Oh purée... (FB 1413)

Base M-4, 1413.

Quelque part, dans les confins les plus secrets de la base, j’étais retenu prisonnier contre mon gré. Oui, je sais… Edward Warden, la prison mobile de la Marine, était incarcérer ! La seule façon d’être plus ironique serait que je sois enfermé dans mon propre donjon par mes propres gardes ! J’étais dans cette pièce depuis moins d’une heure, mais c’était assez pour me rendre fou. Je contemplais la possibilité de m’enfuir, mais j’abandonnais rapidement l’idée. Il serait très simple pour moi de défoncer la porte, renverser les quelques marines en station ici et retourner à l’air libre. Mais si on me rattrape, le châtiment ne serait que plus horrible…

Je vous explique la situation.

La vie sur la Base M-4 est parfois (souvent) monotone pour les nouvelles recrues. Les officiers sont stricts, les entrainements sont durs et il n’y a que très peu de moyens de se divertir. Par conséquent, une personne telle que moi devient immédiatement un individu très intéressant à côtoyer. Je suis peut-être un homme-château qui enferme normalement les criminels, mais rien ne m’empêchait de modifier mon château tel était mon désir. C’était même quelque chose que j’ai souvent fait avec ma propre famille ! Que ce soit une montagne russe ou bien une simple table de billard, je pouvais tout créer dans l’enceinte de ma demeure intérieure. Du coup, on pouvait faire la location d’un local sur mesure. Par conséquent, lorsque j’étais de passage dans la base entre deux missions, c’était presque inévitable qu’une grande fête se prépare.

Généralement, les supérieurs ne sont pas contre l’idée. Au contraire, il y en a plusieurs qui participaient avec leurs hommes ! Ils imposent parfois quelques limites, pour éviter que leurs hommes ne restent debout toute la nuit et soient inapte à travailler le lendemain, mais souvent rien de drastique. Et donc, par conséquent, les évènements dont je suis l’hôte devenaient de plus en plus intense…  Hier soir, il y avait un concert. Nous avons littéralement mis sur pied un groupe de marine pour faire de la zique. Mon rôle était d’offrir la scène, m’occuper du son et de l’éclairage. Et honnêtement ? La soirée avait bien commencé. La musique était bonne, tous les invités s’amusaient et il n’y a eu aucune explosion qui a causé des dommages sur les bâtiments environnants.

Et ensuite, il y a eu des explosions qui ont causés des dommages sur les bâtiments environnants.

Ok, d’accord. J’avoue que ce n’était pas la meilleure idée du siècle de conserver quelques cannons à l’intérieur de mon château pendant l’évènement. Mais comment devais-je savoir que les effets pyrotechniques allaient créer un problème, enflammé la poudre et allumé l’un des canons ? Quand quelqu’un a crié qu’il allait y avoir une explosion, j’ai réagis rapidement. J’ai ouvert une trappe sous le canon pour le sortir. Il n’y a pas eu de blessés, mais il y avait maintenant un énorme trou dans le toit du dortoir. Et ça, les supérieurs n’ont pas particulièrement aimé. Pour éviter plus de drame, j’ai décidé de prendre le blâme. Après tout, je n’avais pas fait assez attention et c’était en grande partie mon erreur. Comme c’était un accident, il n’y aurait pas de grandes conséquences sur le long terme. Par contre, ils ne pouvaient pas laisser la situation sans représailles.

C’est pour cette raison que, pendant l’entrainement du matin, j’ai été emmené à l’écart. Mon châtiment était de vaincre l’obstacle qui se trouvait dans cette pièce, armée comme seule arme d’un petit couteau à la lame émoussé. Pour éviter que je n’abuse de mes pouvoirs, une menotte en granite marin était attachée à l’un de mes poignets. Oh, que j’étais naïf… Il était trop tard pour reculer et je devais accepter dignement ce qui m’attendait. Je respirais un bon coup avant de me lancer vers ma punition. Mais rien ne me préparait réellement à ce que je voyais une fois que j’étais entré dans ma cellule improvisé. La porte se referma derrière moi, coupant ainsi mon seul moyen de sortit. C’est à ce moment que ma dignité à décider de s’enfuir en me laissant derrière.

''Non ! Laissez-moi sortir ! Je suis prêt à lancer le blâme sur quelqu’un d’autre ! C’est inhumain ! Je veux un avocat !''

Devant moi se trouvait une énorme marmite remplie d’eau. Et contre le mur, qui était probablement encore présent, se trouvait une quantité ridicule de pommes de terre. Assez pour nourrir l’ensemble des soldats. Pendant une semaine. Briser, seul et avec un couteau à beurre, je commençais la sale besogne. Si je ne survis pas, envoyer une lettre à ma famille… Que les divinités des mers protègent ma santé mentale !

