Quel cirque ! (FB 1406)

 


Le soleil réchauffait doucement ma peau, c’était plutôt agréable. D’autant plus qu’il pleuvait hier, pour la troisième journée consécutive. J’avais vraiment eu peur, car aujourd’hui est un jour de permission, qui m’a été accordé par le professeur Green. Mais laissez moi tout remettre en ordre.
Deux semaine auparavant, j’ai pris la mer à bord d’un navire de la marine. J’accompagnais le professeur vers la base M1 de la marine, à North Blue. Une fois le trajet terminé, Green m’a accordé une journée de détente sur l’île de mon choix.
L’île que j’ai choisi ce jour là fut Party Island. Une superbe île fête foraine, avec des manèges, des jeux, des cirques. J’avais toujours voulu y aller et enfin, j’en avais la possibilité.
Ce n’était pas rare que le professeur se déplace ainsi. Comme je l’accompagnais assez souvent, il me laissait souvent quelques jours et demandait à ce qu’on m’accompagne sur les îles de mon choix.

C’est comme ça que j’ai pu mettre le pied sur Party Island. Comme j’étais en permission, j’avais enlevé mes vêtements de recru de la marine. J’étais par contre resté dans les tons bleu, avec un jean’s, une chemise bleu marine ouverte sur un débardeur noir, ainsi qu’une paire de bottes noir, assez simples. Si je n’avais pas mon bras de cyborg, je passerais presque inaperçu. Mais dans un endroit comme celui ci, les gens ne s'attardaient pas sur moi de toute façon.

Après quelques heures a fureté un peu partout, à dépenser mon argent durement gagné. J’ai finalement décidé de me poser un peu, le temps de manger quelques friandises. Il faudra que je pense à m'entraîner deux fois plus demain, afin d’éliminer tout ce sucre et rester en bonne forme. Le professeur m’avait dit que c'était très important de rester constamment en bonne forme physique. Mon bras droit pesait très lourd et si je n'entraînais pas tout mes muscles, je risquais d’avoir de gros problèmes articulaires. Du coup, une fois par semaine, il m’envoyait m'entraîner avec les hommes de la base ou nous étions habituellement.

En mangeant, je regardais un chapiteau. Il était plutôt grand, mais peu de gens y entraient.
Un petit homme ventripotent essayait de rameuter du monde, mais sans grand résultat. Apparemment, il s’agissait d’une foire aux monstres ou un truc comme ça.
Franchement, regarder des gens enfermés dans des cages, ça ne m'intéressait pas vraiment. Mais j’avoue que j’étais curieux. Non pas en ce qui concerne leurs différences, mais plutôt leurs conditions de vies. Je me demandais s’ils étaient bien traités.

Je sais d'expériences, que la plupart des membres du gouvernement ou de la marine n’aiment pas les personnes différentes. Même si peu de personnes le disent ouvertement. Les hommes poissons par exemple sont très rare dans la marine. Quand aux géants, on les accepte car ils ont une grande force, mais ils dépassent rarement le grade de colonel.
Ca ne me touchait pas personnellement, mais je pensais tout de même que cela était dommage. enfin bref, je n’étais pas là pour parler de ça, et voilà que j’avais fini mes sucreries.
J’allais donc jeté les emballages, puis j’allais jeter un oeil à ces phénomènes de foires, comme on les appelait apparemment. Comme je m’y attendais, il y avait des hommes poissons. Ou plutôt une femme poisson avec des tentacules, ce qui était une curiosité, pour quelqu’un qui comme moi n’avait jamais vu un homme poisson de sa vie.
Mais mon attention se porta surtout sur une jeune fille avec des ailes noirs. Elle était vraiment jolie, elle serait certainement d’une grande beauté en grandissant. Ses ailes étaient vraiment magnifiques. Je n’en avais jamais vu avant. Comment c'était possible ? elle avait manger un fruit du démon ou quelque chose comme ça ?
On racontait bien sur des contes sur des femmes et hommes ailés vivant sur des îles dans le ciel. Mais ce n’était que des histoires.

Je la regardais attentivement, la main sur mon menton, pour essayer de comprendre comment on avait pu greffer des ailes à cette fillette. C’était vraiment épatant. Tellement que je mis un certain temps à me rendre compte que je pouvais lui parler. Lorsque je réalisais, je m'exécutais assez rapidement.

