(De) Leone

Un rire malfaisant s’échappait du poste d’observation de Zepekto, à l’étage, Dante posait les yeux sur les caméras et riait de tout son être. Chaque mine dégoûtée après une mauvaise mise, chaque pot fauché sur les tables de poker provoquait en lui des réactions excessives. Décidément, être aux commandes d’un casino, c’était l’éclate !  



Tous deux se regardèrent dans le blanc des yeux… avant d’exploser de rire simultanément. Et ils ne s’arrêtaient plus, à croire qu’ils étaient scotchés devant une émission de vidéo-gag. Mais toute bonne chose a sa fin, non pas qu’ils n’aimaient pas regarder, mais le travail passe avant la rigolade.

L’escargophone de Zepek se mit à sonner et au même moment, un tas de nouvelles tronches toutes plus étranges les unes que les autres défilèrent sur le visage du ghetto-youth.


Un cousin ? Ça ne pouvait être qu’une erreur, du moins, il ne se souvient pas d’un quelconque cousin De Leone, autrement ça ferait depuis longtemps qu’il l’aurait passé à tabac histoire de ne jamais avoir à le croiser… Faut croire que le monde était petit.

Un soupir plus tard, et le comte s’en alla, laissant derrière lui Zepekto qui repris son travail au caméras. C’est en traînant les pieds qu’il se rendait au carré VIP.

Curieuse façon de recroiser quelqu’un, s’il n’y avait pas eu ce quiproquo nominatif, qui sait si ces deux là se seraient revus le soir même. Surtout, après la conduite dont il avait fait preuve sur la table, le De Leone pensait faire face à un idiot… Mais ses premières paroles eurent le mérite de faire lever un sourcil au Comte.



Visiblement, le fait de l’avoir appelé fermier l’avait vexé, compréhensible, après tout s’il s’était dégoté une invitation en premier lieu, c’est qu’il n’était pas n’importe qui. Croisant alors ses jambes, le De Leone fit face à son homonyme avec la plus grande attention. Bien qu’il était constamment interrompu par cette serveuse.







Le De Leone prit alors les choses en mains, faisant traverser le long couloir menant à son bureau, passant devant postes de gardes et bureau de la sécurité, là où était en train de se faire traîner par le col celui qui avait eu l’audace de s’asseoir avant l’écarlate. Il l’aurait bien prévenu avant mais eh, qui sait, ça se trouve il ne l’aurait pas suivi.

CP3 ? Oh, que les choses devenaient intéressante, ce fermier n’était décidément pas quelqu’un d’ordinaire. Le comte se tut, préférant regarder la scène qui se produisait devant lui avec un léger sourire en coin, la situation était en train de tourner à son avantage et surtout, le Leone venait de confirmer son importance en dénichant les sbires des Rosoff.

Comme un spectateur invisible, le comte ne broncha pas une seule seconde lorsque Stukine mis la main sur l’arme destinée à Josh. Un faible soupir, presque inaudible, s’échappa de la bouche de Dante à ce moment-là.  Il aurait préféré que le Leone se jettes en premier sur l’arme, mais le destin en a voulu autrement.

Quand le Gunfight commença, le comte posa sa main sur l’un de ses revolvers, par précaution, sait-on jamais. Visiblement, c’était une vengeance commune qui liait les Stukine et le Leone, une histoire de femme, cet homme était plutôt simple et c’était un détail que le comte pourrait utiliser plus tard. Quand les corps tombèrent à terre, assommés par l’ex-agent du CP3, le comte resta de marbre, préférant entremêler ses mains sur le bureau.

Puis, le Leone se remit à discuter comme si tout ça n’était rien, en même temps, facile à comprendre. Le comte se trouvait désormais dans une position bien délicate, position qui, poussa Josh à oublier les règles de bienséances et de politesses. La balle était dans son camp et il s’en était sûrement rendu compte.



Cent mille, pas un mot de plus, pas un mot de moins. Si l’écarlate cherchait à affirmer sa position, voilà de quoi ajouter un peu plus de poids de son côté de la balance.  

Un léger sourire se dressa peu à peu sur le visage du pourpre, un sourire nerveux, provoqué par son manque de vision dans ses choix. Habitué à considérer tout autre personne comme lui comme des moins-que-rien, comment aurait-il pu déceler le potentiel d’un homme comme le Leone ? Ils partageaient le même nom, mais pas la même vision des choses. Là où le comte n’était qu’un enfant capricieux voulant tout et tout de suite, le fermier, lui, parlait grâce à l’expérience amassée ; expérience qui, lui avait sûrement fait gagner une maturité que le comte n’avait pas encore atteinte.

L’Écarlate se mit à applaudir sarcastiquement, ses mains gantées étouffaient le bruit et son visage n’affichait clairement, aucune émotion supplémentaire par rapport à la posture qu’il avait adopté. S’il aurait été un autre homme, il se serait avoué vaincu, mais il était le Comte Écarlate, il ne pouvait agir comme les autres.

La voix du comte brisa le silence. « Monsieur Leone, cette conversation fut fort enrichissante.  J’ai sûrement eu tort de vous traiter comme ça. » le De Leone marqua une pause après cette phrase, sûrement à cause du dégoût provoqué par l’idée de prononcer ces prochains mots. « Soit, je ne vous traiterais pas comme un sous-fifre, cependant, je ne vous traiterais jamais comme mon égal, comme je vous l’ai dit, vous et moi ne sommes pas du même monde. »

Le comte déposa son regard écarlate sur Josh, un regard ferme, mais beaucoup moins agressif qu’au début de cette entrevue. Les pauses instaurées volontairement par le comte visaient à voir s’il allait jouer le jeu bien longtemps… Mais lui aussi, à ce rythme, il allait se retrouver à court de moyens, la possibilité de le voir rejoindre le camp adverse après en avoir appris autant sur lui l’effrayait secrètement… Il devait le garder à l’œil, par tous les moyens.

