Le repos du guerrier

Le repos du guerrier

Je ne savais plus vraiment où j’étais, seulement qu’on avait déplacé mon corps inerte et complétement vidé de son énergie après mon combat face à l’homme qui maitrisait aussi le Ryusoken. Mon maître, je l’avais complétement déçu. Je le pensais au fond de moi et puis je le savais, même si je ne voulais pas l’admettre. J’avais été incapable de venir à bout d’un homme beaucoup plus fort que moi. Il était fort, c’est vrai, mais sa maîtrise du Ryusoken était beaucoup plus impressionnante que la mienne. Sa vitesse était folle tandis que ses réflexes ainsi que la force physique qu’il dégageait sur chaque coup était ravageuse. J’avais été dans l’obligation de me mutiler moi-même pour espérer en venir à bout, sinon, j’aurais sûrement perdu ce combat et ma fierté que je chérissais tant. Putain, c’était vraiment pas bon. Moi qui pensais aller au bout de ce tournoi, me hisser jusqu’en final, j’avais complétement échoué au premier tour. J’étais dans l’incapacité de me battre à nouveau, le tournoi était donc fini pour moi, tout comme pour l’homme que j’avais affronté.

J’avais aussi déçu un homme, le soi-disant meilleur praticien du Ryusoken, car ce dernier avait quitté le combat avant même sa fin. Pour lui un art aussi noble que ce dernier ne devait pas être taché de sang. Sérieusement ? Ça papy était trop vieux jeu pour moi. Il semblait complétement dépassé par la nouvelle génération que nous étions et un jour, j’en avais fait la promesse de toute manière, je deviendrais le meilleur praticien de cet art au monde. Je reviendrais ensuite sur cette île pour lui prouver qu’avec de la persévérance et sans aide extérieur, j’étais arrivé à mes fins. Mon adversaire était sûrement son élève, le voir se faire avoir par un autre utilisateur de ces techniques ne lui avait sans doute pas plus et c’était pour ça qu’il avait dut quitter le public avant même la fin du combat. Il fallait aussi dire que j’avais rarement combattu aussi brutalement que ça. J’avais remplie l’arène complète de sang, le mien, mais aussi celui de mon adversaire qui tacha mes habits lorsque ma queue osseuse traversa son ventre de part en part. Il fallait être clair, la faim justifie toujours les moyens. Je me devais de gagner pour mon maître, mais j’avais appris quelque chose de plus grand dans ma défaite. C’était une défaite pour moi, une victoire est une victoire, un match nul est et restera une défaite. J’avais appris dans cette expérience à ne pas sous-estimer mon adversaire. Il fallait le dire, le début du combat était plutôt dur et la pression était monté très vite contrairement à un combat normal.

Les yeux fermés, je tentais tant bien que mal de me reposer. Enfin jusqu’au moment où des explosions se firent entendre un peu partout dans l’arène et aux alentours. Je me suis réveillé en sursaut. J’entendais dans le couloir des gens qui criaient et couraient dans tous les sens. C’était drôle à voir, mais la ferveur du tournoi se transforma directement en chaos. L’anarchie régnait maintenant, ça se sentait, c’était dans l’air, rien qu’a l’odeur du sang. Je me levais doucement et difficilement de mon lit. Les médecins avaient fait du beau travail en rebouchant le trou que j’avais dans le bide, mais ça me faisait souffrir, rien qu’en étant debout, j’avais mal. Les agrafes posés pour tenter de refermer ma chair, je les sentais mis à mal par ma position debout. Ils tiraient sur ma peau, c’était difficilement supportable, mais je devais bouger et bouger vite. Regardant autour de moi, je vis Takeshi allongé sur le lit. Lui, avec la blessure que je lui avais infligée pendant notre combat, ne pouvait plus bouger du tout. Son corps était transpercé de bout en bout et même si les médecins avaient fait du bon travail sur lui aussi, il ne pourrait sûrement pas se battre s’il y avait un danger. Je le regardais tenté tant bien que mal de se lever, mais il n’y arrivait pas. Je ne pouvais pas me permettre de le laisser ici sans défense, surtout après qu’un homme était passé dans le couloir en criant que l’équipage d’un certain Mad Dog avait totalement envahi l’île et la mettait à feu et à sang.