“Bonjour, je m’appelle Clayton et toi ?” Commençais-je alors. “Ces ailes ne te font pas mal ? comment on te les a greffés ? tu es née avec ? Tu comprends ce que je dis ?”

Ma curiosité avait prit le dessus et j’eus du mal à empêcher ce flux de parole de continuer. Je pris doucement ma respiration pour me calmer et je souris légèrement, en espérant ne pas lui avoir fait peur. J’attendais une quelconque réponse en silence.


 

 

La fillette était sorti de sa cage. Moi qui pensait qu’elle était retenue ici de force, je n’en croyais pas mes yeux. Elle commença même à s’exprimer très clairement. Moi qui n’était pas sûr qu’elle comprenne ce que je dis, ça me mettait une sacré claque.

Je m'accroupi pour me retrouver à sa hauteur, afin de mieux la distinguer et la regarder compter sur ses petites mains à mesure qu’elle répondait à mes questions.
S’était trop mignon comme mimique, ça me donnait envie de la serrer dans mes bras. En plus, son visage et ses grands yeux la faisait ressembler à une poupée.
Mais je me retint, car ça ne se faisait pas de prendre une petite fille dans ses bras sans prévenir. Même si elle venait de sortir d’une cage.

Je l’écoutait me dire que ses ailes faisaient parties de son corps et qu’elle était née comme ça. C’était étrange comme particularité, mais pas improbable après tout.
Elle avait l’air comptant d’avoir répondu a toutes mes questions, et lâcha même un petit bruit mignon après avoir fini de compter sur ses doigts.

Je souris lorsqu’elle me fit remarquer mon bras. C’est vrai que j’avais moi aussi une particularité. On aurait pu me mettre dans un cirque, en tant que cyborg si ça se trouve.
Elle n’avait pas l’air d’avoir remarqué que mon bras était métallique par contre. Je lui montrais donc de plus près.

“Oui, moi aussi j’ai une différence. Mais c’est un bras cyborg, ce n’est pas naturel.” Dis-je en faisant pivoter le poignet à trois-cent soixante degrés et en tapant dessus de mon autre main pour produire un bruit métallique. “J’ai perdu mon bras et on me l’a remplacer par celui ci. Tu vois.”

Je n’avais pas de problèmes avec ma prothèse. J’avais appris à l'accepter et je me fichais qu’on me la fasse remarquer. Après tout, j’étais comme ça, point. Le peu de gens autour de nous commençaient a échanger des messes basses. Personnellement, ça ne me dérangeait pas, mais ça pourrait déranger Jeska. Bien qu’elle devait avoir l’habitude.

“C’est gentil, de me proposer un travail, mais j’en ai déjà un et il me tient à coeur.” Lui répondis-je en souriant. “Et toi ? C’est ton travail de rester dans cette cage à la vue de tous ?”

Je me demandais vraiment si cette petite fille était là de son plein grès ou si elle était emprisonnée. Mais elle était sortie de sa cage d’elle même, donc même si elle était contrainte, elle pouvait aller et venir à sa guise. S’était assez étrange quand on y pense. habituellement, on ne met pas quelqu’un en cage pour qu’il puisse sortir quand il le veut.
Cela dit, ça prouvait que cette petite n’était certainement pas en danger. En tous cas, elle n’en avait pas l’air.

 

 

Cette petite avait vraiment l'air scotché par mon bras robotique. C'est vrai que ça faisait souvent cet effet là. Ce n'était pas rare, pendant mes voyages avec le professeur, que des enfants voient mon bras et m'appellent ‘monsieur robot'.

En fait, moi aussi je le trouvais super cool. Et je ne pourrais plus me passer de ce bras si spécial.

Cette petite avait vraisemblablement un travail de phénomène de foire. Ce n'était vraiment pas banal. Mais qui étais-je pour juger. Après tout, je suis l'assistant. Ou plutôt l'homme à tout faire. D'un homme qui peut construire des bras cyborgs. C'est assez étonnant, quand on sait qu'il n'est même pas foutu de mettre son pantalon à l'endroit la plupart du temps.
Finalement, la petite partit aux toilettes. Je l'attendais, comme elle m'avait dit de ne pas bouger. Techniquement, ça voulait dire que cette discussion n'était pas terminée. Et il serait impoli de partir maintenant.

