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 Doctor Who ?

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Joe Car


☠ Messages : 15
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☠ Fruit du Démon : fruit de la résurrection
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Joe Car

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MessageSujet: Doctor Who ?   Doctor Who ? EmptyJeu 1 Mar - 0:00



Joe "Mad" Car





Prénom et Nom: Joe Car
Âge : entre 250 et 800 ans
Sexe : manowar
Avatar : Joker - DC Comics
Groupe : civil
Métier : médecin
Espèce : humain
But : trouver un sens aux Rêves et faire rêver le monde

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Fruit du Démon : fruit de la résurrection
Autres capacités : aucune


Description physique


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La mort est terrible. Le corps, suite à cette dernière connaît moult modifications. Tout d’abord, la peau se dessèche et se tend. Le sang disparaît peu à peu, devenant sable dans les veines. Ainsi, elle donne un aspect blafard, et tire les traits à l’extrême. Condense les couleurs, dilue les chairs. Donnant un aspect sanguin aux lèvres, révélant des dents jaunes et usées en un rictus figé. Terrifiant. Les cheveux, quant à eux, se ternissent avec le temps. D’un blond impeccable ils ont tendance à délaver, à pourrir presque. La kératine change de conformation et ressemble plutôt à un vert crasseux. Les cheveux épais gardent leur texture cassante, mais ils apparaissent bien plus long, dû à la peau qui se racornit. De la même manière, les yeux s’enfoncent dans les orbites, donnant une impression de cernes avancées. Caves, ils semblent plus petits, comme s’ils avaient, eux aussi, commencé à se dessécher. Vitreux, un peu jaunes, les iris bleus semblent s’être éclaircis, donnant une lueur malsaine au regard.

Quant au corps en lui-même, le traitement n’est pas préférable. La mort se traduit par un arrêt total des activités bactériennes. Le corps commence à être petit à petit digéré par les bactéries mêmes qu’il nourrissait. Cette activité commensale se stoppe au profit d’un cannibalisme malicieux. Ainsi, les muscles et les organes sont les premiers à se réduire, à s’assécher, tandis que les tripes et boyaux se font littéralement dévorer. Dans les premiers temps, le corps gonfle et dégage une puanteur abominable. Puis, petit à petit, le gaz de fermentation s’échappe et le cadavre prend un aspect famélique, bien que l’odeur ne se soit pas améliorée. Une odeur de moisissure, de décomposition. Puis, la peau se tend sur les os et les reliquats de muscles, donnant à ce tas de viande un aspect décharné. De grand, il passé à élancé et dégingandé. S’il pouvait encore marcher, ce serait d’une démarche saccadée, rendue difficile par l’état du corps.

Ce qu’il y a de pire que le traitement fait aux chairs, c’est bien celui des mains. Froides à jamais, racornies et réduites à un tas de brindilles. Autrefois souples et fermes, héritées d’années entières à affiner l’art de la médecine, elles ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes, avec cette couleur crasse jaune et les ongles effilés qui saillent des doigts, pareils à des griffes de goules.

Les vêtements, eux, ne subissent pas un traitement aussi cruel. Le temps à tendance à les faire disparaître, fibre après fibre, mais cela est plus long que pour le corps. Si les bords ont tendance à s’élimer, à s’abîmer, les couleurs ternissent simplement. D’un costume violet, censé honorer la vie d’un homme et son métier, on arrive à des tons bien plus fades. Seules les couleurs les plus vives demeurent, et encore. D’un rouge vif, en guise de chemise, on arrive à un rosé prononcé. Quelque chose qui a passé trop de temps dans un placard, qui a trop pris la poussière. Quant aux chaussures, elles demeurent solides et durablement traitées pour prévenir la pourriture du cuir.


Description mentale – Sir Jonathan Kaar

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Le Docteur était un homme bon, versé dans les arts de la médecine et des soins. Toujours à suivre ses patients, à les protéger des moindres maux il a été un scientifique hors pair et reconnu de ses pairs. Adepte des théories nouvelles, il étudia auprès Passe Taleur, qui révolutionna le genre. Ainsi, il était toujours prêt à rendre service, à tel point qu’il était un homme totalement prévisible et ennuyeux à mourir. Tout le monde l’aimait, tout le monde voulait qu’il se marie avec leur fille. Il était noble, c’était un parti idéal et son physique de damoiseau n’était pas pour le desservir.

Ainsi ne parlait-il que de théories scientifiques, curieux de toujours trouver une solution à tous les mystères. Sa plus grande adversaire, qui devint malheureusement sa comparse, fut la Mort. L’ultime, la terrible. Son esprit brillant ne fut que tourné vers la solution pour vaincre la terrible damoiselle. Ainsi embarqua-t-il sur les mers, entouré de soldats capables de braver le Shinsekai et de le protéger lui des éléments. Ainsi, dans sa quête pour vaincre la mort embarqua-t-il à la recherche du remède parmi les remèdes. De la légende parmi les légendes : le mythique Yomi Yomi no mi. Fruit capable de guérir le mal ultime. Ainsi Jonathan Kaar pourrait guérir les hommes de la mort, ainsi pourrait-il sauver la veuve et l’orphelin. Ainsi … gagnerait-il enfin le cœur de la désirable lady Side Néfocse, son amie d’enfance dont il était tombé irrémédiablement amoureux.

On vous l’a dit : Jonathan Kaar était un homme preux et bon, toujours présent là où on l’attendait. Un type ennuyeux à mourir, prévisible et un cliché parmi les clichés des braves types.




Histoire

La mort révèle bien des choses. Des choses enfouies, sur notre propre âme. Sur notre raison d’être. On apprend à connaitre la véritable nature d’un être humain dans ses derniers instants, dans ces fractions d’instant où la lame tranche une artère. Où le poison dissout les entrailles. Où la maladie affaiblit puis emporte. La mort est la frontière ultime de chaque vie. Ce qui lui donne valeur et profondeur. Il est dit que la mort nous révèle. Or, nous sommes incapables d’en revenir, de ressurgir de ce gouffre néant qu’on appelle le Voile.

Et si nous en étions capables ? Que pourraient nous dire nos ancêtres ? Il n’y a rien ? Dieu existe ? Ou … pire encore. Car la mort représente la forme ultime d’égalité. Seigneurs et manants sont logés à la même enseigne. Cette grande inconnue terrifie, façonne et modèle la vie. Sans elle, elle n’aurait aucune saveur. Aucun enjeu. Aucun intérêt. Sans la mort, il n’y aurait pas de vie. Sans vie, il n’y aurait pas de mort.

Alors pourrait-on dire que cette histoire commence par une mort ? Assurément. Mais avant la mort, il y a une quête. Une question ? Alors découvrez la donc, cette question.

Tout commença loin d'ici, il y a fort fort longtemps.

Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi.

Les éclairs fendirent le ciel pour s’écraser sur la banquise, faisant voler en éclat les blocs de glace. Des vagues immenses venaient s’écraser contre les parois de glace, mettant en danger le campement de l’expédition scientifique. Des hommes s’agitaient sous la tempête, hurlaient des ordres atones et tenaient de se protéger de la fureur des éléments. Chaque impact semblait amener la fin. Chaque coup de tonnerre faisait trembler les baraquements, mettant en péril toute la teneur de cette expédition. Au sein d’une tente renforcée par des armatures métalliques, des fourrures de roi des mers et chauffée par le biais d’une étrange technologie, trônait leur chef. Penché sur un parchemin, il trempait régulièrement sa plume, sans se soucier des furies qui s’acharnaient sur son corps d’expédition. Le poêle chauffait suffisamment pour qu’il n’ait besoin que d’une cape en fourrure, venant auréoler sa forte carrure. Il portait une barbe épaisse, grisonnante, allant de pair avec une chevelure de jais, sauvage et indomptée. Son visage hâlé et rougi témoignait des affres du grand froid. Quelques doigts semblaient aussi lui manquer. Il traçait inlassablement des lignes sur son journal de bord, à la seule lumière d’une lanterne à capote. Remplir son devoir de scientifique. De père.

