Vente Commerciale [FB]

Le père de Kyle m’avait donné un peu d’argents. Bon d’accord, énormément d’argents. J’en avais jamais vu autant en une seule fois. Si j’étais tenté de tout garder pour moi, je ne pouvais pas vraiment le faire. Ce n’était pas des berrys en guise de pourboire, ni même un peu de monnaie qu’on file à un sdf, mais une somme utile à toute la bande de bandits qu’on était. Ce que je devais faire avec tout ça n’était autre que de passer dans le marché dans la ville portuaire pour nous procurer des armes afin de pouvoir attaquer cette ville avec ces armes que j’avais acheté. Si je paraissais bien jeune pour cette tâche, un peu plus d’une quinzaine d’années, c’était aussi celle qui me convenait le mieux. Les brigands du village avaient déjà effectué un raid sur le port avant que je ne sois adolescent. De ce fait, certains hommes pouvaient reconnaître leur sale tête, et évidemment… Ce n’était pas bon. Et puis, en dehors du fait que je n’étais qu’un gosse, je savais parler. J’étais même très bon, ayant réussi à embobiner avec succès une sergente de la marine. Bon, j’avoue, elle était un peu idiote à me croire autant, maaaaais, c’était l’effet que procurait les enfants. On les croit toujours sans se douter de rien.

Bref, le seul problème que je pouvais avoir était de devoir justifier mon achat étant donné mon jeune âge. Je savais que j’avais les capacités pour improviser mais il était mieux que je pense à un petit quelque chose qui me permettrait de rattraper une éventuelle erreur. Ou alors, je devais juste trouver un nouveau marchand qui paraissait assez malhonnête, ou qui ne cherchait qu’à étendre son nom pour faire des profits. C’était le genre de connards égoïste qui n’hésiterait pas à vendre une femme, des gosses ou de la drogue à des mineurs. Ouaip, y’a des mineurs précoces. Donc, dans l’idée, c’était pour cette raison que je faisais le tour du marché matinal de cette ville, accompagnée de quelques guerriers furtifs pour me protéger au cas où ça tournerait mal, rien de bien méchant dans l’idée.

Je ne connaissais pas réellement les vendeurs du coin, mais je savais reconnaître les habitués des nouveaux. Le comportement différait souvent entre eux, ainsi que l’attitude des clients envers les commerçants. Ainsi, il fut facile de remarquer cette personne au milieu d’autres… Enfin, cette personne que les autres évitaient plutôt. Bon, sans même faire attention aux agissements des habitants, j’aurais pu le voir… En effet, cet énergumène peu aimable attirait naturellement l’oeil du fait qu’il… Insultait tout le monde ? En tout cas, il serait sans doute intéressant à voir. Et il semblait être le profil de vendeur que je recherchais. M’approchant vers lui dans ma bonne allure noble, je vins lui adresser quelques mots, espérant conclure un accord assez facilement.

« Bien le bonjour très cher commerçant. Inutile de vous attarder sur ma vie comme vous l’avez fait avec les autres, je n’en vaux pas la peine. En revanche, j’aimerai savoir si vous vendez des armes dans votre établi. Et par cela, je pensais aux armes blanches, ce qui catégorise les poignards, les épées et les sabres en particulier. »

Je cherchais à paraître mature pour cacher mon âge, voulant faire croire que mon physique enfantin n’était que visuel et que j’étais finalement adulte dans ce petit corps. C’était pas gagné, mais cela valait le coup d’essayer.

« Par ailleurs, si possible, j’aimerai pouvoir acheter des sabres de qualité supérieure. Bien évidemment, j’ai les moyens pour m’offrir cela. »

Moins idiot que les autres ? C’était gentil, faut croire… Je me sentais assez insulté de cette remarque. J’avais l’impression qu’il me voyait quand même comme quelqu’un de débile. Bon, il n’avait pas totalement tort, je pouvais avoir mes moments de gamineries, mais de là à dire que j’étais idiot en général… Je le prenais assez mal. Mais bon, je préférais me dire que c’était un compliment, assez mal dit certes, mais un compliment tout de même.

Ceci dit, un de ses mots attisa ma curiosité. Meitou ? Qu’était-ce donc ce délire ? Existait-il une catégorie d’arme portant ce nom ? Si tel était le cas, qu’en était-il de leur qualité ? Étant donné la réponse de l’individu, cela semblait être des sabres de très hautes factures, d’une qualité supérieure à celle que je pensais. Quoi qu’il en soit, il avait l’air de s’y connaître un peu plus sur les épées que moi. Même si ce n’était qu’un simple marchand, il pouvait toujours m’aider personnellement en me racontant ce qu’était ces Meitous.