Elle finit par revenir, après s'être lavé les mains visiblement. Cette enfant était visiblement très bien élevé. Mieux que la plupart des hommes de la marine. J'en connais qui se contente d'uriner contre les murs et de reprendre leurs activités ensuite, sans même prendre la peine de se laver les mains. En général ils sont même du genre à te serrer la main lorsqu'ils te rencontrent… Berk…

Une fois revenue à ma hauteur, elle me demanda si je voulais aller discuter dans un autre endroit. J'allais lui répondre que j'étais d'accord et que je comprenais que les messes basses la mettent mal à l'aise. Mais avant que je ne puisse répondre, sa main saisit la mienne et elle m'entraînait déjà dehors.
Elle semblait vraiment habitué à sortir de ce chapiteau et l'homme a l'entrée lui dit de ne pas rentrer trop tard. Je n'avais plus de doute, elle travaillait pour cet homme et il la traitait vraiment bien. On aurait même dit un père qui s'inquiétait pour sa fille.

Elle connaissait apparemment l'île comme sa poche et m'emmena jusqu'à un bar. Elle me fit même passer dans une petite ruelle que je n'aurais jamais remarqué seul. Finalement, nous arrivions dans une cour gravillonnée. Même ici on pouvait sentir les effluves de rhum et de fumée. La fillette frappa à une porte au fond. Elle devait savoir ce qu'elle faisait. Mais j'eus quand même un léger doute en voyant l'homme qui sortit de la porte.
Ce grand type me foutait une peur bleue, mais apparemment ils se connaissaient et elle avait vraiment l'habitude de venir ici.

“Heu, un soda s’il vous plaît !” Dis-je d'une voix timide.

L'homme retourna dans sa cuisine et elle me fit remarquer la musique. J'avais déjà entendu ça quelque part il me semble. Peut être lors d'un de mes voyages. Donc s'était de la musique jouée par les hommes-poissons. Il y avait quelque chose de nostalgique dans cette musique. Quelque chose qui prenait les tripes et qui faisait penser à notre foyer. Ça me rendait à la fois triste et heureux, s'était étrange.

J'allais lui répondre quand soudain l'homme revint et nous donna nos boissons. Il fit allusion à un rencart et Jeska se mit à crier que ce n'était pas un rencart. Le rouge me monta aux joues, car je n'avais pas l'habitude de ce genre de remarques. La fillette aussi avait encore les joues rougies, lorsqu'elle prit le plateau pour le déposer plus loin.

Je compris bien assez vite qu'elle venait souvent ici pour observer les gens. Son thé ressemblait à un verre de rhum, ses sucettes étaient des cigarettes et les bonbons des cacahuètes. Je me demandais si l'armoire à glace de tout à l'heure lui servait ça par bienveillance ou si elle commandait ça d'elle-même. Je souris à sa remarque. C'est vrai que la musique était bien.

“Oui, c’est un chouette endroit !” Lui dis-je en levant mon verre. “Un endroit parfait pour trinquer ! A notre rencontre !”

J'attendis qu'elle trinque avec moi, puis-je buvais une gorgée de soda. À nouveau je ressentis ce pincement au coeur en écoutant la musique. Je finis par comprendre d'où ça venait.

“Cette musique… Elle me rappelle un foyer perdu… Un foyer lointain que je ne reverrais peut-être jamais.” Commençais-je alors. “ça me rend un peu nostalgique. Peut-être que tu ressens la même chose.”

Je jetais un coup d'oeil par une fente entre deux planches du mur. Les gens à l'intérieur avaient tous des émotions différentes. Certain étaient heureux ou joyeux. D'autres semblaient nostalgiques ou mélancoliques. C'était un lieu chargé en émotions en tous genres.

“Tu viens souvent ici pour observer les gens, n'est-ce pas ?” Dis-je soudain, plus comme une observation qu'une vrai question. “Il y a des gens qui boivent, des gens qui fument. Et d'autres qui dansent.” Observais-je tranquillement, mon verre à la main. “Ça te dirait de danser ?” Lui lançais-je alors en souriant.