1er Septembre 807, expédition Meredith, Nouveau Monde

Sir Joycen Kaar,

C’est avec regret que je vous annonce que l’expédition n’a pu atteindre son but. Le bateau de votre fils s’est en effet échoué dans l’archipel des neuf, sur une île inconnue de ces mers. Nous avons remonté la voie des périls, nous avons fait face aux dangers des mers et nous pouvons au moins vous affirmer cela : votre héritier est bien passé par ici. Le cortège scientifique qu’il suivait a laissé des traces de son passage et, en plus de poursuivre nos travaux sur la militarisation de ce nouveau minerai, nous poursuivons ardemment notre quête. Le camp semble avoir été saccagé par des indigènes, et les conditions météorologiques nous forcent à nous déplacer. Mais sachez que l’épave du Meredith Ier a bien été retrouvée, aux abords de Wa No Kuni. Il semblerait que les courants de ce monde soient pervers et bien traîtres. Ce qui explique le temps entre chacune de mes missives.

Nous avons perdu une partie de nos hommes lors de la traversée de Grand Line, entre attaques de pirate et les dangers des Rois des mers. Nous avons pu recharger nos vivres lors de notre passage dans le Nouveau-Monde, mais sur les cinq caravelles destinées à nous accompagner, seule celle que je commandais a pu parvenir à destination. Et encore, nous n’avons plus de moyen de repartir. Je vous écris cela au cas où vous n’ayez pas reçu mes autres missives, les vents sont traîtres.

Comme nous le savions, le minerai a été extrait d’une concrétion rocheuse, devenue sacrée pour les indigènes. Nous n’avons pu établir que des premiers contacts hostiles, mais je ne perds pas espoir. Quoi qu’il en soit, nous allons aujourd’hui établir notre première tentative de contact avec cette population. Nous n’avons pas le choix : notre camp est devenu trop précaire, nos ressources viennent à manquer et la colère des dieux fait rage entre ciel et mer. La tempête éternelle est sur nous, Sir.

Les sauvages ont clairement signifié leur volonté de n’établir aucun contact avec nous, même si nous ne parlons pas leur langage, les signes sont clairs. Des crânes, des symboles de mort. Pourtant nous avons besoin d’eux, qui vivent ici depuis si longtemps … Notre expert linguistique, Arthemius De Leone, qui avait tenté d’établir contact avec eux, n’est pas revenu de sa mission de renforcer nos liens. Je crains le pire, monsieur. Mais pour le bien de l’expédition, il nous faut lever le camp. Il nous faut tenter le tout pour le tout … et faire face à la Cité des Rêves.

Considérez ceci comme mes derniers mots, s’ils vous parviennent. Dites à Rose-Mary que je l’aime, dites à Taren que je lui confie la maison. Dites à Lily qu’elle est tout ce dont un père peu rêver. Adieu, mon frère.

Gentry Kaar.



La tente se met alors à trembler, comme secouée par les vents glaciaux de ces sinistres contrés. Un éclair fend le ciel, visible même à travers la toile épaisse de la tente. Il frappe non loin, et l’odeur d’ozone résultant de son apparition se teinte des senteurs de viande grillée. Rapidement, les cris et les odeurs sont balayés par les vents violents. Puis c’est au tour de la terre de se soulever, obéissant au givre et à la puissance des éléments. Le chef d’expédition n’a plus le choix : il faut abandonner le camp. Il s’accroche à sa lettre, lance de la terre rouge dessus pour faire sécher l’encre. Son seul espoir d’empêcher d’autres expéditions incertaines, c’est elle. Son seul espoir de ne pas faire mourir d’autres personnes dans cette expédition damnée. Ainsi la roule-t-il dans un étui scellé hermétiquement et l’attache à l’albatros destiné aux longs courriers. Résistants, difficiles à dresser et heureux présages. Seul moyen de faire passer un message aux mers bleues. Il est temps de lever le camp, il est temps d’affronter pire encore que la colère des dieux. Mais au moins, par cette voie, auront-ils une chance de survivre plus longtemps.

Date inconnue, expédition Mérédith, Nouveau-Monde.

C’était une erreur. N’envoyez personne à notre secours. Contactez le Gouvernement, cette île est damnée, cette île est perdue ! Pitié, Seigneur, faites en sorte que nul n’ouvre à jamais les portes de la Cité des Rêves. Nous ne sommes pas prêts ! Je vous en supplie, je …


Terminé. Rideau. Clap de fin ? Non … Libéré de son fardeau, Gentry a rejoint la nasse des damnés, laissant sa famille sans nouvelles. Sans jamais que cette lettre ne parvienne à ses pairs. Crochetée dans les mains d’un squelette, elle fut retrouvée bien des années plus tard. Un squelette à la gueule décharnée d’effroi, les phalanges nichées dans l’embrasure d’une porte à jamais close. Car il y eut d’autres tentatives, d’autres gens. La Cité des Rêves devint une légende, un mythe. Et, enfin, un trésor. Fous qu’ils étaient, de chercher pareille chose. Car il y avait un pouvoir au sein de la citadelle. Un pouvoir que nul n’aurait jamais dû convoiter. Le pouvoir de savoir, le pouvoir d’explorer le trépas et … d’en revenir. Comment la mort pouvait-elle vous changer ? Car ce qui est déjà mort ne saurait mourir …

Quand je marche dans la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi.


C’était un été inhabituellement chaud. La mer clémente s’était jetée dans la baie, nourrissant les cadavres des naufrageurs. Une odeur nauséabonde s’échappait de la crique. Des aventuriers, des pirates. Des chercheurs de trésor. La neige perçait encore les hauteurs, mais l’île se dressait en perçant les nuages, offrant un dénivelé qui aurait découragé le plus téméraire des grimpeurs. Le camp principal avait été érigé en contrebas, bordant les eaux. De nombreuses personnes avaient tenté de prendre d’assaut la Cité des Rêves depuis que le célèbre archéologue Gentry Kaar en avait révélé l’existence bien auparavant au travers d’une lettre incomplète, fort endommagée par les intempéries. Conscient de la dangerosité du périple, nombre d’entre eux étaient morts sur les voies menant à ce fameux trésor de l’Archipel des Neuf. Il y avait bien longtemps que Joycen Kaar, la quête de son fils et le mystère de sa disparition avaient disparu. Ainsi se mêlèrent diverses expéditions pour conquérir cette cité mythologique, censée contenir monts et merveilles.

Mais tout ne s’était pas passé comme prévu. Alors que les glaces avaient fondu, l’expédition Kalypso s’était retrouvée bloquée par les eaux lorsque leurs navires avaient été happé par un roi des mers de passage. Condamnée à demeurer sur l’île, ils avaient décidé de monter le camp non loin de la plage, malgré la maladie, les prédateurs et les marées imprévisibles. Puis, après des semaines de faim et de soif, ils avaient repris courage – le courage du désespéré – et avaient tenté de gagner les zones les plus fraîches, pensant que leur but les protégerait. Si la Cité possédait des richesses, alors peut-être était-elle magique ? Peut-être leur offrirait-elle sa protection ? Ils n’avaient plus de vivre, leur chef était mort de la dysenterie : quel pire fléau pouvait s’abattre sur eux ? Alors ce qu’il restait de l’expédition Kalypso se mit en route vers les montagnes, cherchant à marcher sur les traces de Gentry Kaar. Ils avaient de quoi survivre à l’hiver, ou peu s’en fallait. Mais mieux valait finir en statue de glace que dans l’estomac des chiens-requins des bords de plage. Tant des leurs avaient déjà trouvé la mort entre leurs dents acérées …

Ainsi la vingtaine de survivants de l’expédition gravirent la Pointe, telle qu’ils l’avaient baptisée. Ils avaient trouvé les restes d’une vieille voie, gravée dans la pierre et inexplorée depuis des éons. Leur quête était tant guidée par le désespoir qu’ils en oublièrent pourquoi ils n’avaient pas gravi cette montagne plus tôt. Ils s’encodèrent donc dès les premières traces de neige et finirent par atteindre le premier plateau de la Pointe, lieu mythique où l’antique archéologue avait installé son dernier camp. Nul se souvenait ce qu’il était venu chercher, mais tous savaient qu’il était à la recherche d’un pouvoir incroyable. Un pouvoir qu’avait conquis son fils, ou sa femme, ou son chien. Le pouvoir de vaincre la mort, une façon de devenir immortel et d’obtenir d’incommensurables richesses. C’était ce que s’était dit la communauté : vaincre la mort et revenir riche. Pourquoi ne pas tenter cela plutôt que d’inexorablement trouver la mort en bas de la Pointe ? Seulement, ils avaient oublié qu’une partie des leurs avait trouvé la mort là-haut aussi … et ils ne tardèrent pas s’en souvenir.

