Le Largo diplomatique

"Et... Voilà comment je suis arrivée ici. Oncques mais, minauda-t-elle en se servant une autre rasade de ce vin qu'elle jugea sublime, j'ai utilisé moultes prouesses de furtivité pour arriver ici.."

L'histoire était assez confuse, notamment parce que la phrase que vous venez de lire n'était pas un extrait d'un plus grand dialogue, mais plutôt la première phrase qu'elle prononça lorsqu'elle vit le premier intéressé ouvrir la porte. Pour cette fois, en lieu et place de son étrange masque de fumée, elle décida de simplement mettre un masque de théâtre. Masque complet, dissimulant également ses compétences à manier la fumée, qui auraient expliqué très facilement comment Judith, qui avait repris son identité d'assassine du nom de Volesprit, avait réussi à s'infiltrer dans la structure jusqu'au bureau même de Dante. Il fallait jouer le rôle, maintenant. Judith était parfaitement assurée de son coup. Son Logia la protégeait des pires éventualités, même si elle allait se garder de l'utiliser. Il fallait garder cette impression qu'elle était largement plus capable de miracles que ce qu'elle n'était réellement. Avoir bossé avec un habitant de Grand Line tel cet Alabastien en quête de sa peinture perdue était une bonne idée de départ; maintenant, il était temps de faire tapis; d'autant que l'endroit s'y prêtait.

"Saviez-vous, continua-t-elle effrontément, que ce fut ainsi donc que j'estourbi ce galimatias de Corrino -n'était-il point de vos rivaux de surcroît ? Rentré dans son bureau, il fut bien surpris de me voir l'accueillir avec une corde et de prestement le pendre sans autres formes de procès. Un,deux. J'aime quand un plan se déroule sans accroc. C'est alors que je fus entretenue au sujet de votre... Auguste demeure de jeu de hasards et autres tractations, en soulignant bien que c'est les autres tractations qui m'intéressent, en l'occurence. "

Volesprit/Judith leva ses sales pattes du magnifique bureau dans un bois qui aurait pu être facilement être d'Adam tant il semblait précieux. Le registre surrecherché était-il vraiment nécessaire ? Il faisait plus narquois que réellement éduqué. Hmm... Il fallait continuer avec, désormais.

"Oncques mais ! se reprit-elle. Je m'excuse pour mes manières de veau, signore de Leone ! Je suis en réalité honorée de vous rencontrer, et je suis venue ici avec la plus honnête des propositions; celle de mettre à votre service."

Etonné ? Non, pas du tout, en réalité, depuis l’histoire au casino, tout le beau petit monde de logue town s’était mis en quête d’un boulot concret. Reonaldo Davinxi, Eusine Fullnight, des agents des pols, tous réunis au même endroit, voilà de quoi attirer l’œil sur le De Leone. De plus, avec les nouveaux travaux en cours, il était sûr de pouvoir ameuter encore plus de monde grâce à ce coup de pub monstrueux. « Klaus, apeuré devant un obscur personnage. » voilà un bon scénario de spectacle ! Dommage que la saison ne le permettait plus.

Ceci dit, cela eut un écho au sein de la pègre locale, depuis le meurtre des deux stukine et la révélation de Davinxi, tout paraissait si clair pour l’écarlate. Il s’était fait quelques ennemis, mais des ennemis bien énervés. Bien qu’actuellement, il pouvait presque faire main basse sur toutes les transactions de mers de l’est, pour ce qui était des autres, ça allait être bien plus compliqué. Contrairement à ses ennemis, il n’avait rien, pas une seule info sur qui ils étaient, ni sur combien ils étaient.

Il avait bien quelques sources, mais, rien de bien folichon, à part quelques noms et quelques rumeurs, il n’avait pas grand-chose. Un soupir s’échappa de la bouche du comte, lorsque l’escargophone du bureau se mit à sonner. « WE IGO, OUAIS C’EST MOI, MAIS TU SAIS DEJA. Y’A UNE MEUF CHELOUE, MASQUEE, QUI T’ATTENDS EN BAS, KESKE J’FAIS, JE LA FAIS MONTER ? »

Les problèmes, encore et encore. Mais, comme dit plus haut, ces derniers temps, tout un tas de personne étranges se présentait au comte, comme si l’info avait tourné à la vitesse de la lumière… Eh, faut croire que personne ne croyait plus à cette image de « Simple gérant de casino. »

Alors, elle était là, devant lui. Volesprit, un nom bien kitch pour une femme qui semblait se prendre au jeu. Un masque intégral lui recouvrait le visage, rendant l’analyse de celle-ci beaucoup plus compliqué. Ne pas pouvoir lire sur le visage de son interlocuteur rendait la tâche de négociation plus ardue… enfin, si elle était effectivement venue pour ça.