 Après ce qui semblait être une éternité supplémentaire (c’est-à-dire cinq minutes environs dans cette situation) depuis mon dernier constat mental, j’entendis la porte s’ouvrir de nouveau. Est-ce que je rêvais ? Quelqu’un venait me délivrer de cette prison ? J’avais fait mon temps ? Terminé les pommes de terres ? Apparemment non… J’avais de la compagnie en fait. À vue de nez, une autre âme offert en sacrifice au dieu de l’épluche patate. Bien qu’il ne m’était pas inconnu, je n’avais jamais vraiment parlé avec lui. En un regard rapide, il y avait deux choses qui sortaient de l’ordinaire. Le premier truc était sa taille. Normalement, j’étais plutôt grand pour un Marine. C’était plutôt rare de croiser quelqu’un qui avait la même taille que moi. Malgré ses habits de recrues, il sortait déjà du lot.

La deuxième chose qui sautait aux yeux était son bras. Celui de droit semblait tout à fait normal, mais le second semblait être composé de métal. Une sorte de prothèse, mais quelque chose d’excellente qualité. Je n’irais pas jusqu’à dire une sottise du genre "je serais prêt à perdre un bras pour avoir quelque chose comme ça", mais je serais prêt à lui demander l’adresse de la personne qui a créer la prothèse si jamais j’en perds un !

Je le regardais un peu plus, observant quelques cicatrices bien visibles au niveau du visage. Décidément, on pouvait facilement voir qu’il avait beaucoup de vécu pour son âge. Personnellement, je trouvais la situation très cocasse. Si on imagine que cette scène n’est pas entre deux Marines mais entre deux prisonniers d’Impel Down, on imagine tout de suite un scénario différent pour la suite. Et pourtant, aujourd’hui s’est nous qui sommes derrière les barreaux. J’essuyais rapidement ma main sur ma cuisse, question de politesse puisque ses mains seraient bientôt occupé à couper des patates comme les miennes, pour la lui tendre à mon tour.

''Edward Warden. Mais les gens m’appellent généralement Warden. Je ne pensais pas avoir de la compagnie. Après tout, je suis quand même responsable d’avoir fait sauter le toit du dortoir… Mais pour ma défense, c'était un accident !''

Je n'attendais pas trop longtemps pour recommencer à peller la montagne de tubercule. Je ne savait pas ce qu'il avait fait pour mériter le même sort que moi... Finalement, c'était peut-être une bonne chose. Au moins, je ne serais pas seul pendant des heures. C'est un plan pour me retrouver en position fœtal dans un coin en murmurant ''je vois des patates qui sont mortes'' ou pour dessiner un visage sur une pomme de terre et lui donner le nom de ''Mr.Wilson'' !

 Alors que mes mains étaient en mode automatique, je lançais un petit regard incrédule à mon nouvel allier contre la montagne de patate. Lui aussi, pour une explosion ? Ah, c’était peut-être ça que j’ai entendu un peu plus tôt… C’était néanmoins cocasse. Deux hommes qui ont commis plus ou moins la même erreur à une journée d’intervalle. Je ne pouvais m’empêcher de rire un bon coup, lançant une pomme de terre éplucher dans l’énorme chaudron. Je ne pouvais d’ailleurs pas m’empêcher de faire la remarque à Clayton par la même occasion.

''Comme quoi, on a déjà quelque chose en commun ! Explosion pour Explosion, je comprends pourquoi ils ont les nerfs à vif !''

Je n’osais cependant pas lui dire que ses travaux forcés étaient probablement ma faute… Enfin, en partie. Peut-être qu’il nettoierait les toilettes avec une brosse à dent ou il devrait polir les bottes de chaque soldat dans le fort. Mais comme nos ''crimes'' étaient similaires, le même châtiment devait être employé. Comme quoi, il y avait une certaine injustice dans cette justice. Je pouvais comprendre aussi le sentiment de Clayton lors qu’il disait qu’ils ne rigolaient pas avec les punitions. J’étais ici depuis un moment et je comprenais bien le système pour pouvoir l’expliquer.

''Mais faut voir l’autre côté de la médaille. C’est surtout par précaution. Même si c’est un accident, s’il n’y a pas punition, c’est mauvais pour les supérieurs et pour nous personnellement. S’ils ne font pas preuve d’autorité, ils vont perdre le respect de leurs hommes. Si on s’en sort sans conséquence, les mauvaises langues vont tenter de nous discrédité. Pas très pratique si on veut monter en grade ! ''

En fin de compte, tout ça pour une question d’autorité et de pouvoir. Personnellement, c’est vraiment mieux d’essuyer ce contretemps maintenant que de tenter d’effacer une bavure sur son dossier. Imaginer que la première chose que l’on voit sur le dossier est ''Pyromane'' parce que l’on cause un feu en cuisine. C’est plus ou moins la même chose avec les explosions, mine de rien. Mais il y a bien une chose que j’accordais à mon compagnon de cellule :

''Ceci dit, ils veulent vraiment nous faire souffrir. Sans cette menotte, je pourrais couper cette montagne en quelques minutes…''

Je montrais à Lazarus la paire de menotte attaché à un seul poignet. Je pouvais bien dire ce que je voulais sur la nécessité et la logique derrière une punition, mais il reste qu’on l’avait dans l’os. Être obliger de faire une corvée était déjà pas très agréable… C’était encore pire lorsqu’on sait que l’on doit faire une corvée avec un handicap. Enfin, je considère ça comme un inconvénient personnellement. Ça et le couteau qui était tellement émousser que ma barbe repousserait si je tenter de me raser avec cette lame !