C’était ce qu’ils appelaient les marches des lamentations – triste nom – où avait supposément fuit la troupe de Sir Kaar des dizaines d’années auparavant. C’était un escalier émoussé, au marches en roches magmatiques. Des colonnes entouraient les marches, bardées de glyphes et symboles effacés avec le temps. Baignées dans la tête, on ne voyait que peu ce qui se trouvait au sommet de ces colonnes, à environ deux mètres du sol. D’authentiques crânes humains. Ceux d’en bas étaient usés par le temps et le vent, fichés sur une pointe en métal. Mais ça se corsait un peu plus lorsqu’ils montaient … car plus ils avançaient, plus les crânes étaient récents … Ainsi redécouvrirent-ils certains de leurs amis, à divers stades de décomposition. Car l’expédition Kalypso, dans son empressement, avait oublié la teneur éminemment hostile des indigènes. Une bande de sauvage vêtue de noir, tuant quiconque entrait dans leur domaine. Alors ils s’étaient monté la tête en pensant qu’ils détenaient le véritable savoir, qu’ils avaient ce qu’ils étaient venus chercher. Que c’étaient des immortels.

Seulement, ils n’étaient pas les premiers. Ainsi, la troupe Kalypso gravit les marches les armes au clair. Des branches, des silex. Quelques épées. Rien de bien fameux. Ils arrivèrent pourtant en haut des escaliers, malgré les vents qui glaçaient leurs os. Ainsi furent-ils massacrés.

La logique de cette histoire ? Ah. Pourquoi en faut-il une … Des gens venus là des années plus tard, sur une légende désuète … Ah si, les enfants : toujours vérifier ses sources. Toujours s’assurer de ne pas croire en une cause perdue. La mort est une cause perdue. La vie est une cause … désuète. Alors, à quoi bon ? Toujours était-il que l’expédition Kalypso laissa derrière-elle un élément clef : leur capitaine tint un journal de bord fort détaillé qui servit bien plus tard. Lorsque des pirates firent escale, lorsqu’ils fuirent … lorsqu’ils furent tués dans une lutte de pouvoir puérile. Et le bouquin passa de mains en mains … jusqu’à revenir en des lieux plus capables. Car l’Île et son Pouvoir avaient toujours fait rêver, déformé par les propos utopistes du Capitaine du Kalypso. Et certains hommes n’avaient de cesse que de s’accaparer sa puissance … Le Rêve, je vous assure. Mais tous ceux qui s’approchaient de la Cité finissaient par périr. Chance, ou … destinée ?

Quand je marche dans la mort, Je crains un mal, car tu es avec moi.


Le Capitaine tenait un vieux journal entre ses doigts, compulsant frénétiquement les notes contenues à l’intérieur. Ses cheveux grisonnants volaient au vent, à mesure que ses hommes montaient le camp. Il avait l’air grave des hommes d’action. Tous s’activaient autour de lui, faisant montre d’un zèle ordonné. Une troupe d’élite, à n’en pas douter. Des caisses d’armes et des vivres s’entassaient sous les tentes parcheminées. Des équipements de communication fleurissaient çà et là, guettant les moindres ondes pour pouvoir émettre dans cette partie du Shinsekai. Tous s’affairaient à leur mission, sans avoir un seul étendard. Mais une telle précision, un tel empressement à obéir ne pouvait correspondre qu’à un seul corps d’armée.

« Colonel, l’avant-poste est prêt. Nos charpentiers réparent les dommages du trajet. Nous n’arrivons pas à émettre, malgré notre équipement. Les sources du Gouvernement étaient dans le vrai : quelque chose trouble les communications ici. » fit un soldat, en se mettant au garde-à-vous devant le vieil homme.

« Repos soldat. » marmonna le vieillard en refermant son livre.

L’objet claqua et laissa échapper une odeur de vieux parchemin, la fragrance authentique des vieux trésors. Ce livre qui avait été retrouvé voilà plus de dix ans, qu’ils avaient fait authentifier et relier à l’archipel des neufs. C’était incroyable de voir comment les vieilles légendes pouvaient refaire surface, après avoir été oubliées. Depuis la perte des expéditions des Tenryuubitos, nul n’avait plus tenté de faire voile vers cette terre maudite. De retrouver les trésors enfouis de cette cité. Nombre étaient les expéditions qui avaient fait voile vers cet endroit, sans jamais en revenir. Il fallait être un Immortel pour regagner le monde connu après avoir arpenté cette île. C’était ce que clamaient les légendes, et les hommes s’étaient maintes fois succédés pour y gagner ce statut. L’immortalité. Le Gorosei ferait des merveilles avec cette arme. C’était ce qu’était décidé à ramener le vieil homme dans son camp. Pour faire face aux guerres incessantes, ramener la paix. A tout prix.

« Ce livre ne fait que corroborer nos sources. Il ne se trompait pas : nous sommes bien sur l’Île. C’est étonnant de contempler enfin l’histoire des Kaar. Nous pensions avoir à jamais perdu trace des expéditions depuis le naufrage du Kalypso. Soldats, allez chercher les canons, faites-les démonter et équipez le camp. La population de cette île nous sera hostile. Préparez-vous. » ordonna le militaire en se dirigeant vers son quartier général, qui avait enfin pris forme.

Là, l’attendait déjà une table avec une carte approximative de la région. Equipés et soutenus par ce qui restait des nobles de la famille Kaar, la troupe avait profité d’un financement propre qui leur avait assuré suffisamment de fonds pour sécuriser leur trajet. L’argent n’était pas un problème. Ce qui dormait au sein des murs de la Cité l’était. Une arme, selon les rumeurs, capable de vaincre la mort. Arme ultime, entre de bonnes mains. Voilà ce que l’expédition originelle était venue chercher, voilà ce que le Gouvernement voulait aujourd’hui. Toutes les sources corroboraient ce fait, et s’il s’agissait là d’une des inventions antiques … ils feraient tout pour mettre la main dessus. De nombreux pouvoirs existaient à travers les mers, et c’était dans le Shinsekai que les plus terribles abondaient. Ils avaient mis tant de temps à retrouver cet archipel qu’ils en avaient presque oublié son existence. Le Colonel Marone Kaar avait toujours cru en la légende de ses ancêtres. Et voilà qu’il concrétisait le Rêve de sa famille, peut-être pourrait-il même permettre à ses enfants de s’élever au rang des Dragons Célestes ?

Petit à petit, des soldats arrivèrent et complétèrent la carte, marquant des ressources et faisant fait de premiers contacts indigènes. Des êtres étranges, à peine humains. Marone donna quelques ordres visant à sécuriser la zone. Il fit lever les canons vers la montagne. Il se sentait comme guidé dans ses actions, comme si le vent lui-même accompagnait chacun de ses gestes. Si ses ancêtres pouvaient le voir … Tant d’années à écouter les histoires de son père, et celles de son grand-père. Retrouver la trace des Kaar avait été le projet de sa vie. Il avait usé de ses relations, il avait tout fait pour être muté dans le Nouveau-Monde, se hissant parmi les meilleurs. Et aujourd’hui, il allait enfin trouver le terrible trésor. Après avoir anéanti ses ennemis, ça allait de soi. Marone ouvrit une fois de plus le livre, constellé de notes. Les voies n’avaient pas changé. Le temps avait fait son office, mais la centaine de marches menant à la Cité des Rêves avait été retrouvée. Ils allaient entrer, piller la Forteresse et repartir avec son trésor. C’était son devoir, c’était son honneur qui était en jeu. Et celui de toute sa famille. Les Kaar allaient enfin montrer au monde qu’ils avaient raison ! Que le monde reconnaîtrait enfin leur puissance.

« Colonel ! Des créatures étranges nous attaquent, mi-chien, mi-requin … et … »

« Re mi-chien derrière ? »

« Oui, mon Colonel ! Comment le savez-vous ? »

« Tuez-les tous, jusqu’au dernier. Les Requichiens sont une plaie, utilisez le feu alchimique. »
gronda Marone, en indiquant la sortie à son subalterne.

