Les désastreuses aventures de Kobby Caïn.

La mer d'huile s'étendait à perte de vue devant ses petits yeux marrons tout froncés, de voir le soleil se répercuter dessus. Ah la mer, tantôt éternelle allié, amante et parfois adjuvante la plus terrible. C'était une barrière infranchissable à tout ceux qui n'avait pas de bateau pour la parcourir. Heureusement, des solutions existait pour se faire embarquer sur l'un des bâtiments les plus courant de notre siècle : Le navire. Kobby fit rouler la feuille comme si de rien était, le tabac a l’intérieur de cette dernière prenant la forme du tube sans dire un mot, ni même un chuintement. Il fit jouer la cigarette dans l'une de ses mains, tandis que de l'autre, il attrapait son fidèle briquet, faisant danser quelques étincelles de l'objet retors, avant d'obtenir une flamme qui fit chauffer le bout le plus large de la cigarette d'un geste habile. Fumer pouvait tuer, mais rien que de se promener dans les allées de cette île était plus dangereux encore, alors autant rester sur des valeurs sûrs et prendre le risque d'une maladie grave. De toute façon, il découvrirait bientôt l’élixir qui guérirait de toutes maladies de celui qui la l'avalerait, il en était certains. Alors autant prendre du bon temps. Et tirer sur cette cigarette comme l'un de ses soldats du feu. Il ne savait plus d’où lui venait l'expression, peut être cela venait de son passage chez les marines, qui ont toujours un mot sortis de nulle part pour designer les choses, et des comparaisons bien à eux. Il extirpa une nouvelle bouffée, savourant le goût légèrement caramélisé du tabac.
Il remontait l'avenue qui bordait le port, à la recherche de ceux qui avait toujours besoin d'un mousse dans leur bateau : Les marchands. Il faut dire que l'on a rapidement besoin de personnelle, surtout avec tout les pirates qui traînait dans le coin. On avait vite fait de perdre un mousse ou deux en mer, et c'était toujours mieux que de perdre le capitaine et toute la cargaison. Monde cynique que voici, un monde dans lequel il fallait se battre tout les jours pour survivre. A part si l'on était vraiment malin, catégorie dans laquelle se plaçait notre jeune héro.

- Allez Joe, on a besoin de quelqu'un en plus, c'est l'occasion.
- Trop jeune. Fit laconiquement le vieux loup de mer, observant la recrue d'un air critique.
- J'ai vingt ans quand même, on pourrait faire pire non ? En plus je sais rudement bien cuisiner !
- Toi, vingt ans ? Et moi j'approche de la trentaine. Fit le septuagénaire expérimenté, ce n'était pas au vieux singe qu'on apprenait à faire la grimace. N'empêche qu'on manque d'un cuisto', le dernier à pas fait de vieux os.
- Joe déconne pas, il nous manque du personnel -c'est inespéré un cas comme ça. Heureusement que le second n'était pas aussi bouchonné que le capitaine du navire, ça arrangeait les affaire du K.O.
- Alors à l'essai une semaine, et c'est toi qui le gère, pas envie de me traîner un gamin dans les patte durant toute la traversée.
- Parfait, je m'en occupe cap'tain, sans aucun soucis. Allez viens toi, on va te faire récurer le pont pour commencer. Fit le second en poste, l'attrapant vigoureusement par le bras et le dirigeant vers un placard à balais.
- Et mes bagages alors ? Fit Kobby.
- T'iras les chercher plus tard, pour l'instant je veux pouvoir manger sur le pont sans craindre d'attraper une maladie. Et que ça brille surtout !

- C'est qu'elle sont juste là, à m'attendre, soyez pas vache on pourrait me les voler.

Et c'est comme ceci que Kobby et ses maudites fioles purent monter à bord d'un navire de cinquante tonneau.
-La vache qu'est ce que tout ce bordel que tu nous amène là Kobby ?
-Tout une vie m'sieur, toute une vie qui tient dans une malle.

Un bien bel engin tout en bois, qui craquait beaucoup mais tenait toujours la route. Pour l'instant sa situation n'avait rient d'enviable, il était le mousse de service, le premier debout et le dernier couché. A part le capitaine, il était celui qui faisait le plus d'heure de service, sauf que lui se coltinait toutes les tâches ingrates tandis que Joe ne faisait que donner des ordres d'un air laconique, comme tout bonhomme expérimenté pouvait le faire.

