La mort aux trousses [solo]

« Monsieur McKylian ? Ici le Capitaine Todovire, je vous appelle de la part de Jack Sinister, il aurait des coordonnées à vous transmettre … »

« Bien, Capitaine. Nous nous retrouverons à ce point, à quatre clics de Reverse, donc. »

« Entendu. »

Marone soupira en se passant une main dans ses cheveux grisonnants. Il boita jusqu’à la barre, et fit signe à Poisse de s’approcher. L’homme-poisson et lui étaient les deux premières recrues de Jack, qu’il avait contacté par le biais de ses denden au fur et à mesure de son trajet. Il avait parlé d’unité spéciale, il avait parlé de réparer certaines injustices. Connaissant les penchants de Jack, Marone avait hésité … mais quand les mots Cipher Pol 9 avaient franchi l’escargot, il avait sauté sur place. Sinister avait toujours dit qu’il irait au sommet … et qu’il utiliserait ses contacts pour changer les choses. Et voilà qu’il tenait parole. C’était une première, et cela augurait de bonnes choses pour la suite.

« Flop flop. » commença Poisse, en agitant ses branchies dans tous les sens.

« D’ici une ou deux heures, je pense. Après on verra si les réparations tiennent la route. J’ai fait avec ce que j’ai trouvé, et j’ai dû transformer 3 épaves en un navire intégral … or je suis pas charpentier moi. Enfin, avec l’avance que Sinister m’avait transmise … on devrait au moins avoir un truc qui tienne le choc. » ricana Marone en boitant vers les écoutilles.

Le navire n’était pas en très bon état, mais il était à flots. Il avait travaillé sur la quille, mais la majorité de la coque avait été refaite par des professionnels. Il faudrait veiller à recruter du charpentier, ou à faire de temps en temps escale dans des villes capables de retaper ce rafiot. Il était déjà vieux avant l’heure, mais Jack avait insisté pour l’avoir rapidement, et avant le tournoi. Comme quoi, c’était la première mission, c’était d’une importance cruciale.

Ainsi Poisse, l’homme-poisson cuistot, et lui-même, navigateur de son état, attendaient Jack à quelques encablures de Reverse Moutain, devant procéder à l’échange de personnel et de marchandises. Ils mouillaient au calme, en bas de l’immense montagne et de ses courants, leur ancre les maintenant à flots. La seule crainte de Marone était de rencontrer des pirates, malgré ses années de service il était un peu rouillé. Il était rare de voir des navires de la marine passer par ce biais, d’autant plus que Sinister n’avait pas mis assez de moyens pour enduire la coque de granit marin. Alors passeraient-ils par l’ancienne voie …

« FLOP ! Les voilà ! » s’excita Poisse, en apercevant un navire qui pointait à l’horizon.

Une sorte de convoyeur rapide, qui filait avec le vent. Ils firent des signes avec un miroir, auxquels le navigateur s’empressa de répondre. Bien rapidement les deux navires se firent face, avant de s’accoler côte à côte. Sur le pont trônait un homme en imperméable, les cheveux dans le vent et une barbe de plusieurs jours lui mangeant le visage. Il avait de grosses valises et une sorte de casque sous le bras. Une cigarette était enfoncée entre ses lèvres et il avait le regard d’un homme qui n’avait pas dormi depuis plusieurs jours. Quelques traces de terre sale tâchaient ses mocassins et le bas de son imperméable, à se demander comment il avait réussi à se salir avec de la terre en pleine mer.

Pas de toute, c’était lui. C’était cet enfoiré de Jack Sinister.

Dieu que c’était bon de quitter la compagnie d’hommes désagréables. Jack n’avait pas dit grand-chose aux hommes chargés de l’amener à Reverse depuis qu’ils s’étaient enfuis de l’île et des étranges hommes consanguins qui avaient essayé de le transformer en géniteur pour leur espèce de petite confrérie de tarés. Il avait déjà eu du mal à recouvrer ses esprits et reprendre ses magouilles pour s’assurer que Marone serait en place à Reverser, alors donner dans la causette avec des gars qui se coinçaient un balais dans le cul par soucis du protocole, non merci. Jack n’aimait pas voyager avec des gens au courant de sa véritable identité et n’étant pas eux-mêmes des agents du gouvernement. Il avait l’impression de devenir une bête de foire et il abhorrait ça.

« Ah, Marone, ça faisait un bail ! » le salua Jack en avançant sur la planche qui avait été tirée entre les deux navires.