Son père avait inventé ce mot pour nommer ces créatures infernales. Il s’était préparé et avait demandé de l’équipement de pointe. Quelque chose que la division scientifique avait peiné à produire, mais qui se révéla bougrement efficace. La population des Requichiens connut une chute sans précédent, eux qui étaient trop habitués à se trouver au sommet de la chaîne alimentaire. Ainsi commença la purge de l’Archipel, qui aurait des impacts sur son écosystème bien des années plus tard. Cela faisait combien de temps que le légendaire Gentry Kaar s’était aventuré ici ? Au moins … Bah. Très longtemps.

Les jours s’écoulèrent rapidement, jusqu’à ce que les hommes de Marone ne parviennent aux ruines du camp de Gentry, ou du moins ce qu’il restait du camp. Ils trouvèrent l’accès à la Cité, bien au-delà des marches. Ils y virent des crânes usés par les années et les intempéries. Combien de ces derniers appartenaient à l’expédition Kalypso ? Mais les soldats étaient prêts. Ils étaient venus ici avec un seul but. S’emparer du trésor de la Cité des Rêves. L’illustre ancêtre du Colonel avait marqué leur famille par sa carrière époustouflante : il était temps de résoudre le dernier mystère des Kaar. Avec toute la force militaire que cela supposait. Car les indigènes retrouvèrent bien rapidement le goût du sang et furent accueillis avec pareille ferveur. Ils étaient discrets, frappaient dans le noir. Mais cela ne suffit pas.

Faisant fi du vent et des conditions météorologiques, ils établirent un camp avancé sur la corniche qui avait autrefois servi à feu Gentry Kaar, puis entreprit d’en faire une place forte. Un endroit propice à être défendu et à pouvoir lancer une offensive. En bon militaire, le Colonel savait quoi faire pour obtenir ce qu’il voulait. Et là, il y allait de ses convictions personnelles. Vint, fatidiquement, le grand jour. Celui de l’assaut final. Car il n’était pas de bonne guerre dans bonnes rancoeurs. Mais les émotions, dans les guerres, étaient mères de regrets.

« Soldats. Voilà des mois que ces rebuts nous attaquent la nuit, empoisonnent nos réserves ! » hurla-t-il, tenant de couvrir le blizzard qui se levait sur les flancs de montagne.

Ils étaient à bout de ce siège qui n’en finissait pas. Ils n’avaient plus de nourriture, à peine d’eau pour tenir. Pas de quoi se constituer de nouvelles armes ou munitions. Les sauvages étaient trop nombreux, et leur place forte trop solide. Même les canons n’avaient rien pu faire contre ces portes. Et les tactiques de guérilla des sauvages étaient renforcées par une connaissance accrue du terrain. Kaar et ses troupes étaient à bout. Et comme tous hommes à bout, ils commettaient des erreurs.

« Il est temps d’en finir ! Il est temps de les repousser dans les limites de leur forteresse, et d’en briser les portes ! Nous sommes venus ici pour nous emparer de leurs savoirs, et nous ne renoncerons pas. A la gloire du Gorosei !! »

« AHOUUUU !! » hurlèrent en chœur les soldats, en levant bien haut leurs armes.

Et aussi simplement que cela, l’assaut fut donné. L’aube pointait son nez lorsque la troupe d’élite du Colonel Kaar se rua à l’assaut de la porte de la Cité, qu’ils n’avaient jusqu’à lors jamais réussi à forcer. Mais ils étaient forts d’une arme préparée spécialement pour cela. Ils savaient que les indigènes vivaient dans la Cité, ils savaient que jamais ils n’en ouvriraient les portes. Alors avaient-ils misés sur autre chose. La bataille fut ferme pour arriver jusqu’aux portes, et beaucoup de sang fut versé. Mais, rapidement, comprenant qu’ils ne pourraient pas les avoir de front, les indigènes se retirèrent et disparurent. Ainsi le soldat fit venir d’étranges capsules qu’il fit disposer proche de la porte. De verre, contenant un étrange gaz. Il les fit disposer devant la porte et fit rapidement déguerpir ses soldats avant de les exploser de loin, à l’aide de leurs mousquets. Le gaz s’en échappa et resta quelques secondes à flotter, avant de lentement se glisser dans les quelques interstices de la porte. Et ils attendirent.

« Patience, soldats … la douleur … et la peur. Voilà qui les fera sortir.  Sinon le gaz les tuera. » murmura-t-il, pour se convaincre lui-même.

Des hommes défendant une Cité aussi ardemment sortiraient-ils, malgré tout ? Si le gaz les tuait tous, comment feraient-ils pour rentrer ? Bah, ils auraient bien une idée. D’ici là …

« Colonel, attention ! »


BAROUM !

Un éclair fendit le ciel et vint frapper leur troupe. Il s’écrasa sur le Lieutenant qui venait de pousser Marone, dans un instant de prescience. Ce dernier fut tué sur le coup, et toute la rage du blizzard commença à tomber sur eux. Le Colonel resta quelques secondes abasourdi, puis les vents cinglants le frappèrent. Ils ne pouvaient rester là à attendre. Le vent commença à rugir, lorsqu’il ordonna à ses hommes d’avancer. Pas question de faire demi-tour, alors que la victoire se tenait à portée de main. Ils avancèrent donc, tandis que les éclairs tombaient à leurs côtés. Puissants, terribles, ils faillirent emporter d’autres hommes dans leur colère, mais le Colonel Kaar fit presser le pas. Emmitouflés dans leurs uniformes, les hommes n’avaient pas le choix. Ils avaient survécu ici, aux conditions terribles, mais il fallait reconnaître que la porte de la Cité des Rêves avait toujours été un endroit difficile à atteindre, le point le plus froid et le plus dangereux de l’île. Ce midi, il serait à eux ! Alors ils chargèrent …

Mais jamais la porte ne s’ouvrit. Et plus jamais elle ne s’ouvrirait.

N’est pas mort ce qui à jamais dort … et au cours des siècles peut mourir même la mort. Ainsi se perdirent-ils, dans les méandres de la Cité, pensant avoir passé les maints dangers du Rêve. De ces couloirs infinis, de ces pierres stériles. De ce monde … amusant. Indigènes annihilés, civilisation éteinte et étranges couleurs. Mais à quoi pensaient-ils en venant en finir ici ? Car ils les enfermèrent à jamais et les légendes s’amplifièrent. Or, à présent, seul la nature du Rêve en devint le danger. A jamais scellés, les portes de mon salut. A jamais … écornées ces pages idylliques. Ah … Ah. Les voilà, eux ! Eux que je vois dans mon Rêve.

Dans la mort, Je crains un mal, car tu es avec moi.


Encore une fois, l’histoire de l’île aurait pu en rester là, laissant son résident permanent – à présent solitaire – enfermé jusqu’à l’éternité, incapable de retrouver son intégrité. Mais il y avait dans cette famille, dans ces histoires, une candeur qui attirait les foules. Une histoire qui passait les générations. Une fois nobles, une fois militaires, une fois … plus rien. Car à travers les âges, la légende de Gentry Kaar était passée. Car à travers les âges, plus rien ne restait de la dynastie que des légendes. Et un homme, sur les océans, lui aussi bercé par les mythes sur l’archipel des neuf. Sur cette île, baleine blanche des siens. Alors il brava les flots sur son fidèle navire Titan, franchit la route de tous les périls et se fit une place sur le shinsekai, entouré des pires malfrats que ce monde ait pu porter. Il s’appelait Sylard. Mais préférait qu’on l’appelle Capitaine. Capitaine Kaar, fléau des océans. Sa flotte n’était plus que l’ombre d’elle-même … mais elle parvint à destination.