« Je vois… J’espérais seulement trouver des armes blanches de bonne facture, en grande quantité si possible… Mais un mot que vous avez employé piqua mon attention : Meitou. J’aimerai savoir ce que vous appelez en énonçant ce mot-là. Serait-ce une catégorie de sabre à part ? Je voudrais connaître leur histoire. Bien évidemment, je vous dédommagerai du temps que vous prendrez à m’expliquer cela. »

Parallèlement, je me mis de nouveau à chercher une excuse pour pouvoir acheter des armes en grande quantité. Mon plan qui était de me faire passer pour un véritable adulte avec une malformation me donnant l’air d’avoir un corps d’enfant était raté. Faut dire, il fallait vraiment qu’un miracle se produise pour que quelqu’un pouvait le croire… Et lui, je sentais qu’il n’était pas tombé dans le panneau, quoique je pourrais dire. Ainsi, je ne cherchais même pas à argumenter.

« Ne vous en faites pas pour l’argent, j’ai une bourse qui pourrait vous satisfaire. »

En effet, je ne savais pas ce qu’était un Meitou. Mon père ne m’en avait jamais parlé, et ce n’était pas comme si j’allais à l’école pour apprendre des choses et conneries en tout genre. Tout ce que je savais, c’était mon paternel qui me l’avait légué, connaissances comme habilités. Ce dernier par ailleurs m’apprenait à me servir d’un sabre en me faisant part de son propre style de combat, mais jamais il ne chercha à m’apprendre la vie des aventures. Il me racontait uniquement ses histoires par moment, sans entrer dans les détails.

Bref, en tout cas, grâce à cet individu, j’avais désormais connaissance de ces sabres là. Divisé en trois catégories, entre autre légendaire, épique et rare. De ce que j’avais compris, c’était des armes uniques en leur genre, tant qu’elles pouvaient même en être maudites. Voilà qui était intéressant. Ce genre d’épée pouvait être l’objet de mes futurs recherches, ou encore un objectif que je pouvais me fixer sachant que je n’en avais toujours pas… Du genre, rassembler tous les sabres de ce type pour les collectionner ? Ouais nan, ce n’était pas un délire comme cela que j’espérais. En revanche, si jamais je décidais de quitter le nid, j’aimerais pouvoir manier une telle relique. Peut-être me mettrais-je en quête de choper une arme pareille, après tout, cela pouvait influait sur la force de l’utilisateur et je pourrais surpasser mon père, enfin.

Mais bon, pour l’heure, ce n’était pas le sujet. Remerciant donc le vendeur de son écrit sur les Meitous, j’en vins à revenir aux affaires, comme il disait. Je n’avais pas encore le prix d’une seule de ses armes, mais j’espérais en avoir au moins une trentaine, et une cinquantaine si possible. Il fallait équiper tous les guerriers du village, et si possible, tous les habitants en général. Le pillage dans cette ville portuaire était prévu pour bientôt, quelques mois plus tard au plus. Ainsi, il fallait faire vite et trouver un type qui vendrait des armes, beaucoup d’armes, quel qu’en soit le prix car de toute façon, on comptait bien le récupérer en revenant ici.

Oh attends… Si ce gus n’était pas familier dans les parages, était-il possible qu’il ne faisait qu’une apparition soudaine pour ne plus jamais remettre les pieds sur notre bonne île ? Il fallait que je le détermine avant de continuer. Toutefois, je ne voulais pas paraître suspect. Ainsi, je jouais le jeu des négociations.

« Eh bien ma foi, il me faudrait approximativement trente armes blanches, que ce soit épée, poignard ou massue. Mes exigences sont uniquement ceux-ci : il faut que les armes soient de facture moyenne au mieux, et que la vente reste incognito. Bien. Quel est le prix moyen pour cela ? »

En écoutant sa réponse, je vins à continuer la comédie, faisant genre que je n’avais pas assez d’argents pour cela, mais que je pourrais sans doute le réunir plus tard. Et dans le doute, j’ajoutais un petit plus.