Il faut dire que je voyais déjà l’avantage de partager la tâche avec quelqu’un. Premièrement, ça m’empêchait devenir complètement fou. Deuxièmement, le travail était deux fois plus rapide. Par contre, avec le peu d’orgueil que je possédais, je ne pouvais pas montrer la partie de moi qui était de plus en plus dégoutée et décourager par les tubercules à couper. Je partageais aisément l’avis de mon compagnon d’infortune.

''Un bon couteau ne serait pas du luxe, en effet… Probablement la suggestion d’un sadique des corvées en cuisine ! Mais je dois avouer que je suis quand même curieux pour voir ce que peut faire ta prothèse normale. Elle doit être très efficace s’ils ont demandé de la retirer. ''

Je dois avouer que je ne pensais pas que Clayton possédait une autre prothèse. Celle qu’il possédait rendrait plusieurs personnes bien jalouses après tout. Il s’agissait probablement d’un modèle beaucoup plus utile en combat que celui qu’il portait actuellement. Enfin, je dis ça en écoutant mon instinct. Si ça se trouve, son autre bras est un véritable couteau suisse et possède un épluche-patate dans celui-ci ! On peut bien rigoler, mais on ne sait jamais quand un objet devient une arme redoutable dans ce monde. Qui ne se souvient pas de l’incident de 1408, lorsqu’un utilisateur de fruit du démon a réussi à couler un navire de la Marine avec un simple dé à coudre ? Ceci dit, je voyais mal Lazarus éplucher un criminel dans le but de le faire parler. Remarque, c’est peut-être une stratégie intéressante pour faire parler un prisonnier…

Je sortais de mes pensées lorsque j’entendis une petite phrase magique. Tenter d’enlever mes menottes ? Hum, c’était un plan risqué. Honnêtement, je voyais difficilement comment faire… Mais je n’étais pas habitué à crocheter des portes ou des menottes.

''Enlever les menottes est quelque chose de bien difficile. Enfin, à part me couper la main, mais je préfère éviter !''

Je poussais un bon rire tonitruant, tendant l’oreille par la suite. Pas de mouvement près de la pièce, pas même un tout petit bruit. Nous étions probablement seuls pour un bon moment. Ce qui se comprend après tout. Avec toutes les pommes de terre qui étaient dans la pièce, ils n’avaient pas besoin de s’inquiéter de nous pour un bon moment. Je déposais donc le couteau sur ma chaise avant de m’approcher. S’il voulait faire quelque chose pour me libérer, il avait besoin de voir plus précisément le défi qui l’attendait. Avec un air sérieux, le changement facial était très visible après ce bon rire, je lui montrais le problème.

''Elles sont en granite marin après tout. Un seul faux mouvement et tout objet utilisé pour crocheter peut être détruit. Mais si on réussit, je peux utiliser mes pouvoirs pour accélérer le processus. ''

Je commençais déjà à réfléchir de quelle façon utiliser mon fruit du démon de façon optimale. Après tout, je n’avais pas de troupes avec moi pour travailler pour moi… Mais une fois à l’intérieur de mon château, on pourrait dire que les carottes sont cuites pour ses pommes de terres !

En écoutant Lazarus parler de son véritable bras, je devenais beaucoup plus curieux. Cependant, j’avais presque envie de lui demander s’il avait un objet utiliser pour peller les pommes de terre intégrer avec ses autres outils… Mon idée n’était peut-être pas aussi loufoque que je le pensais précédemment ? J’évitais cependant de faire ce commentaire. Il avait besoin de toute sa concentration en ce moment. Il semblait comprendre comment défaire mon lien, alors autant laisser le professionnel faire ce qu’il fait de mieux. La seule chose que je pouvais faire, c’était rester parfaitement immobile. Telle une statue, je restais de marbre face aux distractions. Il y avait une goutte de sueur qui passait de mon front à ma joue. J’imaginais déjà le cliquetis magique de la serrure vaincue et le son des menottes tombant sur le sol. Ah, je devais faire gaffe pour ne pas être trop enthousiaste ! Sinon, adieu notre seul outil.

Mais chaque bonne chose à une fin. Quelqu’un avait fait du bruit dans le couloir, créant un petit sursaut chez Lazarus. L’épingle était très mince et ne pouvait pas résister face au granite marin. En fait, je pense que n’importe quel objet métallique serait endommagé. C’était le matériel le plus solide au monde après tout ! Enfin, je crois ? Si ce n’est pas le cas, il devait aisément être dans le top 5 des matières les plus résistantes. Le bris de l’épingle était presque inaudible, mais la réaction de mon compagnon de corvée me révélait la terrible nouvelle. Je ramassais les fragments du crochet de fortune, mais je me doutais déjà qu’il était impossible de la réparer. Je ne pouvais m’empêcher de faire un petit sourire amer.

