Le wagon fantôme [PV/Mariane/Hassan]

Le wagon fantôme

De son côté, le balafré fut mené dans une immense pièce. Celle-ci était très bizarre, car il ne s'agissait pas vraiment d'une pièce, mais bien d'un hall de gare désert. Il fut immobilisé une fois arrivé à quelques mètres du quais, comme s'il devait attendre  un train, tandis que la grande porte par laquelle il était entré, se referma violemment, laissant un courant d'air venir balayer sa longue chevelure. Lorsque sa tignasse retomba, son unique œil put soudain apercevoir quelqu'un de l'autre côté des rails, elle aussi à quelques mètres du quais. Il ne mit pas longtemps à reconnaître cette petite fille, c'était Mariane, que faisait-elle là ? Elle aussi avait donc été victime de cette mauvaise blague ? Où cela les mèneraient-ils ? Il voulu crier son nom mais en vint, il ne fit qu'espérer qu'elle le voit, au moins qu'elle soit rassurée par sa présence dans cette sombre gare vide. Mais il n'étaient pas les seuls, l'odorat du borgne lui signala la présence de quelqu'un d'autre en ces lieux, et il n'avait pas tort. Roulant de la pupille pour chercher le propriétaire de cette odeur, il tomba sur un homme se trouvant à l'autre bout de la gare, porteur d'un masque étrange. Il ne savait pas qui il était, mais à en juger son absence de mouvement et de paroles, il devait être dans la même situation qu'eux.

Quoi qu'il en soit, la vrai question, c'était ce qu'ils faisaient dans cette gare étrange, à l'architecture baroque avec un nombre impressionnant de statues de clowns un peu partout, sans doute à l'effigie du propriétaire du château. La réponse n'allait pas tarder à leur être donné. En effet, le hall sombre et silencieux changea subitement d'ambiance. Au loin, sur les railles, une lueur apparut, en même temps qu'un "tchou tchou !" des plus désagréables, ressemblant au mélange entre le rugissement d'une créature inconnu et le cri d'une banshee. C'était un grand train orange à l'apparence de citrouille, qui arrivait à vive allure, au rythme d'un ricanement sadique qui l'accompagnait, ses multiples phares bleus éclairant aveuglément les lieux. Enfin, un train c'était vite dit, il ne s'agissait que d'un seul wagon, celui de tête. Étonnement long pour un wagon, mais wagon tout de même, il représentait un train à lui seul. Qui, malgré sa vitesse hallucinante, s'arrêta net devant eux. Le détenteur de ces ricanements agaçants n'était autre que le chauffeur du wagon, un étrange personnage dont la tête était caché par le port d'une grosse citrouille fluorescente, sortant de sa cabine pour se mettre à danser dans le hall.

- KYAKYAKYAHAHAHA !!! ALLER DÉPÊCHEZ VOUS DE MONTER !! NOUS PARTONS POUR UN VOYAGE INCROYABLE !! AU PAYS DES FANTÔMES KYAKYAKYAHAHAHA !!!!

À ces mots, leur corps se mirent de nouveau à bouger tout seul, les obligeant à rentrer dans le wagon. C'était un assez basique à l'intérieur, si ce n'est la tapisserie et le sol qui étaient recouvert de têtes de citrouilles. Ni une ni deux, le conducteur remonta dans le "train" et enclencha les manettes, laissant son fantasque transport partir à pleine vitesse au loin. En moins de temps qu'il n'en fallu pour le dire, ils se retrouvèrent entre les nuages et les étoiles.

- DIRECTION LES ENFERS KYAKYAKYAHAHAHA !!!

Et d'un seul coup, le wagon fit un piquet et alla s'écraser sur le sol. Du moins c'est ce qui aurait dû se passer à cette vitesse. Mais au lieu de ça, une grande trappe s'ouvrit dans la forêt entourant le château, et laissa pénétrer le train. À travers les vitres, les passagers purent voir une sorte d'immense désert de flammes, dans lequel hurlaient des milliers de cadavres. C'était du grand n'importe quoi, quel était cet endroit ? Quel était le but de tout ça ? Et comment allaient-ils faire pour se sortir de là ? Même s'ils retrouvèrent l'usage de leur corps une fois dans ces sortes de souterrains infernaux, il n'y avait aucun échappatoire. À moins qu'ils ne décident de coopérer, et de s'en prendre au chauffeur pour qu'ils stop tout ça ? Quoi qu'il en soit, Ryuma profita d'avoir retrouver l'usage de son enveloppe corporelle, pour se précipiter vers Mariane, et lui demander si elle allait bien, inquiet que ce petit bout se retrouve dans une situation pareil.

- Mariane ! Tu vas bien ?! Dis moi que tu vas bien !