Il vint donc un triste matin de printemps, annoncé par un sinistre étendard aux Mains Noires qui avait déjà fait trembler bien des chaumières. Les cheveux blancs, le visage couturé des maints combats qu’il avait mené. Ses matelots et ses esclaves n’avaient pas tous survécu au voyage, mais il restait suffisamment d’entre eux à cette heure pour mener à bien ses objectifs. Le Capitaine Kaar était un homme cruel qui obtenait toujours ce qu’il voulait. Dans la crainte, dans la force. Il était parmi les pires de sa génération et n’était plus que l’ombre de l’illustre famille dont il était héritier. Il portait en lui la rancœur des jours heureux, à entendre son paternel lui compter les gloires de ses illustres ancêtres à la botte du Gouvernement. Puis ils avaient été chassés, puis ils avaient été excommuniés. Puis l’enfant avait pris les armes et la haine l’avait guidé jusque-là. Car le secret le plus puissant des Kaar était encore au creux de son oreille : l’immortalité était à portée de main. Tous étaient morts à sa conquête. Mais on murmurait que les aïeux de Sylard avaient trouvé la fontaine de jouvence. Qu’ils étaient jeunes pour l’éternité aux côtés de naïades enchantées.

Et le Capitaine crut bien avoir trouvé le paradis lorsqu’il mit pied sur l’île. La végétation était luxuriante, la faune extravagante. Où étaient donc les prédateurs dangereux des histoires de son père ? Certainement un mensonge, encore une fois. Ils montèrent leur camp sur la plage, transformant les épaves de leur flotte en bicoques sur les bords de mer. Le temps était au beau fixe, mais c’était sur les hauteurs que cela se compliquait.

« Allez, tas de bulots, sortez-moi les vivres et plus vite que ça ! Les trésors n’attendent pas : cette putain de Cité nous rendra tous plus riches que le cul d’un dragon céleste ! En avant, les merdeux, et bougez-vous ! » hurla le Capitaine en mettant pied à terre.

Son second obtempéra et mit en mouvement la masse des esclaves. L’un d’entre eux, à la face noire comme le jais et rendu muet par des sévices malicieux, trébucha et chuta. Jasper, le second, lui colla un coup de pied dans les côtes qui le remit aussi tôt en marche. La cruauté était un moteur passionné, et si on ne les secouait pas, ces trainards d’esclaves passeraient leur temps à rien faire. Sylard entreprit de regarder la montagne à l’aide de sa longue-vue. Des oiseaux gigantesques tournaient autour de son sommet, il vit même des meutes de créatures à l’allure canine courir le long des plaines enneigées. Il était étrange de voir que le climat pouvait changer aussi rapidement entre les plages et les premières collines. Quelque chose de doré sembla passer au loin, dans sa vue. Il cligna des yeux mais plus rien ne transparut.  Il fronça les sourcils. Il y avait toujours le cas des sauvages à gérer. Il savait d’expérience que la meilleure défense c’était l’attaque. Rapide, expéditive. Fatale.

« Allez, tas d’morveux ! Ces barils vont pas se monter tous seuls ! Allez, les fainéants ! Y’a une porte qui attend que nous ! Jasper, sors les mousquets, chauffez-moi ça et préparez-vous à tuer de l’indigène ! »


« Aye Cap’tain ! » répondit le Second, non sans bourrer le mou d’un des flibustiers.

Rapidement, les hommes se mirent en mouvement, préparant l’expédition qui aurait certainement lieu dès le soir-même. Les abris constitués, ils en profitèrent pour stocker leur matériel, préparer à manger et se distribuer les équipements nécessaires à la grande montée. Il ne fallut pas longtemps pour que tous se mettent en route, malgré leur fatigue et les dangers du voyage. Pas le temps de se reposer pour les voleurs. Pas de pitié chez les pirates. Les trainards, une bande de gamins, furent placés devant à coup de pieds dans le cul. S’ils avaient pris le temps de s’inquiéter, peut-être auraient-ils aperçu l’étrange fumée noire qui montait du sommet de la montagne. Quelles étaient les chances pour qu’une île aussi petite existe au sein du Shinsekai, sinon une antique activité volcanique ?

Le froid les prit à découvert, les enserrant dans son manteau neigeux. Les dents claquèrent, le courage les prit en défaut. La transition était si nette qu’elle était visible sur le terrain, passant d’une jungle luxuriante à un désert lunaire nimbé de glace. Le vent se leva presque aussi tôt, furieux d’une telle intrusion. Rapidement, le blizzard les enroba de ses griffes glacées. Nulle trace de sauvages pour l’instant : Sylard se félicita à voix haute de ses idées de génie, misant sur le fait qu’il était le seul de sa famille à avoir tant de talents de stratège. Il ignora les cratères causés par les éléments, il ignora les crânes sur les colonnes et ceux qui trônaient encore le long du chemin. Il ne fit pas attention aux insignes, ni aux couleurs. Car se tint enfin devant lui l’incarnation de toutes ses lubies. La porte de la Cité des Rêves, refuge de la Fontaine de Jouvence, source de l’immortalité. Le pouvoir ultime des Kaar.

Sous les ordres du talentueux Capitaine Sylard, qui avait devancé et pris de cours les indigènes, les barils furent posés contre la porte réputée pour sa solidité. Il se gaussa devant ses hommes de sa rouerie et ordonna aux esclaves de mettre en place les mèches, de se préparer à aller se réchauffer au cœur de la mythique cité.

« Allons, fieffés faquins ! Les richesses de la Cité nous attendent ! Allumez-moi ces mèches, et ces sauvages gouteront au feu avant même de nous voir ! Ah ah ah ! »

« Aye Cap’tain. Le feu prend pas … fait trop froid … »


« Malséant, que me dis-tu ? »


Sylard gromella en s’avançant à la suite de son Second, encore empêtré dans les mèches. Ce dernier lui fit passer l’amorce et le silex. Fallait-il donc tout faire soi-même ? Ah !

« Aye Cap’tain, le trésor sera à moi ! » gronda Jasper, en enfonçant sa rapière dans le dos de Sylard.

Le Capitaine hoqueta, en apercevant le métal sourdre de sa poitrine. Il enserra la lame de ses mains mais le Second l’en retira prestement. Il tomba à genoux, au milieu des barils. Déjà, les hommes tiraient leurs armes, ne sachant comment agir. Ceux du côté du Second, déjà enrôlés pour la mutinerie, se ruèrent sur les autres. Ils n’avaient eu besoin du cruel Kaar que pour ses savoirs, mais à présent qu’ils étaient face à la porte, entouré de montages de poudre …

« Aye Camarades ! Emparons nous de ce pouvoir et de ces richesses ! » hurla le second, en levant bien haut sa rapière tâchée de sang.

Face contre terre, Sylard Kaar goûta la terre qui se mélangeait à son sang. Il parvint à se tourner sur le côté, à deviner le ciel au-dessus de lui. Quelque chose d’argenté attira son regard, qui tournait autour de lui. Etait-ce Elle, la mort ? Celle que tous avaient décrits avant de mourir ? Non ! Il … il ne pouvait pas échouer si près du but ! La survie était … à portée de main ! Il ne pouvait pas partir comme ça, contre terre, à quelques mètres de son but. Ah ! Les traîtres ! Les saligauds ! Il parvint à se redresser. Le vieux fourbe avait la dent dure.

« Imbéciles … il n’y a jamais eu de trésor et de richesses … si je ne peux m’emparer de la vie éternelle, alors vous … non … » marmonna-t-il suffisamment fort pour que Jasper ne se retourne.

« Que dis-tu Cap’tain ? Pas de … Aye caramba ! »
fit le Second en ouvrant grand la bouche.