Il était de corvée de patates lorsque retentit la cloche d'alarme dans un bruit feutré, amoindris par la distance qui les séparait. Une bien mauvaise augure qui le fit se détourner du travail arasant pour lever une oreille. Il entendit des voix et des corps en mouvement au dessus de sa tête, ainsi que des ordres jetés à la hâte par le vieux loup de mer qu'était le capitaine. Une grosse tempête se profilait à l'horizon, confirmée par un éclair qui vint taper l'eau clapotante et la faire sauter en de grosse vaguelette.

- Réduisez moi cette voilure au maximum mes gaillards ! Qu'il put percevoir, le navire commençant à tanguer dangereusement de droite à gauche. Pas facile d'éplucher des pomme de terre dans ses conditions, il décida donc de remonter à l'air libre.

Le spectacle était saisissant, de lourds nuages noirs et bas menaçant à l'horizon, et une légère bruine empêchait les hommes de se mouvoir à leur guise. On l'interpella de loin, et il fut réquisitionné derechef pour s'occuper de la voile arrière. Et plus vite que ça mon gars, ça va pas tarder à être vilain ! Aussitôt dit, aussitôt fait, il se mit à jouer des coudes et des cordes avec trois autres gars, pour que la tempête n'impacte pas trop le navire. Plus la voile était réduite, mieux s'était. Bientôt les éclairs vinrent frapper autours de la coque, les éléments se déchaînant du mieux qu'il pouvait pour faire basculer le navire dans un cauchemars. Chacun était encore à son poste, tenant fermement la bride des voiles pour que rien de malheureux n'arrive au navire marchand. Toute la réputation et la fortune de l'équipage se jouait dans des situations pareilles, quand les vagues faisaient des roulis haut de plusieurs mètres, et qu'il fallait combattre rudement pour traverser la tempête. Pas facile pour les petits bras de notre héro, qui tanguait plus qu'il ne se battait. Bordel, cette corde est trop glissante, j'arrive à rien ! Justifia-t-il d'une voix tremblotante, toujours adepte des excuses foireuses. Il dansait de droite à gauche comme un singe de branche en branche, complètement inutile mais pourtant présent... L'important c'est de participer non ? C'est ce que tout le monde dit de nos jours.
- Allez mes jolies, négocions hardiment avec cette mer déchaînée, HIYA ! Que fit le capitaine, grisé par des vagues et un peu d'éclair. Un vrai gamin du haut de ses soixante dix ans.

Après une heure de lutte acharnée, ils passèrent la tempête tant bien que mal et se retrouvèrent de nouveau sur un eau calme et chaude, signe distinctif de South Blue. On s'ennuyait à mourir et tout le monde crevait de soif, et comme un bon petit soldat, Kobby se décida de remédier à cette situation en préparant un tonifiant à base d'agrume, un bon petit alcool maison qui découanait pas mal selon son créateur. Et l'assemblée ne pût qu'opiner du chef devant l’initiative du petit brun, qui n'était pas déconnante du tout. Une fois l’équipage revigoré, tout le monde regagna son poste, ce qui pour K.O se traduisait par nettoyer de fond en comble ce foutu bâtiment nautique. Il prit donc son fidèle sceau, sa traditionnelle serpillière et s'attela à la tâche avec toute la bon humeur qui lui restait encore après avoir vécu une tempête gargantuesque.
- SIFFLOTER EN TRAVAILLANT LALALA, SIFFLOTER ! Qu'il chantait à plein poumon, reprit en cœur par tout l'équipage qui commençait à rudement bien apprécier la nouvelle recrue. Pour une fois qu'il rechignait pas à la tâche, Kobby était plutôt content de son petit effet sur le moral des troupes. S'ils avaient sût qu'à la prochaine île, il les quitterait pour mieux asseoir son business, peut être la troupe aurait été moins enjouée, mais qui était-il pour gâcher le plaisir de dizaine de matelots expérimentés.

* * *

Il faisait si chaud qu'une poêle en plein soleil aurait pu faire des œufs au plat. Tout le monde transpirait et ne rechignait pas à la tâche. Un travail bien fait. Un capitaine d’expérience. Des dizaines de matelots chevronné et puis …. puis Kobby. Le bonhomme gâchait un peu le paysage mais sa bonne humeur et ses petits remontants en faisait un membre apprécié de la communauté. Comme quoi un bon remontant peut conquérir les hommes les plus durs. Surtout quand on le fait maison et avec autant de succès que K.O. Il était sur le pont, faisant toussoter une flamme à son vieux briquet quand la vigie sonna une nouvelle fois l'alarme.

