« Si vous êtes ici, c’est parce que j’ai déchidé de vous confier la lourde tâche de découvrir che qui est arrivé à l’équipache dischparu… Comme vous le savez déjà, on ne peut pas che permettre d’envoyer des forches trop importantes ou nos meilleurs officiers encore dichponibles… » Une fois de plus, il jeta un rapide coup d’œil aux deux autres, tirant une tête dépitée, avant de se racler la gorge et sauver les meubles
« Mhm… Che que che veux dire… Ch’est qu’aucun incident majeur n’a été chignalé dans ches eaux depuis longtemps… Vous ferez donc parfaitement l’affaire ! » À cet instant, il remua beaucoup plus vite le bras censé moudre le grain de café de sa "jambe" avant de reprendre sur un air carrément terrifiant
« Dois-che vous préchiser que che n’accepterai aucun retour sans informachions concernant nos troupes dichparues, cheunes gens ? »Les deux officiers déglutirent d’une seule et même gorge… Sans sous-entendus douteux, je vous vois venir ! Leurs ordres de mission bien reçus, ils se contentèrent d’un dernier salut militaire avant de tourner les talons et sortir à toute vitesse du bureau de leur supérieur. Même sans jambes, il restait terrifiant lorsqu’il le décidait…
Pour qu’on fasse appel à eux, c’est que la situation nécessitait un certain savoir-faire et non pas juste une grande puissance. Mais quand même… S’ils n’étaient pas au courant de tout, la situation devait être bien plus problématique qu’ils ne l’imaginaient, au point de ne pas pouvoir envoyer d’officiers trop puissants effectuer ces recherches… Comme s’ils pourraient être demandés ailleurs à tout instant. Cela fit réfléchir Raven, adossée contre un mur après qu’elle et son camarade se soient éloignés en courant du bureau du Commodore. Elle finit par croiser les bras, encore plus anxieuse quand elle réalisa qu’avec Chouji, ils seraient les seuls officiers à bord pour diriger cette mission.
« Donc… On nous envoie aux dernières coordonnées connues et puis… Quoi ?! On improvise pour retrouver l’équipage disparu ? Gros plan, bravo l’état-major ! À ce stade on pourrait aussi bien poser la question à des loutres que nos recherches en seraient toujours au même point… »Envahie par la pression, c’était la première fois que Raven perdait ainsi ses moyens et se laissait submerger par ce qu’elle ressentait. Le fond de sa pensée n’était pas entièrement faux mais la formulation laissait encore à désirer ! Après quelques instants à vider son sac, elle fut ramenée à la raison par une gifle magistrale de la part de son supérieur. Aussi inattendue qu’assez forte pour lui remettre les idées en place, elle en bascula carrément pour finir à genoux au sol, une main sur sa joue engourdie. À cet instant, le regard de la brune fut tellement haineux que personne n’aurait été surpris de voir un éclair foudroyer l’officier…
« QU’EST-CE QUE C’EST QUE CA ?! J’AI RAREMENT VU UNE ATTITUDE AUSSI INDIGNE DE LA PART D’UN SERGENT DE TOUTE MA CARRIÈRE-Nah !! EST-CE QUE VOUS TROUVEZ QUE BAISSER LES BRAS À LA MOINDRE DIFFICULTÉ EST UN COMPORTEMENT DIGNE D’UN MARINE, SERGENT ??! » Il s’interrompit quelques secondes, fixant la jeune femme d’un regard autoritaire
« Et bien quoi ? Vous comptez fusionner avec le sol ? Il ne risque pas de s’enfuir alors… LEVEZ-VOUS ET RÉPONDEZ QUAND JE M’ADRESSE À VOUS ! »Il n’y avait pas à discuter ni à réfléchir. Exactement comme on le lui avait enseigné, Raven se redressa sur ses pieds pour faire face à son supérieur. Elle le suivit du regard mais, devant son autorité, n’osa même pas masser sa joue encore douloureuse.
« C’est… Ce n’-- » Avant même de pouvoir poursuivre sa phrase, il l’interrompit une nouvelle fois afin de coller son front au sien et la foudroyer du regard à son tour
« Je n’ai pas été assez clair-nah ? » Il parla lentement, d’une voix menaçante au point qu’elle se sentit trembler face à lui, au bord des larmes avant de réussir à prononcer une réelle réponse
« J-Je suis désolée, mon Lieutenant !! Je me suis laissée emporter par le doute car… Car c’est la première fois que je me retrouve assignée à une tâche de cette importance et je… » Elle fut immédiatement coupée, Chouji arborant à nouveau un visage plus agréable et réconfortant
« Ça va aller. Ne t’inquiète pas pour si peu-nah… »Sur le coup, elle avait du mal à croire que c'était la même personne devant elle… Avec le temps, Raven l’avait déjà vu se montrer strict, comme lorsqu’ils naviguaient mais à ce point-là... Jamais. La seule réaction qu’elle eut sur le moment fut de rougir avant de ne plus être capable de lui faire face… Heureusement, il s’était déjà remis en marche et se contenta d’un signe pour lui indiquer de le suivre.
Naviguant en mer depuis plusieurs jours, l’ambiance à bord était comme à son habitude. On pouvait sentir une certaine insouciance dans le comportement des matelots, pensant effectuer une autre de leurs habituelles missions de routine. Les deux officiers passaient la plupart de leur temps au niveau du gaillard avant, observant la ligne d’horizon en se tenant côte à côte. Ils ne s’échangèrent pourtant pas le moindre mot avant un bon bout de temps. Après une longue période, Raven se risqua à briser le silence presque gênant, qui régnait entre eux.
« Concernant ce qui s’est passé au QG, je… » Avant même de pouvoir poursuivre davantage, Chouji vint poser la main sur son épaule, la coupant de son élan pour reprendre à sa place
« Nah ♪ C’est oublié. Concentre-toi sur la mission désormais… Garde à l’esprit que si ça tourne mal, c’est à toi que revient la charge de ses hommes-nah ~ » D’abord agréablement surprise par le contact sur son épaule, le Sergent mis quelques instants avant de réaliser et assimiler les paroles de son supérieur…
« Hein ?! Mais c’toi l’officier le plus gradé sur ce vaisseau ! C’est toi qui dirigeras la mission, pas moi !! » D’une certaine façon, cela n’étonna même pas Raven qui le fixait afficher son air niais et désinvolte qu’elle ne lui connaissait que trop bien
« Nahnahnah ! ~ ♪ Mais en tant que Lieutenant, j’ai déjà décrété que je te laisserais gérer autant que possible afin d’évaluer tes capacités à commander-nah. ~ »Il ne manquait plus que ça, tient ! Est-ce qu’il comptait vraiment l’évaluer ou juste trouver un prétexte pour se la couler douce ? Une réponse qu’elle lui posa mais qui fut royalement ignorée. Comprenant qu’elle n’obtiendrait pas plus de réponses de sa part, le Sergent laissa tomber et se contenta d’observer l’horizon avant de tourner les talons. Contrairement à ses débuts, il ne lui fallut que quelques secondes pour grimper le long du mât et se tenir à sa position de base, en hauteur, pour profiter de l’air marin et tenter de soulager ses inquiétudes.