Il posa ses sacs à terre, comme si quelqu’un allait venir les ramasser puis ajusta délicatement son casque sur le tas. Il fit signe aux matelots de venir avec le reste, soit une succession de costumes et de mocassins, bien cirés. Jack ne se déplaçait jamais sans ses nombreux costumes, trop habitués à les abîmer sur le terrain. Laissant passer les marins, il fit un signe à Poisse, avec un grand sourire. Sur les vingt-deux hommes qu’il avait mobilisés, seuls deux étaient venus. Il ne savait pas s’il devait s’en désoler, ou pas. Après tout, lui-même n’avait pas très bien compris les ordres quand il avait écopé du truc. Il avait à cœur de mener cette mission … mais tout ce qu’il avait compris c’était qu’il interviendrait sur des fronts inhabituels.

Une fois que ce fut fait, il attendit que les marins s’en aillent, après avoir stocké ses affaires dans la cabine du Capitaine. Du Capitaine. Cette notion fit chavirer les sens de Jack. Mais oui, c’était ce qu’il était sur ce navire ! Ah, son propre pavillon, lui commandant une flotte entière de … Enfin bref.

« Monsieur Sinister, nous avons fini de transférer vos affaires. Le Capitaine Todovire souhaiterait s’entretenir avec vous, avant de … » commença l’un des derniers marins à porter les paquets de Jack.

« Oui, oui. » le coupa ce dernier.

« Marone, tu peux gérer ça ? » continua Jack, en indiquant l’autre navire de son pouce.

Aucun tact, aucun savoir vivre. Il n’avait pas changé. Marone ne savait pas s’il devait s’en féliciter ou pas. Jack avait tendance à avoir la moutarde qui lui montait trop vite au nez, mais il avait déjà montré plusieurs fois des qualités humaines indéniables sur le terrain. Cependant, il avait un peu tendance à considérer tout ce qui n’était pas à son niveau comme du menu fretin. Ce n’était pas de la méchanceté de sa part, plutôt une indifférence malsaine. Il avait des priorités différentes. Ce n’était pas une mauvaise chose, au final, qu’il y ait quelqu’un pour veiller sur les détails du voyage. Bien que Jack n’ait aucune idée de la façon dont on voyageait : Marone n’avait pas même trouvé de log pose à même de lui permettre de naviguer sur Grand Line. Comment espérer s’en sortir avec une tête de bois comme ça ?

« Monsieur Sinister, je … »

« Ok, ok, j’arrive. Marone, tu peux préparer le navire à partir, je te prie ? On va être en retard pour le tournoi si ça continue. Et j’ai des gens à rencontrer sur Ishiro. » trancha-t-il, avant de fouiller dans sa poche et lui lancer un complet log pose et eternal pose – doté de la barbe de Klaus.

« Le log devrait nous dirige vers Ishiro. Pour l’eternal, mets-le à l’abri. Ça attendra qu’on ait trouvé notre prochaine recrue … » fit-il tout en retraversant la planche qui séparait les deux navires.

Marone secoua la tête de dépit. Ah ça non, c’était toujours le même con.

Todovire est un homme imposant, doté d’une imposante jambe de bois. Il était un ancien marin bardé de cicatrices, à l’uniforme et aux méthodes efficaces. Il attendait Sinister dans sa cabine, ses gros doigts pianotant sur une lourde table en chêne. Il était assis, et semblait d’une humeur massacrante. Ce n’était pas la première fois qu’il convoyait des gens pour le compte du gouvernement, mais il estimait que les agents des pols se devaient d’être exemplaires en tous points. Ce que n’était, évidemment, pas Jack.

« Ah, agent Sinister. Prenez place, je vous prie. » commença Todovire, montrant de sa main les papiers disséminés devant lui.

« Voici le contrat que vous devez ratifier, agent Sinister. Mes hommes et moi avons besoin de votre signature pour attester de la bonne livraison de votre personne et que vous prenez toute la responsabilité des changements de dernière minute. »

« Changements, changements … » répondit Jack, en fermant la porte derrière lui.

« Il serait dommage que je mentionne notre escapade sur l’île du temple du mâle élémentaire. » menaça l’agent, ce qui ira une drôle de tête à son interlocuteur.

« L’île du … Bons dieux, Sinister, encore une de vos histoires ? Mes hommes ne tiennent plus en place avec vos … vos … imbécilités ! Il n’est pas sage de mettre pareilles aventures dans la tête de jeunes marins ! » s’emporta le Capitaine, ayant visiblement déjà fait les frais plusieurs fois des histoires rocambolesques de Jack.

