Comme un ouragan ♫
Clayton Lazarus (Aventure Solo)
Une fois enfin arrivé dans la cale, je remarquais très vite la voie d’eau. Il y avait un trou de la taille d’une petite balle dans l’une des parois.
Qu’on soit clair, je ne suis pas charpentier. Je suis ingénieur, du moins je suis censé l’être. Mais si je pouvais rendre service et trouver un moyen de boucher ce trou, alors je le ferais.
Comme ce navire naviguait principalement sur les blues, la coque n’était pas renforcée. C’est certainement pour cela qu’elle s’était aussi facilement percée, je pense.
Comme je n’avais aucun matériau sous la main, j’arrachais le couvercle scellé d’une caisse de la cargaison. Une caisse de fruits, si j’en croyais ce qui était écrit sur le côté. Je la plaçais ensuite sur la fuite, ce qui n’était pas facile, à cause de la pression de l’eau. J’avais pris garde à ce que les clous du couvercle restent sur celui-ci, j’eus juste à taper quelques coups avec mon poing métallique et l’affaire était dans le sac.
Je crois que c’est à ce moment-là que j’ai remarqué du mouvement à la limite de mon champ de vision.
Je tournais vivement la tête et aperçus le bout d’une queue qui disparaissait par la porte de la cale.
Je me lançais rapidement à la poursuite de la chose que j’avais entraperçue. Quoi qu’elle puisse être, cette chose était agile et rapide, car elle échappait toujours à mon regard.
J’arrivais finalement, après de longs efforts, à me cogner partout et me tenir a tout ce qui me passait sous la main à coincer cette chose.
Elle s’était enfuie dans le placard à provisions des cuisines. Je m’y étais précipité moi aussi et avais fermé la porte derrière moi.
Cette fois-ci, cette créature ne pouvait plus m'échapper. Je jetais des coups d’œil à droite et à gauche, dans la faible lumière d’une vieille lampe à huile qui trônait sur une étagère.
Je finis, enfin, par apercevoir le bout d’une queue dépassant derrière un panier rempli de pêches. J’attrapais donc vivement le panier et regardais enfin ce qui se cachait derrière.
Il s’agissait d’un petit singe, pas plus haut que mon avant-bras. Il avait une longue queue, dont il se servait actuellement pour tenir une pêche, pendant qu’il en mangeait une autre avec ses mains. Je posais le panier et je prenais la lampe à huile dans la main pour le regarder de plus près.
“Salut toi… Qu’est-ce que tu fais là ? lui dis-je d’une voix la plus douce possible, pour le rassurer.”
J’approchais la source de lumière de lui pendant qu’il mangeait. Il n’avait pas l’air effarouché, il semblait même plutôt calme, en fait.
Ce petit singe semblait mal en point et affamé. Il perdait ses poils par endroit et avait une cicatrice sur le dos. En scrutant son visage, je remarquais aussi que l’un de ses yeux était vitreux.
C’était l’un des animaux les plus miteux que je n’ai jamais vu. Avec toutes ses cicatrices, il me rappelait un peu moi-même.
Bien vite, le petit singe porta son attention sur moi et me regarda calmement en léchant le jus de pêche de ses doigts.
Après un petit moment, la tempête, que j’avais complètement oubliée, fit tanguer dangereusement le navire. Le singe prit peur et sauta sur mon visage pour se cramponner. Je perdais alors l’équilibre et je tombais contre la porte, qui céda sous mon poids. J’agrippais alors le singe, grâce à ma main mécanique, puis le faisais lâcher prise. Il me laissa au passage quelques griffures sur le visage, mais, rien de grave.
Je regardais l’animal avec de la colère sur le visage, si bien qu’il se cacha les yeux avec ses mains en formant un cercle avec sa bouche.
Bon, il avait eu peur, ça arrive. Et cet animal m’était bien sympathique. Il avait des mimiques qui le rendaient assez attachant. Alors que mon regard s’adoucissait, je remarquais que la lumière avait changé dans la pièce.
Dans ma chute, j’avais laissé tombée la lampe à huile et un départ de feu se propageait rapidement dans tout le garde-manger.
Je me levais rapidement et posais le singe sur mon épaule, avant de me précipiter sur le pont. Cela prenait tellement d’ampleur, que je ne pourrais pas gérer cela tout seul.
Cela me prit deux ou trois minutes avant que je sorte la tête de la trappe menant à l’air libre. Je remplis alors mes poumons d’air.
“Départ de feu dans la cuisine ! criais-je alors bien haut.”
La tempête avait baissé en intensité et l'on m’entendit bien malgré le vent fort qui soufflait encore et accompagnait le bruit des vagues.
Lilith & Clayton Lazarus