Redescendue après s’être aéré l’esprit, elle discuta longuement dans la cabine principale avec son supérieur concernant le trajet à suivre ainsi que des détails sensibles. Sur le même bureau que la carte maritime, divers rapports étaient étalés. La plupart concernaient les dernières coordonnées connues de l’équipage disparu, alors que d’autres recensaient plutôt des témoignages recueillis, sans garantie quant à leur fiabilité.
Pendant tout un temps, Raven resta silencieuse, bras croisés à attendre que son supérieur fasse le point… Ayant déjà oublié ce qu’il lui avait annoncée plus tôt, ce dernier finit par rompre le silence qui s’éternisait.
« Ben alors, t’attends quoi-nah ? On t’écoute… ~ » Décidément, la jeune femme ne comprenait pas à quoi son petit jeu pouvait rimer mais elle n’avait pas le choix. Dans le pire des cas il pourrait tout aussi bien lui donner l’ordre de faire un résumé, autant se jeter à l’eau…
« Hum… On reparlera d’ça plus tard… » Grogna-t'elle entre ses dents avant de s’éclaircir la gorge, reprenant de manière plus audible
« Notre objectif est de retrouver l’équipage disparu… Tout ce dont on dispose comme informations, ce sont leurs dernières positions, grâce aux rapports réguliers. » Se penchant sur la carte, elle posa l’index sur la croix la plus éloignée
« … C’est-à-dire : ici. Les témoignages dont on dispose sont beaucoup trop variés pour qu’on s’y fie alors… Je suis d’avis de nous rendre à ces coordonnées afin de voir ce qu’il en est par nous-même. »Elle se redressa ensuite, n’ayant pas grand-chose de plus à proposer ni de meilleur plan. Comme il l’avait dit, Chouji la laissa aux commandes et hocha simplement la tête pour marquer son accord. Ils avaient encore un bon moment à naviguer avant d'arriver jusque-là et ce temps fut habilement mis à profit par le Sergent, passant davantage de temps avec son supérieur à discuter de tout et de rien et se rapprocher progressivement…
Lorsqu’ils arrivèrent enfin sur les lieux, tous étaient sur leurs gardes et se préparaient au pire, parés à combattre de toutes leurs forces. Au final, il n’en fut rien. Les lieux étaient calmes, exceptés un brouillard épais qui limitait leur champ de vision.
« Quelque chose droit devant ! Je vois une île et… Autre chose ? On dirait un… UN BATEAU ?! »S’écria le matelot en vigie. Au son de sa voix, l’équipage se rua vers l’avant et les rambardes afin de regarder à son tour. En effet, une ombre prit lentement forme à travers le brouillard jusqu’à se révéler être un navire. Maintenant le cap, une petite île se détailla aussi. Bien mieux que la forme étrange qu’ils apercevaient jusque-là. Quand ils furent assez proches des côtes, plus aucun doute n’étaient possibles, il s'agissait bien du navire disparu d’après les couleurs de sa coque et le type de modèle.
« Réduisez la voile !! Approchez-vous du navire afin que l’équipage puisse nous voir mais soyez prêts à tout ! Rien ne nous dit que ce n’est pas un piège… »Leur navire resta stationné à une distance minimale et la plupart de l’équipage rejoignit la berge en chaloupe. Quelque chose ne tournait pas au rond, aux yeux de la femme qui commandait... Si le navire pouvait être si facilement trouvé, qu’est-ce que leur absence signifiait ? Prête à répondre au moindre signe d’hostilité, il n’en fut rien et les chaloupes atteignirent la terre ferme sans encombres. À son ordre, tout le monde se dirigea vers le navire recherché afin de monter à bord.
L'état général de l'équipe de recherche était assez mitigé, beaucoup s’attendaient à le trouver vide, comme se fut bien le cas...
Au premier regard, les lieux semblaient déserts, mais en tendant bien l’oreille, il était néanmoins possible de percevoir une sorte de musique. Le genre de musique qu’on entend en rue, fort répétitive mais attirante…
Chouji et Raven échangèrent un regard avant d’hocher la tête, partageant la même idée. La compagnie se mit en route une fois les soldats revenus afin de signaler l’absence de vivres et matériel militaire à bord du navire retrouvé.
Ils traversèrent une petite forêt, se fiant à la musique qui s’amplifiait à mesure qu’ils avançaient dans la bonne direction. Quelle ne fut pas leur surprise quand, au bout du chemin, un chapiteau de cirque se dressa devant eux. Ébahie l’espace de quelques instants, il n’y avait pourtant aucun doute possible, la musique provenant de cet endroit mais aussi des rires, des applaudissements et une voix encore inaudible depuis leur emplacement.
« Nah ~ Alors, quel est le plan, M’dame ? ~ » Demanda Chouji, toujours décidé à la laisser se charger de la mission comme si leurs rangs étaient échangés.
« Tchh ! On va entrer dedans par petits groupes pour repérer discrètement c’qui s’y passe… Les autres, vous vous placerez près des sorties. »Raven ne savait pas elle-même dans quoi elle se lançait et opta donc pour une stratégie très classique. Ils n’avaient rien emporté pour se faire plus discrets, sachant donc très bien que s’il s’agissait de pirates ou d’ennemis du Gouvernement, la simple vue de leurs uniformes déclencheraient des hostilités. Un risque qu’elle devait prendre, n’ayant plus le luxe de rebrousser chemin maintenant…
À l’intérieur des lieux, le spectacle était encore plus horrifique que ce à quoi s’attendait la jeune officière. Sous le chapiteau, on y trouva une tribune disposée en cercle et laissant tout un espace libre au centre, comme dans n’importe quel cirque. Cependant, la vision d’horreur se profila bien vite. Les corps de plusieurs soldats étaient suspendus à des câbles, certains carrément incomplets. Les nombreuses blessures et membres sectionnés disaient clairement qu’ils avaient été torturés. En train de réfléchir au motif d’un tel acte, la jeune femme revint à la réalité lorsque le temps sembla reprendre son cours et que les acclamations s’élèvent en réponse aux paroles du commentateur.
« Un… Survivant ?! » Sans traîner plus d’une seconde, la jeune femme rompit la formation instaurée pourtant par ses soins pour se ruer vers le centre de la pièce.
« Arrête-toi, Raven ! STOP ! » Chouji se précipita à son tour afin de l’attraper et l’empêcher de courir plus loin, aux limites de la zone.
Ce geste attira l’attention sur eux, le public étant à ce moment disséminé un peu partout dans les gradins. Comment pouvait-elle rester à l’écart alors que le numéro qui était présenté avait pour but de faire souffrir le dernier Marine encore en vie, attaché en étoile de mer au milieu. On ne fera croire à personne que les nombreuses armes blanches sur le présentoir servent juste de décorations…
Elle n’était clairement pas prête à ce genre de spectacle macabre, n’arrivant pas à contenir sa colère. Privée de toute lucidité, elle tenta de se libérer pour venir en aide au soldat mal en point mais sans succès. Déjà, tous les hommes dans les gradins s’étaient levés et s'avançaient vers eux. Des pirates menant une activité aussi lucrative que malsaine. Voilà sur quoi ils avaient mis la main.