L’agent haussa des épaules puis soupira longuement avant de s’emparer d’une cigarette dans ses poches. Il la porta au bec, mais se retint de l’allumer devant le regard incendiaire de Todovire. Un sacré bonhomme celui-là …

« Donc, je signe et c’est plié ? Bon sang, vous auriez fait merveille dans les bureaux, Capitaine … encore merci pour la … heu … salubrité de votre voyage. » fit Jack, en s’emparant d’une plume.

Il gratifia le document de deux autographes. Décharge de responsabilité et tout le toutim. Ces types-là n’étaient pas du genre à prendre des risques, quelle vie morne en ennuyeuse … Mais bon, il fallait de tout pour faire un monde. Heureusement qu’il avait eu la possibilité de passer par un autre procédé que de faire appel à Davinxi. Il avait déjà dû voyager dans sa compagnie pour quelques missions, et se souvenaient toujours de l’ardoise qui s’était alignée à la fin.

« Voilà. Tout est bon, vous n’avez plus besoin de moi ? » s’amusa Jack.

Todovire jeta du sable sur les parchemins. Il fit signe au Cipher de s’en aller par la porte. Quel homme fort sympathique … Le Cipher haussa des épaules une nouvelle fois, avant de se lever et de s’en aller. Il poussa la porte, la ferma. Il quitterait ce bord sans regret. Si ce n’étaient les quelques marins à l’oreille docile et qui avaient fait sa fortune lors de quelques parties de cartes qu’il avait toujours réussi à gagner. Ou encore ses paris éhontés d’alcoolique. A y réfléchir, c’était peut-être ça qui tapait sur le système du Capitaine Todovire. Il avait un peu débridé son bord, et foutu le boxon dans son équipage à plus d’une reprise. Bah, c’était ça, la vie. La vraie.

« Marone, tout est prêt ? Déferle les voiles, on va pas tarder à y aller. » trancha Jack, en s’amenant sur le pont du Flying Monkey.

Il était temps de donner tout le sens de son nom à ce rafiot qu’il avait fait … remorquer, faire ? Transformer ? Bah. Il était temps de partir pour Ishiro et de mettre en branle les mécaniques de ses nouvelles missions.

Poisse était aux voiles, Otter se dandinait sur les cordages. Marone tenait la barre et Jack … était perché sur le toit de la capitainerie. L’ancre remontée, le navire commença à se faire happer par le courant. Rapidement, les falaises de Reverse Mountain se dressèrent devant eux, immenses et nimbées de nuages. Jack se tenait droit comme un i, les bras croisés. Il contemplait la montagne, observant les flots autour de lui. Peu à peu, ils commencèrent à distinguer une fente dans la falaise, puis le courant s’intensifia.

« Ferle les voiles, Poisse ! » hurla Marone, alors qu’une légère pluie commençait à tomber.

« Non ! Laisse comme ça ! » ordonna Jack, en levant la main.

Les vents inconstants gonflaient les voiles dans tous les sens, sans logique ni raison. Il aurait été censé de ferler les voiles, mais Mac resta quelques secondes interdit, tenant droite la barre.

« Je sais ce que je fais, Marone dirige le navire, je m’occupe du vent. » trancha Jack, avant d’ouvrir son trench-coat.

Les pans du vêtement volèrent librement avec le vent, à mesure que le courant prenait le pas sur le navire.

« On va aller s’écraser sur la falaise, si on ne ferle pas, Jack, le vent nous écarte de … »

L’agent entama une drôle de danse avec ses bras et il sembla se démultiplier sur le navire. Puis, le vent sembla se mouvoir dans une seule direction, tandis que Jack semblait être partout à la fois. Le vent pris puissance et constance. Le navire avançait droit, sans que Marone ne puisse comprendre d’où venait ce vent si régulier, et si puissant. Le Flying Monkey, qui avait commencé à dévier, se rapprocha de la voie centrale et commença à accélérer de plus en plus. La proue se souleva légèrement, tandis que les mats commencèrent à craquer sous la force de la bourrasque. Puis, Jack cessa d’être partout, et réapparut sur le pont, essoufflé. Le vent cessa aussi tôt d’être clément pour leur trajet, mais déjà le navire s’engageait sur les courants les plus forts, pile dans l’axe de la montagne.