« Prenez place, prenez place. » Lâcha le comte en lui montrant, depuis son fauteuil, les chaises disposées devant le bureau en bois d’Adam.  « Je vous écoute, miss… Masquée ? »

Et ainsi, leur conversation commença, enfin, du moins, le monologue de Judith. Car en effet, le comte ne semblait rien vouloir dire. Lorsque le passage sur la mort de Corrino arriva, le comte se contenta d’un sourire en coin, ce bon vieil enfoiré le méritait bien. A l’époque, il était le premier à racketter les boutiques du comte… mais ça, c’était à une autre époque, bien lointaine.

Cependant, le comte était bien loin d’être à l’aise avec cette demoiselle, autant dire que parler affaire était encore une chose qu’il n’avait pas pour projet de faire. Après tout elle était entrée dans son bureau masquée. « Ecoutez mademoiselle, je serait ravi de vous engager, mais je doute qu’un boulot à la sécurité vous conviennes. Vous ne me semblez également pas bâtie pour la maçonnerie et je n’ose pas vous proposer un métier de barmaid… Mais peut être qu’avec un petit peu d’information au sujet de vos compétences, je pourrais déterminer la branche que vous conviendrait le mieux. »

Un sourire se glissa sur le visage de l’écarlate, il semblait qu’il venait de tomber sur un joli petit poisson, des choses assez rares, ici bas, sur les blues.

« Je peux savoir qui vous a envoyé par ici ? Et ce que vous savez au sujet… de moi ? Du moins, ce que vous croyez savoir. »

"Ce que je sais je sais sur vous ?" répéta-t-elle. " Bien plus que ce que vous en savez vous-même. Vous êtes en train de vous engager sur une piste glissante, signore, bien plus glissante que celle des pirates ayant entrepris de débusquer les secrets improbables siégant à la fin de la route de Grand Line. Je viens ici, non pas pour servir en tant que barmaid (bien que je vous avoue en avoir bien besoin pour payer mes factures), mais pour vous proposer un marché au-delà de votre imagination."


L'homme était dangereux, mais sans doute sur un autre plan d'existence. Elle connaissait ce genre de personnage. Riche, fin psychologue et visionnaire, plus rien ne le surprenait. Ce qu'il voulait, c'était de l'improbable, quelque chose qui changeait de son habituel rythme de vie. Et Judith, qui savait parfaitement préparer ses entretiens, était venu avec tout ce qu'il fallait.


"Ce que vous organisez sur les Blues a existé sous bon nombres de visages sur bien des mers," lui narra-t-elle, "des Blues que nous connaissons si bien, au terrifiant Nouveau Monde. Le Théâtre de la Déesse, les Marchands Hérétiques de Boréa, ou encore le collectif "On est cools ou pas encore?", au nom ô combien ridicule, mais dont les membres ont fait trembler plus d'un dragon céleste du faît de leur pouvoir. Chacune de ces organisations, sans exception, avait commencé aussi humblement que vous : un désir pour le pécuniaire ou pour l'art, et une ferme envie d'en posséder les pièces les plus précieuses. Hélàs, systématiquement, chacune de ces organisations disparurent brutalement, leur organisation entière partie en poussière sans la moindre trace d'explication ou même d'indices menant qui au responsable, qui à la raison menant à un tel massacre de gens qui étaient assez puissant pour raser des îles à eux seuls."


Le monologue était long, mais véridique. Ces organisations avaient existé il y a bien longtemps, sauf peut-être le Théâtre, qui avait disparu à l'époque de sa mère, sans doute impliquée dans cette histoire... A creuser.