Les affrontements éclatèrent aux quatre coins du chapiteau bien que les occupants prirent très vite le dessus, forçant peu à peu la Marine à reculer malgré les renforts arrivant au compte-goutte pour se faire cueillir avec une facilité déconcertante. La faute ne revenait toutefois pas à la stratégie choisit par Raven mais bien au surnombre adverse qui était habilement parvenu à coincer les soldats dans les couloirs d’entrées. Dans cette position, se battre ou se déployer devenait compliqué.
Raven fit de son mieux pour tenir dans ce qui se trouva être son premier combat réel… N’ayant pas abandonné l’idée de sauvetage, elle déchanta vite quand celui qui semblait être le capitaine
leur offrit son petit numéro. Son but était clairement de les provoquer mais aussi d’ébranler leur morale, réussissant à merveille lorsqu’il acheva son prisonnier, riant sous les acclamations des siens.
Le moral au plus bas, la retraite ne tarda pas à être sonnée, Chouji ayant repris totalement les commandes étant donné la gravité de la situation. Ils n’étaient plus assez pour continuer à se battre, n’étant à la base qu’un groupe de recherche ayant mis les pieds là où ils n’auraient pas dû…
« On aura jamais l’temps de fuir, tu l'sais aussi bien que moi ! Si on n’fait rien on va juste se faire avoir les uns après les autres pendant qu’ils nous pourchassent… » Dit la jeune femme à son supérieur une fois de retour à ses côtés, en désaccord avec cet ordre
« Je le sais-nah ! Profitez de la forêt pour fuir en étant à couvert… Je reste ici avec les volontaires-nah. » Elle fit à peine un pas vers l’avant que Chouji lui lança une étrange bestiole et l’interrompit dans son élan
« Toi, tu fonces avec les autres jusqu’au navire. Approchez-vous le plus possible de la côte pour nous récupérer. Je t’appellerai avec le denden. Grouille-toi ! Si on traîne trop, partez-nah !! »Se refusant à bouger, il la bouscula afin qu’elle s’en aille en direction de la côte et rejoigne les chaloupes, tenant l’escargophone sans y prêter attention. Leur nombre avait grandement diminué comparé à leur arrivée. Beaucoup de combattants ayant péri, il ne restait surtout que des matelots, assez pour pouvoir naviguer si on compte les quelques-uns restés à bord.
« Que ceux qu’sont encore assez en forme viennent m’aider à mettre les chaloupes du second navire à la mer !! »Les premières auraient largement suffi à transporter les personnes restantes mais cela aurait aussi voulu dire que ceux encore en train de se battre seraient livrés à eux-mêmes… Ils pourraient sûrement nager mais pour la jeune femme ça revenait à les abandonner. Hors de question ! Accompagnée de ceux qui avaient encore assez de forces, ils les mirent à la mer et s’emparèrent de l’une d’elles pour leur propre compte. Ramant comme jamais, ils regagnèrent leur navire, peinant à hisser les blessés tandis que le Sergent tentait de coordonner tout ce joyeux foutoir. Entre les survivants et ceux montant la garde, totalement perdus, difficile d’y voir clair !
Maintenant qu’elle était à bord, la brune observait le denden mushi donné par Chouji comme si un regard incessant allait le forcer à sonner. Au mieux, elle parviendrait peut-être à mettre l’animal mal à l’aise… Quelque chose chez ce dernier la fascinait, allant jusqu’à lui faire mettre de côté le stress. Elle était comme hypnotisée, trouvant l’escargophone toujours plus mignon à mesure que le temps s’écoulait, se tenant aussi proche de l’une de ces bestioles pour la première fois.
« ♪ Pulup, pulup, pulup ♪ Pulup, pulup, pulup ♪ Pulup, pulup, pulup ♪ Pulup, pulup, pulup ♪ »Enfin, il sonna ! Tout était prêt et le bateau s’était déjà rapproché des côtes. Pourtant, cette sonnerie eut un effet catastrophique. Alors que l’appareil de communication sonnait, la jeune femme resta complètement figée devant celui-ci. En quelques secondes, son visage vira au rouge, captivée par l’escargophone. Dans sa tête, des
« Trop mignon !! » se répétaient en boucle. Le bruit autour d’elle ou les appels d’un homme juste à côté d’elle ne parvinrent pas à la sortir de cette transe, totalement verrouillée sur le denden mushi.
Heureusement, un homme à ses côtés finit par décrocher à sa place… Ce qui empira encore l’état de Raven lorsque l’escargophone afficha soudain les mêmes traits de visage que celui de Chouji, imitant à la perfection son expression à la fois fatiguée et exaspérée. Son teint devint encore plus rouge et on pouvait facilement la comparer à une bouilloire sur le feu, prête à expulser la vapeur d’une seconde à l’autre… Difficile pour l’homme d’expliquer la situation à son supérieur, encore en danger de mort, se contentant de lui répéter que des chaloupes étaient prêtes à les recevoir.
« Et le Sergent, elle est passée où celle-là ? Passez-la-moi, tout de suite ! Comment ça c’est impossible ? Elle se fout de ma gueule-nah ?! NAH ? Figée juste à côté ? Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire ?! RAH !! On verra ça plus tard-nah !! » « ♪ Katcha ♪ »En plus d’être désespérée, la situation globale avait pris une tournure inattendue suite au blocage complet du Sergent, reprenant néanmoins ses esprits peu de temps après que son subordonné ait raccroché.
« Hum… Je… Il a les nerfs, hein ? J’ai tout entendu… » Dit-elle sans savoir où se mettre. Elle s’expliquerait avec lui plus tard, devant d’abord le ramener à bord
« Pointez les canons vers la lisière de la forêt et préparez un tir de barrage pour couvrir nos hommes ! Ne tirez que lorsqu’ils seront en mer ! »Ayant repris du poil de la bête, la jeune femme cria ses ordres tout en jetant de brefs regards vers le denden mushi. Elle-même ne comprenait pas. Ce n’était pas le premier qu’elle voyait, loin de là... Restée généralement loin lors des appels, elle ne s’attendait pas à ce qu’ils soient aussi mignons avec leurs petits gestes et leur bouille trop adorable… Non, n’y pensons pas !
Le groupe de Chouji finit par pointer le bout de son nez, bien moins nombreux qu’auparavant et en piètre état. Exténués, ils poursuivirent leur course jusque-là où se trouvaient les chaloupes détachées précédemment. Comme signalés et prévu à bord, le navire tira une salve de bordée afin de couvrir la fuite des derniers survivants entassés pour ramer et rejoindre le navire le plus vite possible.
Une fois tout le monde récupéré, le navire de la Marine repartit en direction de la base. Depuis son retour et durant tout le voyage, le Lieutenant n’adressa pas le moindre mot à Raven. Elle le savait… À cause de son moment d’absence à trouver leur téléphone trop mignon, Chouji et ses hommes auraient pu mourir. Heureusement que quelqu’un se trouvait assez proche et avait eu le courage de réagir devant une situation aussi incongrue. L’officière s’en voulait… Que ce soit pour sa perte de sang-froid dans le chapiteau, leur fuite ou son blocage. À un point tel qu’elle resta perchée sur la mâture durant tout le voyage, assise en boule. Quoiqu’elle fasse, repenser à cet instant, revoir la bouille de l’escargophone en train d’imiter le Lieutenant la rendait complètement gaga.