« J’ai p’tête pas le flow, mais je ne te laisse pas ici. Evite de bouger tu vas me gêner sinon. » Dis-je alors en le positionnant sur mes épaules.

Il était assez lourd comme type, ma douleur revenait rapidement puisque le porter me faisait faire des efforts. Je tentais tant bien que mal de faire abstraction, car abandonné un fier guerrier comme lui ici n’était pas permis. Même si tous les moyens étaient bon pour gagner un combat, une fois ce combat terminé, il n’y avait plus d’animosité et plus de rancœur pour moi envers lui. Je n’étais pas quelqu’un qui allait le détester pour les blessures qu’il m’avait faites et surtout pas quelqu’un qui abandonnait des personnes alors qu’un danger se faisait sentir et était imminent. C’est ainsi qu’on avait parcouru les couloirs de l’arène avant d’arriver enfin à la sortie de cette dernière. Devant moi j’avais une image de la ville qui était vraiment complétement en feu. Certaine zone était devenue des zones de non droit où seule la violence régnait. Putain qu’est-ce qui se passait ici ? Je comprenais vraiment plus rien du tout, comment une île entière comme celle-ci, qui vivait en cœur à l’unissons avec les arts-martiaux, pouvait se transformer en une île anarchique de la sorte ? Je me demandais vraiment ce qu’il se passait, quand un officier de la marine accompagné de ses hommes s’approchèrent de moi rapidement et m’encerclèrent. Okay, je n’étais pas dans la merde maintenant, fallait que je me sorte de ça aussi ? J’étais blessé, je n’allais pas pouvoir venir à bout d’eux.

« Baissez vos armes, il m’a aidé à me sortir de là, ce n’est pas un ennemi. » Dit alors Takeshi difficilement qui était toujours sur mes épaules. « Pose moi ici, c’est mes hommes qui sont devant toi. »

Ah ouais en plus il était de la marine ? Bon bah je n’allais pas l’ouvrir sur le fait que je faisais partie des francs-marins. Si je voulais me sortir de là j’allais devoir me la fermer, je le savais de toute manière. Je le déposais donc au sol avant de les laisser s’occuper de lui. Dans ce chaos je devais retrouver mon équipage, Tony et Rhees était dans le coin et avec ce vacarme le danger pouvait venir de tous les côtés.  C’est ainsi qu’après l’avoir déposé au sol, je disparu discrètement pendant que ses hommes se mirent à s’occuper de lui. Il était bien entouré maintenant, il n’avait plus rien à craindre le bougre.

Le repos du guerrier

C’était bien ma veine, j’étais tombé sur une embuscade. Les soldats venaient de recevoir l’ordre d’attaquer Confucius pour tenter de le tuer. On va pas se mentir, après ce qu’il venait de faire lors de mon combat, j’avais hésité à l’aider. Pourtant c’était un homme et comme tout le monde il ne méritait pas de mourir contre des lâches qui ne respectait même pas la règle du un contre un. Le papy réussit à en envoyer un quatre voltiger. Malgré son âge avancé, on pouvait clairement dire qu’il péter la forme, c’était impressionnant. Putain je veux être comme lui une fois vieux, ce type à la classe bordel. Ma blessure au ventre me gênait vraiment, la douleur était vraiment forte. Enlevant mon tee-shirt, je vis le bandage blanc virer au rouge petit à petit que les secondes défilaient. Ce n’était vraiment pas ma journée. En premier je m’étais fait ouvert le bide par un mec de la marine puis maintenant, je me battais avec une blessure qui m’handicapait plus qu’autre chose.