Sans attendre, je posais mon verre et la prenais par les mains pour l'entrainer un peu plus loin et commencer à danser. Où plutôt tourner en rond en se tenant par les mains et en évitant de lui marcher sur les pieds, ce qui était déjà un exploit pour moi et ma maladresse.

 

 

Elle avait l’air vraiment heureux de danser. J’étais content pour elle. Et puis, il faut dire que je m’amusais plutôt bien moi aussi. Notre valse prit finalement fin avec les accords des musiciens.
Il était temps, car je crois que j’avais suffisamment écrasé ses pieds comme ça. Je regardais la petite Jeska, alors qu’elle semblait se refuser à lâcher ma main. Elle avait l’air de ne pas vouloir s’arrêter là. Elle semblait encore pleine d’énergie et de vouloir s’amuser plus encore.
C’est d’ailleurs ce qu’elle me dit, avant de me tirer par la main pour aller faire des attractions à l’œil.
Eh bien, je ne disais pas non, puisque mes maigres économies ne me permettraient jamais d’essayer toutes les attractions présentes sur cette île. Je la suivais en riant, la laissant choisir l’endroit suivant ou elle voulait aller.

Emportée par son entrain, elle ne vit pas un homme à l’allure sinistre, qui mangeait une barbe à papa. Elle lui rentra brutalement dedans et le fit lâcher sa gâterie, qui s’étala sur le sol sans bruit.
J’avais à peine entrouvert la bouche pour désamorcer la situation, que l’homme commençait déjà à frapper Jeska. Quant à ses acolytes, ils se placèrent devant moi, m'empêchant ainsi de lui porter secours.
J’étais assez bagarreur, mais à trois contre un je n’avais aucune chance. Je décidais alors de bluffer. J’attrapais une brique et je la plaçais devant moi, la broyant en petits morceaux dans ma main robotique.

“Laissez là et barrez-vous, sinon je vous envoie à l’hôpital ! dis-je d'une voix sèche.”

Pour toute réponse, l’un des gars avança vers moi pour essayer de me coller un coup de poing. Le bluff n’ayant pas réussi, il fallait que je passe au plan B. Je jetais donc les morceaux de briques dans ma main directement dans les yeux du gars s’étant avancé. Puis je plongeais pour recevoir le coup de pied à la place de Jeska, qui était en mauvaise posture.
Je n’étais pas de taille à les affronter, mais je pouvais au moins protéger la gamine, afin qu’elle ne soit pas plus blessée. J’utilisais donc ma stature a mon avantage, pour la protéger entièrement, de mes bras et mon corps.
Déjà, les hommes s’étaient mis à me frapper. Ils continuèrent jusqu'à en avoir marre. À moins que les regards de passants ne les aient refroidis.
Je jetais un coup d’œil pour m’assurer qu’ils n’étaient plus là, puis je laissais rouler sur le côté, s'étalant de tout mon long en respirant fort.

“Ça va aller ? lançais-je entre deux fortes respirations à la fillette ailée. Tu as besoin de voir un médecin ?”

J’avais beau lui proposer mon aide, je n’étais pas dans un meilleur état. Mes flancs avaient été roués de coups. L’arrière de ma tête, mes jambes et mes bras aussi. Mon bras métallique n’avait pas grand-chose. Je pense qu’ils avaient eu plus de mal que moi en tapant dedans.
Mais si je revenais en l’ayant éraflé, le professeur allait m'engueuler. Il me l’avait déjà dit d’ailleurs. Je pouvais me faire aussi mal que je le voulais, il pourrait me rafistoler, mais mon bras était précieux.

Après avoir repris mon souffle, je me mis assis en grimaçant. Mes côtes me faisaient mal. J’aurais de beaux bleus le lendemain, mais, rien de cassé normalement.

 

J’étais encore à moitié dans le cirage et je ne compris pas complètement ce qui se passa ensuite. Tout s'enchaina assez rapidement. Le barman me transporta dans le bar après avoir fait de même pour la fillette. Une femme très séduisante désinfecta mes plaies et l'on me donna du rhum pour que je sente moins la douleur.
D’autres personnes arrivèrent peu après. Tout le monde discutait, mais je ne comprenais pas tout ce qu’il se disait. Je compris seulement le nécessaire, la petite Jeska était très mal en point et il lui fallait de l’aide. Ça me rappela mon enfance, quand mon bras fut arraché à vif et qu’un médecin m’a soigné. Et le docteur green, plus tard, qui m’avait fait ce bras mécanique.

