Le ciel est dégagé, la mer est calme, et moi je prends le large. La journée fut sacrément mouvementée, mais j'm'en suis bien tiré. Allongé sur le pont du bateau, j'observe le ciel en reprenant mon souffle. J'ai bien failli me faire coffrer ! D'ailleurs, j'ai encore des menottes aux poignets. En plus de m'entraver, elles semblent annuler mes pouvoirs. Heureusement que je suis bien équipé ! Je dégaine ma grande lime à ongle, et commence à user le métal d'une main puis de l'autre jusqu'à retrouver ma liberté totale. Le processus prend bien une vingtaine de minutes, durant lesquelles je me perds dans mes pensées. J'repense à ce putain de shooting photo. J'me suis bien amusé ! Dès que j'eus fini de limer mes menottes, je jette par-dessus bord les morceaux devenus totalement inutilisables puis range ma lime dans mon sac à main fait par mes soins, soit-dit-en-passant. J'en sors ensuite les clichés qui furent pris un peu plus tôt. J'étais assez déçu du résultat sur le moment mais avec le recul, j'avoue que c'est pas si mal que ça. J'ferai avec, y'a plus qu'à trouver un moyen de les publier pour me faire de la pub.
*
baille.*Ptain, j'commence à fatiguer moi. L'air marin, la cavale, tout ça me donne envie de roupiller un coup. Lentement, j'me mets à somnoler, les yeux qui roulent, un filet de bave au coin des lèvres... Quand tout à coup :
BOOM. D'un sursaut, je me redresse, prêt à tout. Mon coeur bat la chamade, et j'ai déjà mis la main sur le manche de mon arme. Les sens en alerte, je scrute les environs. C'était un bruit de canon, nan ? Je ne vois pourtant aucun bateau dans les environs. Au loin, je vois un gigantesque monstre marin en train de se renverser, la gueule déformée par un boulet. Sûrement la cible du coup de feu. Mais d'où pouvait provenir le tir ? La réponse ne se fit pas prier pour arriver.
- Geheheeee ! En plein dans l'mile !J'me retourne face à la cabine : celle-ci pivotait sur elle-même, déplaçant par la même occasion le canon rotatif qui avait permis à l'inconnu à bord avec moi de viser sans avoir à manier la barre. Plutôt pratique ! Mais qui était-ce donc ? La cabine s'arrêta de tourner et la porte d'entrée était désormais face à moi. Un vieillard à l'allure louche et au regard des plus séniles sortit en sautillant de joie.
- T'as vu ça l'jeune ? C'est ce que j'appelle avoir la pêche ! Geheheeee !Heeeein ? Mais c'est qui lui ? Depuis quand est-il à bord ? Il ne m'a pourtant pas l'air dangereux. Il était là depuis le début ? Merde ! Et moi qui croyait que j'étais seul, quel con ! Bon, rien de personnel, mais j'ai réquisitionné ce navire, donc le vioc, j'espère qu'il sait aussi bien nager qu'il tire au canon, car il en aura besoin quand je l'aurais balargué par-dessus bord.
- Ah oui, excellent. Tenez, venez voir, j'ai un truc pour vous.Je pris mon sac à main, faisant mine de fouiller dedans tandis que le vieux, crédule, s'approchait. L'idée, c'était de lui en décocher une en pleine poire et l'envoyer vers d'autres cieux. C'est alors que mon top-modèle préféré surgit de nulle part en hurlant, s'apprêtant à désosser le papy. À sa vue, j'étais soulagé. Le retrouver avait été plus simple que je ne l'aurais cru ! Par contre, quelque chose n'allait pas, mais alors paaaaas du tout. C'est quoi ce froc de merde ? Si quelqu'un le voit avec ça, ça va retomber sur moi ! Il est fou lui !
- Mais... Mais... Mais... !Et dès qu'il fut à bord, il se prit un uppercut virulent en pleine mâchoire. On rigole pas avec la mode.
- Une tel fashion faux-pas, ça devrait être interdit bordel !Gauche, droite, je zieute le pont à la recherche du pantalon qu'il avait porté quelques temps auparavant, lequel lui allait à ravir. Le papy, quant à lui, ne comprend absolument rien à ce qu'il peut bien se passer et surtout, j'crois qu'il ne cherche pas à comprendre. Il est bien trop occupé à se bidonner. J'crois qu'il est trop sénile pour comprendre que deux pirates se foutent sur la gueule sur son navire, qu'on lui a volé au passage. Ah lala, c'est pas bon d'vieillir, j'vous l'dis !
- Geheheeee ! Ca c'est ce que j'appelle une pêche ! Vous m'rappelez mon âge d'or, les jeunes !