''Si près du but…''

C’était un vrai manque de chance tout ça. Un peu plus et cette corvée n’était plus qu’un mauvais souvenir. Je soupirais également, recommençant les gestes automatiques liés à notre corvée. Je me sentais plutôt inutile en ce moment, mais je ne voyais pas de solution. Enfin, à part celle que j’ai mentionnée plus haut… Je n’étais pas aussi désespéré quand même ! Je voyais déjà les gens se moquer en disant ''un officier de la Marine s’est coupé une main pour éviter une corvée''… Ce serait un véritable déshonneur ! Mais tout ne semblait pas perdu. Rapidement, un nouveau plan était concocté. Avec son bras, j’étais persuadé que le vieux couteau ne résisterait pas. Et puis, avec un bout de métal plus solide et plus malléable… Je n’hésitais pas à lui répondre ce que je pensais.

''Ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question. Si tu as confiance en toi, n’hésite pas une seconde. Et puis, on peut toujours prétexter qu’une patate aussi solide que le roc à briser le couteau. Avec un peu de chance, un garde finira par passer et nous en donner un autre. Mais c’est bel et bien la dernière chance que nous avons si l’on veut éviter de peller les pommes de terre pour le reste de la journée !''

C’était facile de placer la responsabilité sur quelqu’un lorsqu’on ne peut rien faire. Dans cette situation, je n’avais pas mon mot à dire si ce n’est qu’un encouragement. Après tout, Lazarus connaissait ses forces et ses faiblesses. S’il pensait pouvoir réussir, alors je me remettais à sa décision. J’avais confiance en lui ! Et je ne désirais pas m’occuper tout seul de la montagne derrière mon dos !  

C’était le moment de vérité. Je regardais Lazarus et, alors qu’il disait être prêt, je hochais de la tête. Cette fois, pas de fausses alarmes. Avec un nouvel outil de crochetage en main, c’est probablement la mienne qui serait libérée. Sinon… Eh bien, ce serait la fin des haricots… Les carottes sont cuites… Nous serions (très littéralement) dans les patates… Nous deviendrons rouges comme des tomates… Et… tient, j’entends le doux son mélodieux d’un verrou s’ouvrant et d’une paire de menottes tombant par terre.

Sentant enfin l’air libre, je caressais mon poignet qui avait tant souffert. Enfin, ce n’est pas comme si les menottes me coupaient la circulation. Au final, contrairement aux prisonniers, j’ai été plutôt bien traité. Mais le plus important était la libération de mes pouvoirs. Je n’ai pas besoin d’expliquer en détail comment c’était possible d’annuler les pouvoirs d’un détenteur d’un fruit du démon. Énergie de la mer condenser dans la pierre, tout ça tout ça… Mais ce blocage des pouvoirs était différent selon le fruit. Par exemple, un Zoan ne pouvait plus se transformer, un logia ne pouvait plus créer et se métamorphoser dans son élément… Pour moi, détenteur du Shiro Shiro no mi, l’annulation de mes pouvoirs était un peu comme éteindre la lumière de sa maison avant de fermer la porte. Plus rien ne bouge, plus rien ne se passe. Le château demeure, mais plus rien ne bouge. Si quelqu’un était à l’intérieur en ce moment, il serait coupé du reste du monde dans un château en ruine. Mais maintenant, il y avait de la lumière et je pouvais enfin circuler à l’intérieur de mon propre château.

''Ah ! Merveilleux ! Nous pouvons passer aux choses sérieuses maintenant ! C’est à ton tour de me tendre la main.''

Maintenant, plus rien ne m’empêchait d’agir. Je commençais déjà à planifier des changements de décoration. Tout commençait avec un petit ménage du printemps. On pourrait croire que les gens seraient plus propres et qu’ils pourraient au moins mettre leurs ordures dans une poubelle… Surtout lorsqu’ils visitent mon domicile! Je suppose que le coup de canon a fait paniquer quelques personnes… Mais pour le moment, je devais trouver un moyen de placer ses pommes de terre à l’intérieur de mon château. Les manger une par une était peut-être un peu long… Avec une pelle ? Oui, c’est une idée… Mais avec une telle quantité, ce serait très long ! Ah ! Je sais ce que je dois faire ! Par contre, j’avais envie de rigoler un peu. J’avais besoin d’un accessoire…

Ce n’était pas très difficile pour moi de trouver ce que je cherchais. Une fois que l’objet fut déposé dans la main de Lazarus, ce dernier reprit sa taille initiale. Je le regardais avec un air sérieux alors que je lui disais :

''Voici un meilleur couteau ! Beaucoup plus efficace pour couper les patates que ce que l’on avait avant ! Avec ça, nous allons progresser dix fois plus vite !''

Je restais silencieux pendant quelques secondes, conservant mon attitude sérieuse le plus longtemps possible. Je voulais surtout voir la réaction de mon compère. Mais je ne pouvais pas rester réellement sérieux très longtemps. Rapidement, je ne pouvais m’empêcher de sourire et de pousser un bon rire. J’espérais simplement que Lazarus ne met pas son poing dans la figure. Surtout si c’est celui en métal ! Mais bon, trêve de plaisanterie. Rapidement, je lui tendais un long tuyau. Ce dernier devait être assez étrange à voir puisqu’une partie possédait sa taille réelle alors qu’il devait être aussi petit qu’un bout de ficelle près de mon corps. Il s’agissait d’un tuyau normalement utilisé pour éteindre de gros incendies. Ce n’était pas l’idéal, mais je devais travailler avec ce que j’avais sous la main.