*****
Dès leur retour au quartier général, les deux officièrent durent se rendre dans le bureau de Monsieur jambe-machine-à-café afin de faire leur rapport. Toute l’île était au courant de son humeur massacrante et de sa colère à force de gueuler sur ses deux subordonnés. Il n’y alla pas de mainmorte, ne pesant pas ses mots pour leur exprimer sa rage. Le seul élément qui les sauvait un minimum était d’avoir élucidé le mystère de l’équipage disparu. Cependant, rien que d’y penser et de savoir qu’ils avaient dû battre en retraite le mettait dans tous ses états. À la surprise de Raven, son Lieutenant prit toute la faute sur lui, taisant son petit jeu sur le transfert de leadership. N’étant pas stupide, elle savait bien que c’était surtout pour sauver ses galons, risquant énormément si on venait à apprendre qu’il s’était déchargé de sa mission sur un officier moins gradé.
Jusque-là, ce n’était toutefois que la partie amusante du sermon, rien de bien méchant. Arriva alors le moment fatidique abordant le sujet du Sergent rendu incapable de décrocher l’appel de son supérieur, manquant de le tuer. Impossible de s’expliquer. Rien qu’à ce moment, elle recommençait à rougir malgré l’homme qui beuglait tellement qu’il les arrosait de postillons, ainsi que Chouji qui lui en voulait toujours à ce propos. Les mots employés étaient forts, parlant même de fautes graves et de motifs d’exclusion…
Ils débattirent longtemps afin de se dépêtrer de cette situation épineuse, la jeune femme faisant de son mieux pour s’expliquer, bien qu’elle n’avait rien pour se défendre. Sa place et son travail furent finalement sauvés grâce à un accord, peu avantageux mais sauvant les meubles. Rave, se retrouva « privée » de promotions éventuelles pour une longue période à venir, confinée également au QG jusqu’à nouvel ordre afin de tirer au clair son comportement vis-à-vis des denden mushi. Il était clair pour leur supérieur qu’on ne pouvait envoyer sur le terrain quelqu’un incapable d’utiliser le moyen de communication le plus répandu dans le monde. Bien qu'il la félicita discrètement d'avoir su cacher ce problème jusqu'à aujourd'hui...
Hors du bureau et enfin sortis d’un nouveau sermon interminable, le jeune homme se décida enfin à adresser à nouveau la parole à l’officière, pour la plus grande surprise de cette dernière. Ils discutèrent longuement, avant que leurs paroles ne dévient sur des sujets plus amusants. Au moins, elle sut qu’il avait finalement digéré l’incident, sans toutefois le pardonner mais pour elle, c’était beaucoup !
Quelques temps plus tard, ils apprirent que des forces avaient été envoyées afin de nettoyer les lieux des pirates avec qui ils s'étaient battus. Pas de détours possibles cette fois, une force de frappe conséquente étant mobilisée. Pour rien... Les pirates avaient déjà quitté les lieux depuis un moment... Heureusement qu'après cet aller-retour inutile, les deux compagnons ne traînaient pas près du bureau de leur supérieur, surement prêts à les broyer comme le grains de café dans sa jambes.
*****
Étonnamment, pendant toute la longue période qui s’en suivit, Raven se rapprocha énormément de son Lieutenant jusqu’à former un couple. Un duo très étrange mais qui fonctionne malgré les périodes d’éloignements…
Quant à la situation de la jeune femme, il était démontré clairement que les escargophones avaient un effet très particulier sur elle. Suffisamment problématique pour l’empêcher de retourner sur le terrain. Tout ce temps passé à la base n’était pas perdu pour autant. La jeune femme réussit à s’illustrer sur d'autres tableaux. Qu’ils soient administratifs afin d’aider ou en apportant un regard neuf sur diverses questions, la brunette fit au mieux pour mettre sa punition à profit. Une occasion se présenta enfin à elle, suite à ses efforts et surtout à sa forte curiosité… Préférant passer son temps à réfléchir à de réelles questions que faire de la paperasse.
Si son grade ne bougea pas, comme convenu en guise de sanction, l’occasion de rejoindre une division particulière de la Marine lui fut proposée. Certains semblaient apprécier sa ténacité quand il est question de trouver des réponses. Devant y réfléchir, son frein majeur était naturellement de se retrouver basée ailleurs, loin de Chouji. Ils en discutèrent ensemble à plusieurs reprises, parvenant à la conclusion que c’était le mieux pour l’officière, lui rappelant qu’elle lui avait souvent parlé de son intérêt pour le domaine des recherches scientifiques et technologiques.
« Et puis… ♪ On pourra toujours discuter via denden mushi-nah ~♪ »Une petite taquinerie en amoureux qui s'acheva par un magistrale coup sur la tête du pauvre jeune homme. Suivis par une bonne crise de rire ensemble, profitant de ce qui allait être un de leurs derniers moments à deux avant un sacré bout de temps.
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La procédure d’affectation se fit étonnamment vite, pas habituée à une telle efficacité administrative. Plus qu’à attendre qu’un navire de la division de recherches vienne récupérer ses nouveaux éléments. Quelques jours et ils étaient là. Des types aux allures singulières, tout comme les quelques autres personnes l'accompagnant. Raven était loin d’être au bout de ses surprises. Depuis qu’elle avait donné son accord, la jeune femme imaginait à quoi ressemblerait son nouveau lieu de vie. Presque innocemment, elle voyait ça comme une de leurs petites bases, en version plus technologique avec des conduits et autres circuits dépassant de partout…
... Pas du tout !
Ils arrivèrent sur une petite île qui ressemblait à n’importe quelle autre : banale et sans le moindre intérêt justifiant d’y accoster. À terre, seul ce qui ressemblait à un vieux bâtiment en ruine comblait le vide de la zone. Dans un tel décor, loin de ses fantasmes précédents, le Sergent ne se priva pas pour demander s’ils s’étaient perdus sur la route censée les mener à leur base. Apparemment, non…
Afin de garantir la plus grande discrétion quant aux projets menés par la division scientifique, ses bases annexes étaient dissimulées. Cela garantissait aussi bien le secret que d’autres mesures de sécurité. Elle dut se contenter de cette brève explication tandis qu’ils pénétraient les lieux. Très vite, la jeune femme se rendit compte qu’ils ne plaisantaient pas, un large complexe se révéla après avoir franchi le sas de décontamination, surveillé par quelques gardes armés. Des couloirs et des portes à perte de vue, un éclairage digne des hôpitaux et une propreté impeccablement stérile…
« C’charmant comme endroit… »Son commentaire ignoré, les nouveaux membres furent guidés pour une première visite des lieux et être présentés aux responsables du site. Silencieuse, le fait qu’ils se présentèrent tous comme des docteurs en étalant leurs domaines de spécialisations, au lieu de leur grade de base, intrigua l’officière. Par la suite, elle comprit qu’ici ça ne compterait plus, l’autorité se gagnant grâce à ses méninges et non par ses états de service.