« Mmh… Je vois. Peut-être est-il possible de vous revoir un autre jour ? Histoire de rassembler davantage de berrys pour payer le tout en une fois. Par ailleurs, comptez-vous rester longtemps sur South Blue, et plus particulièrement sur ces terres précises. Je vois bien que vous n’êtes pas du coin… Cherchez-vous à vous installer ? Il n’y a pas grand-chose sur cette île, deux ou trois poissons sur les côtes, de jolies pêcheuses et quelques alcooliques mais… Aucun lieu vraiment attractif je l’admets… »

Le sabre à 75 000 berrys… C’était aussi cher un sabre ? Il était vrai que j’étais doué pour les négociations et tous les trucs qui recommandaient des compétences sociaux, mais en toute franchise je n’avais aucune idée de la valeur des objets. Le papa de Kyle avait oublié de m’instruire rapidement sur cela avant que je ne me mette en route… Et je ne pouvais pas vérifier de suite, pour qui passerais-je si jamais je venais à le faire ? Non, il fallait que je décide de moi-même.

Et puis, en vrai, il était inutile de s’attarder plus longtemps sur le prix, le marchand acceptait les crédits ! Il acceptait de se faire couillonner ouvertement ! Dans un monde comme le notre, accepter un crédit équivalait à donner gratuitement un item. Et ça, je n’étais pas contre. Toutefois, je me doutais qu’il n’allait pas consentir à un tel échange si jamais je ne lui offrais rien, ce qui pouvait s’avérer gênant puisque l’homme ne comptait pas rester sur l’île très longtemps. Nous, on cherchait un pigeon qui vendrait ses biens à un gosse sans y prêter attention et qui serait toujours présent dans cette ville portuaire afin que l’on puisse récupérer l’argent dépensé pour acheter les armes lors de notre futur raid, raid commis avec les armes achetés. Et oui, c’était tout un concept génial, mais le profit y était.

J’aimais bien ce type, certes, mais de là à effectuer un véritable achat… Surtout d’une aussi grande envergure en fait… Non, la famille me tuerait si je venais à perdre autant de berrys. Je devais soit trouver un autre vendeur, soit tenter de le douiller grâce à mes compétences mesquines de manipulation. M’enfin en toute vérité, rien n’empêchait l’un et l’autre de se produire.

« … Malheureusement, je ne possède vraiment pas une telle somme sur moi. Vous êtes vraiment aimable de vouloir me faire un crédit, mais je n’ai en espèce que le prix de dix poignards sur moi… »

Faux, j’avais trois bon millions de disponibles. Bon, certes, sur moi à proprement dit, je n’étais pas aussi riche, ayant à peine un dixième du nombre. Ceci dit, avec l’argent que possédait les types qui me surveillaient, j’atteignais vraiment le plafond des trois millions. C’était beau autant de monnaies.

« Serait-il donc possible de négocier cela ? Ou bien n’ai-je droit qu’à dix poignards ? Si tel est le cas, je pense prendre uniquement un sabre de type oriental, de moyenne facture. »

Le sabre, c’était pour sa gentillesse. C’était un véritable achat, comme j’avais pu le dire.

Owh. Je ne savais pas qu’un marchand pourrait être aussi gentil, et surtout aussi naïf. Un crédit accepté sur la somme totale du lot, c’était vraiment tout gagné pour moi. D’une part je n’avais pas à dépenser un seul berry pour avoir les armes, d’autre part il se foutait de savoir si j’étais un gosse ou non. Tout ce qu’il voulait c’était son argent, un jour ou l’autre. Naturellement, je ne comptais pas lui payer que ce soit dans un an, ni même dans dix.  Ou peut-être si jamais j’étais bien riche, peut-être que je lui paierais pour s’être montré aimable. Ceci dit, pour l’heure, ce vendeur n’allait pas rencontrer la richesse avec moi.

En tout cas, il prétendait pouvoir me retrouver, où que je sois. Si jamais je venais à être connu, cela serait assez facile, mais étant donné que je ne comptais pas l’être pour le moment… Je doutais qu’il y arriverait. Bon après c’était possible s’il venait à faire une fouille intense de l’île, mais même s’il le ferait, il fallait encore que j’accepte de lui retourner l’argent que je lui dois… Et s’il voulait user de la force, il y avait derrière moi tout un village prêt à me protéger et à me supporter ! Enfin, j’espère… Au moins, il y aurait mon père… Et encore…

Bref, il avait décidé de m’aider à porter les caisses d’armes jusqu’à l’endroit que je souhaitais, et ma foi je n’allais pas refuser. Pourtant, je ne pouvais pas non plus lui permettre d’atteindre mon village. Ainsi, je l’amenais jusqu’à l’entrée de la ville du port, l’assurant par la suite que j’attendrais des soldats qui ne devaient plus tarder à arriver.