Jasper ne vit que trop tard ce qui se produisait, il regarda le mourant droit dans les yeux et il lui sembla lui aussi apercevoir une étrange lueur argentée lorsque le marteau du mousquet frappa l’amorce. Le canon de l’arme, pointé sur un baril. Le Second hurla de panique lorsque la bille de plomb frappa le bois. La tête de feu Capitaine Kaar tomba sur sa poitrine, le sang qui perlait de sa bouche se mélangeant avec les poils sales de sa barbe poivre et sel. Les maléfices de cet homme mille fois damné s’évanouirent avec son dernier souffle. Et, avec lui, ce qu’il restait de la dynastie des Kaar. L’histoire de la Cité des Rêves, l’héroïsme du Colonel … l’expédition Kalypso. La noblesse de l’archéologue légendaire Gentry Kaar et … et la raison oubliée pour laquelle il s’était vraiment lancé dans cette épopée. Tout lui sembla clair soudain, à l’instant de sa mort. Au moment où il vit, au sein de cette lumière argentée, un visage. Un aïeul qui pleurait et riait en même temps. Un être qui avait été condamné à voir sa vie, sa famille réduites à néant. Quelque chose de fendu, de brisé. Autant que lui. Autant que les mutins. Car dans son dernier geste désespéré, la mèche avait pris. Le baril qu’il avait touché s’enflamma. Et son explosion gagna rapidement les autres. Ça non, le Capitaine Kaar ne partirait pas tout seul …

La porte vola en éclat, emportant avec elle ce Sylard, ainsi qu’une partie du matériel. Le choc fut si lourd qui souleva l’air et la pierre, fendant la Pointe sur toute sa hauteur. Une crevasse se creusa le long du promontoire rocheux, allant jusqu’à caresser la crique aux os en contrebas. Les chien-requins s’enfuirent dans tous les sens en hurlant à la mort.  Des avalanches s’écrasèrent dans les forêts, allèrent même jusqu’à rouler dans les océans. L’équipage encore présent sur le Titan fut soudain englouti par une gigantesque ouverture dans le sol. Le navire se tourna sur le côté, et écrasa ses hommes, avant de s’écrouler dans les ténèbres. Tant de poudre utilisée, pour un si colossal résultat. La porte de la Cité aurait été constituée de Granit Marin qu’elle n’y aurait pas survécu. Le tout commença à s’écrouler, et il ne resta plus que quelques secondes de réflexion aux autres membres d’équipage : suivre le Jasper dans les décombres, qui les avait enrôlés dans cette mutinerie, ou rester là. Parmi les pierres qui tombaient, une moitié des hommes choisirent cette solution. Les autres périrent dans les éboulis, broyés et lacérés.

Des fous ! Des fous … terrible erreur de que s’aventurer là sans avoir assez Rêver pour trouver le chemin. Depuis … si longtemps ? Ah. C’était la fin, c’était fini. Pour eux, pour nous. Pour tout le monde ! La brume se dissipe devant les mystères. Car c’est un tout infini qui nous guette, nous et eux. Oui, eux ! Le Rêve des Anciens. Vous n’avez jamais Rêvé ? Car il y eut une troisième tentative qui effleura la porte ! Qui griffa plus loin que Gentry ne … Gen était un … Ah, c’est tellement drôle que ça me coupe le … Ah ah !

Dans la mort, tu es avec moi.


Des traîtres, des lambeaux. Voilà ce qu’il resta des Mains Noires. L’équipage s’était disloqué autour d’une bête lutte de pouvoir et de richesses … basés sur un mensonge dont ils ignoraient tout. Au nom de cette étrange chose luminescente qui rôdait autour de la Cité des Rêves. Au nom du pouvoir, au nom de la richesse. Maintenant, il n’en restait plus que cinq. Pas les plus courageux, pas les plus habiles … mais les plus chanceux. Et la chance, en ces lieux, était un gage de succès. Enfermés dans le tombeau des Cultistes, ils étaient saufs. Leur Capitaine avait tenté de les tuer pour s’emparer des trésors de cette antre, cachant bien son jeu. L’enflure … Il avait sauté avec toute la réserve de poudre du Titan, ce qui avait ébranlé jusqu’aux fondations de l’Île. Ils soupirèrent, enfin sauvés de ce fou. Puis, les tremblements de terre commencèrent. Jaden, Moloch, Asmaël, Leyran et Toma. Des voleurs de pacotille qui avaient à peine survécu aux éléments, qui étaient arrivés ici par hasard. De faibles créatures, sorties d’un hasard des plus douteux. Et voilà qu’ils se pelotonnaient dans la cité interdite des Rêves, que nul n’avait arpentée depuis des Eons.

« Foutu enfoiré de mes huit … » murmura Leyran.

Elle était la plus vieille de toute, et arborait tous les sévices de l’âge. Teint blafard, peau tachetée. Des os poreux et des douleurs à toutes les articulations. Asmaël secoua sa tête de muet, sa peau d’ébène ne trahissant aucune émotion. Toma tenait son flanc, d’où s’échappait un flot carmin que rien ne semblait pouvoir endiguer. Jaden et Moloch étaient en position fœtale, catatonique.

« Il va nous falloir explorer cet endroit … peut-être que ce que disait Sylard était vrai. L’immortalité à portée de main … » soupira Leyran en se massant les mains.

Asmaël pointa soudain quelque chose du doigt dans l’ombre. Il insista avec ses sons de muet, mais personne ne vit quoi que ce soit. L’homme passait pour un simplet de toute manière. La vieille femme secoua les trois autres. Jaden et Moloch obéirent sans sortir de leur état de choc. Toma ne se releva pas. Elle grogna de dépit.

« Bon. Allons-y. Il disait qu’on avait qu’à trouver le cœur de la Cité des Rêves. Autant se dépêcher avant que … »

La terre trembla de nouveau, illustrant parfaitement son propos. Elle décolla deux gifles bien senties à Jaden et Moloch, ce qui eut pour effet de les faire sortir de leur catatonie. Ils sursautèrent se massèrent la joue. Elle leur montra le couloir, puis entreprit de sortir son silex et son amorce. Jaden revint rapidement avec un bâton étrange qu’il avait trouvé, qu’il avait enroulé de tissu dans les ténèbres.

« Bon sang … c’est un tibia ! » lâcha-t-elle de surprise, lorsqu’elle eut allumé la torche improvisée.

La Lumière se fit alors sur les lieux, révélant un triste spectacle de cadavres et d’ossements.

« Voilà ce qu’il doit rester des cultistes et de la garde d’Ombre. » grogna Leyran en secouant la tête.

« Allez, en avant. » fit-elle, essayant autant que possible de se montrer confiante.

Cependant, il ne lui fallut pas plus de quelques pas pour trouver un escalier en colimaçon qui descendait bien profondément. Elle soupira, ce qui semblait être inhérent à sa moue désespérée, et entreprit d’en descendre les marches. Ce ne fut qu’à mi-parcours qu’un étrange cliquetis se fit entendre. La torche tomba à terre, sur les marches, et Leyran ne laissa qu’une traînée de sang derrière elle lorsqu’elle s’effondra en avant, perforée par un mur de lance qui eut tôt fait de se rétracter. Des cris retentirent, et la petite troupe remonta en trombe, de peur de connaître le même sort. Qu’était-ce donc que cet endroit maudit ? Tous ces morts, ces pièges, cette porte infranchissable ! Pourquoi donc ? A quelle fin ? Certes, ils étaient des pirates, des voleurs, mais pourquoi connaître un tel sort ?

Asmaël couina de nouveau, montrant un couloir du doigt. Les deux jeunes hommes entreprirent alors de le suivre, guettant la moindre parcelle de mouvement dans les ténèbres. Nul insecte, nulle créature ne traînait là. Cet endroit était mort, désert depuis des éons. En frissonnant, ils remontèrent le couloir que le muet semblait vouloir suivre. Il s’acharnait à pointer du doigt quelque chose qu’ils ne voyaient pas. Mais la seule perspective de se retrouver seuls les effrayait davantage que de suivre ce fou qui les guidait. Il mima quelque chose dans les airs. Avait-il vu, une fois de plus, le Spectre blanc ? Cette chose diaphane qui tournait autour de la Pointe, que certains murmuraient avoir vu entre sommeil et éveil ? En tout cas, c’était ce qu’il semblait dire. Ou alors il devenait fou. Mais dans la précipitation … ils oublièrent de réfléchir. La terre trembla de nouveau, révélant un pan de lumière loin au-dessus d’eux, pas assez large pour un homme, juste assez grand pour qu’ils voient encore plus de cadavres à leurs pieds. Jaden et Moloch frissonnèrent en dévalant d’autres marches, suivant Asmaël qui semblait guidé par une sainte folie.

« Mais que vois-tu, bougre d’imbécile ! »
hurla Moloch de sa voix peu assurée.