''Blague à part, ce n’est pas ça mon plan. J’ai besoin que tu pointes ce tuyau vers cette montagne. Oh et ne met pas ta main devant. Ou ton pied. On n’importe quelle partie du corps que tu aimerais conserver…''

Ce n’était pas vraiment une menace, mais plutôt une mise en garde. J’attendais que Lazarus s’exécute avant de mettre ce système en place. Rapidement, une immense succion commença à aspirer ce qui était devant lui. C’est-à-dire cette immense montagne ! Ce qui était le plus merveilleux de tout ça, c’était l’absence de bruit. Ou du moins à l’extérieur du château. Je pouvais modifier l’intérieur de mon domaine à ma guise, alors j’ai créé un système similaire à celui d’un aspirateur ! Mais en moins poussiéreux et plus puissant ! Une fois à l’intérieur, je n’aurais aucune pitié pour le moindre légume…

J’étais bien chanceux que mon compère ait un bon sens de l’humour et n’ait pas réagit en un quart de seconde. Vous pouvez dire ce que vous voulez, mais je ne suis pas quelqu’un qui aime particulièrement être frappé. Heureusement, je n’avais pas attendu très longtemps pour mettre mon plan en marche. Les patates étaient maintenant dans un état de perpétuel épluchement, ce qui était une phrase très étrange et que je ne prononcerais probablement jamais deux fois. Lazarus était estomaqué, ce qui était plus ou moins normal dans la situation. Je veux dire : nous sommes dans les Blues Seas et les fruits du démon sont plutôt rares dans la région. Et puis, même en connaissant leur existence, chaque fruit possédait ses propres règles…

''C’est difficile à expliquer… Enfin non… C’est très facile à expliquer en fait. ''

Le concept de mon fruit n’était pas compliqué, mais il était difficile de démontrer pourquoi les objets étaient affectés de cette façon. J’essayais donc de démontrer par l’exemple. Je fis apparaitre dans ma main l’une des pommes de terre que j’avais déjà terminé de préparer. Celle-ci, toute petite dans ma main, repris sa taille normale alors que je la lançais dans la marmite. J’en profitais ensuite pour dévoiler la grande entrée qui était au niveau de ventre, ouvrant par la même occasion quelques ouvertures dévoilant des canons. Je commençais la véritable explication maintenant.

''Je détiens les pouvoirs du Shiro Shiro no mi. Je suis un homme-château. Je contrôle tout ce qui ce qui est à l’intérieur de mon château. Les objets que j’intègre à l’intérieur prennent une taille plus petite et reprennent leur taille normale une fois sortie. Ça fonctionne aussi sur les humains, ce qui me permet d’être une véritable forteresse vivante ! Enfin, ça permet aussi les accidents et l’utilisation accidentelle d’un des canons pour faire exploser la toiture…''

Ce qui était tout à fait juste. Dans le cas présent, puisque je n’avais aucun homme qui était présent, j’utilisais mes pouvoirs pour manipuler tout ce qui se trouvait à l’intérieur de mon château. Tant que je pouvais l’imaginer, je pouvais lui donner une forme ! Que ce soit des machines complexes, des pièces particulières ou même des objets, je pouvais tout créer dans l’enceinte de ma demeure. Je ne pouvais pas les sortir de mon corps, mais rien n'était parfait après tout. Puis, voyant son intérêt, je lui fis une petite proposition. Ce n'était pas une obligation, mais il serait peut-être intéresser pour voir l'entièreté de mes capacités.

''Je peux te faire visiter si tu veux. Mais pour le moment, il n’y a qu’une chaine d’assemblage dans laquelle les patates sont peller pour le moment. Et possiblement les restes d’un concert que j’ai rapidement placer sous le tapis pour faire propre. Autrement dit, je n'ai pas fait le ménage pour les visiteurs ! Mais ce n'est qu'un petit détail.''

Plutôt satisfait par l’intérêt que Lazarus possédait envers mon fruit, je n’hésitais pas à préparer l’entré pour lui permettre l’accès. Ce n’est pas comme si je n’étais pas habitué à recevoir de la visite dans l’antre de mon propre château ! Et puis, ce serait triste si le détenteur du Shiro Shiro no mi soit incapable de tolérer la présence d’un individu chez lui. Il y avait peut-être un effet secondaire du fruit qui empêchait cette réaction, qui sait ? Pour ma part, je n’avais aucune restriction de ce genre. Je commençais à ouvrir le grillage tout en abaissant le pont levis. Bien que ce dernier ne s’abaissait pas jusqu’à mes pieds, il s’agissait surtout d’une plateforme sur laquelle se poser. Il y avait une astuce pour entrer dans ma demeure facilement. Je n’hésitais pas à la partager.

''Il suffit de marcher vers la grande porte. Si tu te concentre pour te diriger vers la plateforme, tu ne devrais pas avoir de difficultés pour atterrir sur celle-ci une fois le changement de taille commencé.''

