaine, rengaina son sabre, et alla s'asseoir dans l'herbe du pont. Peut-être, tout comme lui, quelqu'un viendrait prendre le relai...

J'accepte. Keiko et moi avons à faire à Calm-Belt...

Youpiiiiiiiieeee

La jeune demoiselle accoure vers Mazao, et l'étouffe avec ce qui semble être sa généreuse poitrine...

Il est trop génial mon prince !

Cesses cela avant que tu ne me serves d'aiguisoir...

Aï !

Le visage rosé et enjoué de Keiko s'était glacé instantanément...

Enfin, Mazao s'allonge dans l'herbe et sort un étrange livre aux étranges écritures. Quelques minutes passèrent, rythmées par le bruit des pages qui se tournent. Le livre, tenu au-dessus du lecteur, est parsemé de mystérieux glyphes.

C'est kouaaaaaaaaak ?

..Paf..

Surprit par l'intervention subite de la reinette, il avait lâché l'ouvrage, qui inexorablement attiré par la cruelle gravité, vint s'écraser contre la face de Mazao...

Kero ?

La mer était de nouveau paisible et l’équipage aussi.

- Prête-le-moi prête le moi !

Le sourcil de mazao semblait trembler, ou rigoler, qui sait. Sur son visage, aucun sourire n’y était en tout cas accroché. Kara continua alors de lui demander de manière récurrente si elle pouvait lui emprunter son étrange bouquin mais aucune réponse ne lui fut donné.
Dans une totale ignorance, celui-ci se retourna, s’allongea dos à elle et continua de lire. Kara lui tira alors la langue et reparti s’agripper aux cheveux de son capitaine.  

En effet, après cette petite embarquée au milieu d’innombrables dangers, c’était maintenant le paradis qui s’offrait à eux. Le ciel était d’un bleu magnifique, le soleil scintillait de tous ces rayons, nous accueillait bras ouvert sur cette immense étendue d’eau qui n’avait rien à avoir avec celle d’avant.
Toujours sur la tête du capitaine, Kara se laissait envahir par ses pensées. Le coude sur la tête de Josh, la grenouille avait le sourire jusqu’aux oreilles, les yeux fixant ce lit bleuté dans lequel elle ne pouvait pas se jeter.

Elle ne savait pas ou elle avait atterri, mais s’en fichait. Son ile n’était peut-être pas là, mais elle s’en foutait. Elle avait soif de découverte ! Sensation qu’elle aimait ressentir depuis toute petite et ce n’était pas fini. Toute son histoire ne faisait que commencer. Le monde entier aller entendre parler d’elle, tellement fort que même le ciel serait au courant.

Le navire continuait donc de voguer vers l’avant. Sur la droite du bateau, ainsi que sur sa gauche, on pouvait voir deux beaux phares. Au loin, on pouvait voir quelques bateaux avec d’énormes voiles sur lesquelles étaient dessinée des têtes de morts.  Sans plus attendre, la reinette se dirigea vers le mat et bondit pour arriver à la vigie. Accompagnée de ces fameuses jumelles, elle ne tarda pas à partager ce qu’elle voyait.

- HEY ! CAPITAINE ! Y’A DEUX GRANDE TOUR ! ICI -pointant du doigt vers l’Est – ET ICI – Pointant du doigt vers l’Ouest

Kara était alors redescendue de la vigie et s’était accroupit près de Josh, une fois de plus.


- C’est ici qu’on accoste ! CAP VERS LES JUMEAUX !

- MAIS OU ÇA CAPITAINE OU ? LEQUEL DE PHARE

- A Droite....

- OK CAPITAINE OK ! A DROITE TOUTE!!!!!!

- ARRETE DE CRIER BORDEL ! JE SUIS A COTE DE TOI !