Marone leva les yeux, à l’instar de Poisse, Otter et Jack. Les trois contemplèrent la masse d’eau qui montait vers les cieux. Puis, d’un coup, le navire fit une violente embardée et tous durent se cramponner pour ne pas tomber.

« Tiens bon la barre, Marone, on va y arriver ! De ce qu’on m’a dit, il suffit d’arriver en haut pour aller sur Grand Line ! »

« De ce qu’on t’a dit Jack ? Mais … t’es jamais allé sur Grand Line par là ?! »

« Ben non, pourquoi j’aurais fait ça ? Mais toi, tu l’as déjà fait, hein Marone ? »

« Non plus ! »

« Quoi ? Mais, t’es bien navigateur, non ? »

« Mais non, Jack ! »

« Et toi Poisse ? »

« Flop ! Flop ! »

« Otter … »

« Squiiiiik ! »

« Et merde … bon. Les gars. Accrochons-nous. Je crois pas que ça va bien se passer … »

Le bateau s’envola dans les cieux, gagnant bien trop de vitesse pour son propre bien. Les planches grincèrent, tandis que Jack restait debout sur le pont, son imperméable volant et claquant derrière lui. Otter était aller se planquer dans une barrique vide, tandis que Marone tenait la barre en claquant des dents. Il devait encore maudire le Cipher et ses lubies. Naviguer sur Grand Line devait être simple, bla bla bla. La preuve que non. Ils arrivèrent bien vite au sommet du courant ascendant et furent purement et simplement propulsés dans les airs. Les voiles gonflées du Flying Monkey l’emportèrent au loin lui firent quitter l’eau et la sécurité de la voie.

« Je gère ça ! » fit Jack écartant les bras.

« Non ! Non Jack ! T’as assez fait de conneries pour la journée, putain ! Mais quelle idée de nous donner de l’élan … » hurla Marone, dans le vent et la bruine qui claquait sur la peau.

« Non, non, pas ça. Ça. » dit l’agent, en montrant une masse noire qui se profilait à l’horizon, juste à la sortie de la voie.

Le doigt tendu, imperturbable, Jack pointait une sorte de créature serpentine qui se secouait dans les vagues, causant d’immenses jets d’eau à la sortie du courant. Bardée de cicatrices, la bestiole claquait des mâchoires en regardant, avide, la chute d’eau. L’agent se déplaça, dans le navire volant, et s’accroupit sur la tête de proue. Il fit fi du vent, se concentrait sur la chose qui suivait leur progression des yeux. Lentement, il glissa une cigarette dans sa bouche sans l’allumer. Un éclair choisit ce moment précis pour frapper les eaux, les nuages s’étant amoncelés de l’autre côté de Reverse pour éclater en des torrents de pluie. Ainsi, le Flying Monkey se retrouvait dans les airs, les voiles claquant dans tous les sens. Il survolait le canal descendant, ayant gagné bien trop de vitesse dans son ascension. Et, plus bas, une créature des mers attendait patiemment son repas, des coques éventrées à son côté. La bête avait trouvé un repas facile d’accès, et elle n’allait pas s’en priver …

« Tiens la barre, Marone, je dégage le chemin. » lâcha Jack, avant de se laisser tomber hors du navire.

L’air claqua sous ses pas et, tournant sur lui-même, Jack donna une impulsion à son geppou et dépassa rapidement la masse de bois. La pluie ricocha sur son trench-coat, le Cipher se dirigeant en diagonale vers la bête. Il écarta les bras, bloqua sa cigarette entre les dents puis commença à faire tourner ses mains. Petit à petit un véritable sillon de gouttes de pluie se glissa dans son passage, ses geppous successifs généraient bien plus de vent qu’un geppou pouvait normalement en créer. C’était tout l’art des aéristes – les pratiquant du karaté aérien. Créer du vent là où il n’était pas exploité, tourner le terrain à leur avantage. Ce que les poissons faisaient dans l’eau … les anges l’avaient créé dans les airs. Car, en effet, le karaté aérien avait autrefois pris sa naissance dans les îles célestes.