C’était comme démarrer une nouvelle carrière depuis le point de départ, effaçant toutes ses fautes passées et après réflexion, ce n’était pas si mal ! Surtout quand il n’y a plus tous ces entraînements matinaux jours après jours.
Comme chaque fois, ses débuts n’eurent rien de bien glorieux ou de très motivants. À la place des footings et parcours d’obstacles, il était maintenant question de nettoyer les ustensiles scientifiques ainsi que les plans de travail… De quoi vous donnez des maux de ventre très rapidement en voyant l’état de certains, ou plutôt des restes d’une expérimentation jonchant encore le meuble et parfois étalée aux quatre coins de la pièce. Un bon entraînement pour l’estomac. Ces tâches n’étaient pas à faire sans raison, permettant aux nouveaux d’assister au déroulement des recherches et d’assimiler inconsciemment diverses informations. Quant aux chercheurs, ils pouvaient ainsi trier les éléments et retenir les plus curieux disposant de potentiel afin de les pousser plus loin dans leur formation scientifique.
Raven semblait coller au profil qu’ils souhaitaient trouver. À la fois curieuse mais aussi mécontente de servir uniquement de personnel d’entretien, n’hésitant pas à le faire remarquer. Souvent, elle tentait de suggérer des théories, se faisant royalement ignorer la plupart du temps.
Sa persévérance digne des parasites les plus solidement accrochés à leur hôte finit par porter ses fruits. L’officière réussitt à se faire repérer par les équipes de chercheurs, obtenant ce qu’on peut comparer à une promotion. Elle cessa d’enchaîner les basses besognes afin de suivre une réelle formation scientifique et méthodologique. Longue, rigoureuse mais extrêmement bénéfique au savoir de la jeune femme. Exactement ce qui lui manquait.
*****
Plusieurs années plus tard et désormais dans la fleur de l’âge, dans la fougue de la jeunesse du haut de ses vingt-trois ans, l’officière de la Marine avait déjà beaucoup changé. En bien ou en mal, selon les points de vue. Ses compétences d’analyse et ses connaissances globales s’étaient grandement amplifiées, bénéficiant d’un réel apprentissage dans ces domaines multiples. À contrario, c’était comme si une partie de sa joie de vivre ou même de son humanité avaient été étouffés, ayant été aux premières loges pour assister à des tests sur des sujets bien vivants et pas toujours consentants, avouons-le…
Avec le temps, Raven était devenue plus froide, dîtes de glace face à des choses la faisant réagir auparavant. À la dure, son séjour et sa nouvelle formation de chercheuse lui avaient apprit que pour parvenir à ses fins, même la Marine ne reculait pas à l’idée de franchir certaines limites. Pire encore, elle se rendait coupable du même geste odieux en laissant faire. Bien forcée de voir la vérité en face, l’officière eut davantage de mal à accepter qu’elle devenait progressivement identique… Prêtant de moins en moins attention à certaines plaintes ou n’éprouvant plus autant de dégoût, comme à ses débuts, face à certains résultats.
Se trouvant désormais dans un état d’esprit favorisant la recherche et les avancées plutôt que les moyens utilisés, les supérieurs de Raven ne perdirent pas plus de temps. Confinée à des recherches simples jusque-là, le moment tant attendu sembla finalement pointer le bout de son nez. Enfin ! Enfin elle avait les connaissances et la notoriété nécessaire pour travailler avec eux sur les véritables recherches de leur section.
C’était un grand jour pour la jeune femme, l’accomplissement de longues nuits blanches à étudier des livres chiants ou à noter des théories diverses… Cette fois, ils l’emmenèrent avec eux au niveau inférieur dont seul le personnel habilité avait le droit d’y entrer. La cour des grands, pour faire simple.
En surface, les recherches s’orientaient vers des équipements pour les soldats, des moyens de se soigner ou augmenter les capacités martiales sans faire courir de risques au sujet, en bas c’était une autre histoire. Les projets les plus dangereux et malsains se développaient ici, testés directement sur des humains.
« Des prisonniers servent de cobaye ? Beaucoup ont l’air d’à peine être en vie. »« La plupart ne sont que des rebuts de la société, ayant perdu leurs droits quand on les a capturés. On nous les envoie à la place d’aller à Impel Down, un petit cadeau de la Marine qui arrange tout le monde. Kwakwakwa ♪ »Voilà qui a le mérite d’être franc comme explication… Avec ça, aucun doute possible ! Entamant ainsi les recherches sensibles qui visaient, par exemple, à faire des soldats de vraies machines à tuer sur le champ de bataille, à défaut d’en confectionner, l’officière se renferma chaque jour un peu plus. Dormant et mangeant peu, la seule chose qui parvenait à lui forcer un temps de pause était ces rares appels avec son conjoint. Bien qu’elle restait la tête plongée dans un bouquin ou à écrire un rapport, loin du denden mushi transmettant l’appel et éviter tout blocage.
La faute à un sujet qui se révéla particulièrement passionnant… Ayant réussi à démontrer qu’elle ne lésinait pas, tout comme eux, sur les moyens à mettre en œuvre pour mener à bien leurs recherches, Raven se retrouva, avec bien d’autres, assignée à part entière sur celles qui concernaient les Fruit du Démon. Simple légende pour certains, leur existence était fondée mais leur origine ainsi que leur fonctionnement demeuraient un mystère. Beaucoup trop d’interrogations, d’expériences à ce sujet, étaient envisageables. Comment ne pas se passionner pour un sujet parlant de super pouvoirs quand on a grandi avec des soldats ?
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Pendant plus d’une année, facilement, la jeune femme travailla exclusivement là-dessus. Essayant tout un tas de théories, jusqu’aux plus farfelues, dans l’espoir de déboucher sur une piste. Même minime, le moindre indice quant à leur façon de pousser, leurs pouvoirs ou apparence… N’importe quoi ferait l’affaire !
Ce sujet de recherches était un vrai cul-de-sac ! Leur seule avancée était, en fin de compte, ce que tout le monde savait déjà : En ingérer deux conduisait irrémédiablement à l’explosion du corps de la personne. Chose troublante car après avoir analysé pas mal de restes elle n’y trouva jamais la moindre trace suspecte ou d’un corps inconnu permettant d’expliquer ce phénomène…
En fin de compte, elle ne piétina peut-être pas tant que ce qu’elle pensait. Ils s’y mirent à plusieurs et y passèrent encore des mois intensifs, parvenant au résultat que certains fruits disposaient d’une apparence plus reconnaissable que d’autres. Cependant, impossible à tester comme théorie… Aller déjà trouver un fruit dans la nature pour le faire bouffer par quelqu’un et le tuer, pour ensuite repartir à la recherche de
CE fruit précis… Impossible ! Un sujet en amenant un autre, l’idée de fruits artificiels fut naturellement évoquée afin de pouvoir palier à ce contretemps matériel mais là encore… Comment reproduire quelque chose dont on ne sait rien de la composition ?