- DES PI-PI...
- DES PIRATES !!! reprirent en cœur tout les hommes sur le pont.

Le branle bas fut sonné, il fallait à tout prix esquiver cette menace, un navire marchand ne faisant que rarement le poids face à des pirates chevronnés. On reconnaît un bon marchand à sa façon de fuir la menace, c'est connu. Les voiles furent tirés à leur maximum mais rien à faire, les pirates semblaient s'avancer inexorablement vers le petit équipage. Le bateau, plus fin et moins équipé aurait dû pouvoir esquiver la menace, mais la trajectoire par lequel passait les flibustiers interdisait les axes praticables par le vaisseau. La confrontation semblait inévitable alors le capitaine prit une mesure des plus extrême :
Aux armes camarades, nous défendront chèrement notre peau et notre marchandise !
Parce qu'on a des armes nous ? Demanda le K.O
Bien sûr mon garçon, les mers sont dangereuses de nos jours !

Et on sait s'en servir ? Fut la dernière question qu'il posa avant que le capitaine ne lui mette une petite tape affectueuse à l'arrière du crâne, l'entraînant dans la direction des cales. La bas le second était déjà aux affaires, distribuant armes et munition. Et pour Kobby ? Une petite dague lui fit passer, ce qui confirma la règle selon laquelle tout était petit chez lui. Vous déconnez les gars, je vais pouvoir faire quoi avec ça moi ? C'est déjà mieux que rien, te plaint pas ! Si on perds ce sera a cause de ça j'espère que t'en ais conscient ! Justifiant déjà une défaite à l'avance pour cette infamie. De toute façon il savait a peine la tenir par le bon bout, ce n'aurait pas été un mieux avec une plus grande arme. Remontant sur le pont, il attendit, anxieux, que l’inévitable n'arrive pour toquer à leur porte. Et l’inévitable arriva avec un porte voix pour mieux crier : RENDEZ VOUS ET FAITES TOURNER LA MARCHANDISE OU PRÉPAREZ VOUS A MOURIR AUJOURD'HUI ! Qu'on entendit. Et la réponse fut sèche : PLUTÔT MOURIR QUE DE VOUS LIVRER QUOI QUE CE SOIT CHIENS GALEUX ! Un A L'ABORDAGE fut lancé et des hommes arrivèrent par paquet de cinq, utilisant des cordes et des plateaux de bois pour mieux pénétrer le navire des marchands. Et Kobby ? Il était déjà partis se perdre dans la soute, vers ses bagages, n'étant absolument pas certains de la gagner, cette fois. Autant affronter une tempête il pouvait faire, mais subir des coups et blessures ne l'enchantait pas du tout. Sur le pont on chiait sang et sueur pour tantôt attaquer, tantôt défendre ses position. On entendait le champ de la poudre, et même distinguer le cliquetis des armes les unes contre les autres. Kobby se sentait en sécurité mais ce ne fut que de courte durée lorsqu'il vit l'un des pirates descendre les escaliers jusqu'à sa position. Ni une ni deux, il prit la décision de se défendre et profita de sa petite taille pour se faufiler dans le dos de l’énergumène, et asséner un coup mortel par derrière. Pour une fois que son manque de croissance faisait ses affaires, il allait pas se faire prier -mais shht, ne le dites à personne ! Sur le pont c'était le chaos totale, on tuait, on ferraillait, on eviçerait loin des yeux candides de K.O. Soudain on entendit un HOURA ! Retentissant, et Kobby sut qu'il était temps de reprendre sa place près de ses compagnons. Il monta prudemment les marches, pour se retrouver nez à nez avec le cadavre du second qui traînait par terre, comme une vieille chaussette qu'on oublierait sur le sol de sa chambre. Un choc atténuer par le plaisir de voir tout l’équipage encore debout, malgré les blessures et la fatigue des combats.

- Bon, on reprends la route, Donna Carlota déteste quand on a du retard sur la livraisons de ses étoffes favorites.

Sujet: Re: Les désastreuses aventures de Kobby Caïn.

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