Je sortis de mes rêveries lorsqu’on me demanda si la personne qui m’avait fait ça pouvait aider la petite fille ailée. Je mis assez longtemps à réaliser qu’on me parlait de mon bras. Certes, le docteur Green était dans le coin et devait passer par ici me récupérer au coucher du soleil. Un petit coup d’oeil par la fenêtre m’indiqua que l’heure était plutôt proche.

“Peut-être, je n’en suis pas sûr… Répondis-je après un long moment. Le professeur Green doit passer me chercher au coucher du soleil. Donc il faudrait la garder en vie jusqu'à ce que je revienne avec lui.”

Je me levais après ces mots et j’allais vers la table où se trouvait la fillette, allongée. Je grimaçais et baissais la tête. Est-ce que tout cela était arrivé à cause de moi ? Je n’avais pas su la protéger alors qu’elle voulait juste passer du temps avec moi. En plus, elle était tellement guillerette avant cela, elle avait à présent perdu son sourire… Par ma faute. Je ne pouvais pas me laisser abattre, il fallait que j’aide cette fillette à s’en sortir ! Je relevais donc la tête et prenais une grande inspiration, pour me donner du courage.

“Je vais aller à sa rencontre et ramener le docteur Green ici. Dis-je après avoir récupéré mon aplomb. Mais je vous préviens, il est spécialisé en robotique et en ingénierie mécanique. Il a des connaissances médicales, mais je ne sais pas s’il pourra l’aider !”

À la fin de ma phrase, je sortais en trombe du bâtiment, sans même attendre une réponse, et je fonçais vers le port. J’avais mal partout et mes plaies me tiraillaient. Même respirer me faisait un peu mal. Le professeur Green m’avait assez appris pour que je sache que les muscles autour de mes côtes devaient être tuméfiés, si cela me faisait aussi mal. Cependant, aucun de mes organes internes ne semblait touché, sinon, je n’aurais pas pu courir autant.

J’arrivais au port juste au bon moment pour voir le navire de la marine arriver. J’attendis qu’il amarre et je montais en trombe rejoindre le professeur Green sur le pont. Je repris mon souffle assez rapidement et je me mis à lui parler rapidement.

“Professeur, une fillette a été gravement blessée par ma faute ! lui dis-je sans prendre la peine de respirer. Elle a une hémorragie interne, il faut que vous l’aidiez ! Venez ! Vite !”

Sans même lui demander, j’attrapais sa main et je commençais à courir vers le bar. Le professeur étant petit et ventripotent, il peinait à me suivre.

“Eh bien, moi qui croyais que tu ne t’amuserais pas, hoho ! dit-il sur le ton de la plaisanterie. Tu t’es retrouvé dans une sacrée aventure, j’imagine ! J’envie la jeunesse, mon garçon !”

“Professeur, ce n’est pas le moment de plaisanter ! répondis-je sur un ton sec, comme pour le réprimander. Une fillette mourra si vous ne faites rien !”

Green se laissa traîner derrière comme un fétu de paille en riant. À première vue, il ne semblait pas comprendre l’urgence de la situation. Mais tel que je le connaissais il devait déjà calculer la situation et prendre en compte tous les scénarios possibles.

Lorsque nous arrivions enfin au bar, j’ouvrais la porte en trombe et je poussais le professeur à l'intérieur. Sa respiration était lourde à cause de l’effort. Si bien qu’à chaque bouffée d’air expulsée, ses imposantes moustaches partaient vers l’avant. Il reprit son souffle difficilement et retira ses lunettes avant de les nettoyer de la buée formée par son effort.
Il les remit en place une fois ses lunettes propres et avança vers la table ou se trouvait la petite Jeska. Quant à moi, je refermais la porte et j’observais de loin, pour ne pas déranger. Le professeur regarda les personnes autour de lui, sans faire de réflexion ou montrer une quelconque surprise en voyant les personnes rassemblées ici.