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Hors de leur portée comme projet, ils se concentrèrent sur l’analyse de sujets disposant de capacités octroyées par ces fruits. Le temps avait beau s’écouler, jamais il n’atténua cet effet comique produit par certains de leurs sujets de test. Comment rester concentré quand vous êtes face à quelqu’un qui possède un pouvoir ridicule ? Et surtout comment quelqu’un ayant le pouvoir d’allonger son nez à la Pinocchio avait pu finir recherché par les forces de l’ordre ? On ne fera aucun sous-entendu sur le fait de pouvoir allonger d’autres parties de son corps…
Non, ne pensez même pas à celle-là !L’avantage c’est qu’ils pouvaient ainsi entamer un long listing des pouvoirs répertoriés, cherchant à classer ces derniers tout en recueillant des informations. Les plus coopératifs allèrent jusqu’à leur permettre de dresser un croquis de l’apparence du fruit avant qu’ils ne le mangent, d'après leurs souvenirs. Leurs théories pouvaient ainsi se préciser, notamment sur la capacité à les identifier visuellement, sans toutefois disposer de réelles preuves quant à ce qu’ils avançaient.
Plus d’un an plus tard, l’équipe scientifique semblait en pleine effervescence. Les recherches avaient bien avancé. D’après eux, ils avaient fait une avancée capitale et testaient maintenant diverses formules censées permettre de consommer un second fruit… De vrais savants fous !
Raven elle-même n’y croyait pas vraiment, bien que consciente que cet élément qu’ils tentaient d’isoler grâce à leurs calculs permettrait peut-être d’ouvrir de nouvelles portes plus réalistes que ces fantasmes de multi-pouvoirs sur des gens. Devant faire son travail et curieuse de voir les tests commencer, elle suivit le mouvement. Des calculs à perte de vue, des schémas s’étalant parfois sur plusieurs tableaux, des documents éparpillés dans tous les coins… Voilà l’allure de la pièce ou les équipes travaillaient nuit et jour.
Il s’avéra qu’au final tout ce qu’ils pensaient avoir trouvé comme réponse n’était qu’un pétard mouillé. D’après les premières batteries de tests qu’ils effectuèrent… Chaque nouvelle formule venait contredire la précédente, empêchant l’équipe de voir la lumière au bout du tunnel. Tant qu’ils seraient limités au seul aspect théorique, en tout cas. Raven tenta cette fois de persuader les directeurs d’abandonner cette idée pour se concentrer sur du concret comme les moyens de localiser les fruits mais ils ne voulurent rien entendre. Entêtés dans ces recherches, ils ordonnèrent finalement d’entamer les tests sur des sujets humains.
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En voyant comment tournaient les expériences, difficile de croire que c’était de la recherche scientifique et non de la boucherie. Il ne fallut pas longtemps pour que leur stock de cobayes y passe entièrement. Ces derniers étant déjà détenus dans des conditions précaires et fortement affaiblis, se faire injecter des produits tous plus étranges les uns que les autres par les chercheurs était amplement suffisant pour mettre fin à leur existence.
Ces fameux produits en question étaient ce qu’on pourrait qualifier de formules synthétisées, sur base des calculs faits auparavant. Autant ne pas s’étaler sur les procédés chimiques mais de façon simple, il s’agit de différents composants biologiques et synthétiques mixés entre eux. Ces derniers sont censés, à la base, modifier les cellules du sujet afin de le renforcer ou en isoler certaines… Voilà le résumé en version simple…
En pratique ce ne fut qu’échec sur échec. Certaines injections causèrent des maladies mortelles et fulgurantes. D’autres s’attaquèrent à leurs organes de l’intérieur pour les détruire pendant qu’ils hurlaient de douleur. Les résultats furent peu glorieux et le retour à la case départ assez violent. Voilà ce qui arrive quand on joue aux apprentis sorciers et qu'on mélange inconsciemment tant de produits ensemble.
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Les directeurs du site parvinrent à faire pression pour rapidement être fournis en prisonniers, malgré leur requête précise. Ils voulaient qu’on leur amène des sujets ayant mangé un fruit du démon.
On leur amena de nouveaux prisonniers mais contrairement à d’habitude, ils étaient beaucoup moins nombreux. Tout juste trois… Les informations les concernant n’intéressaient jamais la chercheuse, diminuant ainsi les remords potentiels en sachant le sort qui les attendait. En temps normal, les seules interactions de la brune avec les sujets étaient de noter leurs réactions suite aux différents traitements administrés.
Les deux premiers tests se firent sans encombre. Comme d’habitude, aucun ne survécu au produit qu’on leur injecta… Bien que confortée dans son idée qu’il était impensable de cumuler deux pouvoirs, l’officière laissa couler et se contenta de prendre des notes tout en rayant les formules utilisées, puisqu’inéfficaces. Lorsque le dernier cobaye fut amené dans la pièce d’expérience, la brunette en laissa totalement tomber son bloc-notes. Les yeux écarquillés, elle ne parvenait pas à y croire.
« Ch… Chouji ?! »Le dernier prisonnier n’était autre que son lieutenant, enfin l’ancien lieutenant de la Marine, avec qui elle avait tant travaillé et entretenait une relation. Ses pensées se bousculèrent à cet instant, complètement mélangées. Certes, elle le retrouvait après tout ce temps mais dans quelles conditions ? Sans hésiter, elle actionna le microphone afin de lui parler pendant qu’il résistait au mieux.
« Chouji !! C’moi, Raven ! Qu’est-ce que tu fous-là ?! Pourquoi t’es considéré comme un prisonnier ? C’pour ça qu’on avait plus aucun contact ?! »Tellement de questions et un laps de temps trop court pour poser les plus importantes… Lorsque leurs appels se firent plus rares, l’officière s’était simplement mise en tête que son compagnon avait fort à faire ailleurs et manquait de temps… Le trouver à cet endroit, si soudainement, par contre... C'était une véritable descente aux enfers inattendue.
« Non !! Ce n’est… Nah ~ Pas ce que tu crois ! Je t’en prie ne… Ne les… Lâchez moi-nah !! Ne les crois sur--surtout pas-nah ! »Raven n’y comprenait rien… En théorie, elle était bien consciente que s’il était là, c’est qu’il avait été arrêté et destitué de tous ses galons mais… Un homme comme lui qui tourne en criminel ? Impossible ! Sans le personnel pour la retenir, elle se serait ruée dans la salle de test afin de l’aider, d’obtenir des réponses voire juste d’obtenir un baiser, éloignés l’un de l’autre depuis si longtemps…
« Qu’est-ce que ça signifie ?! C’est l’Lieutenant Chouji, vous êtes au courant, non ?! Pourquoi il fait partie des prisonniers ?! Libérez-le !! »S’écria-t-elle, remuant comme une furie entre les bras du personnel devant s’y mettre à plusieurs afin de contenir la jeune femme rendue hystérique. La personne dirigeant les tests resta impassible, se tenant droite devant la baie vitrée avant de finalement répondre à sa subordonnée.