Le muet mima encore une fois une boule dans les airs, qui semblait le guider. Une sorte d’âme en perdition, aurait dit Jaden. Quelque chose qui ressemblait bien au Spectre blanc dont ils avaient entendu parler. Se pouvait-il qu’Asmaël ait des talents cachés de médium ? Douce ironie … Ils finirent par arriver devant une étrange salle, aux étranges gravures dont la porte était fermée. Ils y voyaient à peine. Ainsi Moloch entreprit d’imiter Leyran, malgré tout le dégoût que l’acte lui inspira. Il s’empara d’un os, l’enroula dans du tissu et l’alluma à l’aide de son silex et de son amorce. La flamme révéla encore quelques cadavres, comme s’ils s’étaient massés ici pour mourir. La porte était bardée de runes, et d’images représentant un homme et un étrange fruit. L’homme, partageait le fruit avec ses pairs, et se faisait tuer par ses amis. Puis tous mouraient avant de … renaître ? Oui, ils semblaient se suicider d’un couteau dans le cœur … puis se relever.

« Attends, Jaden. Regarde, on dirait un fruit du démon. Tu penses que … mais c’est étrange. Il le partage à tout le monde. Avaient-ils trouvé un moyen de partager le pouvoir d’un fruit du démon ? Ou ignoraient-ils que seule la première bouchée comptait ? »

Pour toute réponse, la terre trembla encore plus fort qu’auparavant. Asmaël, occupé à chercher un mécanisme d’ouverture trébucha et un pan de mur s’écroula devant lui. Jaden le rattrapa in extremis avant qu’il ne tombe dans les abysses. Il soupira de soulagement, mais le sol continua à se désagréger devant lui et il se retrouva rapidement à ne plus tenir Asmaël que par le bout des doigts. Qui glissa, glissa et …

« NON !! »
hurla-t-il, tandis que le pauvre muet s’enfonçait dans les ténèbres sans un bruit, en ouvrant grand sa bouche sur sa langue coupée.

Moloch força Jaden à reculer et ils s’agglutinèrent tous les deux à la porte. Un étrange pschitt se fit entendre alors. Le tremblement semblait avoir désolidarisé les deux blocs de pierre, fermés hermétiquement. Et si … ces glyphes racontaient ce qui s’était passé là des années plus tôt ? Le Spectre ne les avait pas guidés là par hasard. Un soupçon d’espoir envahit leur cœur, cogna dans leur poitrine. Ils se regardèrent et agir de concert sans un mot. C’était là que se trouvait le secret de la Cité, ils en étaient convaincus ! La porte qui refusait de céder auparavant n’opposa alors aucune résistance et à peine fut-elle entrebâillée qu’une forme blanche se rua à l’intérieur, les enveloppant d’un froid glacial, avant de rendre ses ténèbres à la pièce. Mais quelque chose avait changé, ils le sentaient ! Ils s’appuyèrent plus fort sur les stèles et … poussèrent.

Tordant les Rêves ! Marrante l’agonie … Endormie la vie … Mais les voilà, c’est drôle. Je peux, je peux ! Ah … enfin … enfin … Je suis … libr…

Tues moi.


La pierre pivota sur ses gonds et l’air se teinta d’une étrange couleur blanchâtre. Sur la stèle centrale se tenait une forme allongée qui se redressait lentement en craquant. Lugubre, la forme pivota et révéla à la lumière de la torche des lambeaux de vêtements, qui tombèrent en poussière dès lors que les intrus firent un pas dans l’étrange pièce. Les voleurs sursautèrent lorsqu’ils éclairèrent la face de l’humanoïde qui se dressait devant eux. La poussière de ses vêtements voleta autour de lui, et la flamme se refléta dans ses iris vitreuses. A mesure que l’air scellé depuis plus des éons s’échappait, son visage se creusait, révélant des traits tirés. Sa peau blanchit, ses cheveux s’allongèrent avant de prendre une étrange teinte verdâtre. Privée d’air pendant des décennies, son épiderme se parchemina et colla le moindre relief de son facies, étirant ses dents blanches en un sourire carnassier. Rachitique, la créature inspira un air vicié et expira par ses côtes fendues. Elle glissa un doigt dans la fente qui saillait au niveau de son cœur et en toucha les bords avec un étrange ricanement. De sa bouche desséchée depuis des éons surgit un son surnaturel, que jamais chose de son acabit n’aurait pu prononcer.

« ♪ Boon-jour ♫ »

Une voix jeune, forte et étonnamment chantante. Il éclata de rire en glissant à bas de l’autel sacrificiel. Ses doigts secs parcourent les lignes de la stèle. Les voleurs ne bougeaient pas, tétanisés par la chose. Son rire était terrible. Dément.

« Avez-vous vu les Rêves ? »
murmura la créature, en contemplant les corps assemblés autour de lui.

Ils étaient morts en espérant la vie. Pourquoi lui seul était resté vivant ? Il s’en moquait. Car il n’était pas vivant. Il était mort. Il avait erré dans la mort pendant des âges, avant de regagner ce corps préservé par les miracles de l’incompréhension. Alors que l’air nouveau se faisait une place, les corps sacrifiés commencèrent à se décomposer, à tomber en cendres comme ils auraient dû le faire bien plus tôt. Mais l’âme réintégrée de la créature stoppa le processus. Artificielle, elle combla les trous de cette carcasse retrouvée, car plus rien n’aurait dû en sortir. Rien n’aurait dû bouger seul. Les voleurs sursautèrent lorsque les atours des prêtres cliquetèrent par terre, ils commencèrent à regretter leur infamie. Pourtant, n’était-ce pas le cadavre de Sir Gentry Kaar qu’ils avaient trouvé en entrant ?

« J’en m’en vais vous border … Car il faut que vous rêviez, voyez-vous ? Ah ah ! Allez, les enfants. Au lit. Papa va manger de la soupe. Ah ah ah ! Parce qu’il n’a plus d’estomac, ah ah ! »

L’être ricana, se tapant sur son genou décharné. Il semblait frêle, n’avait plus que la peau sur les os. Il sourit de plus belle aux voleurs et se baissa pour attraper le couteau d’obsidienne qui lui avait autrefois ôté la vie. Il regarda la lame et la fit tourner entre ses doigts. Il l’échappa, elle tomba et se planta dans son pied. Il la sortit comme si elle ne lui avait causé nulle douleur. Il avança d’une démarche claudicante, grimaçant comme si con nouveau costume ne lui convenait pas.

« Ils ont cru que je voulais manger le fruit en premier, pour honorer leur dieu et devenir leur premier sacrifié, voyez-vous ? Mais moi … MOI ! MOI ! Moi je savais. Enfin … du pouvoir, le pouvoir de rêver ! DE RÊVER MES ENFANTS ! Ah ah ah ah ah ah ah … ah … oh … hi … ah … »


La bête cessa de jouer avec son couteau. Sa démarche branlante se fit assurée et d’un bond elle se jeta sur Jaden. Elle enfonça un index pointu dans son orbite et, d’un geste nonchalant, trancha la gorge de Moloch de la lame d’obsidienne. Il s’écroula sans un bruit, tandis que Jaden hurla de douleur. La créature retira son doigt et en regarda la couleur avec drôlerie. Il traça un sourire sur la pierre avec le sang, tandis que le pauvre voleur se roulait par terre, son œil à jamais perdu.

« Dodo. Et toi tu chantes la berceuse … Ah ah ! La berceuse ! Crie ! Vas-y crie mon petit Loriot. Mène moi à la rivière, et tu pourras rêver. » proposa le deux-fois-né, avant de planter sa lame dans la gorge de Jaden.

« Tant pis. M’a ennuyé. » grommela-t-il tout en jetant la lame par-dessus son épaule.

Tout à coup, la terre se mit à trembler, secouant la pièce et faisant bouger les murs. L’autel frémit et se brisa.

« Ah oui. Le volcan. Hi hi … Mon rêve était bien rigolo. J’irais à la rivière tout seul, j’ai rêvé d’elle. Et d’un bateau. Oui ! Bateau ! Et Joe reverra papa ! » ricana l’homme décharné.

Il enjamba ses deux victimes et commença à siffloter un air antique entre ses dents déchaussées. Nu, il s’engouffra dans les couloirs mainte fois parcourus dans ses rêves. Il était libre et sur une île qui n’allait pas tarder à exploser. Ah ! Que d’aventures ! Où irait-il ensuite ? Il arriva en haut du précipice qui bordait la cite des rêves sans se perdre, ayant tant de fois visité cet endroit à la recherche de son corps. Il avança en faisant quelques pas de danse, sans faire attention à la lave qui coulait autour de lui. Etrange paysage que de voir cet être grisâtre danser entre lave en fusion et neiges. Il se moquait du froid, il se moquait de la chaleur : pis encore, il ne semblait même pas les ressentir. Ainsi descendit-il la montagne.