Le changement de taille et de perspective pouvait être difficile pour la première fois, mais je pouvais l’aider un peu en cas de besoin. Après tout, c’était l’une des facettes mon pouvoir. Mais une fois qu’il était à l’intérieur, je le recevais personnellement. Je ne me souviens plus si je lui avais dit que je pouvais me matérialisé à ma guise ici… Dans tous les cas, ce n’est qu’une surprise supplémentaire. Devant lui se trouvait un paillasson sur lequel était écrit ''Bienvenue''. Devant lui se trouvait le premier tapis roulant sur lequel étaient acheminées les pommes de terres tant redouté. De multiples mains, armées d’un couteau, prenaient rapidement l’une d’entre elle avant de la peller. Une fois la besogne terminé, le résultat était déposé sur un second tapis roulant qui se transformait ensuite en ascenseur pour se diriger au 2e étage. Pour couronner le tout, imaginer que ses tapis roulants zigzaguaient entre les débris et autres détritus que je n’avais pas encore nettoyé.

''J’ai le parfait contrôle de mon château et je peux créer tout ce que je peux imaginer. Bien sûr, les éléments de mon château ne peuvent pas sortir, mais c’est très pratique de créer plus d’une centaine de bras effectuant le travail à ma place. C’est un pouvoir très pratique, en dehors des corvées d’épluchage de pommes de terre. Normalement, on m’envoie comme prison mobile pour les plus dangereux criminels. Autant dire qu’avec des gardes à l’intérieur et ma vigilance, mon château demeure imprenable et les prisonniers restent très tranquilles !''

J’étais plutôt ravi d’entendre ses commentaires. Après tout, même en sachant que les pouvoirs que je possédais provenaient d’un fruit, j’étais celui qui savait comment l’utiliser de façon adéquate. Et puis, il avait raison. Selon l’occasion, je pouvais facilement faire un peu d’argent de côté. Bon, remarque… Ça reste entre nous… Mais les occasions dans lesquelles je me suis fait un peu d’argent, c’était les parties de poker en soirée.  

''Je peux faire bien plus que louer des chambres ! Besoin d’un entrepôt ? D’un endroit pour réparer un navire en douce ? D’un laboratoire secret duquel aucun bruit ne peut être détecté de l’extérieur ? Je suis à la fois l’endroit le plus mobile et le plus discret que je connais !''

Ce qui n’était vraiment pas un mensonge. Bien sûr, certains savants devaient posséder des laboratoires secrets super protégés. Mais pouvaient-ils vraiment dire qu’il n’y aurait jamais de faille et est-ce que ce laboratoire pouvait aussi changer de position ? Honnêtement, mon fruit était très utile, peu importe sa vocation. Un pirate pourrait l’utiliser pour cacher ses hommes et son trésor, un hors-la-loi serait capable de cacher la moindre pièce de contrebande, un civil pourrait créer la boutique de ses rêves et y faire travailler ses employés… Honnêtement, la seule limite de ce que l’on peut créer est liée à son imagination. Selon moi, c’était une limite pour tous les utilisateurs d’un fruit du démon.

''Hum… Il est beaucoup trop tôt pour jouer au poker… Et à deux, c’est moyen. Par contre, je peux arranger une table de billard.''
Je rejoignais donc Clayton, déplaçant subtilement mon installation pour nous offrir un peu plus de place pour bouger. Après tout, ce serait vraiment bête de poser le pied sur le tapis roulant. Bien que j’étais à 99,9% certain que personne ne risquait d’être épluché à mort, le tapis roulant lui ne s’arrêterait pas en quelques instants. Rapidement, une nouvelle forme apparaissait. Tout d’abord liquide, celle-ci se solidifia en prenant la forme d’une simple table de billard en bois. Mais ce n’était pas tout ! Avec un habile jeu de lumière, on avait presque l’impression d’être dans une taverne avec une simple lampe au-dessus de nos têtes. Personnellement, je trouvais que ça ajoutait un petit charme. Je fis apparaitre le reste du matériel nécessaire avant de tendre un bâton de billard à mon compère.

''Je dois te prévenir, je suis un as au billard ! Tu n’as pas idée du nombre de partie que j’ai fait avec d’autres officiers ou avec ma famille !''

Par courtoisie, je lui offrais le premier coup. En une heure, nous aurions bien le temps de jouer quelques parties. J’évitais cependant de mentionner que je pouvais contrôler les boules si tel était mon désir. Je ne voulais pas qu’il s’imagine que je triche afin d’obtenir cette réputation. Je suis prêt à défier n’importe qui au noble art du billard ! Mais bon, rien ne m’empêchait de transformer une défaite cuisante en défaite un peu moins horrible si Clayton était beaucoup plus doué que moi…

Pendant ce temps, je restais aux aguets à l’extérieur de mon château. Je mimais de continuer à travailler, lançant quelques pommes de terres à un intervalle précis. Ce serait ballot de se faire attraper maintenant que tout était enfin réglé !

Une heure pouvait passer extrêmement lentement ou extrêmement rapidement. Dans ce cas, contrairement à la première heure lors de ma capture initiale, celle-ci avait filler en flèche. Bien que j’ai été couronné grand champion de billard de la Marine de la journée, ce n’était pas vraiment ce qui était important. C’était plutôt plaisant de passer du temps avec Clayton, il était quelqu’un de bon vivant. Alors que je gardais l’extérieur, m’assurant que personne ne puisse dévoiler la supercherie, les parties s’enchainaient. Puisque je devais me concentrer à la fois sur la partie et sur la surveillance de la pièce, mon attention était divisée. J’ai même cru perdre une ou deux fois, mais ce n’a jamais été le cas. Puis, après ma dernière victoire, la salle commençait à devenir de plus en plus silencieuse. Les dernières patates étaient coupées et déposées à l’extérieur du château. Alors que les dernières tombaient dans la marmite, celle-ci presque pleine, nous savions tous les deux que notre pause était terminée.