« Le Lieutenant Chouji s’est vu coupable d’implication dans un complot contre le Gouvernement lui-même… Quand ils l’ont su et face aux preuves apportées, ces derniers ont immédiatement ordonné son arrestation. Sans nous, il serait mort depuis longtemps… Chu ! »Elle ne pouvait pas croire à une chose pareille, pas venant de l’homme qu’elle aimait et avec qui elle avait servi…
« Nooon !! Pas… Pas lui ! C’est… Totalement imp-- » Elle n’eut pas l’occasion de poursuivre, stoppée par le chef des recherches qui tendit subitement la main devant elle
« Ce sont pourtant les fait, sergent ! Chu ! L’EX-Lieutenant Chouji est un traître qui préparait un coup d’état contre nos divins dirigeants. Maintenant, il va nous aider à poursuivre nos recherches. Avez-vous encore une objection à ce sujet ? Chu ? »Des tas… Une vraie chiée d’objections qu’elle aurait bien émises si on l’avait laissée faire ! À la place, l’homme fit signe pour qu’on l’amène à l’extérieur mais c’était sous-estimer sa force. Dans un état second en plus, ses propres cris pour son amoureux et les réponses de ce dernier polluaient carrément l’espace sonore. En larme, désespérée au point de les supplier de l’épargner, sachant que le test à venir était synonyme de mort, tandis que de son côté il lui disait de ne pas croire en leur version des faits, clamant haut et fort son innocence.
Même avec plusieurs personnes autour d’elle, Raven réussit encore à revenir progressivement dans la pièce. Elle craquait complètement, hurlant à n’en plus pouvoir tandis que la suite de l’expérience se déroulait sous ses yeux. Il s’avéra que Chouji avait mangé un fruit du démon et que sa dernière mission officielle avait permis à la Marine d’en confisquer un… Triste hasard pour le jeune couple.
« Chu, chu, chuuu~ ! ♪ Ça n’aura pas été facile mais ils nous l’auront donné finalement, ce fruit confisqué ! ~ Commencez, je vous prie, chers sbires-kun ♪ »Comme elle le craignait et conformément au projet de base, ils avaient dans l’idée de faire manger un second fruit à l’ancien lieutenant, suite à l'injection de ce qui était censé être une sorte de médicament isolant les pouvoirs du fruit déjà présent. De la foutaise ! Alors que la jeune femme hurlait à s’en arracher la glotte et se débattait au maximum, sous ses yeux les assistants parvinrent à faire avaler de force un bout du fruit à son conjoint. Sans réaction au début, la légende prit littéralement forme sous ses yeux lorsqu’il commença à se tordre dans tous les sens et se déformer avant de finalement éclater comme un ballon… Finissant
éparpillé dans toute la pièce.
Devant cette scène, Raven crut hurler mais aucun son ne sortit. Elle n’en revenait pas… Comme si un verrou dans son esprit venait de sauter, elle sentit une haine profonde et de la colère à ne plus savoir quoi en faire s’emparer d’elle. Ses véritables hurlements, cette fois et ses mouvements sauvages ne parvinrent pas à la libérer, l’empêchant de sauter au cou de l’homme qui continuait d’observer la pièce ensanglantée à travers la vitre.
« Chu ? L’équipe de nettoyage va encore tirer la tronche… Chu, chu, chu, chuuu ~ ♫ »À croire qu’il faisait tout pour la mettre encore plus hors d’elle que ça ne pouvait l’être à cet instant… On l’emmena loin de la salle et la boucla à double tours pendant plusieurs jours dans ses quartiers afin qu’elle se calme. Même après ce laps de temps, tout ça lui semblait impossible, comme un mauvais rêve…
Après la colère vient le déni, suivit par une intense tristesse à travers laquelle se perdirent plusieurs sentiments de reproches et de haines. Comment de telles choses pouvaient être acceptées, cautionnées... Par ceux qui sont censés lutter contre le mal, qui plus est ?!
Tchh ! Quel abruti se poserait ce genre de questions ? Les faits sont là quoiqu’il arrive. Après y avoir repensé, ruminé encore et encore les récents événements, le constat ne changea jamais… Peu importe comment ou pour quelles raisons, si leurs accusations étaient fondées ou non… La Marine avait assassiné le seul homme qu’elle avait aimé. Pour ça, Raven comptait leur faire payer le prix fort...
Déjà qu’avant ça, sa foi en la Marine s’était amoindrie, devenant même hostile envers le Gouvernement, cet événement fut le déclic. Brisant ainsi ses dernières illusions pour au final n’y voir que des monstres prêts à tout pour parvenir à leurs fins. Même là, elle repensait aux nombreux états de service de son homme et ne pouvait pas accepter le sort qu’ils lui avaient réservé. Comme si tout cela n’était rien à leurs yeux… Si c’est ce qu’ils souhaitent, très bien…
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Pendant des mois, Raven peaufina son plan, sa petite vengeance. Enfin, juste un début mais déjà de quoi les ralentir et montrer que tout le monde n’était pas prêt à suivre leurs idées loufoques. Prête à tout pour parvenir à ses fins, elle réussit à pouvoir, suffisamment souvent, obtenir un moment pour jeter un œil aux caméras surveillant l’extérieur. S’arrangeant pour que ça soit toujours durant les mêmes tranches horaires et ainsi avoir les informations nécessaires en sa possession.
Comme elle le pensait, un navire civil faisait régulièrement escale sur l’île afin de fournir le ravitaillement nécessaire au centre de recherche. Vu l’apparence des types sur les écrans, ils ne devaient être que de simples marchands payés généreusement pour garder le silence sur cet endroit.
Ces derniers constitueraient son échappatoire afin de s’en aller loin de cette île maudite où la vue de chaque recoin la mettait en rogne. Elle devait préparer, vu le peu de fois où ils accostaient… Un temps qu’elle mit amplement à profit pour se fabriquer une arme. Ayant bien observé, la surveillance fébrile de la sortie ne lui avait pas échappée. Visiblement personne ici ne s’attendait à une intrusion de face et la sécurité à ce niveau n’était pas énorme. Ayant été entraînée, elle se savait capable de forcer le passage mais, quitte à être dans un centre de recherche, Raven en profita pour subtiliser quelques matériaux afin de se confectionner une arme. Relativement discrète mais meurtrière sous la forme d’une lame rétractable dans un brassard.
Ne voulant pas éveiller les soupçons, la jeune femme continua de travailler comme avant, bien que son humeur était changée, complètement renfermée. Y allant au ralenti, elle était surtout dans l’optique de repérer ce qui valait la peine, les résultats prometteurs.
06h30… Jour J... Le moment tant attendu arriva, après tant de préparatifs... L'occasion de prendre un bout de sa revanche contre la Marine... Pour elle, mais surtout pour Chouji qu’elle a vu mourir sous ses yeux, pour les élucubrations de fous furieux… Ayant saboté diverses installations, Raven fit le nécessaire avant de déclencher plusieurs détonations à des endroits suffisamment éloignés les uns des autres. Il était sûrement improbable pour eux que ce genre de choses arrivent de l’intérieur, créant une pagaille imprévue mais à son avantage. Ce qui éparpilla les multiples patrouilles.