Jack atteignit la créature en quelques seconds à peine, créant comme des murs d’air à chacun de ses pas dans les cieux. Il semblait marcher sur une surface solide, se servant de la gravité et de sa propre force pour gagner en vitesse. Son trench-coat claquait derrière lui et les gouttes, à cette vitesse, étaient pareilles à des milliers de petits aiguilles gelées. Mais il en avait vu d’autre. Il avait déjà encaissé Wally, ce ne serait pas un mur d’eau qui lui ferait peur. Ou un serpent des mers géant. Quand bien même cette chose aurait le titre de Seigneur des mers. Le Cipher ferma les poings, carra la mâchoire. Il approchait inexorablement du niveau de la mer et bien qu’il le tint secret, il n’avait jamais sauté d’un navire à cent mètres de haut afin de frapper un monstre marin de son poing, à la sortie d’une cascade rugissante, sous les éclairs et la rage des océans. Mais l’image valait le coup. David contre Goliath. Jack versus the world.
Le Cipher augmenta alors sa vitesse de rotation, attirant toujours plus d’air dans son sillage. Il leva le bras gauche, poing fermé puis … leva un index. Un index noir, chargé de fluide. Il savait comment l’invoquer à présent, il savait comment recouvrir son poing, même s’il ne pouvait le maintenir longtemps. Le vent commença à prendre une teinte légèrement noire, mêlant l’eau et l’air pour donner toujours plus de puissance au Cipher. Puis, sans crier gare, Jack accéléra par un gensoru qui donna l’impression qu’il s’était soudainement arrêté. La créature du remarquer ce changement car ses immenses pupilles verticales se figèrent sur cette image rémanente. Il ouvrit la bouche, dévoilant une rangée de crocs effilés et s’apprêta à gober ce moustique, lorsque …

« Bienvenue sur Grande Line. »

L’index tendu de Jack perfora la gorge de la créature, glissant entre deux écailles. Propulsé par la vitesse, l’agent s’enfonça dans la créature et réapparut de l’autre côté, trouant sa chair en deux endroits. Le vent teinté de haki s’enfonça dans sa chair, l’air et l’eau s’y mélèrent pour accompagner la sortie d’une giclée de sang qui teinta l’océan sur une dizaine de mètres. Le Cipher se retourna dans les airs et rompit le flux en frappant dans ses mains. Le courant reflua et se concentra autour de la nuque du Seigneur des mers. Se retournant dans les airs, le Cipher exécuta un Geppou qui le fit changer de direction et vint atterrir sur le sol, à la sortie même de Reverse. Il s’enfonça dans la terre, créa un cratère béant à son impact, sa tenue et ses mocassins fumant sous l’usage répété de geppous à haute vélocité. La créature darda un regard ébahi devant lui, avant de comprendre ce qu’il se passait.

Le phare coupé en deux pour une raison qu’il ignorait permis à Jack de contempler la pupille surprise de la chose lorsque le vent s’engouffra dans sa gorge déchirée. Lorsqu’il reflua, lorsqu’il se concentra et que la déflagration engendrée lacéra les chairs et éclata sa tête sous couvert d’éclairs. Elle se dressa dans les cieux, son cerveau volant à des mètres à la ronde, menaçant de s’écraser sur l’entrée de Reverse, d’emporter Jack et le phare de sa masse imposante. Le Flying Monkey, quant à lui, avait atterrit dans la cascade descendante, et menaçait de se heurter contre le corps de la chose. Le Cipher écarta les pieds, manipula l’air de grands gestes, ramena vers lui une grande masse tout en faisant vibrer ses bras. Il frappa d’un coup dans l’air, tapant sur sa poitrine pour donner l’impulsion.

Le cadavre chancelant du monstre, qui allait s’écraser sur lui, fut soudain projeté dans la direction opposée. Il se plia en deux et jaillit des eaux pour aller s’écraser à quelques mètres de l’entrée, dégageant le passage pour tous et enfonçant sa carcasse dans les rocs bordant la sortie de Reverse. La pluie cessa sous l’impact. La terre trembla sous le poids de la bête, qui venait de se prendre l’équivalent d’un coup de poing renforcé au haki du cipher pol 9, mais sous forme d’air comprimé. Jack se baissa un peu, se frotta le nez, puis s’empara de son zippo avant d’allumer sa cigarette, profitant que l’onde de choc ait chassé l’eau pour se l’allumer. Il tira une bouffée, se dirigeant en marchant vers le bord de l’île où le Flying Monkey, durement éprouvé par la descente, était en train d’approcher.

Jack rejoint le bord d’un geppou calculé, atterissant en douceur sur le pont, sous l’œil circonspect de ses camarades. Il tira une nouvelle taffe, la recracha du coin des lèvres.

« Ça te va, comme connerie de la journée ? » se vanta-t-il, en regardant Marone avec un sourire.

Marone avala sa salive. Le gamin qu’il connaissait avait changé. Il était devenu … monstrueux. Il était devenu un assassin du Cipher Pol 9.