"Lors d'une excursion chez le Cipher Police, il y a longtemps, j'ai retrouvé ce petit document, parlant de la disparition de ces gens. Le document était censuré et classé confidentiel défense, ce qui implique l'existence et l'ignérence d'une instance du Cipher Pol autrement plus haute que celle qui viendrait inspecter l'état d'hygiène légale de votre propriété. C'est le Gouvernement Mondial, qui a perpétré ses actes, le même Gouvernement Mondial d'habitude si inefficace à traiter les problèmes mafieux. Terriblement effrayant, n'est-ce pas ? De se demander quel genre d'horribles secrets aient oser réveiller le Gouvernement Mondial ? Quel était cette crainte assez grande pour que ce géant endormi se force à déployer sa pleine puissance contre toute association de malfaiteurs spécialisé dans la collecte d'artéfacts anciens et d'objets d'arts ?"

Judith se leva de sa chaise, fatiguée de s'asseoir, et vint se pencher nonchalamment sur un mur en croisant les bras. Elle avait baissée le registre d'un niveau, tout en restant recherchée, pour plus de clarté.


"Voilà," conclut-elle. "Ca, c'est la question que vous voulez vous poser, mon bon padrino. Et la question que moi je me pose, c'est si d'aventure vous aviez découvert des agents du Cipher Police dans votre organisation. Vous savez, pour savoir s'il est déjà trop tard, où si on peut encore plomber la carie. Et enfin bien sûr, je peux vous proposer un partenariat pour damer le pion audit Gouvernement."

« Oh… » Ce qu’elle était douée, depuis quand n’avait-il pas ressenti une telle sensation ? Depuis quand n’avait-il pas été attiré dans le gouffre qu’était sa cupidité ? Pols secrets, incident diplomatiques, secrets enfouis, Tenryuubitos effrayés… Voilà ce que le De Leone cherchait à atteindre. Mais, il ne disposait pas, du moins pas encore, les moyens de se lancer dans la recherche de secrets anciens, non, certainement pas avec la menace grandissante qu’était les Rosoff.
Non, en effet, une chasse au trésor était un problème que le comte ne pouvait se permettre d’ajouter sur ses épaules. Cependant, il n’était pas improbable qu’il s’y mette plus tard, avec ce que venait de dire Judith, un nouveau hobby venait d’apparaître sur la liste des priorités du comte.

« Mais, quel est le rapport avec moi, miss ? » Lâchait-il plutôt froidement à la fin de ce monologue, eh, bien qu’il n’ait pu cacher son désir d’en apprendre plus, le comte jouait un personnage… et il se devait de s’y tenir. « Tout ça ne sont que des fariboles visant à effrayer les enfants ! Puis, un pol secret… vous vous entendez ? »

Le comte, toujours dans son jeu d’acteur incroyable, se leva de son fauteuil et se dirigea vers les vitres qui trônaient au dessus de la salle des jeux sur tables. Et continua d’écouter les paroles de Volesprit.

« Miss, vous auriez tort de considérer le gouvernement mondial comme des ennemis. » Répliqua le comte à la suite de Judith. « N’est pas malin celui qui se refuse à prendre ce qu’on lui offre ! En effet, j’ai déjà eu affaire avec quelques pions du gouvernement… » Oh, ouais, un bien marrant d’ailleurs… Et bien plus effrayant que cette demoiselle. « … Mais je ne pense pas que vous seriez capable de vous en défaire, ils sont sûrement en train de mener une enquête et sa disparition serait… » Son regard cramoisi vint se déposer sur la silhouette de celle qui portait un masque, et une fois analysée de bas en haut. Il poursuivit. « … problématique. »

Le comte se mit à rire doucement, comme s’il cherchait à énerver son interlocutrice, comme s’il cherchait à voir si elle était réellement bien informée au sujet du comte, car, jusqu’ici il n’avait fait que des sous-entendus. Et comme il l’avait fait mantes et maintes fois dans ce bureau, le comte déclara.

« Il est normal qu’une nouvelle richesse telle que moi puisse attirer l’œil de forbans, ou bien même du gouvernement… Mais, cependant, nous ne sommes pas assez accordés pour devenir partenaire… Je ne sais même pas qui vous envoie, et vous n’êtes sûrement pas la première personne à essayer de menacer, des types comme ça, j’en vois tout les jours. »