Son premier objectif n’était pas la sortie mais bien le bureau où elle, ainsi que bien d’autres, avaient tant travaillés. Elle souhaitait tout détruire, qu’il ne leur reste rien. Qu’ils cessent de souiller la mémoire de son
« camarade » mort en vain. Dès la première explosion, la jeune femme assuma son statut de traître ou de déserteur… Se moquant de comment ils allaient la qualifier, en fait. Le peu de personnes qu’elle croisa la crurent de leur côté, faisant d’elles des cibles faciles pour sa lame gentiment dissimulée. Le lieu des explosions divisait les forces de sécurité, trop occupées à éteindre des incendies dans des zones hautement inflammables.
Quand elle atteignit le bureau, son regard s’écarquilla toutefois sous la surprise. Les recherches avaient grandement avancé et proposaient de nouvelles formules. Certaines ayant déjà été testées s’accompagnaient de notes manuscrites quant à leurs résultats et aux éléments à modifier afin de les perfectionner…
Parmi les notes accompagnant les formules corrigées se trouvaient même des morceaux de carte maritime. Ces fractions étaient épinglées, chacune marquées d'une croix. D’après ce qu’elle savait et suite à une analyse rapide, aidée par un rapport traînant sur le bureau, il était question de la localisation potentielle du point d’origine des fruits… On se doute bien qu’ils se trompaient lourdement mais allez savoir, peut-être que ces données pouvaient mener à une autre piste plus plausible ?
Son regard se perdit dans les notes accrochées ou éparpillées tout autour tandis qu’on cognait violemment à la porte, ayant pris soin de la bloquer. Depuis la baie vitrée, Raven pouvait voir quelques scientifiques, accompagnés de membres de la sécurité, s’agiter près de la porte qu'ils essayaient de forcer. Le temps lui était compté et bien qu’elle avait l’intention de détruire un maximum de recherche, un part d’elle ne cessait de lui répéter que perdre toutes ces données serait un immense gâchis…
Elle hésita…… Bien trop longtemps pour pouvoir prendre une décision rationnelle. Vu sa tenue, elle n’avait clairement pas de quoi transporter tout un tas de paperasses inutiles. Encore moins si elle devait faire un plongeon pour sauver sa peau. À situation désespérée, solution désespérée, n’est-ce pas ?
En balayant la pièce du regard, elle ne trouva rien à sa portée qui s’apparente à un stylo ou quoique ce soit. N’ayant pas le temps de se formaliser pour des détails, elle empoigna le seul ustensile à sa disposition. Un scalpel. Brillante idée ! Pour une scientifique, elle était loin d’être une lumière sur ce coup-là.
S'emparant pourtant de l’outil chirurgicale, les yeux rivés sur les bouts de cartes arrachés du tableau, elle commença alors à noter les coordonnées indiquées sur ces dernières. Directement dans la chaire de son bras gauche. Longitude et latitude uniquement… C’est déjà assez douloureux comme ça, hein !
Le bras ensanglanté, marqué par ces coordonnées dispersées, Raven enchaîna avec les formules plus récentes concernant les fruits. S’arrachant un long bout de sa tenue afin de se faire un bandage de fortune, l’essentiel en sa possession. Sachant bien que ce matériel était désinfecté chaque fois, son plan de génie n’avait pas pris en compte la quantité de sang perdue…
Sa vue commençait déjà se troubler avant même d'être au bout de ses peines. S’aidant des nombreux produits chimiques à sa portée et ayant rassemblé les recherches disséminée dans la pièce, l’officière n’eut pas de mal à lancer un joli feu de joie. N’ayant qu’une seule issue et se trouvant dans une pièce où la fumée s’accumulait rapidement, c’est en voyant la baie vitrée totalement fissurée qu’elle sut par où s’échapper. Saisissant une chaise, elle se rua vers cette dernière et la lançant juste avant elle pour la fracasser. Raven s’étala misérablement au sol à l’arrivée, laissant une belle traînée de sang au sol lors de ses roulades successives.
À peine le temps de râler pour ne pas avoir envisagé cette éventualité qu’il fallut que la jeune femme se défende. Difficile mais avec succès. Du moins pour le premier garde. Elle ne chercha pas plus l’affrontement et profita de l’appel d’air qui décupla les flammes, suite à la vitre brisée, pour s’éclipser. Voir leurs recherches brûler et risquer de les perdre était un problème bien plus gros que la jeune femme. Ils se dirent sûrement qu’elle n’irait pas très loin dans son état mais sa soif de destruction l'aida à tenir. Les membres les plus crédules ou en panique se firent facilement berner par ses excuses, avançant vers la sortie en évitant un maximum de combats inutiles.
« H-Hoï ! Vous deux-là ?! Pourquoi vous traînez encore devant cette porte ? Vous n’êtes pas au courant ?! » Dit-elle en arrivant près des gardes surveillant la sortie. Vu leurs têtes, ils ne devaient pas savoir ce qui se passait, intrigués par sa façon de les aborder
« Y a eu un accident au -2 et c’est la pagaille générale… Un des sujets à muté. Il détruit et tue tout ce qu'il croise ! »Expliqua-t-elle aux soldats sans plus de convictions à cause de ses forces diminuant rapidement, la vue troublée. Malheureusement, ils furent plus intrigués par son bras, d’où ruisselait son sang en abondance, que par son histoire à dormir debout. Contrariée, elle joua le jeu lorsqu’ils la questionnèrent, proposant qu’ils examinent sa blessure. En la voyant peiner à lever le bras, normal qu’ils n’y aient pas vus un quelconque danger…
Le plus proche et dévoué ne vit rien venir, se retrouvant avec la lame lui transperçant la tête sous les yeux de son collègue. Plus robuste et ne se faisant pas avoir par l’effet de surprise, il lutta vaillamment contre l’officière. Elle eut beaucoup de mal avec lui. Bien moins fraîche et agile qu’au début, Raven reçu plusieurs coups qu’elle aurait normalement esquivés, traînant la pâte dans ses déplacements. Elle réussit à s’en défaire, bien qu'amochée.
Ayant néanmoins pensé à la sortie durant ses préparatifs, la faible sécurité ainsi que le protocole du site en cas d’incident lui fournirent tout ce dont elle avait besoin.
Étant dans un centre de recherche, les problèmes les plus fréquemment rencontrés sont souvent des virus libérés ou des matières instables. Le but, lorsque l’alarme sonne, n’étant alors pas de complètement verrouiller le site (sauf dans des cas très spécifiques) mais bien de contenir le problème pendant que le personnel évacue les lieux. Il est donc logique que la sortie soit relativement accessible tandis que c’est là d’où venaient l’officière que des sas se refermaient. Une aubaine pour elle qui pouvait donc laisser un grand nombre de poursuivants derrière alors et avoir le temps de franchir le sas de décontamination.
Le navire civil était encore accosté lorsqu'elle atteignit l’extérieur, l'équipage s'agitant autour pour accélérer le départ. Malgré la tête qui tourne, la jeune femme se dirigea vers le ponton aussi vite que possible. Titubant et trébuchant plusieurs fois en cours de route. Les marchands avaient tout juste terminé leurs préparatifs. Ils étaient payés pour livrer leur cargaison et rien d’autres, une situation convenant à tout le monde. Voyant l’agitation, entendant les nombreux bruits inhabituels qui émanaient du bâtiment en ruine, ils ne voulurent même pas en savoir plus. Le capitaine ordonna de mettre les voiles et de s’éloigner aussi vite que possible !