« Ici devrait être bon pour moi, très cher vendeur. Un petit groupe de soldats vont venir pour m’aider. Je vous remercie de votre amabilité, ainsi que de votre offre. Et aussi pour ce livre et les informations sur les sabres de qualités supérieurs. J’essaierai de payer au plus vite… »

Récupérant un katana dans le tas, presque trop grand pour moi, je vins essayer de l’accrocher à ma taille pour voir si tout allait bien. En effet, c’était légèrement trop grand pour moi, mais c’était supportable. J’arrivais à dégainer et à manier l’épée correctement, et cela suffisait pour le moment. Après tout, je n’avais pas fini ma croissance, j’allais encore grandir.

« Peut-être avez vous une idée d’où se trouve un de ces Meitous dont vous avez parlé ? Une simple rumeur m’irait, je ne cherche guère à quémander plus de vos services. »

C’était histoire de voir si je pouvais en avoir un, sachant que j’étais assez intrigué sur cela. Je voulais comparé un sabre classique d’un que l’on nomme de qualité supérieure.

Quoi qu’il en soit, avec tout ça, la troupe de bandits qu’on était pouvait effectuer notre pillage, notre raid sans soucis. Avec ces armes neuves, il était possible de remplir nos poches avec l’argent des habitants, pour survivre, et pour satisfaire notre avidité. En toute vérité, ce n’était pas tout à fait mon cas, mais mes camarades ne pensaient pas pareil. Le raid allait se faire, quoi qu’il arrive.

Eh bien, trop occupée à chercher ses gants, ce vendeur dénommé Xavier Holmes ne semblait pas avoir prit en compte ma dernière question. Souhaitant vraiment savoir s’il en savait plus sur la localisation des Meitous, je vins à lui reposer la fameuse question qui fut écoutée uniquement par le vent. En le voyant agir, j’avais presque l’impression qu’il cherchait à éviter de me répondre… Soit, peut-être était-ce trop lui demander.

Quittant donc cet étrange énergumène en compagnie d’habitants de mon village, bien entendu ils étaient tous bandits et non soldats comme j’avais pu lui dire, il était l’heure de faire le compte de la mission. Tout s’était bien passée, j’avais pu roulé un marchand, quoique j’avais l’impression qu’il s’était lui-même berné dans sa naïveté, et personne ne se doutait de rien. M’enfin, si c’était une belle réussite, un goût amer me restait quand même dans la bouche. C’était… Disons, trop facile. Beaucoup trop facile. Je m’attendais à une quête bien plus difficile étant donné que c’était la première fois que je travaillais directement pour le bien être du hameau de criminels, mais ce ne fut pas du tout à la hauteur de mes attentes. C’était… Meh.

Quoi qu’il en soit, une réussite en restait une, donc j’avais la récompense que le père de Kyle m’avait promise. D’une part, je pouvais garder un sabre sur moi, un vrai sabre et non pas un en bois. De deux, il allait pouvoir me laisser pimper ma licorne, et ça c’était beau. Mon poney allait évoluer en licorne arc-en-ciel cracheuse de flamme, ou presque. M’enfin, j’allais pouvoir entraîner ma belle jument avec le meilleur dans le domaine, du moins le meilleur dans le village.

« … Bute-le. »

Mmh ? Notre troupe s’était arrêtée en fixant un animal qui nous suivait, tout joie et amour. Les bonnes brutes qui étaient à mes côtés ne savaient pas vraiment comment s’y prendre avec les bêtes, ne voyant que la solution la plus sanglante. Ils n’avaient même pas cherché à uniquement le chasser avec un coup de pied, mais direct pensé à enfoncer la lame dans le corps du caniche. Il fallait que je calme le jeu, d’autant plus que j’arrivais à reconnaître le chien. Il s’agissait de celui qui avait choppé le gant de Xavier avant que je ne lui souhaite bonne chance pour le retrouver.

Deux choix s’offraient à moi. Soit je le rapportais au marchand… Soit. Ok, j’ai choisi.

Arrivant prêt de l’animal avec mon plus beau sourire, je lui caressais la tête en lui disant gentiment de partir rejoindre son maître, et si jamais il n’en avait pas, de partir tout court. Si cela n’avait pas fonctionné en premier temps, j’intensifiai mon sourire de sorte à le rendre quelque peu intimidant, avant d’effectuer un brusque mouvement près de lui, tapant fortement le sol du pied, pour le faire dégager.

« Et voilà, pas besoin d’en faire plus. Je ne veux pas cuisiner de chien au dîner ce soir après tout. »