''Je pense aussi que l’on devrait reprendre nos postes. Le travail ici est terminé de toute façon. ''

Une fois les dernières pommes de terres tombées dans la marmite, je remis la menotte là où elle était précédemment. Honnêtement, le seul problème que l’on pouvait avoir était l’était du couteau brisé. Pendant nos parties de billards, j’ai tenté d’utiliser les ressources que je possédais avec moi pour réparer la lame. Ce n’était pas très facile puisque je ne possédais qu’un peu de colle. Peut-être que ce serait assez pour tromper la personne qui viendrait chercher la marmite et les couteaux. Ce n’est pas comme si j’utilisais du ruban adhésif pour maintenir le tout en place ! Au moins, il y avait un certain niveau de discrétion… Mais bon, j’essayais de ne pas trop y réfléchir. Alors que je rendais ce "couteau qui était réellement fonctionnel" à Clayton, je lui répondais rapidement ce qui me décevait de tout ça.

''Le plus triste, c’est quand on pense à toutes les façons que ses pommes de terre pourraient être utilisé pour créer de la vraie cuisine. Frittes, veloutées, rôtis ail et miel, en salade, en ragoût, en…''

Je comptais sur le bout de mes doigts chaque possibilité que j’imaginais. Je n’arrêtais ma tirade lorsque je fus interrompu par un troisième parti. Non, ce n’était pas les gardes qui venaient nous chercher… C’était plutôt un grondement bien sonore venant de mon estomac. Je m’arrêtais, lançant un regard qui disait ''je suis désolé, je me suis lancé emporté'' à mon compagnon avant de changer de conversation. Alors que j’imaginais l’installation d’un espace réservé au jardinage dans mon château, je lui fit une proposition.


''Je dois partir de la base d’ici quelques jours. J’ai entendu dire qu’un dangereux pirate rookie était sur le point de se faire coincer. Je ne sais pas si tu es intéressé à faire un peu de voyage, mais avec ma position officielle je peux facilement proposer un ajout si le cœur t’en dit. Sinon, tu es le bienvenu pour te joindre aux parties de poker. J’imagine que c’est facile de trouver mon domicile puisque la caserne doit encore avoir un trou dans le plafond !''

Je ne savais pas si Clayton était intéresser, ou même disponible, pour faire un tel voyage. Personnellement, je pense simplement qu’il était quelqu’un de bien. S’il veut monter en grade, avoir son nom présent dans les rapports concernant la capture de dangereux criminels était une bonne chose. Sinon, comme je lui disais, sa présence à la table de poker serait appréciée. C’est fou ce qu’un secret, quelques parties de billard et une corvée d’épluchage de pommes de terre pouvaient faire pour créer une bonne relation entre deux personnes !

''Très bien ! Je vais m’occuper de tout ça une fois que nous serons sortis. Sinon, pour les parties de poker, je vais te donner l’horaire. Tu n’as pas idée du nombre de partie qu’il y a durant une seule semaine ! ''

Je n’avais pas vraiment le temps d’ajouter d’autres mots avant d’entendre le son de la serrure. Comme quoi, l’attente n’avait pas été très longue. Peut-être est-ce qu’ils avaient entendu nos rires et décidé que l’humour n’était pas nécessaire pour notre corvée ? Dans tous les cas, notre boulot était terminé ici. S’ils désiraient observer chacune des pommes de terre, c’était leur droit. Lors que la porte s’ouvrit, trois personnes se trouvaient devant nous. Les deux premiers, de simples Marines avec une toque de chef, restaient derrière la supérieure. Oh, je pouvais facilement la reconnaitre. Avec de longs cheveux mauves reliés en tresse derrière elle, une longue cicatrice sur la joue gauche et un regard tellement perçant qu’il traversait votre âme. Avec une voix calme, très formelle, elle nous annonça la fin de notre châtiment ici.

''Votre punition commune est terminée. Rendez vos couteaux et tendez-moi votre bras, monsieur Warden…''

J’exécutais les ordres sans trop d’opposition. Un regard furtif en ma direction aurait pu détecter la légère goutte de sueur qui parait de ma tempe. Peur, moi ? Maaaaais non, pas du tout ! Bon, d’accord, oui. Beaucoup. Plus que je ne devrais même. C’était une peur que j’avais en moi depuis plusieurs années. Mais je tentais de ne rien laisser paraitre. Alors que nos deux couteaux étaient remis, celui de Clayton étant déjà placé sur le chaudron, une clé de granite Marin venait me libérer une fois de plus. La supérieure regardait la pièce avant que son regard ne se pose sur Clayton pendant quelques secondes. Puis, quand elle se tourna vers moi, je savais qu’elle savait. Sans rien dire, sans bouger… Et elle savait que je savais qu’elle savait. Et je savais qu’elle savait que je savais qu’elle savait ! Avec une voix autoritaire, elle continua ses ordres sans me lâcher des yeux.