« RYU NO KEN ! »

Le coup était surpuissant, il avait atteint la tête d’un des pirates et l’envoyer s’encastrer directement dans le mur derrière lui. Moi, je m’étais retrouver au sol, sur le cul, tentant difficilement de me relever. Putain ma blessure me faisait extrêmement souffrir, si je forçais trop j’allais clairement me vider de mon sang. Et puis merde, je ne pouvais pas laisser la population de l’île toute seule face à ces hommes sans foi ni loi. Et je pouvais encore moins laisser le grand père Confucius comme ça, seul, dans une embuscade. Jamais je ne ferais ça. Même si ce dernier pense que je n’ai pas d’honneur, je me devais de lui prouver le contraire. Si je voulais plus tard devenir le meilleur pratiquant du Ryusoken au monde, il fallait clairement que je montre de quoi j’étais capable et surtout ma détermination. C’est ça qui va être la clef.

« Bon papy il ne reste plus que nous deux on dirait hein … »

Deux contre je ne sais pas combien d’ennemis. Nous n’étions plus que deux. La marine avait décider de retourner dans l’arène pour tenter d’arrêter Mad Dog et Takeshi les avaient accompagnés. Ça c’était avant l’arrivée de Confucius et la perte des hommes qui faisaient sa garde personnelle. On dirait qu’il ne reste que moi comme garde du corps pour lui, une bonne chose non ? Lui qui me considérait comme une merde allait sûrement revoir son opinion. Enfin bref deux hommes attaquèrent lorsque je venais de coller mon dos à celui du vieux Confucius derrière moi. Les deux en face de moi. Trop facile comme attaque les gars, tentez autre chose ! Mes deux griffes vinrent pénétrer directement leurs chairs avant qu’avec mon pied je les propulse en arrière avec un coup de pied rageur. Je ne voulais pas le montrer, mais j’étais vraiment mal en point. Venir à bout de deux adversaires de bas étage était plus dur pour moi que d’habitude. Pire, des gouttes de mon sang tombèrent doucement au sol et venaient de mon ventre. Le bandage s’était complétement recouvert de sang.

Ma vision me jouait petit à petit des tours tandis que je tentais de me concentrer pour repousser les assauts multiples de nos ennemis. Quelques minutes après, une fois que les adversaires étaient au sol et qu’il n’en restait plus du tout, je tombais au sol, complétement épuisé par ce combat. Je n’avais plus de force dans les jambes et pourtant, j’allais devoir continuer. Le papy n’allait pas rester ici avec moi, il allait sûrement nettoyer complétement l’île, il fallait donc que je sois capable de me lever pour l’accompagner. Mais la vraie question c’était est-ce qu’il allait vouloir que je l’accompagne après le combat qui ne lui a pas plus de tout à l’heure contre Takeshi ?

Le repos du guerrier

Le combat faisait rage. Confucius avait accepté de s’allier à moi pour combattre l’équipage de Mad Dog. Il était intelligent le papy, il savait très bien qu’en y allant seul, il ne pourrait pas du tout réussir sa mission. Peut-être qu’avant il aurait pu nettoyer la ville des pirates, mais pour l’heure, non il était vieux et sa puissance avait baisser. Posant la main sur ma blessure, le sang commençait doucement à remplir mon bandage. Le blanc de ce dernier commençait doucement à se transformer en rouge. La douleur devenait de plus en plus intense et pourtant, je n’allais pas abandonner ici. Je m’étais promis de venir en aide au papy et aux habitants de son île, il était donc hors de question d’abandonner maintenant pour me faire soigner. Si je devais perdre la vie pour combattre cet équipage de bandit sans foi ni loi, alors je la perdrais. S’il y avait bien quelque chose qui me mettait hors de moi, c’était le fait qu’on s’en prenne à plus faible que soit. Je pouvais être le mec le plus gentil et compréhensible du monde, mais si on s’en prenait à plus faible que soit sans raison devant moi, je me transformais directement en homme de main sans cœur.