“Bien, j’imagine qu’il s’agit de la patiente dont on m’a parlé. Je suis le professeur Green, ingénieur et scientifique de la marine. Je vais essayer de l’aider, mais mes connaissances en médecines sont limitées. Dit-il d’un souffle. Quelqu’un a t’il déjà posé un diagnostic ?”

Il porta son regard sur chacune des personnes présentes après cette question, puis s’arrêta sur le docteur Mandrake.

Désolé:

 

J’avais assisté à l’intervention. Je laissais mon mentor faire son travail et je le regardais attentivement et dans le silence le plus complet. D’après lui, c’était un très bon moyen d’apprendre de nouvelles choses. Enfin, je ne comprenais tout de même rien à la médecine. Réparer des êtres humains n’était décidément pas un domaine dans lequel je pourrais exceller un jour.

Lorsque l’intervention fut enfin terminée, j’ai eu le droit à la tape sur l’épaule la plus puissante que je n’ai jamais senti. J’ai même eu peur qu’elle se déboite. Heureusement, je m’en tirerais simplement avec une marque rouge, voir un bleu dans quelques jours.
Je suivis tout le monde chez les parents de la petite Jeska, une fois que celle-ci fut enfin tirée d’affaire. Elle avait besoin de repos et dormait à poings fermés.

Nous fûmes finalement entraînés chez les parents de la fillette. Les Kamahlsson étaient plutôt gentils et nous accueillirent à bras ouverts. Nous avons même eu droit à un festin, le professeur et moi. La petite Jeska quant à elle ne devait pas manger, car elle venait de se faire opérer de l’intestin. J’étais encore plus admiratif qu’avant, devant mon mentor, qui m’avait une nouvelle fois fait la démonstration de ses talents. Mais je n’en démordais pas, un jour, je le surpasserais. Il fallait juste que je trouve ma voie.

Lorsque les adultes en furent au digestif. Je fus prié, ainsi que Jeska, de les laisser tranquilles. Je poussais donc le fauteuil de la fille ailée jusqu’au-dehors, ou les étoiles offraient un magnifique spectacle.
Jeska m’expliqua qu’elle avait passé une super journée. Elle me donna même un cadeau, une de ses plumes. J’étais très touché par son geste. Je ne m’attendais vraiment pas à ça et je ne savais pas quoi lui offrir en retour. Mes yeux commencèrent à s’humidifier et une larme finit par couler le long de ma joue.

“Merci Jeska. lui dis-je en souriant. Désolé, je… Suis assez émotif.”

J’essuyais rapidement les larmes sur mes joues et je lui fis un grand sourire. Puis je sortis un foulard rouge de ma poche. Il n’était pas forcément précieux, mais il avait tout de même une magnifique couleur écarlate.

“Tiens, c’est pour toi. Je suis sûr qu’il ira très bien avec la couleur de tes ailes. Lui dis-je en lui donnant.”

Je regardais la plume qu’elle m’avait donnée et je la mis dans ma poche. Ma mémoire étant défaillante, c’était la première fois qu’on m’offrait un cadeau. À part le bras que le professeur m’avait confectionné, bien entendu. J’en étais vraiment heureux.

“Je suis vraiment content que cette journée t’ait plu. lui dis-je avant de soupirer. J’aurais préféré que tu t’en sortes en un seul morceau cela dit…”

Je jetais un coup d’œil vers la maison, ou des éclats de rire se firent entendre. Puis, je me remis à pousser le fauteuil.

“Demain matin, le professeur et moi reprendrons la mer. dis-je alors. Il a tendance à se lever très tôt, donc, au cas ou tu dormirais encore. Je te dis au revoir. Et j’espère que l’on se reverra. Je garderais toujours la plume que tu m’as offerte, pour ne jamais oublier cette journée. Et la prochaine fois que l’on se verra, je serai en mesure de te protéger ! Je te le promets !”

J’affichais un grand sourire et on pouvait lire une grande détermination dans mon regard. Je voulais vraiment pouvoir protéger les autres. Après tout, j’avais ce bras qui était plus puissant qu’un bras humain. Alors pourquoi je ne pourrais pas m’en servir afin de protéger les personnes ne pouvant se protéger seules. De plus, c’est un peu comme si j’avais un pied dans la marine. Alors, autant en profiter.