Les plats de bande

« …Et là, sur la vie dma mère que j’lui ai envoyé un genre de debza, nhel sheitan. »

Une énième histoire à dormir debout de Zepek, des histoires dont lui seul avait le secret, bien entendu. A croire qu’il prenait le De Leone pour un imbécile, des histoires invraisemblables de trafic de stupéfiants, des histoires de bagarres qui ne tenaient pas la route et les préférées du comte, les histoires de femme invisible… Peut être qu’il aurait pu faire gober ses histoires à d’autres, mais à l’écarlate, lui qui l’a sorti d’une poubelle ? Non, certainement pas.

Un soupir s’échappait des lèvres du Comte, un énième soupir, depuis l’ouverture du casino, le comte ne semblait pas pouvoir s’arrêter. Ecoutant alors d’une seule oreille, le temps de regarder les écrans des caméras histoire de trouver de quoi se divertir, le comte commençait petit à petit à perdre la joie de vivre qui l’animait au début de cette soirée. Entre un Davinxi qui vidait tout l’alcool de ses stocks, des abrutis qui jouaient à se montrer leur kiki dans les toilettes publiques et les autres… qui faisaient leur vie, le comte était à l’affut de la moindre situation rigolote à l’horizon… Eh, peut être qu’il aurait plus de chance d’en voir avec ses propres yeux.

« Bon, Zepek, c’est pas que tu m’emmerdes, mais c’est tout comme… Je vais aller faire un tour, garde l’œil ouvert, je ne veux pas voir Brigitte s’approcher de mon bureau. » Et suite à ces paroles, le comte armé de ses éternels atours, quitta la pièce en se dirigeant vers la sortie.

Sauf que, contrairement à d’habitude, l’agitation était beaucoup plus remarquable qu’à l’accoutumée, les mastocs de la sécurité se dirigeaient tous vers la sortie comme si le diable en personne se trouvait devant les portes…

Les problèmes, encore les problèmes, toujours les problèmes. Cette fois, le comte avait bien l’intention de laisser gérer la sécurité, après tout, ils étaient payés pour ça. Maaaaais, curiosité oblige l’écarlate suivit la foule sans dire un mot, peut être qu’il allait trouver l’occupation qu’il recherchait là bas. Mais non, ce n’était que l’un des types de cette table de blackjack, après Josh, voilà que c’était ce type… comment s’appelait il déjà ? Meh, peu importe.

Une fois arrivé à son niveau et celui de la dizaine de gardes qui l’entouraient, le comte fut mis au courant de la situation. « Ouais, c’tocard a volé les clés de ce serveur… on s’est p’têt dit que z’êtiez en danger m’sieur De Leone. »

Un léger sourire s’afficha sur le visage du Comte, en voila une bonne nouvelle ! Lui qui cherchait quoi faire, le voila rassuré d’avoir trouvé une petite occupation.

« En… danger ? Mais vous vous foutez de moi ? Vous n’êtes même pas capable de gérer ce genre de situation, si j’étais en danger, vous auriez du le tacler dès son entrée dans ce putain de casino, foutez l’camp, hors de ma vue. » Puis, alors que le groupe d’agents se dissipa, le comte en profita pour accoster le fameux intrus. « On s’est déjà vu, n’est ce pas ? J’ose imaginer que si vous avez pris tous ces risques, c’est qu’il y a une bonne raison ! »

Puis, le comte laissa un silence, le temps de marquer l’atmosphère… Puis, il brisa le silence.

« Avec un peu de chance, nous pourrons trouver un petit arrangement. »

Une offre alléchante ? Certainement pas, le comte savait reconnaître le poison déguisé en alcool de luxe, ce type, il en faisait réellement parti, les signes ne trahissaient pas. Alors, tout à l’heure, ce qui semblait être une vulgaire révélation se confirma ainsi comme étant vrai. Le comte avait de nouveau affaire avec un Cipher.

Cette façon de se croire tout permis, leur attitude hautaine, l’écarlate en venait vraiment à les détester, mais fort heureusement, le comte savait désormais comment réagir suite à ce genre de situation. Et là ou autrefois il se serait contrarié, cette fois, les provocations de monsieur Jefferson le laissèrent de marbre, arborant encore et toujours ce sourire carnassier dont il était si fier.

« Oh, monsieur Leone, je regrette tellement de ne pas avoir eu ces infos, finalement… » Pensait-il alors que Jack semblait avoir fini son cinéma.

Cependant, contrairement à son compère, le cinéma ne dura pas aussi longtemps et très vite, le point culminant de cette discussion arriva. Un petit manuscrit, tenant à peine de lui-même, parvint à l’écarlate. Etait-ce ce pourquoi il était venu ? Le De Leone prit le temps d’ouvrir minutieusement le petit carnet, en prenant soin de ne pas le détruire plus qu’il ne l’était déjà.