Enfin bref le papy avait raison. Au vu du bruit dans l’arène, le combat faisait rage entre Mad Dog et les marines ou d’autres personnes. Il faut se le dire clairement, il fallait avant tout éviter que son équipage ne prenne la fuite. L’île allait sûrement être bientôt sécurisé, il fallait donc faire preuve d’intelligence, chose que Confucius savait faire contrairement à moi. Je m’élançais donc en direction du port en compagnie du papy Ryusoken. Notre but était simple : Détruire les navires de Mad Dog pour empêcher toute retraite stratégique de la part de son équipage. Une fois arriver aux abords du port, l’équipage du colosse remplie d’alcool était en surnombre. Le nombre de membre au centimètres carré était impressionnant. Détruire les navires n’allait sûrement pas être facile pour nous deux. Deux contre une armée, comme si le combat avec ma blessure n’allait pas être plus difficile que ça. Putain fait chier, je fais comment moi maintenant ? Je fais quoi surtout ! Parce que combattre un équipage entier avec une blessure qui se rouvrait doucement c’était du suicide, je le savais très bien … Mais bon quand mon regard se posait sur le papy ryusoken et surtout sur la ville magnifique d’Ishiro qui n’était que feu et sang maintenant, je ne pouvais pas me résigner à abandonner ici. Jamais.

« Papy occupes-toi de détruire les bateaux, je m’occupes d’attirer leurs attention. Oh et si je ne m’en sors pas, tu peux dire à Tony et Rhees de continuer sans moi ? J’ai confiance en eux, ils réussiront à marquer l’histoire de leurs empruntes. »

Dis-je d’une voix sincère avant de disparaitre et de réapparaitre devant un des membres de l’équipage de Mad Dog pour lui enfoncer ma griffe en plein cœur. Pour eux, je n’aurais aucune pitié. Je ne me retiendrais pas face à des gens qui n’ont aucun cœur. S’attaquer à une ville entière, sérieusement ?

« Bon les gars je vais vous enculer un par un. Faite une queue, l’un derrière l’autre et venez, j’ai pas toute la journée hein ! » Dis-je alors avec une grand sourire carnassier sur le coin des lèvres.

J’allais les tuer un par un. Le premier se lança sur moi rapidement et tenta de m’enchainer avec un coup de poing. J’ai pu par reflexe esquiver avant de lui retourner la politesse en pleine face. Ma garde était complétement montée, mes griffes complétement visibles. Ma blessure s’était complétement rouverte et du sang avait complétement imbibé mon pansement. La douleur se faisait de plus en plus intense tandis que l’équipage de Mad Dog présent sur ces quais se faisait entendre car l’un d’eux avait fait remarquer à ses compagnons que j’étais blessé. Sympa, vraiment sympa. Ils chercheraient sûrement toutes et tous maintenant à m’atteindre au niveau de ma blessure. C’était une faiblesse et dans un combat elle était toujours exploitée. Ils m’attaquèrent ensuite à plusieurs. Deux en face de moi, deux derrière. Je pris appuie au sol avant de faire une rotation en tendant mes bras pour les toucher en même temps. Une fois renvoyé par ma toupie, je tombais au sol, complétement lessivé par mon action. Le gouttes de sang provenant de mon bandage complétement imbibé de sang. Putain ça faisait un mal de chien. J’allais me faire avoir putain, je le savais très bien. Me relevant doucement, ma vision était trouble. Je ne savais pas ce qui se passait autour de moi, j’entendais seulement les bateaux exploser les uns après les autres. Ma diversion avait donc fonctionné, Confucius avait donc réussi à détruire les bateaux. C’était le plus important après tout, j’allais pouvoir mourir tranquillement … Puis plus rien.