''Vous pouvez disposer, monsieur Lazarus. Monsieur Warden, je vous demanderais de rester pendant un instant…''

Alors que Clayton sortait de la pièce, ainsi que les deux cuisiniers qui trimballaient la marmite pleine, nous étions seuls. Je cessais le salut militaire, mais la supérieure semblait regarder plus précisément l’amoncellement de détritus que nous avions créé. Ou plutôt la taille de celui-ci.  

''Pour la quantité de pommes de terre que vous avez peller, je trouve qu’il y a un flagrant manque de pelure sur le sol. Comme si quelqu’un avait fait disparaitre celles-ci ! Ou bien oublier de les remettre par terre une fois qu’elles ont toutes été épluchées grâce à un certain pouvoir… ''

''...''

''Et je suis persuadé que c’est ton compagnon de cellule qui t’a aidé à te sortir de tes menottes. Dommage que ton erreur ait fait dévoiler la supercherie ! Tu es toujours comme un livre ouvert, Warden ! ''

''Et il y aurait un moyen de vous faire oublier cette affaire ? Je pourrais vous rendre un service, madame la supérieure… ''

''Oh, on ose tenter de corrompre ses plus hauts gradés ? Warden… Il n’y a rien que tu puisses m’offrir qui m’intéresse vraiment…''

''Pas même la promesse d’un triple as pendant la prochaine partie de poker ?''

Ce qui avait été une discussion au ton très sérieux bascula rapidement à la dérision. Vraiment, j’étais en train de me faire plumer sur cette histoire ! Mais la personne devant moi, auparavant très sérieuse, commençait à montrer ses véritables couleurs. Avec elle, aucun risque de prendre que je sois discipliné. Par contre, je risque de perdre quelques brasses de poker avec l’accord que nous étions en train de passer. Après ce qui semblait être cinq minutes, l’affaire était close. Avec une solide poignée de main, tout était scellé.

''Très bien, vous êtes libres, monsieur Warden. Mais la prochaine fois que tu tenter de tricher, essaie de ne pas laisser de traces frangin ! ''

Oh oui, terrible était la supérieure. Pires que tous, nous étions tous deux de la même famille. C’était à la fois une sacrée chance, mais aussi une terrible malédiction. Aucun respect pour son frère ainé, je vous jure ! Mais le plus frustrant était qu’elle avait réussi à monter en grade avant moi ! Au moins, tout était réglé maintenant. Je devrais par contre prévenir Clayton de ne pas venir lors de la soirée de poker dans laquelle ma sœur nous ferait don de sa visite. Après tout, ce serait vraiment méchant de ma part de l’invité à un massacre…

Après cette rencontre, je me dirigeais enfin vers la sortie. Les mains libres, la tête haute, chacun de mes pas résonnaient sur le plancher dallé. Il ne manquait plus que deux agents de la Marine m’escortant à la dernière porte pour que le tableau soit complet. Malheureusement, je n’avais pas le droit à ce traitement. Ils me prenaient pour qui ? Quelqu’un qui était digne de confiance et qui n’était pas réellement criminel ?!? Cette scène faussement dramatique était maintenant souillée…

Mais une fois à l’air libre, de tels détails étaient décimés aux quatre vents. J’en profitais pour m’étirer, levant les bras vers le ciel. Avec un peu de chance, je serais capable de toucher un nuage ! Avec quelques craquements provenant de mes bras, je me sentais maintenant beaucoup mieux. Sans être claustrophobe, c’était vraiment étrange pour moi de rester longtemps dans une pièce aussi petite. Encore plus lors que je n’avais pas accès à mon château intérieur. Que pouvais-je dire ? Je suis habitué depuis des lustres à posséder un grand espace !

Rapidement, je voyais du coin de l’œil que quelqu’un m’attendait. Ah, mon ancien compagnon de cellule qui était venu me chercher après que j’ai terminé ma sentence ! Décidément, à l’exception de nos uniformes de Marine, ce serait presque convaincant ! J’étais quand même content de revoir Clayton, je pense qu’on avait un tas de trucs à se raconter ! Certes, la corvée n’était pas la plus agréable, mais une fois que tout était automatisé c’était plutôt sympa ! Puis, c’est à ce moment fatidique que j’entendis à nouveau le chant majestueux de la baleine-estomac. L’idée de faire marche arrière pour retourner en cuisine ne me plaisait guère. Heureusement, j’avais une alternative !  

''Et si on allait casser la croute ? Je connais un endroit où on peut se faire un petit gueuleton qui ne contient aucune pomme de terre ! Et je peux t’assurer que rien ne va exploser cette fois-ci ! Enfin, j’espère bien !''

Je fis signe à mon nouvel ami de me suivre. Le miasme composé de vapeur de patates cuites ne m’inspirait pas confiance. Et puis, ma réserve de nourriture était toujours pleine. Et puis, je devais vraiment le prévenir du danger imminent qui nous guettait. Bon, oui il y avait une mission à expliquer… Mais surtout une partie de poker à éviter…