« Voilà ce que je vous propose, Monsieur Leone. » Déclara le comte sur un ton calme, affirmant sa volonté de travailler ensemble. « Ces cent mille berrys, gardez-les, en remerciement pour l’information… Mais, nous voilà confrontés à un problème. Les Rosoff doivent être éliminés, tant qu’ils seront en vie, ils seront une menace pour les gens comme moi et donc, pour vous aussi.  Tôt ou tard, arrivera le jour où ils décideront de passer à l’attaque et ce jour-là, je serais prêt. Cependant… » Le comte désigna les deux Stukine avant de poursuivre. « Comprenez, monsieur Leone, que je ne peux me permettre de garder ces types, tout comme je ne peux me permettre de les laisser en vie. »

Le comte se leva de son fauteuil, et se déplaça vers le mini-bar, afin de servir une nouvelle flute de champagne à son invité.

« Je représente la Cour Écarlate, vous n’en avez sûrement jamais entendu parler, et la cour permet, à ceux qui le désirent, d’offrir ses services à tous ceux assez audacieux pour s’aventurer dans des chemins aussi sinueux que le mien… Cependant, sachez une chose. » Cette fois, le comte reprit une voix bien plus sérieuse et sinistre « La Cour Écarlate rends toujours la monnaie de sa pièce, gare à vous si jamais l’idée vous prend de me la faire à l’envers. Monsieur Leone de Far West Blue. » Puis, il reprit une voix tout à fait normale, à la limite d’un ton joyeux. « Nous voilà désormais accordé, monsieur Leone, je n’ai qu’une seule exigence, les Stukine doivent disparaître, et je suis catégorique… Mon réseau d’information est vôtre, dîtes que l’écarlate vous envoie… Pour ma commission, elle s’élève à trente-cinq pourcent. Pas plus, pas moins. » Puis, alors qu’il ouvrait la porte de son bureau, le comte souffla ces derniers mots. « J’espère que cela vous convient… Partenaire. »

Lorsqu’il vit le Leone faire un pas en dehors de la pièce, le comte se mit à sourire. Certes, il venait de perdre une petite somme, mais l’investissement en valait la chandelle, Josh Leone, ex-agent des pols et maintenant, employé polyvalent au service de la cour écarlate, voilà de quoi redémarrer sur les chapeaux de roues !  Pour les Stukine, le sort venait de se sceller dans le bureau du De Leone, la guerre était déclarée et les mafias des blues ne lui faisait pas aussi peur que ce qu’elles devaient. Cependant, il avait tout de même une dernière carte dans sa poche.

La porte se referma, laissant ainsi le comte seul dans son bureau… seul ? Non, pas tout à fait. L’escargophone posé sur le meuble se mit à sonner et à mesure que l’écarlate s’approchait de celui-ci pour répondre, un rictus maléfique vint se coller sur son visage.

Et alors qu’il décrochait le combiné, l’écarlate lâcha les premières paroles « Tu as tout vu ? » ces mots marquèrent le silence de la pièce pendant un moment, avant qu’un léger rire ne se fasse entendre. « Bien, heureusement que tu as installé cette caméra, moi qui pensait juste attraper Brigite fouiller dans la caisse, nous voilà avec bien plus important Zepek… » Son œil vint à glisser sur une étagère ou un mystérieux escargot en bois trônait, excellente cachette, il aurait fallu avoir un œil de lynx pour le repérer.  « Bien, envoie moi l’équipe de nettoyage, paie-les grassement, et si jamais ça pose un souci à quelqu’un, renvoie le chez lui avec mes remerciements. »

Désormais, il allait pouvoir avoir un train d’avance, cette filiale des Rosoff, peut-être qu’il serait même celui qui viendrait à eux en premier.
Le comte fit un geste explicite à la Caméra dissimulée, sûrement à l’intention de Zepekto, pour qu’il la coupe il fallait désormais faire un petit tour dans le coffre, le Leone n’allait pas se payer tout seul, évidemment. Et après recompte, il se rendit compte que ses poches n’étaient plus aussi pleines qu’avant, il lui fallait un coup, un gros coup, et fort heureusement pour lui. Davinxi était toujours en place au Casino.

« Oh, vous voilà ! » Déclarait le comte alors que les nettoyeurs firent leur apparition dans la pièce. « Vous m’emballez ça, c’est l’arme utilisée par ces deux zigotos pour attenter à ma vie. Ne vous inquiétez pas pour moi, je n’ai rien, ils n’en voulaient qu’à la recette ! »

Un mensonge pour couvrir une plus grosse affaire, un classique chez les nobles, à croire que le comte avait effectivement hérité de leurs sales habitudes. Mais eh, leur travail à eux c’était de Nettoyer, pas de se poser des questions, le comte, lui, devait juste les payer, ni plus, ni moins.

« Zepekto ? Passe un message à Brigitte de la compta, ouais, dis-lui de débloquer 100.000 Berrys pour monsieur Josh Leone, ouais, ouais, ne t’inquiètes pas Zepekto ; tu sais très bien. Oh ! Et dis lui de faire passer ça en frais de société, elle saura quoi faire ! »