Et dès qu’il posa un œil sur les documents présents à l’intérieur, son regard survola sa fine paire de lunettes afin de se poser sur Jack, paradant comme si le combat était remporté d’avance, comme s’il avait un poids pour lutter contre le De Leone… Mais, l’écarlate avait déjà buté deux mecs il y a moins d’une demi-heure et vous connaissez tous le proverbe.
Le Cipher devait sûrement imaginer le Comte en train de trembler de peur, se sentant menacé, mais rien de tout ça. A la place, il faisait face à Dante De Leone et bien entendu, il n’était pas le genre de type qui allait plier devant quelques menaces et surtout pas aujourd’hui. Alors, il analysa chacune de paroles de Jack, retirant tentatives d’intimidations et prises de position de son discours, mais il avait retenu le plus important. Ainsi, suite à la magnifique parade du paon Jefferson, le comte reprit la parole.

« Vous ne trouvez pas ça… amusant ? » Lâcha le De Leone, sur un ton plutôt enjoué « Le fait que vous soyez tous formés de la même façon. Leone, Josh Leone, vous vous connaissez ? Un collègue à vous ? »

Le comte prit une posture beaucoup plus détendue sur le fauteuil, après tout il était chez lui, mais, toujours dans une certaine classe. Puis, une fois confortablement installé, il poursuivit. « Voyez vous, monsieur Jack, j’ai une fâcheuse tendance à m’emporter un peu lorsque je sent les potentiels bénéfices… Je vous remercie de tout cœur pour les renseignements, ils me permettront de renforcer la sécurité. » Puis, il marqua un temps d’arrêt, comme s’il était à la recherche de quelque chose en particulier. « Oh, mais, j’ai cru comprendre que vous faisiez parti du Pol 1, soupçonnez vous une antenne de la franc-marinerie ici ? Certainement pas ! Croyez moi sur parole, je déteste ces tocards tout autant que vous. »

Puis, le comte se mit à rire légèrement… et afin de saupoudrer un peu de discorde dans cette douce conversation, le comte ajouta

« En effet les secrets sont d’or dans votre profession, monsieur Jefferson, mais, que vaut un agent distribuant des informations à un honnête gérant de casino ? »

Dante, Jack, tous deux étaient désormais dans le même aquarium à requins et pour ce qui était du De Leone, il n’avait en aucun cas envie de se faire avaler.

Menaces déguisées, encore et toujours. Un soupir s’échappait de la bouche du comte, comme s’il en avait assez de toutes ces conneries. Un geste explicite, un regard lancé dans un coin de la salle ou trônait un escarméra, et soudain les yeux de l’animal se refermèrent. Ils étaient désormais hors de vue du bureau de sécurité de Zepekto et enfin aptes à parler dans le plus grand secret.

« Monsieur Jefferson, passons tous ces détails et venez en au fait. Que me voulez-vous, vous le dites vous-même, vous n’êtes pas venu par hasard. Dans ce cas, qu’est-ce qui motive le gouvernement, vous a-t’on envoyé pour me mettre des bâtons dans les roues ? Pour m’éliminer ? »

Un verre se brisa, une erreur du De Leone qui commençait vraiment à perdre patience. Il avait beau jouer la carte de l’impassible, au fond de lui, il bouillonnait, il n’attendait que l’occasion de lui décoller un pruneau dans la boca.

« Cipher Pol, vous n’êtes qu’une bande de pantins œuvrant pour une cause qui vous dépasse, de la chair à canon. » Le comte se servit finalement un verre de Whiskey, sec, tant la mise en scène de Jack le mettait hors de lui. « Alors, je vous repose la question, Monsieur Jack qui n’est pas vraiment du premier bureau. Que me voulez-vous ? J’ai d’autres chats à fouetter et vos histoires de romans ne m’intéressent pas vraiment. Disons le, je ne suis pas un fervent admirateur de la littérature… Cependant, j’éprouve une attirance tout autre pour les bénéfices que l’ont peut percevoir. » Sa main gauche vint se poser sur son front, puis un claquement de doigts et l’inspiration lui vint enfin. « Voilà ce que je peux faire pour vous. Je peux vous offrir les frais d’Editions et de publication, pour votre roman. »

Un sourire plus tard et le comte était de nouveau dans son élément, le marchandage et avec un agent comme monsieur Jefferson, ses projets pourraient prendre de l’avance sur ceux de la concurrence.

« Mais, en échange, vous me devrez un service… » Le comte se leva et saisit de la bouteille. « Disons qu’en contrepartie, vous pourriez me faire quelques One Shot sur certaines histoires à propos de certaines personnes. Et, bien entendu, en échange, je pourrais vous donner… quelques doses d’inspiration supplémentaires pour vos histoires, qu’en pensez-vous ? » Lâchait le comte qui prenait place à coté du Cipher, remplissant son verre par la même occasion.

« J’arrive à lire dans vos yeux, vous et moi pensons de la même façon, qu’est-ce qui vous motive… La gloire ? La reconnaissance… la vengeance peut être ? »