« A cheval … la la la ♫ » chantonna-t-il, tandis que les éléments démontraient une fois de plus leur colère.

Il finit, après plusieurs heures de marche, entre vent et brouillards incandescents, par atteindre le bas de la cité volcanique,

La terre trembla de nouveau. La chaleur monta en flèche à mesure qu’une étrange lueur jaunâtre envahissait le ciel. Et la terre s’ouvrit, révélant les entrailles du monde. Une explosion secoua l’île entière, faisant voler en éclat la moitié de sa surface. La frêle esquille du mort-vivant fut secouée par l’onde de choc. Il fut envoyé séant contre terre, écrasant les victuailles et s’enfonçant dans le bois. Puis naquit une immense vague. Causée par l’onde de choc, elle commença par soulever la barque de la créature, la portant sur toute sa hauteur. Ce dernier, enfoncé au fond de l’esquif, leva les bras en hurlant de rire.


« Hé hé ! Les Rêves, encore ! »

Il est dit que l’éruption se fit entendre jusqu’à Mariejoa … et que ses conséquences s’en firent ressentir jusqu’à North Blue où une étrange vague venue de l’est ravagea la côte, allant même jusqu’à remonter une partie de Reverse Moutain. Conséquence inexpugnable de la disparition d’une île entière dans le Shinsekai …


Quelques semaines plus tard …

« Hey, Joshy ! Il y a un monsieur tout nu dans le bateau ! »

« Ho, Jacques, attention ! Ma maman elle m’a dit qu’il fallait pas toucher les inconnus ! »

« Bonjouuuuur les enfants ♫ … Avez-vous déjà rêvé ? »




Dernière édition par Joe Car le Mer 6 Juin - 23:44, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Doctor Who ?   Doctor Who ? EmptyDim 24 Juin - 15:38

Description mentale – Joe Car


Doctor Who ? Batman-killing-joke-joker2

La mort a le don étrange de faire tourner les esprits. Comme un vin aigre, ils macèrent et se repaissent de leur propre folie dans la solitude du néant. Car en lieu et place d’éternité, Joe fut bercé par les visions de ses proches mourant en partant à sa recherche et des dizaines de déments qui se jetèrent à l’assaut de la Cité des Rêves. Devenu fou à cause de son impuissance, de sa solitude et de ses errances, il en est venu à croire aux écrits des Anciens. Il en est venu à devenir un concentré de haine, de colère n’ayant que pour but celui de n’en avoir aucun. Paradoxe ambivalent, il est de ces êtres qui ne choisissent de camp que celui qui les détruira à coup sûr. Il est déjà mort, il est encore vivant. C’est un étrange fait qu’il ne cherche pas même à comprendre tant il désire faire Rêver les gens.

Oui, Rêver et non pas rêver. Car ce qu’il a vécu, il aime le faire vivre. Joe est un être inconstant qui se nourrit du chaos et des dégâts qu’il cause. Il a vécu tant d’années à errer dans les brumes, les éclairs et la tourmente. Ainsi, il veut rire et tout ce qui vit a pour fonction de le faire rire. Adepte de mauvaises blagues, inconscient du danger il n’a qu’une seule loi : tout ce qui explose est à mourir de rire. Oh, bien sûr, il aime conserver à portée de main quelques joyeux larrons et concède parfois à user de son savoir perdu pour soigner et rafistoler. Mais c’est toujours dans les moments où on se repose sur lui qu’il trahit, ourdit et manigance. Il aime voir les choses monter et tomber. Il aime offrir des sucettes aux gamins juste pour se moquer d’eux lorsqu’il la leur enlève. Il est sadique, mesquin et ne souffre d’aucune limite.

En un mot, Joe est là pour transformer toute situation en ode comique. Seulement, sa vision du comique est différente de celle du monde. S’il désire ainsi faire Rêver tout le monde, ce n’est pas les étoiles dans leurs yeux qu’il va chercher … mais plutôt dans les moindres recoins de leurs organes. C’est un fou, un psychopathe. Un conseil, ne le laissez même pas vous adresser la parole. Tout ce qu’il voit, c’est comment vous utiliser pour s’amuser. Il fait le mal parce que c’est rigolo. Il fait le bien parce que c’est marrant. Il tue des marines parce que c’est fendard. Il sauve des pirates sanguinaires parce qu’ils sont tordants. Il aide le Gouvernement parce que c’est hilarant. Il assassine des francs marins parce qu’ils sont amusants. Et surtout … il Rêve. Car il est le seul à pouvoir Rêver, après tout.
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Joe Car

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MessageSujet: Re: Doctor Who ?   Doctor Who ? EmptyDim 24 Juin - 15:41

Bonjour mes chéries …

Voilà, c'est terminé Wink

Je préviens un peu pour l'histoire : faut beaucoup lire entre les lignes, et beaucoup de choses sont laissées à interprétation ! Very Happy

J'ai dû diviser en 2 posts car ça rentrait pas en un seul ... désolé, c'était l'histoire de 3 lignes !

Bonne lecture !!
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Josh Leone
Capitaine des Fortune Hunters
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Josh Leone
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MessageSujet: Re: Doctor Who ?   Doctor Who ? EmptyMar 26 Juin - 17:42




Validation


Salut, monsieur Joe Car ! Alors, cette prez ?

Qualité : 450/500


ils établirent un camp avancé sur la corniche qui avait autrefois servi à feu Gentry Kaar, puis entreprit d’en faire une place forte -> entreprirent

Car il n’était pas de bonne guerre dans bonnes rancoeurs -> sans bonne rancoeur

sans avoir assez Rêver -> rêvé

Ils se regardèrent et agir de concert sans un mot -> agirent

ses iris vitreuses -> un iris, donc vitreux

Un style excellentissime pourtant entaché par pas mal de petites coquilles ! Tu t'es même pas relu, ça se voit, tricheur ! AU BÛCHER

Cohérence : 450/500


Une histoire bien menée, avec quelques passages parfois pas très clairs, mais qui restent malgré tout de bon ton et voulus par le parti pris de l'histoire floue.
Néanmoins, j'ai deux reproches à te faire : le premier concerne les répercussions de la destruction de l'île, légèrement trop grosses quand même.
Le second s'attache au fait que Joe a pu sortir du Nouveau Monde et rentrer sur les Blues, seul, sans un niveau de métier de navigation suffisant è_é Non mais oh !

Longueur : 200/250


Rien à dire, une histoire particulièrement longue et intéressante. J'ai néanmoins été obligé de te retirer des points pour l'absence totale de mention sur le style de combat de Joe. J'ai bien compris qu'il serait vicieux, mais on sait tous les deux que dans un univers comme One Piece, et notamment sur ce forum qui aime bien faire des combats, que ce n'est pas vraiment suffisant.

Originalité : 500/500


L'histoire est très très bien trouvée. Tu avais le risque de tomber dans du Joker facile et as su parfaitement nous prendre à contre-pied. Bien sûr, on se doute dès le début que Joe est l'objet de la première recherche, ce fameux "fils" disparu, mais tu gères si bien le suspens qu'on est heureux de voir notre intuition se vérifier.
J'ai eu un peu peur que tu tombes dans le dramatique, mais les dialogues de pirate et l'arrivée de Joe Car dans son burlesque loufoque et malsain m'ont finalement convaincu. Ca mérite amplement son pesant de dorikis.

Mention spéciale à Jacques et Joshy, de vrais petits chenapans, ceux-là

Subjectivité : 250/250


Et voilà. On y est. Une prez magistrale, totalement à contre-courant de ce à quoi on pouvait s'attendre. C'est assez éloigné du registre habituel shonenesque, mais la personnalité jokerienne fait que ton personnage n'aura aucun mal à jouer sur le tableau loufoque et horriblement dérangeant.

Ton fruit est validé ! Bonne chance avec ce perso concept vraiment prometteur !

Note finale : 1850 Dorikis

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